Toutes les teintes (post-punk) de Bleu Nuit

Entrevue réalisée par Louis Garneau-Pilon
Genres et styles : new wave / post-punk / rock

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Après la réussite du premier album de Bleu Nuit, le groupe post-punk francophone nous propose un nouveau projet haut en couleur : Métal. Si son premier était une exploration effrénée du sous-genre au 21e siècle, le groupe offre cette fois-ci un recueil de chansons pour le moins excitantes, aux couleurs un tantinet plus pop, assorties d’une multitude de synthétiseurs analogiques, néanmoins déjantées. Rendu public le 5 novembre, cet album rétro-nuovo pourrait captiver les nostalgiques des années 80, tout autant que les chercheurs de nouveau rock.

Rappelons que Bleu Nuit est composé du chanteur multi-instrumentiste Yan Skene, du guitariste Nicolas Gaudreau, du bassiste Maxime Sanschagrin et du batteur Marc-Antoine Sévégny. Pour marquer ce nouveau chapitre, le groupe donne un spectacle dans le cadre du festival Coup de cœur francophone, soit au bar l’Escogriffe le samedi 6 novembre. 

Plus qu’enthousiaste à l’idée de montrer au monde ce qu’il a méticuleusement préparé pendant des mois avec ses collègues, Yan Skene accorde cette interview à PAN M 360. 

PAN M 360 : Tout d’abord, la genèse de Bleu Nuit…

YAN SKENE : Je travaillais sur un autre projet qui s’était terminé brusquement, j’avais rencontré Nicolas qui jouait dans un groupe anglophone de Montréal. On s’est alors rejoint dans le but d’essayer quelque chose de différent, soit un peu plus lo-fi. Avec le temps, ç’a évolué, on s’est découvert un penchant pour les synthétiseurs et le post-punk. Tout ça a mené à notre premier album, Le jardin des mémoires, sorti en 2019. Et maintenant, on s’apprête à sortir notre nouveau projet, Métal.

PAN M 360 : On peut en déduire que ce furent deux années occupés depuis la sortie de votre premier?

YAN SKENE : Quand même! Après Le Jardin des mémoires, on n’a pas cessé d’écrire et de composer. On s’est même construit un studio dans le quartier Ahuntsic! Notre seule apparition publique fut un petit spectacle en juin 2020 au Lion d’Or. À part ça, tous nos efforts étaient dirigés vers la création de Métal

Notre méthode de travail, elle, n’a pas trop changé durant cette période. C’est beaucoup moi qui compose les chansons et qui écris les paroles. La nouveauté, cette fois-ci, c’est le fait de travailler dans notre propre studio. On a eu un espace consacré uniquement à la création de notre nouveau projet. Disons qu’on disposait de plus de moyens qu’auparavant. En 2019, on avait fait Le jardin des mémoires avec presque rien! Maintenant, en plus du studio, on s’est procuré plusieurs nouveaux instruments nous permettant bien plus de variété. Et j’ose croire qu’on a écrit huit chansons francophones vraiment solides, je suis fier de ce qu’on a accompli. Depuis ces deux années qu’on joue ensemble, je crois qu’on est devenus de bien meilleurs musiciens.

PAN M 360 : Par rapport au premier album, quelles sont différences que le public pourra identifier dans Métal?

YAN SKENE : Je me suis beaucoup plus attardé aux textes cette fois-ci. Pour le premier, c’étaient des paroles répétitives et moins complexes, Le jardin des mémoires était un projet assez spontané. Pour notre nouvelle sortie, j’avais en tête de faire quelque chose avec un esprit bien plus punk. Pour Métal, donc, je me suis assis et j’ai vraiment pris mon temps. Nous avons plus misé sur la poésie avec ce résultat : des textes imagés, bien plus forts. 

On peut aussi mentionner l’ajout de plusieurs synthétiseurs analogiques, de vieilles, vieilles, vieilles machines des années 70! Ç‘a vraiment donné le ton et la couleur de l’album. Le titre, Métal, vient justement de ce petit côté électrique qu’on a développé. Étant un gros collectionneur d’instruments de musique, j’ai développé un intérêt pour les synthés analogiques durant la pandémie. Je n’ai simplement pas arrêté d’en acheter depuis un petit bout! Ces instruments ont vraiment un cachet unique que l’on n’entend plus beaucoup à la radio, c’est un cachet qu’on voulait pour rendre l’album unique.

