« APKÀ! » c’est le cri de guerre du petit Antonio, le dernier bambin de la chanteuse Céu et de son batteur Pupillo, deux noms qui sont finalement devenus des références dans le milieu musical et artistique de la mégapole sud-américaine de Sao Paulo. On imagine intense la vie nocturne de cette cité vibrante dont la population en 2020 aurait dépassé le cap des 22 millions d’âmes et où, par conséquent, il n’est pas évident de percer…
À l’extérieur du Brésil, par contre, tout a marché comme sur du papier à musique. Telle une comète jaillissant de l’underground, le premier album de Céu, paru à San Francisco sur l’étiquette hybride indépendante Six Degrees, a bénéficié en 2006 d’un de ces rares phénomènes de bouche à oreille dont rêvent tous les artistes de notre petite planète. Au Canada, c’est une réaction presque exclusive au Québec. Si favorable que le compact éponyme dépasse le cap des dix mille exemplaires vendus en quelques mois. Et ce, bien avant que Céu ne devienne officiellement chouchou des critiques d’art de son état tropical et une habituée des Latin Grammys. Elle cumule les nominations pour son deuxième opus, le sublime Vagarosa, et remporte les honneurs pour le troisième, Caravana Sereia Bloom, qui marque un virage serré au niveau du look avec un parti pris pour une pop décalée, psychédélique et surréaliste.
De plus en plus, Céu, à 40 ans, maîtrise son sujet. Elle signe paroles et musiques, et plus elle s’implique, plus on la sent en plein contrôle de sa voix, de son esthétique, oscillant entre les sonorités kitsch, post-modernes et la mélancolie futuriste. Des sons de claviers vintage que ne renierait pas Super Mario, comme les décors et les accoutrements Art déco des nouveaux clips étranges et fantasmagoriques : tout y est.
Le début va tout en douceur avec une rythmique électronique en écho et distorsion. Suivent les refrains pop accrocheurs ou mécaniques de Coreto, Forçar O Verao et Corpocontinente, puis la guitare funky de Fênix do Amor. Deux titres en anglais seulement avec un léger vertige. Somme toute, une suite logique à Tropix, le quatrième album solo de la belle Brésilienne.
La musique de maman est un mélange intime de natures diverses, mais Antonio, un an, continue de clamer APKÀ! pour exprimer sa joie, son approbation, sa béatitude.