Mantisse en solo : avec ou sans LaF

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : hip-hop / rap keb

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Membre du groupe de rap montréalais LaF, Thomas Thivierge-Gauthier, alias Mantisse, a lancé son premier album solo, Colin-Maillard, vendredi dernier. 

Après Jamaz et Bkay, Mantisse est le troisième MC du collectif à sortir un projet solo. D’ailleurs, ses deux collègues sont de la partie sur les titres Chaga et Michel-Ange, deux chansons importantes de l’album. Sans surprise, la trame sonore est signée par Bnjmn.lloyd, un autre membre de LaF. « On (les membres de LaF) passe tellement de temps ensemble, c’était évident qu’on n’allait pas arrêter de travailler ensemble », mentionne-t-il en riant. 

Composé de onze titres, Colin-Maillard se dévoile comme étant « un regard sur le passé et sur la manière dont on bâtit sur nos expériences pour construire notre futur », précise Mantisse. Dans cet album, il se met à nu, renoue avec le passé et célèbre ses progrès personnels. Résultat : un récit cohérent de hip-hop alternatif de 30 minutes au cœur de son univers. 

Artiste à temps plein depuis quelques années, Mantisse est aussi agent de spectacle pour Bonbonbon, une maison de disques qui compte dans ses rangs des artistes tels qu’Allô Fantôme, Arielle Soucy et Velours Velours. 

« C’est en partie grâce à la pandémie que j’ai eu le temps de faire un tel projet. J’en suis extrêmement fier », allègue-t-il.

En 2018, LaF a été un acteur important de l’ascension fulgurante du rap au Québec. Le dernier projet du groupe, Soin Entreprise, remonte à septembre 2020. Au grand bonheur de ses fans, Mantisse s’est montré garant de l’avenir du collectif. 

« Avec LaF, on travaille sur de la musique en ce moment. On est plus solides que jamais et on se concentre sur notre collectif. Mes yeux sont rivés sur notre projet », lance-t-il. En espérant écouter du nouveau matériel de LaF très bientôt!

Pan M 360 a discuté avec Mantisse de la sortie de son premier album solo, de son expérience et de ses états d’âme. 


PAN M 360 : D’où provient ton désir de créer un album en solo?

MANTISSE : Dans ma carrière, j’ai toujours écrit mes paroles individuellement. J’ai toujours eu le désir de créer un projet solo, cette idée m’habite depuis longtemps. La pandémie m’a donné le temps et l’espace pour que je sois en mesure de créer cet album. Je me sentais prêt et j’ai sauté sur l’occasion. Après un certain temps, j’ai accumulé assez de matériel dont j’étais fier et que je voulais partager avec le public. 

PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a charmé dans l’expérience solo? 

MANTISSE : C’est vraiment d’avoir été capable de m’offrir le temps et l’espace pour accomplir un tel projet. C’est un exploit dont je suis extrêmement fier. Cette expérience m’a beaucoup appris et m’a fait gagner en maturité. Ça m’a permis de comprendre les rouages de l’industrie musicale et d’en apprendre plus sur tout ce qu’on ne voit pas, quant à la préparation et à la sortie d’un album. 

PAN M 360 : Y avait-il des défis auxquels tu n’avais pas pensé et qui se sont présentés à toi, dans cette création en solo?

MANTISSE : Oui, certainement. J’ai été habitué à travailler en équipe avec les membres de LaF, et j’ai développé une méthode de travail en équipe. Pour ce projet, j’ai travaillé en majeure partie seul avec Bnjmn.lloyd, et j’ai dû m’adapter à cette nouvelle dynamique. En solo, j’ai dû prendre plus de décisions par moi-même, alors que parfois, en groupe, je pouvais laisser les autres prendre certaines décisions. Aussi, quand on est seul à créer un projet, on reçoit moins de feedback et on doit se faire davantage confiance. C’est un travail sur soi assez intense. Tu dois défendre quelque chose qui t’appartient et croire en ce que tu crées. 

PAN M 360 : Parlons de Colin-Maillard. Quels sujets abordes-tu dans ce projet? 

MANTISSE : De nombreux sujets, dont la solitude, le doute, le travail sur soi et autres questions existentielles. Ce projet est un regard sur le passé et la manière dont on bâtit sur nos expériences, pour construire notre futur. Je parle aussi de se prendre en main et de maîtriser sa propre vie. 

PAN M 360 : La pochette de l’album donne le ton pour le projet. Quelle est l’idée derrière le tout?

MANTISSE : Depuis le début de mon projet solo, je souhaite m’occuper de l’aspect visuel. D’ailleurs, j’ai entièrement réalisé les collages de mes deux premiers singles. Avec la pandémie, j’ai eu le temps de me remettre à la peinture. C’est ma peinture qu’on voit sur la pochette de l’album. Ça représente un monstre qui détruit un village. Je voulais faire quelque chose de rigolo et qui se prend à la légère, tout en étant professionnel. Il n’y a pas nécessairement de message derrière l’œuvre. L’album est très intense et chargé en émotions, je voulais que ma pochette fasse contraste avec le contenu. C’est un visuel qui me ressemble et qui me représente. J’aime aussi le concept de me voir pris en photo dans mon art; c’est en quelque sorte une mise en abîme.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui reste de LaF dans ce projet solo?

MANTISSE : L’esthétique de LaF est présente dans mon album. Aussi, le fait que Bnjmn.lloyd est omniprésent rend mon univers similaire à celui du collectif. J’ai mélangé LaF avec mon art. Je me suis laissé aller et l’interprétation est différente ce celle du collectif. Ce projet-là va influencer ma manière de créer avec le groupe. 

PAN M 360 : Comment la chanson Carthage est-elle née?

MANTISSE : J’ai écrit cette chanson au début de la pandémie. À ce moment-là, tout venait de crasher dans ma vie (et pour tout le monde d’ailleurs). C’était un moment très lourd et j’avais envie d’écrire. J’ai demandé à Tommy Lunaire de m’envoyer des instrumentales et j’ai tout de suite aimé celle de Carthage. J’avais envie de me défouler et c’était le beat parfait. C’est une chanson qui m’a permis d’être vulnérable et de parler de sujets qu’on aborde rarement en musique. C’est une chanson qui passe par différentes phases, certaines remplies d’espoir et d’autres plus noires.

PAN M 360 : Qu’est-ce que ça représente, pour toi, que Bkay et Jamaz te suivent dans ton délire?

MANTISSE : LaF, c’est la famille. Ça importe pour moi que, même dans nos projets solos, on soit tous ensemble et solides. On passe tellement de temps ensemble, c’était évident que l’on n’allait pas arrêter de collaborer. On a toujours eu cette volonté de garder ça entre nous, même pour nos projets solos. On voulait s’aider à définir nos personnages et créer des œuvres qui nous appartiennent.

PAN M 360 : Pourquoi as-tu fait une version revisitée de Sunny Delight avec Yamato et La Fin du Monde?
MANTISSE : Yamato est un de mes amis depuis longtemps. J’ai toujours voulu collaborer avec lui. De plus, ça faisait quelque temps que je désirais faire une version live d’une de mes chansons, pour mettre en valeur mon texte et donner un second souffle à ma chanson. Je suis heureux de l’avoir fait pour Sunny Delight, c’était une expérience incroyable. On a créé un décor expressionniste dans un hangar et on était tous réunis pour l’enregistrement. J’avais envie de brouiller les cartes et de tenter quelque chose de différent, je suis vraiment fier du résultat.

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