Pays : Royaume-Uni Label : Ninja Tune Genres et styles : pop baroque / post-punk / rock alternatif / rock expérimental Année : 2022

Black Country, New Road – Ants From Up There

· par Stephan Boissonneault

Je n’ai jamais compris l’engouement qu’avait suscité For the First Time, le premier microalbum de Black Country, New Road. C’était un bon album, avec son indie rock-baroque et sa vigueur post-punk augmentée de cuivres. Or, ses créateurs ne méritaient pas d’être décrétés « meilleur groupe du monde », comme je l’avais lu dans The Quietus. Black Country, New Road compte de musiciens merveilleusement talentueux; leur son est intéressant et méritait d’être souligné, mais il ressemblait par moments à celui de beaucoup d’autres formations qui pigent dans la même talle.

Avec Ants From Up There, son nouvel album, Black Country, New Road prend toutefois une tangente inédite et organique qui ne ressemble à rien de ce qui se fait actuellement. Ce groupe aime les changements de rythme bizarres, les chants monotones ou passionnés et les instruments qui respirent individuellement. Black Country, New Road crée une atmosphère palpable qui ressemble parfois à un mouvement d’opéra, plutôt qu’à un album.

Les assauts du saxophone, le tourbillonnement du piano, les staccatos des violons, la distorsion de la guitare et de la basse distordues, la polyrythmie de la batterie : sur papier ça semble trop, mais dans les faits ça fonctionne vraiment pour Black Country, New Road, notamment dans des pièces comme Chaos Space Marine ou Concorde.

C’est très dommage que le chanteur-guitariste Isaac Wood ait démissionné pour des raisons de santé mentale, car il brille vraiment sur cet album. Dans Bread Song, par exemple, son chant est émouvant et envoûtant; il est difficile d’imaginer que ces chansons auront la même énergie, sans lui. Certains passages sombres des textes contiennent des signes avant-coureurs manifestes du départ de Wood. S’attarder sur ce point reviendrait cependant à négliger l’expérimentation pure que comporte l’album. Ants From Up There émane d’artistes qui partagent véritablement une part d’eux-mêmes. Il s’agit d’une œuvre unique qui ne sera jamais reproduite. Alors, malgré le départ de Wood, appréciez cet album pour ce qu’il est : un moment dans le temps.

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