Festival Classica – Nadia Labrie parle de Claude Bolling

Entrevue réalisée par Varun Swarup
Genres et styles : classique / classique occidental

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Dans le cadre du Festival Classica de cette année, la flûtiste estimée et établie Nadia Labrie, présente le répertoire de Claude Bolling. Nous lui avons parlé après les spectacles pour discuter des performances, de la musique de Bolling et de la relation intéressante entre le classique et le jazz.

PAN M 360: Nadia, merci pour les bons spectacles, je suis curieux de savoir ce que vous en pensez?

Nadia Labrie: Oh les deux spectacles se sont très très bien passés. J’étais très content de la façon dont ils se sont déroulés et ce fut un grand plaisir de présenter ce répertoire au public. Nous avons interprété deux des trois suites écrites par Claude Bolling pour flûte et trio de jazz. Le 26, nous avons présenté la première suite que Bolling a composée pour Jean-⁠Pierre Rampal dans les années 70. La première partie de ce spectacle, j’ai joué avec ma sœur, Annie, en tant que duo Similia, et cela fait 25 ans que nous jouons ensemble, donc c’était vraiment spécial.

Pour le deuxième concert, nous avons présenté la deuxième suite, toujours composée pour Jean-⁠Pierre Rampal, mais dix ans après la première suite. C’est une suite beaucoup plus longue, plus technique, avec beaucoup de solos et d’improvisation.

PAN M 360: Claude Bolling est vraiment un compositeur intéressant et sa musique peut être un défi pour les musiciens classiques en raison de son caractère « jazzy ».

Nadia Labrie: Ah, oui, c’est vraiment un beau défi, en effet. Pour moi, c’était un beau défi car je n’avais jamais joué avec un trio de jazz auparavant. C’était la première fois. En composant cette musique, Cloud Bolling a permis à de grands solistes comme Jean-⁠Pierre Rampal, Yo-Yo Ma et Zukerman de pouvoir jouer avec une formation de trio jazz. Ce mariage entre la musique classique et le jazz, pour moi c’était vraiment intéressant. Très, très intéressant.

Je dois dire que c’était aussi un défi de pouvoir trouver des musiciens. La moitié de la partition est écrite et l’autre moitié est improvisée, donc il faut vraiment avoir un musicien complet, qui ait autant un point de vue de musicien classique que de jazz, pour pouvoir présenter ces œuvres. Et surtout, pouvoir les interpréter avec une grande présence. Par exemple, mon pianiste, Jonathan Turgeon, pour ceux qui étaient au concert, ils ont absolument remarqué sa grande virtuosité. C’est une musique absolument complète et une musique absolument fantastique.

PAN M 360: Quelle a été votre approche pour interpréter ces suites, diffèrent-elles beaucoup par leur caractère ?

Nadia Labrie: Oui, oui, mais c’est certain que, comme on dit, ça reste toujours Claude Bolling. On comprend où il va, sa façon de composer, mais chaque mouvement a aussi vraiment sa personnalité. Parce que chaque mouvement a sa propre couleur, comme dans la première suite, il y a un mouvement où j’utilise la flûte basse. La flûte basse est un instrument que nous n’utilisons pas souvent, surtout pas en musique classique. Mais c’est un instrument avec un son riche qui est absolument incroyable.

Dans la deuxième suite, j’utilise aussi la flûte alto, qui se situe entre la flûte basse et la flûte traversière. Donc je pense que la façon dont les pièces sont écrites, ça permet une certaine liberté, de changer d’instruments par exemple, de changer de couleurs, de changer d’interprétation, d’avoir quelque chose de vraiment intéressant avec le changement de son, le changement de flûte. J’avais quatre flûtes pendant le spectacle que j’ai continué à utiliser.

PAN M 360: Avez-vous l’impression qu’en tant que compositeur, Claude Bolling a tendance à être mis à l’écart pour être simplement un compositeur « crossover ». Le jazz est parfois un gros mot dans le domaine classique. Pensez-vous que les choses vont mieux ces jours-ci ou qu’il reste encore du travail à faire ?

Nadia Labrie: Je dirais qu’il reste encore du travail à faire à cet égard. Dans la musique classique, ils ont leur façon de jouer, leur approche, et c’est la même chose dans le jazz aussi. Il y a donc encore un grand écart, un grand espace entre les deux. Je pense que Claude Bolling a fait un travail absolument extraordinaire car c’est certain que pour les flûtes classiques ou les musiciens classiques, on a encore besoin de défis. Et cette musique, parfois, j’ai dû beaucoup m’entraîner pour y arriver. Donc pour moi, c’était un défi qui était extrêmement intéressant.

Au concert, quelqu’un est venu me voir, quelqu’un qui avait une carrière de musicien classique, puis il est venu me voir et m’a dit, je dois dire que je ne suis pas touché par la musique jazz. Ce n’est pas ma tasse de thé et tout ça, mais je dois dire qu’après le concert, je vais maintenant écouter de la musique jazz. Donc je pense que c’est aussi une question d’approche, une question de comment on présente le répertoire, comment on le met en scène. Je présente cette musique absolument sans prétention. On est dans une salle de concert, il y a un échange d’énergie, je pense qu’il y a une simplicité qui fait que les gens rentrent tout simplement dans la musique et se transportent. Et puis ils sortent du concert avec un grand sourire en disant, wow, c’était une expérience, parce que c’est totalement différent de ce qu’on entend habituellement.

PAN M 360 Présenterez-vous à nouveau ce matériel ?

Oui j’espère vraiment. Pour l’instant le 18 août nous avons une présentation aux Îles de la Madeleine dans une église de Havre-⁠Aubert. Mon mari, Jeannot Painchaud, a fait une incroyable transformation de l’église en lieu et l’ambiance est vraiment charmante et extraordinaire. Et puis j’ai des spectacles à Rimouski, d’où je viens, en novembre.

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