Jamaz : s’attirer Les Ennuis… avec aisance

Entrevue réalisée par Maude Bélair
Genres et styles : hip-hop / rap français / rap keb

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Il bicrave, il s’enfuit des keufs et parle le verlan… Bien que le jeune MC Jamaz (Thibault de Castelbajac pour les intimes) ait quitté la France depuis bientôt 14 ans, celui-ci n’oublie pas ses racines et va jusqu’à même les infuser à son avantage. Ne vous méprenez pas : il ne cherche pas toujours les emmerdements, il cherche aussi à parfaire son art en se dépassant.

Alors que le rappeur s’était déjà bien fait connaître au sein du groupe LaF, il a profité de la signature de 7e Ciel ainsi que du confinement pour nous offrir un tout nouveau projet solo qu’il a baptisé Les ennuis.

Court projet de huit morceaux, l’artiste nous offre un rap méticuleux, concentré, mais qui ne perd pas de sa fluidité et de sa légèreté. Tantôt assuré et fier, tantôt doux contemplatif, Jamaz nous révèle une partie de son âme à la fois.  Quant à la  réalisation, elle est assurée par un ami de longue date: Benjamin Duplantie  a créé une ambiance sonore imagée, accompagnant ainsi les multiples facettes du rappeur. 

Que Jamaz se réalise avec LaF ou sur les chemins de la solitude, il utilise à bon escient toutes ses dernières années de pratique dans le but de parfaire sa technique. Et bien que celle-ci ait déjà été soulignée favorablement à maintes reprises, elle ne semble pas se tarir, mais plutôt se métamorphoser en cette entité qui pourrait encore nous surprendre. 

PAN M 360 : Tu as intitulé ton nouveau projet Les ennuis, EP divisé en huit chansons, huit tableaux où tu y dévoiles une facette de ta personnalité. Les ennuis, c’est des problèmes ou de la lassitude ? 

Jamaz : Dans l’album, il y a une chanson éponyme qui porte le titre Les ennuis, et quand j’ai créé cette chanson, je parle justement de cette double facette. Donc, I guess que ça peut tendre des deux côtés, mais je crois que ça tend plus du côté des problèmes du quotidien. Cela vient du fait que nous devons souvent affronter des obstacles de tout type et de différentes valeurs. Au final, je trouvais ça nice comme titre parce que ça m’a beaucoup inspiré et que j’ai pu puiser dans ce que je connaissais. Donc oui, je parle davantage des problèmes que de l’ennui, mais en même temps j’ai créé cet EP durant le confinement, donc il y a un peu cette facette-là aussi. 

PAN M 360 : Nous pouvons voir cette dualité dans Les ennuis, où sur des sons comme la chanson Aisance, tu es plutôt dans l’assurance, où la production est dans le rythme et joyeux. Alors que sur d’autres, notamment la chanson Vêtements, tu es davantage dans la douceur, avec une production plus lente. Tu as toi-même dit que chaque morceau était un tableau différent… Peut-on voir le déroulement de ces chansons comme étant la progression d’une histoire ? 

Jamaz : Je ne raconte pas nécessairement une histoire, mais je tenais beaucoup à ce que les gens puissent voir, écouter les différentes facettes de ma personnalité et différents… main moods ? Je savais que je voulais entre huit et dix chansons, j’étais donc bien conscient que je n’avais pas beaucoup le temps d’aller explorer en profondeur. Je voulais m’étaler pour ne pas faire des sons qui puisent dans la même énergie. Donc voilà, Les ennuis,  c’est plutôt une palette de couleur de mes émotions. 

PAN M 360 : Tu es l’un des six membres du groupe de LaF, tout comme du fait partie d’un collectif tout récemment signé ; Les Fourmis. Dans les deux cas, tu es souvent entouré et travaille rarement seul. Comment s’est déroulé ton processus créatif sur ton nouveau projet ?  Et pourquoi avoir décidé d’entamer un projet solo maintenant ?

