Osheaga 2022 – Arkells : rock’n’roll fantaisie

Entrevue réalisée par Stephan Boissonneault
Genres et styles : indie pop / indie rock / soul/R&B

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Si on mettait en ordre d’importance les groupes de rock indé canadien de la dernière décennie, Arkells, de Hamilton, serait tout près du sommet. Depuis ses débuts en 2007 avec le microalbum Deadlines, puis l’album Jackson Square en 2008, Arkells n’a cessé de dominer les palmarès des radios de musique indépendante. Pendant la pandémie, le groupe a lancé un recueil acoustique de vieilles chansons et un tout nouvel album en 2021, intitulé Blink Once.

En septembre prochain, les Arkells en feront paraître la deuxième partie, Blink Twice. Le chanteur Max Kerman nous assure que ces deux albums Blink sont destinés à être écoutés comme une seule œuvre, un album double si vous voulez. Nous nous sommes entretenus avec Max avant le concert d’Arkells à Osheaga, pour parler de futur album, ainsi que de la nécessité de préserver la « fraîcheur » du son d’Arkells et de collaborer davantage, dans le domaine de la musique rock indé.


PAN M 360 : Votre concert à Hamilton en juin s’annonçait comme l’un des plus importants; il a été reporté plusieurs fois, n’est-ce pas?

Max Kerman : Oui, il y a eu beaucoup d’arrêts et de reprises… Nous avons fait quelques concerts l’été dernier à Toronto, sur la scène Budweiser, pour relancer la musique en direct. Et puis, tu sais, les choses se sont arrêtées à nouveau pendant l’hiver. Et puis nous avons fait quelques tournées américaines au printemps et quelques concerts en Ontario. Et notre grand spectacle à Hamilton a eu lieu à la fin du mois de juin, et on a fait quelques trucs pour la fête du Canada en Colombie britannique, mais oui, j’ai l’impression qu’on est revenus à des bases solides. Nous serons bien sûr à Montréal à la fin du mois, pour Osheaga, et nous allons faire une tournée européenne après ça. Donc, ça fait du bien de travailler à nouveau.

PAN M 360 : Et qu’est-ce que ça fait de jouer à nouveau, avec ce niveau d’incertitude au fur et à mesure que la pandémie avance et se stabilise?

Max Kerman : On ne doit pas trop y penser, ça pourrait nous rendre fous! D’une certaine manière, il faut faire confiance aux experts et écouter leurs bons conseils. Et espérer qu’on puisse faire notre boulot, c’est-à-dire sortir et divertir les gens.

PAN M 360 : Vous avez publié l’album Blink Once, puis Blink Twice sortira en septembre. D’où est venue cette idée d’album double?

Max Kerman : Hmmm, bonne question. Je pense que nous avions l’intention de lancer Blink Once en 2020. Et puis la pandémie est arrivée, nous avons regardé autour de nous et nous avons remarqué que tant de nos artistes préférés et les groupes de nos amis mettaient la musique de côté, puisqu’il n’y avait plus de tournées; tous leurs efforts étaient en vain. C’est comme si ça s’était évaporé, parce que les tournées font tellement partie de l’expression de la musique. On a donc mis Blink Once en attente et on a fait un album acoustique. Et on a continué à écrire de nouvelles chansons. Donc quand on a lancé Blink Once en 2021, on a toujours su au fond de nous qu’on créerait encore de la musique. Et que ça aiderait aussi à amorcer le cycle de l’album, puis à faire en sorte que la musique soit actuelle, nouvelle et emballante. Et nous avons fait une sorte d’accroche à la Taylor Swift où la dernière chanson de Blink Once, qui est un « outerlude », est en fait le début la première chanson de Blink Twice.

PAN M 360 : L’idée est donc de les passer en boucle comme un double album?

Max Kerman : C’est le but! Je pense qu’on aura l’impression qu’il s’agit d’une seule œuvre. Il y a beaucoup de musique qui sort en ce moment. Et je pense que nous sommes d’avis que, si les chansons vous rendent enthousiastes, vous n’avez pas besoin d’attendre deux ans et demi entre les cycles d’enregistrement. Si quelque chose vous enthousiasme, vous pouvez le faire paraître.