Je crois que Métal est une œuvre bien plus mature. On garde ce petit côté post-punk avec un penchant new wave. On va sûrement essayer de conserver ces racines pour les prochains. On travaille sur le troisième album en ce moment, et j’essaie de vraiment conserver cet esprit post-punk.

PAN M 360 : Justement, décrivez-nous ce qui amène cette couleur un peu Joy Division québécois.

YAN SKENE : C’est vraiment parce que je me suis plongé dans cet univers , d’abord en écoutant un maximum d’albums post-punk. Je suis énormément attaché au chanteur de Joy Division, qui d’ailleurs porte le même prénom que moi, Ian. Je trouve que sa poésie pouvait vraiment frapper l’imaginaire et c’est encore le cas aujourd’hui, même après toutes ces années. Mon but, c’était de rendre hommage à ça. 

C’est sûr qu’il me faut aussi mentionner Malajube, qui a bercé toute mon adolescence. Ce groupe est la raison pour laquelle je fais de la musique aujourd’hui. Ces deux bands sont les influences les plus importantes du nouvel album. 

PAN M 360 : Et si Jardin des mémoires s’inspire autant de Joy Division, pourrait-on dire que Métal s’inspire un peu aussi de New Orderconstitué à l’époque par les membres de JD après le suicide de Ian Curtis?

YAN SKENE : Oui absolument! Bien dit. Pendant ce nouveau projet, j’ai justement écouté énormément de New Order. C’est ce groupe, je crois, qui nous a le plus influencés dans la composition des nouvelles chansons. Le mélange est juste assez pop, mais avec un esprit juste assez sombre. 

PAN M 360 : Pour le spectacle de Coup de cœur francophone, vous n’êtes pas trop nerveux?

YAN SKENE : Ben, il faut toujours l’être un peu, sinon il n’y a plus de fun. Il faut être capable de gérer l’équilibre entre le stress et le plaisir. Ça fait trois ou quatre mois qu’on répète plusieurs fois par semaine ce spectacle monté sur mesure pour le festival. On est très confiants. On va jouer Métal au complet et aussi quelques chansons du premier. Le nouvel album tient quand même la route!

On a très hâte, vu que ça fait longtemps qu’on n’a pas joué devant un public. C’est sûr que la capacité réduite est un peu embêtante, mais on doit faire avec.

Sur ce nouvel album, je chante, je joue de la guitare et des synthétiseurs. Pour le live, cependant, je dois délaisser le synthé. C’est Nicolas, notre membre touche-à-tout, qui va s’occuper de tout ça. La batterie de Marc-Antoine sera couplée à un échantillonneur, ce qui nous permet de ramener sur scène toutes les percussions qu’on a utilisées en studio. En fait, c’est un album très complexe à jouer en public, vu tous les étages de son. On tient souvent les spectacles pour acquis, mais il y a beaucoup de travail là-dedans. On aime les défis, et ce spectacle en est un!

La chanson que j’ai le plus hâte de jouer, c’est Météore. Tous les quatre, on adore en jouer chaque moment, je crois que le public aussi va l’apprécier. Le pont musical de cette chanson intègre des bongos, ainsi que deux batteries sur un fond de réverbération de synthés, pendant que je chante le refrain. J’adore cette partie!

PAN M 360 : Et quelle surprise nous réservez-nous pour la suite des choses?


YAN SKENE : On a quelques projets qui sortent en novembre. Il y a aussi une petite séance, enregistrée en direct en octobre dernier, qui devrait sortir bientôt. On prévoit aussi jouer en France en 2022, on adorerait d’ailleurs faire des collaborations avec des artistes là-bas. Entre-temps, on continue de travailler sur de nouvelles chansons. Possiblement un autre spectacle pourrait être présenté à Montréal, mais… je ne peux pas en dire plus.

Dans le contexte du festival Coup de coeur francophone, le groupe Bleu Nuit se produit le samedi 6 novembre à 22 h, à L’Esco.

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