Jamaz : Initialement, quand j’ai commencé à faire de la musique, je travaillais en groupe mais finissais toujours pas sortir des trucs en solo. Je n’en ai pas sorti énormément, mais avant de débuter LaF, j’étais très axé sur ma performance solitaire si on veut. Donc, ce n’est pas quelque chose qui est forcément nouveau pour moi, après c’est sûr qu’après le succès de LaF, j’ai dû me concentrer davantage sur l’équipe et donc mettre le projet Jamaz de côté. Même quand j’ai sorti mon EP Altitude en 2018, j’étais très focus sur le groupe mais après le COVID est arrivé ! Je voyais moins les gars du groupe, il y a eu le confinement, moins de spectacles, tout cela m’a donné le temps de travailler sur un projet solo. Il n’y a jamais eu de moment où je n’avais pas envie de sortir un projet solo, c’est juste qu’avant je travaillais tellement en équipe que je n’avais jamais le temps de focuser sur moi. 

PAN M 360 : Tu m’as devancé un peu, mais Les ennuis n’est pas ton premier projet solo! Altitude est paru en 2018, et tu as sorti quelques singles à droite et à gauche. As-tu observé une certaine évolution dans ton travail depuis ces sorties ? 

Jamaz : Officiellement, mon tout premier projet date de très longtemps, mais il est n’est même plus disponible sur Internet! Donc oui : Altitude est mon premier projet, mais Les ennuis est le premier qui a été propulsé par une maison de production, donc plus de moyens et une production artistique plus assumée. Aussi, je suis plus conscient du chemin que je veux faire en tant que rappeur aujourd’hui que dans le temps où Altitude est paru. Donc je pense que mon dernier projet est plus fidèle à qui je suis et à ce que je veux faire dans le futur. Et en termes d’évolution, je n’étais pas vraiment dans une bonne place dans ma vie personnelle lorsque j’ai sorti Altitude, donc c’est sûr que ce moment-là a été entaché par des émotions plutôt négatives. J’ai réalisé que je n’ai pas donné et fait tout ce dont j’aurais été capable. Mais depuis, j’ai tellement travaillé sur des projets différents, avec des gens différents, tout cela m’a appris pleins de choses, mes faiblesses, mes forces. Donc depuis tout ça, j’ai beaucoup appris de moi, dans le but de sortir des projets solos qui donnent le maximum de ce que j’ai à offrir.  

PAN M 360 : Sur le nouvel EP, tu t’es davantage concentré sur ton rap, qui est très technique, très méticuleux. Comment décrirais-tu ta performance, et comment te distingues-tu  ? 

Jamaz : À la base, je viens de France. Je suis né à Paris, mais j’ai déménagé au Québec en 2007. Vivant ici depuis mes 11 ans, j’ai une double citoyenneté, qui se retrouve même dans ma voix, dans mon choix des mots. Quand je bifurque entre le français québécois, le français de France et même parfois l’anglais, mon slang devient intéressant pour l’audience. Je parle verlan, mais aussi le joual… Et après comme tu l’as dit, j’aime être technique, c’est un art qui n’est peut-être pas donné à tout le monde, mais je crois que c’est l’une de mes forces. Dans ce qui me définit, je crois que c’est ce mélange de cultures et mon approche efficace dans mes rimes. Personnellement, je crois être polyvalent, je n’aime pas forcément brag là-dessus. Je crois être technique et je crois que les gens sont d’accord, après je ne sais pas à quel point je suis différent des autres… Au final, je crois que c’est mon histoire qui rend mon personnage intéressant. 

PAN M 360 : Est-ce un projet pour toi d’exporter ta musique en France ? 

Jamaz : Bien-sûr ! Je serais super down de me lancer en France, ou même en Belgique puisqu’il y a une grande scène de rap là-bas aussi. Avec ce dernier projet, cela me donne une première carte de visite plus officielle si on veut ? Donc ouais, dans le futur je me vois faire des concerts là-bas ou même établir des connexions artistiques. 

PAN M 360 : Et pour toi, quelle est la suite des choses ? 


Jamaz : C’est sûr que j’ai très hâte de faire des concerts. Sinon, je souhaite aussi travailler d’autres projets solos, j’ai toujours ça en tête. Je viens de produire un EP, donc je souhaite aussi travailler sur quelque chose d’un peu plus gros. Mais je viens tout juste de sortir quelque chose, je veux tout d’abord me mettre dans un état de création avant. Mais une chose est sûre, c’est que je n’ai pas du tout envie d’arrêter les projets solos tout de suite.  

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