électronique / expérimental / industriel

Laibach: «Smrt za Smrt (REvisited)»

par Geneviève Gendreau

Une nouvelle interprétation d’un chef-d’œuvre de la musique post-industrielle.

Ne reculant devant aucun acte grandiloquent, Laibach nous revient avec une nouvelle interprétation d’un classique de son répertoire : Smrt za Smrt (« La mort pour la mort » en slovène).

D’abord parue en 1984 sur Rekapitulacija 1980-84, cette pièce a été modifiée à loisir par le groupe au fil des tournées. Cette réinterprétation reste fidèle à l’originale, mais s’avère incroyablement prenante, témoignant d’une maturité musicale qui faisait défaut à la version originale. Le clip, saturé d’images fortes, y contribue également.

Des dominos, représentant chacun des visages des damnés (à l’effigie, comble d’ironie, des 64 membres et collaborateurs, passés et présents, du groupe), s’écroulent et se fracassent dans une ronde diabolique et parfaitement symétrique. L’image de la Terre pressurée achève de glacer le sang. Avec cette dénonciation d’un manège industrialisé, source de perdition, le groupe atteint sa cible de plein fouet. Jamais grotesque, malgré son caractère emphatique, il se fait ici sauveur d’une humanité meurtrie et décimée. 

Un chef-d’œuvre musical et visuel dans la plus pure tradition de la musique post-industrielle, réalisé par Jean Valnoir Simoulin et Metastazis.

avant-rock / expérimental / post-rock

SUUNS : «Fiction»

par Patrick Baillargeon

Fiction est altéré par des voix déformées et une instrumentation lourde et inquiétante, au tempo lent.

Les SUUNS sortiront leur nouvel EP, Fiction, le 30 octobre prochain. En attendant, ils partagent la vidéo de la chanson-titre. Troisième extrait du mini-album de 6 titres, Fiction est altéré par des voix déformées et une instrumentation lourde et inquiétante, au tempo lent. Le morceau a été inspiré par le travail de BJ Burton avec Low et concerne le temps qui passe, à la fois rapidement et lentement. La vidéo, réalisée par Dr Cool (Jordan Minkoff), est entièrement animée. Vu le temps limité et l’impossibilité de filmer quoi que ce soit en période de zone rouge à Montréal, Minkoff a demandé au groupe de lui envoyer des vidéos de leurs prestations. Il a ensuite tenté de rendre les images visibles en les rotoscopant et en les transformant en un truc de science-fiction un peu rayonnant. Connu pour son style coloré et farfelu, le vidéaste a fourni un peu de lumière à l’obscurité des SUUNS.

hard rock

Fuzz : «Mirror»

par Patrick Baillargeon

Une batterie qui martèle et de puissants riffs de guitare, c’est du FUZZ pur jus qu’on retrouve sur le nouvel extrait Mirror.

Le trio de Los Angeles composé de Ty Segall (batterie, chant), Charles Moothart (guitare, chant) et Chad Ubovich (basse, chant) sortira III ce vendredi 23 octobre sous étiquette In The Red Recordings, cinq ans après le double album II. En attendant, il en présente un extrait, Mirror, après une vidéo en stop motion hallucinante pour Spit et le simple Returning. Mirror reprend l’énergie des titres précédents, avec une batterie qui martèle et de puissants riffs de guitare. C’est du FUZZ pur jus. Ici, le groupe utilise l’approche de l’ensemble de III qui consiste à prendre les ingrédients essentiels de la « musique de guitares » et du « rock and roll power trio » et à les mettre sur le billot. Le clip, réalisé par Joshua Erkman et tourné avec des moyens très limités vu les restrictions actuelles, est un véritable freak fest, avec quelques bizarreries corporelles en boni.

garage-rock / lo-fi

Quintron & Miss Pussycat : «Goblin Alert»

par Patrick Baillargeon

Une ode à ce gobelin spécial qui se retrouve souvent dans les concerts de Quintron & Miss Pussycat et qui s’imprègne de l’extravagance de leurs performances.

Quintron & Miss Pussycat reviennent avec Goblin Alert, leur nouvel album qui vient de paraître sur Goner Records. L’expérience Q & P est un chaos électronique à peine contrôlé, un amalgame de rythmes « Swamp-Tech », de petites explosions, de vêtements incroyables et d’histoires de marionnettes. Pour souligner la sortie de ce 17e effort, l’ineffable duo louisianais présente un clip pour la chanson-titre de l’album. Goblin Alert est une ode à ce gobelin spécial qui se retrouve souvent dans les concerts de Quintron & Miss Pussycat et qui s’imprègne de l’extravagance de leurs performances. La freak au béret rose, qui fume deux cigarettes à la fois et qui invente sa propre danse, le type à la table de marchandise qui renverse toutes ses boissons dans la boîte à t-shirts mais qui connaît les paroles de chaque chanson… Vous voyez le portrait. Cette vidéo a été tournée par le brillant cinéaste louisianais Drew Stubbs lors du tout dernier spectacle de Q & P avant l’Armageddon, le Lundi gras au One Eyed Jacks dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans. En regardant attentivement dans la foule, vous pourriez apercevoir Seth Rogan avec des paillettes sur le visage tentant de s’échapper, et aussi les fous de Jésus qui arrivent chaque année en bus pour protester contre les rituels annuels du duo. Un fun petit clip sans prétention qui va vous coller un sourire au visage.

