Incarnée par ses pseudos au fil des deux dernières décennies (Caribou, Daphni, Manitoba), l’évolution esthétique de Daniel Snaith n’est pas celle d’un DJ/réalisateur/beatmaker, mais bien d’un musicien à part entière; plus que jamais, on le sent autant curieux de circuler dans l’univers de la création numérique que dans d’autres territoires de la composition, soit ceux de l’instrumentation « orthodoxe » (guitare, claviers, percussions, etc.) et de la forme chanson (mélodies vocales, refrains, ponts, etc.).
Suddenly nous mène plus loin en ce sens.
Brillant mathématicien comme on le sait, Dan Snaith ne se prend pas la tête en musique et n’a surtout pas l’intention de nous la faire prendre. La complexité se trouve dans son art, ne nous y méprenons pas, mais celle-ci se trouve dans les détails de production et non dans les structures apparentes – comme par exemple ces prises de son filtrées au cœur d’un piano. Les référents (pop, soul, psychédélique, électro) et formes que propose Caribou sont généralement simples, consonantes, accrocheuses dans les riffs et dans les mélodies entonnées avec sa voix de contreténor, somme toute proches de la pop malgré leurs ornements plus expérimentaux.
En somme, la transhumance de notre Caribou le mène à de riche pâturages… plutôt différents de la toundra forestière, il va sans dire.