On aurait pu intituler cet album « musique de pandémie… médiévale » ! En effet, Adiu, Adiu Dous Dame (vous aurez deviné que cela veut dire « Adieu, adieu douce dame ») reprend un répertoire typique du milieu du XIVe siècle entendu à Florence. La ville était alors en proie à une certaine pandémie de peste.
Tel que relaté dans Le Décaméron de Boccace, chef-d’œuvre littéraire écrit entre 1349 et 1353, de jeunes gens de la bonne société se retirent à l’extérieur de la ville pour éviter la contamination (un luxe que d’autres ne pouvaient se permettre, vous me direz… Ah ben oui !). Ils se racontent alors des histoires de toutes sortes (c’est ça, le Décaméron) dans lesquelles ils font parfois référence à des chansons et à de la musique.
La Rota, quatuor formé de Sarah Barnes, soprano, Émilie Brûlé à la vielle, Esteban La Rotta au chitarrino, à la harpe gothique et au luth, et Tobie Miller à la flûte à bec, la flûte double et la vielle à roue, s’amuse donc ici à nous ramener presque sept siècles en arrière.
L’ensemble La Rota n’existe malheureusement plus. Adiu, Adiu Dous Dame a été enregistré en 2009 et constitue une rare occasion de pouvoir entendre le quatuor dans du matériel inédit. Qui plus est, on peut se reconnaître un tant soit peu dans le besoin des gens du XIVe siècle de s’évader en musique d’un quotidien lourd de danger. Évidemment, la peste du Moyen Âge était infiniment plus dangereuse que notre COVID-19, toutes proportions gardées, mais l’idée n’en reste pas moins pertinente.
Des chansons d’amour plus ou moins profanes côtoient des danses typiques de ce temps lointain, comme des estampilles ou des saltarelles. Les membres de La Rota jouent tout cela de manière à la fois allègre (dans le cas des danses) et mélancolique (dans le cas de la plupart des chansons). Si vous êtes habitué des musiques contemporaines, classiques ou tout autre, entendues sur PAN M 360, un album comme celui-ci constituera un dépaysement radical.
Je vous le conseille vivement !