Chaque album marque une étape dans la carrière mais également la vie amoureuse de Basia Bulat. L’auteure-compositrice et multi-instrumentiste originaire de Toronto, maintenant installée à Montréal, propose une musique indie folk illuminée d’une pop chaleureuse mais sobre et nous fait part de façon intelligente de ses sentiments amoureux, ses blessures et ses doutes. Son précédent album, Good Advice, sorti en 2016 et réalisé par Jim James (My Morning Jacket), nous montrait une chanteuse de plus en plus confiante et ambitieuse dans ses arrangements.
Ce nouvel opus poursuit dans la même veine et permet d’apprécier à nouveau la complicité artistique entre les deux musiciens. Les premiers morceaux donnent le ton, avec leurs influences traditionnelles, americana, gospel et country, évoquant les beaux paysages arides, rocheux et ensoleillés du parc national de Joshua Tree où l’album a été enregistré. La voix de Basia est toujours aussi solaire et touchante, tantôt soul, tantôt pop contemporaine à la Adèle (Love is at the End of the World). Les ballades pop manquent parfois de relief (Your Girl) ou comportent un surplus de glaçage dans le chant, l’expression des émotions semble alors moins spontanée (No Control). La véritable surprise de cet album est sans contredit la pièce Already Forgiven, dans laquelle Basia Bulat réalise une performance authentique, délicate, colorée et féérique, avec des paroles d’une douce et apaisante sincérité. L’artiste nous communique le sentiment de légèreté insaisissable que peut procurer le pardon et l’incarne en un lâcher prise salutaire. Basia Bulat continue d’évoluer et brise un peu plus sa coquille, sans toutefois en sortir encore complètement.