PAN M 360 : Et vous avez de nombreux artistes invités sur le prochain album de Blink Twice : The Cold War Kids, Tegan and Sara, Lights, Aly & AJ, et Cœur de pirate. Est-ce la pandémie qui vous a donné le temps de collaborer avec autant d’artistes?

Max Kerman : Je pense que la pandémie nous a donné beaucoup de temps pour réfléchir à ce que nous voulions faire, à l’avenir, et à la façon dont nous voulions évoluer et essayer de nouvelles choses. Et je pense que lorsqu’on regarde les autres genres, que ce soit le hip-hop, la musique électronique ou la musique pop, il y a beaucoup plus de collaborations. On a l’impression de ne pas pouvoir le faire aussi souvent dans le rock, non? Alors, pourquoi ne pas le faire? On a donc commencé à contacter des amis. Et on avait en tête certaines chansons qui, selon nous, pouvaient convenir à certaines voix. Et oui, c’était vraiment amusant. Et pour nous, ça signifie faire de la musique qui n’est pas seulement conçue pour ma voix. C’est incroyable de réécouter la musique qu’on a faite et d’entendre une autre voix dessus. C’est comme si j’étais fatigué de ma voix; je chante toujours tout!

PAN M 360 : Nous aimons évidemment Cœur de pirate au Québec. Comment était-ce de travailler avec elle sur Dance With You? Et de chanter en français?

Max Kerman : Bon, je dirais que mon accent français n’est pas génial et j’ai travaillé très dur pour essayer de le rendre acceptable! Les gens au Québec et de la France peuvent me dire si j’y suis arrivé… ou pas. Et oui, cette chanson est très différente de la plupart de nos autres productions. C’est vraiment passionnant. Et on voulait des voix féminines qui sonnent bien ensemble. Donc, avoir des sœurs qui chantent sur l’album, Aly & AJ, c’était parfait. J’ai écouté beaucoup de musique en français pendant la pandémie. C’était assez amusant, le matin, d’écouter du vieux folk en français pendant que je lisais le journal. Et je me suis dit « Pourquoi ne pas essayer de faire quelque chose où il y aurait un couplet en français et un couplet en anglais? ». Nous avons alors contacté Béatrice (NDLR : Cœur de pirate). Et elle a écrit des paroles incroyables en peu de temps, puis nous l’avons fait chanter avec nous. Et encore une fois, il s’agit d’une sorte de découverte personnelle, c’est-à-dire évoluer et ne pas faire la même chose qu’avant.

PAN M 360 : Et cette chanson est en mode « Motown funk ». La première fois que je l’ai écoutée, je n’étais même pas sûr que c’était Arkells!

Max Kerman : C’est ce que nous voulions! Nous voulions que les gens l’écoutent et se disent « Oh, c’est Arkells? C’est fou! »! C’était vraiment ce que nous visions, une sorte d’ambiance disco, quelque chose qui soit électronique et dansant. Nous faisions référence à Daft Punk ou Justice, vous savez, dans certains éléments de la production. Mais aussi cette sorte de son dansant des années 60 et 70.

PAN M 360 : Il y a un extrait où vous racontez une rencontre avec quelqu’un dans un aéroport, je crois? C’est « Tu travaillais au Japon ». Est-ce une rencontre inventée ou réelle?

Max Kerman : C’est fictif. L’idée était de rencontrer des gens de différents endroits. Je ne suis jamais allé à Paris. Mais je me suis dit, si je suis à Paris et que je rencontre quelqu’un qui s’en va au Japon, ça crée tout ce monde imaginaire.

PAN M 360 : Je suppose que c’est une chose vers laquelle les gens tendent, pendant cette pandémie.

Max Kerman : Exactement. Je pense qu’on doit mettre un peu de fantaisie dans nos vies, car nous espérons ne pas rester coincés.

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