Ouate de phoque ?!! J’ai passé la semaine dernière à réfléchir à la meilleure façon de chroniquer 10 000 gecs, le deuxième album des pionniers de l’hyper pop 100 gecs. Avec un volume dix fois supérieur à celui de leur précédent projet, 1000 gecs, les collègues Laura Les et Dylan Brady sont enfin de retour après un hiatus de près de quatre ans.
Lorsqu’il s’agit du goût des auditeurs, 100 gecs peut être un choix qui divise. C’est particulièrement évident avec 10 000 gecs, un album apparemment conçu pour être, d’une certaine manière, décevant.
Pour ceux qui sont déjà familiers avec la façon de faire des gecs, les trois premières chansons sembleront être une évolution naturelle pour le duo. Il y a Dumbest Girl Alive, avec ses lignes de basse éclatées associées à des guitares emo, inspirées du punk, et une ligne de chant classiquement angoissée. Hollywood Baby est une autre amélioration de la formule originale de 100 gecs – un riff de guitare qui fait mal aux oreilles, combiné à des paroles pleurnichardes qui rappellent The All-American Rejects.
Mais juste au moment où l’on pense avoir pris le dessus, le son mystérieux et changeant de 100 gecs se dérobe sous la forme de Frog on the Floor. Une progression d’accords enfantine, d’inspiration semi-ska, un refrain vocal à la limite du non-produit et l’utilisation gratuite d’échantillonnages de ribbiting sont autant d’éléments qui viennent nous punir de notre arrogance – l’orgueil de croire que nous pourrions jamais comprendre les forces inconnues qui guident les choix esthétiques de 100 gecs.
Il est difficile de parler de 10 000 gecs sans décortiquer chaque chanson, car très peu de choses les relient, si ce n’est l’énorme tendance à l’étrangeté qui traverse tout le projet. Les esthétiques vont des lignes de basse inspirées de Primus (Doritos & Fritos) au rap-rock à la Papa Roach (Billy Knows Jamie), en passant par ce qui serait la bande originale d’un dessin animé sur le Far West (The Most Wanted Person in the United States) et, bien sûr, ce qui deviendra le morceau phare d’un autre genre original de 100 000 gecs : l’hyperska (I Got My Tooth Removed).
Cependant, quelque chose se passe à la fin de 10 000 gecs avec mememe. Bien qu’il y ait un soupçon d’inspiration ska sur ce morceau, c’est en grande partie ce que l’on attendrait d’un 100 gecs nouveau et amélioré, agissant comme la réconciliation nécessaire entre le 100 gecs que l’on attendait et ce que l’on vient de recevoir. Non content de surfer sur la vague hyperpop qu’il a lui-même créée, 100 gecs s’attaque une fois de plus à l’inconnu, à l’impopulaire et à l’inhabituel. Et pour ceux qui aiment le duo pour son individualité et son rejet pur et simple de tout ce que nous considérons comme normal, il s’agit peut-être de leur sortie la plus importante à ce jour.