Et si on remplaçait la guitare du métal extrême par le son scintillant du dulcimer cordes frappées, cette cithare s’étant répandue en Europe depuis le Moyen-Orient? C’est la direction qu’a prise le musicien californien Otrebor en 2009, à la fondation de son projet Botanist. Des années plus tard, cette curiosité à l’instrumentation singulière et aux thèmes écologiques s’est métamorphosée en un groupe en pleine possession de ses moyens.
À sa genèse, Botanist avait une instrumentation épurée, où batterie, voix et dulcimer étaient interprétés par une seule personne. De très courts morceaux portaient des mélodies arpégées et étourdissantes auxquelles s’ajoutaient une batterie crue ainsi qu’une voix rauque et perçante. Avec un son assez mince, dû à l’absence de basses, l’entité a tôt fait de se réinventer en enchaînant des albums de plus en plus ambitieux. Depuis Collective: The Shape of He to Come (2017), les autres artistes impliqués ont su dynamiser les compositions et le spectre sonore de Botanist.
Sur Paleobotany, cette floraison continue avec une proéminence des voix chantées et avec un traitement élaboré des couches de dulcimer. La production est massive, pleine et percutante malgré une instrumentation toujours hors du commun. On remarque également une l’utilisation fréquente d’un chant de gorge grave vaguement similaire à ceux d’Asie centrale. Ces éléments sont cependant combinés en faveur d’une musique complexe dans sa verticalité, mais plus simple dans son déroulement horizontal.
Effectivement, Botanist opte ici pour des structures plus simples. Les idées musicales y sont accrocheuses et moins extrêmes qu’auparavant, ce qui ouvre un espace éthéré favorable aux arrangements vocaux. Ce virage vers des formes chansonnières n’est pas sans rappeler l’évolution de gros noms tels Gojira et Mastodon. Comme ces derniers l’ont fait auparavant, Botanist distille ses ingrédients les plus fameux en un tout plus digeste, exhibant son avant-gardisme tout en douceur pour les oreilles fraîches.
Certes, le Botanist d’aujourd’hui prend des détours beaucoup moins énigmatiques qu’autrefois dans sa musique, composant des sections dont les affects sont bien connus d’un public métal. C’est toutefois au profit d’un son plus enveloppant et d’une texture plus richement orchestrée, laquelle permet au projet d’atteindre les proportions épiques que ses thématiques naturalistes suggèrent.