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Le Festival Igloofest célèbre ses 15 ans en grande pompe ! Sa mission : mettre en lumière les musiques électroniques, dynamiser le quartier du Vieux Port et faire rayonner Montréal à l’international avec cette initiative unique en son genre. Habituellement, les événements de grande envergure misent sur une programmation qui puisse à la fois allier la qualité et la satisfaction du grand public. Ce qui est souvent un grand défi!
Celle du 28 janvier a offert un éventail de musique -sur la scène Vidéotron- très pêchue et totalement féminine: u.r.trax, Isabel Soto et No Police. PAN M 360 s’est entretenu avec Isabel Soto à cette occasion.
DJ et productrice, originaire du Vénézuela, elle est en phase de devenir la prochaine étoile d’ici et d’ailleurs. En moins de deux ans, elle a multiplié les projets à foison: résidente pour le collectif Arder à Montréal ou DifferentSound en Géorgie, affiliée à plusieurs étiquettes comme Diffuse Reality, Second State, Occultech Recordings, Sine Space 7…Sans compter qu’elle est également photographe et graphiste.
Il semblerait que le travail et la simplicité soient les clés de sa réussite.
PAN M 360: Isabel, j’aimerais en savoir plus sur ton parcours de productrice et de DJ. Raconte-moi, en détail, ce qui t’a amené dans la musique.
Isabel Soto : J’ai commencé à produire et à mixer en 2019. Juste avant le début de la pandémie, je m’étais achetée un contrôleur pour commencer à apprendre. Cependant, il faut savoir que je suis impliquée dans le milieu de la musique depuis 2012 en tant que graphiste et photographe pour des soirées montréalaises. En 2016, j’ai commencé à découvrir le milieu techno lors d’un concert au mythique Stéréo Club. Depuis, je suis complètement impliquée. De plus, j’ai découvert la scène européenne qui m’a ouvert les yeux sur l’étendue des possibilités de la musique techno. Tout cela m’a vraiment motivée pour me lancer totalement dans la production et le DJing. Mon avantage était d’être très familière avec les logiciels de création visuelle et lorsque j’ai commencé à apprendre à me servir d’Ableton, j’étais relativement à l’aise avec l’interface. Mais, j’ai pris beaucoup de cours pour mieux saisir toutes les clés de la création, de la production et de la post-production. La pandémie a été un moment clé car j’ai passé beaucoup de temps chez moi à apprendre et à travailler avec un producteur de Bueno Aires en ligne: Michel Lauriola. En septembre 2020, j’ai été contacté par un producteur qui a écouté une de mes productions sur les réseaux et là, tout s’est enclenché.
PAN M 360: Les individus capables d’être à la fois DJ et producteur sont relativement rares. Tu fais partie de ces personnes ayant cette aptitude. À mon avis, c’est une belle potentialité que tu exploites à merveille. Tes sélections et tes productions sont quasi-similaires. Comment ressens-tu cela toi?
Isabel Soto : Oui, c’est vrai. Il y a une similitude. En vrai, j’ai vu le DJing comme une introduction à la production car pour moi, c’est la création qui m’attire le plus comme dans le graphisme. J’aime donner forme à mes idées. Je me suis vite sentie limitée dans le DJing et j’étais captivée par le fait de vouloir créer du son.
PAN M 360: En parcourant ton SoundCloud, je constate que tu es une artiste très prolifique tant dans tes productions que tes prestations de DJ. Comment planifies-tu ton travail pour être si productive?
Isabel Soto : (rires!) Je passe mon temps à travailler! La semaine, je suis graphiste. Les fins de semaine, je suis DJ et/ou productrice. Ma chance est d’être souvent en télétravail alors je peux jongler d’un projet à l’autre très rapidement. La contrepartie est une vie sociale réduite. Malheureusement, j’ai beaucoup moins de temps pour socialiser, pour voir mes ami.e.s ou pour sortir à des événements. Mais, c’est le prix à payer pour concrétiser tous mes projets. J’ai développé des capacités à être multitâche en permanence.
PAN M 360: Quelles sont les machines ou les instruments que tu utilises pour tes productions? Travailles-tu seule ou entourée?
Isabel Soto : Je produis principalement avec Ableton et un synthétiseur, le minilogue de Korg. J’apprends tous les jours à mieux utiliser toutes les potentialités de ces derniers. Parfois, je fais appel à des producteurs pour m’aider à trouver des solutions quand je ressens le besoin comme par exemple, pour apprendre à mieux mixer mon son. Il m’arrive aussi de regarder des tutoriels sur YouTube.
PAN M 360: Où puises-tu tes influences tant pour tes productions que tes sélections musicales?
Isabel Soto : Blazej Malinowski fut ma première source d’inspiration pour l’apprentissage de la production. Puis, je peux citer: Aleja Sanchez (Colombie), Pulso (Argentine), Marcelo Antonio (Argentine), FLAWS, Oscar Mulero. Je suis très influencée par ce qui se passe en Argentine, en général.
PAN M 360: Ton style musical est très marqué par la techno deep, hypnotique et mentale. C’est une influence très européenne et on retrouve ce genre aussi dans les pays latinos. Personnellement, je trouve cela très rafraîchissant car à Montréal, la scène techno est plutôt dominée par une tendance à BPM ultra rapide et brutale. Comment perçois-tu la scène montréalaise?
Isabel Soto : Quand j’ai commencé en 2020, je me sentais démotivée car j’avais l’impression de ne pas coller à l’ambiance générale. Ça m’a plongé dans une certaine solitude à Montréal jusqu’à ce que je rencontre des artistes et/ou des collectifs qui cherchaient à développer ce style de techno. Par exemple, le collectif Arder de Mike Larry, dont je suis DJ résidente, essaye d’amener ce style ici. Et tant d’autres d’ailleurs. À présent, j’ai comme le sentiment que le vent est en train de tourner. Des gens comme moi peuvent enfin s’épanouir et trouver leur place sur la scène montréalaise.
PAN M 360: Tu as partagé la scène du Festival Igloofest avec la prodigieuse u.r.trax. Comment as-tu perçu cela?
Isabel Soto : Je reste encore sur l’effet de surprise. J’ai reçu la confirmation d’Igloofest le jour de mon anniversaire. Pour moi, c’est et ça reste une grande première. J’essaye de prendre cela le plus naturellement possible. No Police était sur la même programmation que moi et ça m’a réconforté d’être avec une amie. C’était un grand honneur de jouer avant u.r.trax. Elle est si jeune et si talentueuse. Elle est juste incroyable! Ça me rend vraiment heureuse.