Pays : Royaume-Uni Label : Rough Trade Records Genres et styles : Alternative / avant-garde / avant-punk / post-punk Année : 2022

black midi – Hellfire

· par Varun Swarup

Depuis son irruption sur la scène musicale en 2017, le groupe black midi n’a fait que monter en puissance. Schlagenheim, son premier album, constituait une déclaration tonitruante marquant l’avènement confiant d’une jeune formation prodigieuse, désireuse de faire des vagues avec son post-punk frénétique. Peut-être que ses membres, conscients que leur musique pourrait trop souvent être assimilée à un remâchage moderne de l’esthétique no-wave des années 1980, le groupe n’a jamais sédentarisé sa sonorité, cherchant toujours à explorer et à défier les attentes. Leur deuxième album, Cavalcade, s’inscrivait dans une direction nettement plus mélodique, avec des harmonies plus riches, une palette orchestrale plus vaste et une écriture plus ambitieuse. Hellfire, nouvel opus de black midi, s’appuie sur ces fondations et s’avère l’album le plus audacieux du groupe.

Hellfire est conceptuel, structuré thématiquement autour d’une série de vignettes, ainsi qu’ouvertement théâtral dans sa constitution. Le générique de chaque titre est révélateur de l’orientation orchestrale prise par black midi. Depuis Cavalcade, le groupe semble avoir fait de l’avant-jazz un élément de base de sa musique. Sur Hellfire, ce timbre de « big band » est utilisé intelligemment; les musiciens accentuent les accords dissonants ou, dans des moments plus doux, donnent aux pièces des accents de film noir. Comme on peut s’y attendre de la part de black midi, la musicalité est de très haut niveau; saluons particulièrement la maîtrise du batteur Morgan Simpson, l’élan vital du son de la formation.

L’album commence par une sorte d’ouverture, un discours pince-sans-rire du chanteur Geordie Greep qui installe l’ambiance fiévreuse saturant le disque. On entend ensuite l’une des pièces les plus fortes du groupe, Sugar/Tzu qui, en l’espace de cinq minutes, se déploie en terrain vertigineux. Les changements fréquents de dynamique, d’idiome et de genre sont un thème récurrent tout au long de l’album. C’est d’ailleurs un peu le mode opératoire de black midi. Le groupe a toujours aimé se comporter comme un caméléon, passant en un clin d’œil de passages instrumentaux bruts à des riffs acoustiques. Le spectre dynamique dans lequel se situe black midi est très large; les fréquences les plus basses rencontrent les plus hautes.

Ces prouesses musicales s’avèrent impressionnantes, mais leur effet est sans doute déstabilisant. Et si, par conséquent, l’album n’est pas toujours particulièrement agréable à écouter, il demeure indéniablement captivant et procure à l’auditeur une expérience viscérale. Hellfire recevra sans doute beaucoup d’éloges simplement pour son audace, à juste titre. Je crois toutefois que c’est le prochain album de black midi qui pourrait être leur meilleur.

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