Pays : Pakistan Label : Verve Genres et styles : Asie du Sud / folk / jazz Année : 2024

Arooj Aftab – Night Reign

· par Michel Labrecque

Pourrait-on ici parler de musique Umami, du nom de la cinquième saveur de base, en alimentation? Je pense qu’on peut qualifier Night Reign, d’Arooj Aftab de « savoureux » et complexe. 

Le quatrième album de la Pakistanaise devenue Brooklynoise s’inscrit davantage dans la veine de Vulture Prince (2021), que dans celle de Love in Exile (2023) en trio avec le pianiste Vijay Iver et le multi-instrumentiste Shazad Ismaily. Nous sommes de retour dans un format davantage chansonnier, avec moins de longues pièces improvisées.

Mais un fois cela dit, Night Reign est rempli de pépites musicales, menées par la voix suave et complexe d’Arooj Aftab, qui nous plonge dans des atmosphères tantôt lumineuses, tantôt plus sombres, parfois méditatives. Alternant aussi subtilement entre des influences pakistanaises traditionnelles et des tonalités plus occidentales, folk, jazz et un soupçon de pop. 

Whiskey est certainement la pièce la plus proche d’une chanson pop, évoquant une nuit d’amour trop arrosée. On entend également une version à peine reconnaissable d’Autumn Leaves, la version anglophone des Feuilles Mortes, composée par Joseph Kosma sur un texte de Jacques Prévert, avec accompagnement de percussions et de contrebasse, suivi d’un solo de piano improvisé de James Francies.

La plupart des morceaux sont toutefois chantés en ourdou, la langue principale du Pakistan et de l’Inde musulmane. On entend entre autres deux textes de Mah Laqa Bai Chanda, la première femmes poète de l’histoire de ce pays. La structure des chansons laisse presque toujours une place à l’improvisation, ce qui offre beaucoup de richesse instrumentale pour nos oreilles. 

Il faut le dire : on entend d’excellents musiciens sur Night Reign, qui sont totalement au service d’Arooj Aftab, qui compose et arrange presque tout. Gyan Riley et Kaki King aux guitares, Linda May han Oh et Petros Kampanis aux contrebasses, la formidable harpiste Maeve Gilchrist, Joel Ross au vibraphone, Vijay Iver au piano. Entre autres. Alternativement. 

Je vous le répète: tout cela est savoureux et complexe. Ça se déguste comme un bon vin, en faisant passer cette musique par toutes nos papilles auditives. 

Arooj Aftab n’a que 39 ans. J’ai hâte de voir où elle nous amènera la prochaine fois. Entretemps, sa tournée prévue pour promouvoir Night Reign ne s’arrête pas à Montréal, du moins pas pour l’instant. Espérons qu’il y aura de nouvelles dates annoncées. 

Tout le contenu 360

Festival des Saveurs | Carminda Mac Lorin, la femme aux multiples chapeaux

Festival des Saveurs | Carminda Mac Lorin, la femme aux multiples chapeaux

SAT X EAF | Amselysen et le parfum idéal d’un tueur en série

SAT X EAF | Amselysen et le parfum idéal d’un tueur en série

Festival Classica 2025 | Violoncelles au féminin

Festival Classica 2025 | Violoncelles au féminin

MIKE, Navy Blue et Mike Shabb donnent une leçon de rap au Théâtre Fairmount

MIKE, Navy Blue et Mike Shabb donnent une leçon de rap au Théâtre Fairmount

Nuits d’Afrique 2025: TOUT sur la programmation

Nuits d’Afrique 2025: TOUT sur la programmation

Festival des Saveurs – La jeunesse à l’honneur

Festival des Saveurs – La jeunesse à l’honneur

Grand Piano – Mathieu Boogaerts

Grand Piano – Mathieu Boogaerts

Festival Classica : Une ode à l’espoir avec Elvira Misbakhova

Festival Classica : Une ode à l’espoir avec Elvira Misbakhova

OSM | Du ciel à la Terre

OSM | Du ciel à la Terre

Festival des Saveurs | Aldo Guizmo fonce « Str8 Forward »

Festival des Saveurs | Aldo Guizmo fonce « Str8 Forward »

Backxwash – Only Dust Remains

Backxwash – Only Dust Remains

Deafhaven – Lonely People with Power

Deafhaven – Lonely People with Power

Transformer Hiroshima mon amour en opéra contemporain: Christian Lapointe et Rosa Lind racontent

Transformer Hiroshima mon amour en opéra contemporain: Christian Lapointe et Rosa Lind racontent

Charlotte Brousseau – Plus de fleurs que de fleuve

Charlotte Brousseau – Plus de fleurs que de fleuve

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE

Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Ken Pomeroy – Cruel World

Ken Pomeroy – Cruel World

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell à la SAT

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell à la SAT

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Lido Pimienta – La Belleza

Lido Pimienta – La Belleza

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

Inscrivez-vous à l'infolettre