La solution facile serait de définir la musique que Patrick Flegel fait paraître sous le nom Cindy Lee comme un mélange de pop psychédélique, de sensibilité gothique (Our Lady of Sorrows) et d’expérimentations plus avant-gardistes. Les choses sont toutefois plus complexes, car ce projet est également le théâtre d’un questionnement identitaire profond. Les notes d’accompagnement sont à ce sujet plus révélatrices que la musique elle-même. Dans un texte bien senti que l’on télécharge avec le disque, Flegel aborde ce qu’il considère être l’esclavage dans lequel nous maintiennent nos prisons identitaires, elles-mêmes érigées sur nos blessures de jeunesse, et la guérison spirituelle nécessaire pour s’en libérer. Vaste programme donc, mais à la lecture de ce texte aux allures de manifeste, on comprend mieux les rapports entre les divers éléments qui cohabitent sur Cat O’ Nine Tails.
Les guitares noyées dans la réverbération, les cordes et les ambiances mélancoliques représentent en quelque sorte un passé idyllique qui serait livré au regard d’un observateur cherchant à le revisiter avec le souci d’en rétablir la vérité affective ainsi que ses dimensions inquiétantes et inconfortables. Surgit ainsi un décalage entre le confort de cette pop ensoleillée à tendance sixties et sa remise en question par des expérimentations et perturbations diverses, comme si un monde d’apparences se fissurait devant nous.
Les côtés pop et plus expérimentaux sont offerts en alternance et ne sont pratiquement jamais superposés. La beauté mystérieuse de cette pop mélancolique profite ainsi d’un espace et d’une mise en contraste qui la mettent en valeur. Une belle réussite, surtout si l’on considère que l’album précédent, What’s Tonight To Eternity, est paru il y a à peine 2 mois.