free jazz

Rob Mazurek : «The First Kid in Space» (volets 1, 2 et 3)

par Steve Naud

Suivez les aventures interstellaires d’une petite fille au son des trois premiers extraits du nouvel album de Rob Mazurek.

Le 20 novembre prochain, le trompettiste et compositeur Rob Mazurek lancera Dimensional Stardust, le prochain album de son Exploding Star Orchestra sous étiquette International Anthem, un label de plus en plus essentiel sur la scène jazz mondiale. Pour ce nouveau disque, le vétéran du jazz libre a fait appel à la crème de la crème des musiciens de jazz de Chicago : Nicole Mitchell, Jeff Parker, Tomeka Reid, Damon Locks et Jaimie Branch, parmi tant d’autres. Les vidéoclips accompagnant les trois premiers extraits de Dimensional Stardust ont été réalisés par l’artiste Mikel Patrick Avery qui a choisi de mettre en scène les péripéties intergalactiques de sa propre fille, la très chouette Olivia Avery-Velez. Attachez vos ceintures !

post-punk

Viagra Boys : «Ain’t Nice»

par Patrick Baillargeon

Un autre clip absurde et délirant des Viagra Boys qui laisse présager de bien belles choses pour l’album qui va suivre.

Avec la ravageuse pièce Ain’t Nice et le délirant vidéo qui l’accompagne, la formation post-punk de Stockholm Viagra Boys annonce son nouvel album Welfare Jazz, qui sera disponible le 8 janvier via YEAR0001. L’album est produit par Matt Sweeney (Bonnie « Prince » Billy, Run the Jewels), Justin et Jeremiah Raisen (Yves Tumor, Kim Gordon, Sky Ferreira) ainsi que les anciens collaborateurs Pelle Gunnerfeldt et Daniel Fagerström (The Hives, The Knife). Toujours aussi satiriques, les membres du groupe reviennent à leur post-punk saxophonisé pour mettre adroitement à mal la normalisation par la société de la masculinité toxique, du racisme, de la misogynie, du classisme et de l’obsession de soi. Le chanteur, Sebastian Murphy, qui s’est créé – sans difficulté – une image d’ivrogne ou de toxico chancelant dans les vidéos précédentes, reprend le rôle pour la nouvelle vidéo Ain’t Nice, mais cette fois en foutant le bordel en cours de route. Volant des scooters, des vestes, perturbant des pique-niques, Murphy ne laisse aucun spectateur innocent indifférent, jusqu’à ce qu’un gamin ne le mette K.-O. Il se réveille ensuite dans un luxueux domaine, tout ce qu’il y a de plus « nice », entouré de serviteurs portant des perruques poudrées, comme au XVIIIe siècle… Un autre clip absurde et bien fou des Viagra Boys qui laisse présager de bien belles choses après le plutôt décevant EP Common Sense, paru en mars dernier.

Asie du Nord-Est / disco / new wave / post-punk

LeeNalchi et l’Ambiguous Dance Company : «Feel the Rhythm of Korea»

par Rupert Bottenberg

Un aperçu vibrant de quelques villes sud-coréennes avec le pansori nouvelle vague de LeeNalchi et la frénésie de l’Ambiguous Dance Company.

Pendant que la pandémie fait obstacle aux voyages, l’Organisation coréenne du tourisme (KTO) cherche à égayer le monde avec les cartes postales pittoresques du pays sous forme de vidéos musicales entraînantes de sa série Feel the Rhythm of Korea. Ces excursions trépidantes mettent en vedette la musique de la formidable troupe funk-punk pansori LeeNalchi, tirée de leur excellent album Suggunga, et les chorégraphies délirantes de leurs inséparables associés de l’Ambiguous Dance Company. Les trois premiers clips – qui explorent les grandes villes de Séoul, Busan et Jeonju – ont été diffusés sur le web à la fin du mois de juillet et ont depuis été vus par quelque 25 millions de téléspectateurs chacun. La KTO vient d’en lancer trois autres montrant des temples, des marchés, des parcs et divers autres centres d’intérêt des villes d’Andong, de Mokpo et de Gangneung. C’est presque aussi bien que d’y être…

électronique / folk / jazz contemporain / traditionnel

Tigran Hamasyan : «37 Newlyweds»

par Rupert Bottenberg

En ces temps difficiles pour l’Arménie, le célèbre pianiste de jazz Tigran Hamasyan ravive l’espoir grâce à une splendide vidéo et une façon d’aider.

