La série de films Alien nous a donné de très grandes musiques orchestrales. L’atonal et magistral Alien, premier du nom, de Jerry Goldsmith, demeure une référence. Mais je pense aussi à l’épique et explosif Aliens de James Horner ou encore au trop souvent oublié Alien 3 d’Elliott Goldenthal (un chef-d’œuvre). Plus récemment, Alien Prometheus de Marc Streitenfeld nous offrait lui aussi quelques belles pépites sonores et mélodiques, alors que Covenant nous préparait un peu à Romulus, mais avec moins d’étoffe. Alors, comment se compare ce Alien Romulus face à ses prédécesseurs (je parle ici des musiques originales, pas des films eux-mêmes. Ça, c’est un autre débat)? Très bien, je dirais. Le Britannique Benjamin Wallfisch marie ensemble l’atonalité de Goldsmith avec la somptuosité orchestrale de Goldenthal. Il ajoute occasionnellement quelques couleurs électroniques pas piquées des vers qui virent parfois à l’industriel. Ce doit être très efficace dans la scène intitulée There’s Something in the Water (on ne peut qu’imaginer, si comme moi on n’a pas encore vu le film….). Cela dit, même si la fameuse signature thématique des flûtes en apesanteur est utilisée sporadiquement, les plus romantiques s’ennuieront des mélodies attachantes de Horner et de Goldenthal (un compositeur capable de fusionner habilement romantisme et atonalisme expérimental). En tout et partout, Romulus fait mouche sans surpasser ses aînés en offrant au mélomane une musique orchestrale de haute tenue, efficacement sculptée avec des techniques d’avant-garde tout en se drapant souvent d’une somptuosité de cordes parfaitement hollywoodienne. Une trame sonore parfaite pour les amoureux de la chose plutôt que pour les curieux occasionnels.