Alain Ranval, alias Ramon Pipin, homme-orchestre de la pop rock française, est pour ainsi dire inconnu en nos contrées. Voici donc quelques jalons de son CV particulièrement touffu :
• Guitariste autodidacte d’allégeance zappaïenne.
• Un premier groupe, Io, couronné « Espoir de la pop musique française » par la défunte revue Best au début des années 1970.
• Mise sur pied, coup sur coup, des formations rock’n’drôle de référence Au Bonheur des dames et Odeurs, alors que la France mijotait dans l’humour de Coluche et du magazine Hara-Kiri.
• Création du studio parisien Ramsès, où défilèrent notamment Richard Pinhas, Didier Lockwood, Manu Katché, Archie Shepp, John McLaughlin et Michel Jonasz.
• Arrangements de quelques albums de Renaud, dont Morgane de toi.
• Composition d’une demi-tonne de musiques pour le cinéma, la télé et le théâtre.
• Depuis 2017, avec le groupe de choc Les Excellents, dézingage de standards comme Life on Mars? de Bowie (L’iPhone marche) ou Start Me Up des Stones (Star myope).
Le fait d’armes le plus récent de Pipin a pour nom ALAFU, septième album solo dont il signe les textes, les musiques, les arrangements et la réalisation. Celle-ci est impeccable, car pour un gars qui ne semble pas se prendre au sérieux, Ramon se montre intraitable en matière de soins du son.
Au programme, onze titres généralement ironiques dont le genre fluctue : électro-AC/DC dans Je promène le chien – peut-être inspiré du standard Walking the Dog de Rufus Thomas –, qui s’ouvre sur un riff qu’on dirait produit par une scie circulaire qui mord dans une tôle à biscuits; fanfare dans la comptine onaniste La Petite Mort; nerd-rock dans Les mecs en trottinette; danse électro dans Je grouve; élégie dans Quand je rêve; ballade celtique dans Le Quatuor silencieux; et… silence dans Coprolithe pour des temps incertains.
ALAFU constitue un recueil souvent cocasse, parfois grinçant et toujours captivant de Ramon Pipin, virtuose du verbe et homme-orchestre méticuleux.