En rendant hommage aux héros arméniens des événements tragiques d’il y a cent ans, alors que l’histoire se répète, le musicien Tigran Hamasyan, qui a su allier folk et jazz, n’a pas fait que poser un geste de compassion envers son pays avec la splendide vidéo de 37 Newlyweds, pièce tirée de son album The Call Within sorti fin août, il a également participé à la mise sur pied d’une campagne de financement, Tigran Hamasyan & Friends for Artsakh, afin d’apporter de l’aide aux civils qui en ont un urgent besoin dans les territoires assiégés. Si vous voulez bien lui donner un coup de main…

Katel feat. Bonbon Vodou : «Je t’aime déjà»

par Luc Marchessault

De Karen Lohier, alias Katel, un portrait de l’amour en huit couplets agencés à un mot grec.

Premier extrait d’un album dont on ne connaît pas encore la date de sortie, qui sera le quatrième de Karen Lohier, alias Katel. Les dessins et les encres sont de Julie Gasnier, qui a également réalisé le clip. Katel est accompagnée de Bonbon Vodou, duo formé d’Oriane Lacaille et de Jerem. Il s’agit d’un portrait de l’amour en huit couplets agencés à un mot grec : Mania, Storge, Eros, Pragma, Philia, Philautia, Agape (que chante Oriane Lacaille en créole) et Ludus. « Je t’aime que tu me touches à peine – Je viens de vivre amour Eros – La chair, le cul, le sang, les veines – Et à la fin la peau sur l’os »…

pop

Sunfruits : «Bonsoy»

par Rupert Bottenberg

Des Sunfruits, un témoignage d’affection sans réserve pour la marque de lait de soja australienne.

Une alimentation saine semble être une importante préoccupation du groupe garage-pop de Melbourne Sunfruits, qui a récemment dévoilé son EP Mushroom Kingdom, une coédition avec le label français Six Tonnes De Chair et l’étiquette australienne Third Eye Stimuli. Le premier et le deuxième œil ont besoin d’être stimulés eux aussi. Voici donc la vidéo de la face B du EP, Bonsoy. Il s’agit d’une extension animée de l’étonnante pochette réalisée par le dessinateur indonésien Ardneks, alias Kendra Ahimsa, dont le psychédélisme est déjà familier aux fans de Khruangbin et des Flamingods.

expérimental / gothique / industriel

Bestial Mouths : « The Loss »

par Geneviève Gendreau

Trois mois après Resurrectedinblack, Bestial Mouths présente un clip aquatique et cathartique pour la pièce The Loss.

Fait de superpositions d’images et d’effets kaléidoscopiques, ce microfilm expérimental accompagne à merveille les élans atmosphériques de la pièce. Tourné sous l’eau, il nous montre Cerezo, sirène gothique, tantôt se débattre des cordages et des chaînes l’enserrant, tantôt se laisser sombrer. Cette expérience de mort imminente, soutenue par une mélodie traînante aux rythmes martiaux, laisse néanmoins transparaître une certaine lumière. On en ressort hanté, ne sachant pas s’il en est résulté trépas ou rédemption.

Caméra : Elemental Eyes Photography (Sandy Holmes)
Design et concept : Lynette Cerezo
Montage : Katarina Sjöstrand

électro-rock / gothique / latino / synthwave

Prayers : «La Vida Es Un Sueño»

par Rupert Bottenberg

Le duo Prayers de San Diego apporte sa musique chologoth à l’inframonde de ses ancêtres.

« Life is a dream », répète avec insistance Leafar Seyer sur La Vide Es Un Sueño, le premier extrait de Chologoth, le plus récent album du duo électro-rock de San Diego Prayers que forme Seyer avec le musicien Dave Parley. C’est un rêve sombre, auquel la mort prend part, mais qui n’est pas dénué de beauté et possède même un sens de la destinée. Le titre de l’album cerne bien l’ambiance que crée le duo, il exprime bien le romantisme morbide de la scène gothique, dans le langage du cholo – tant dans la culture de rue chicano et la vie des gangs en Californie que, de façon plus précise, dans celle des métis –, en remontant à leurs racines indigènes. Dans la vidéo, on les voit tous deux se rendre dans l’inframonde de Mictlan en Rolls Royce très classe sous les auspices du dieu du feu mexicain Xolotl.

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