Igloofest en coulisses : VJ, un métier de l’ombre… en pleine lumière

Entrevue réalisée par Elsa Fortant

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Cette année, PAN M 360 vous présente Igloofest sous un nouvel angle : celui des coulisses de l’événement, en mettant en lumière des travailleur.euses de l’ombre. Après Stéphanie Cléroux, directrice de production chez Multicolore, on poursuit cette paire d’entrevues avec TiND, responsable de la programmation VJing d’Igloofest cette année.

PAN M 360 vous propose de plonger dans l’univers créatif du collectif de VJs montréalais TiND, abréviation de « thisisnotdesign ». 

Actif depuis plus de vingt ans, TiND a entre autres collaboré avec la SAT et  Moment Factory,  l’organisation a su  évoluer avec les tendances musicales et visuelles, se forgeant une réputation solide dans la scène artistique de Montréal. Nous avons discuté avec Francis Théberge, l’un des cofondateurs du collectif.

PAN M 360 : Présentez-nous TiND en quelques mots.

TiND : On a fondé le collectif au début des années 2000, on était 3 membres à l’origine. On a commencé dans les raves, c’est le classique. Puis gros partys industriels, musique expérimentale. Notre spécialité, c’était vraiment les visuels qui étaient très rough, échantillonnés de la pop culture. Le classique VJ fin des années 90 début 2000. Plus tard, en 2005, on s’est constitués officiellement sous un collectif enregistré OSBL. Après on est tous devenus papa et maman, ce qui a diminué les activités du groupe. En ce moment je suis le principal membre actif avec ma femme qui s’occupe des archives et de l’organisation.

PAN M 360 : Comment la collaboration avec Igloofest  s’est-elle établie ?

TiND : Si je ne me trompe pas, on a fait le booking VJ la troisième année, donc c’était il y a plus de dix ans. Ensuite ça a été d’autres excellents VJs, dont Marion Carassou-Maillan alias VJ MA –  elle a vraiment travaillé fort pour nous faire une belle place. Ensuite, il y a eu Marc-Olivier Comeau alias VJ Binocle, habitué des grosses scènes et tournées aux États-Unis. Puis ça a été Catherine Turp de Moment Factory qui a fait le booking pendant des années. Cette année j’ai repris la programmation en ayant pour objectif de garder l’esprit de la scène VJ montréalaise. On s’occupe de la scène B, la plus petite scène et avec la programmation musicale montréalaise ça fait vraiment scène locale.

PAN M 360 : Comment les pratiques VJing ont-elles évolué avec le temps ?

TiND : Les têtes d’affiche viennent de plus en plus souvent avec leurs propres visuels. On a commencé à le sentir il y a plusieurs années, je dirais même avant la pandémie dans des festivals comme ÎleSoniq, Osheaga que j’ai fait quelques années. Je trouve que la place des VJs n’est pas tout à fait gagnée. On est obligés de jouer le contenu donné par les artistes sans avoir beaucoup de temps pour préparer. Ça arrive de plus en plus avec les gros headliners. Les choix d’artistes étaient peut-être plus équilibrés avec une meilleure représentation de l’underground. Évidemment, le domaine du visuel a beaucoup évolué, les technologies sont de plus en plus accessibles. Par exemple, quelqu’un qui connait très bien une console d’éclairage va pouvoir opérer du visuel assez facilement. 

PAN M 360 : Avez-vous carte blanche pour Igloofest ? 

TiND : Oui ! Igloofest nous laisse beaucoup de liberté. Le programmateur appuie les candidatures des artistes, puis le choix se fait sur les démos, que ce soit une série d’images ou idéalement un démo clip. C’est sûr qu’il y a une validation de la production, mais j’ai jamais vu d’artiste se faire refuser à moins que le contenu fusse vraiment inapproprié. Il y a une diversité de styles visuels représentée,  du plus expérimental (comme moi) à des trucs beaucoup plus motion plus proche du graphisme que tu vois dans la publicité animée. Ils ont l’œil, ils savent ce qu’ils veulent mais c’est vraiment une belle carte blanche. Cette année, on a fait de la place à des gens qui débutent carrément, on les a pris un peu sous notre aile. J’aime l’idée d’inclure plusieurs générations de VJs.

PAN M 360 : Par rapport à la création du contenu, comment  trouve-t-on un équilibre budgétaire entre son univers visuel, sa patte, son style et le style de l’artiste? 

TiND : Il y a des VJs qui sont très bons à s’adapter, créer ou remixer du visuel pour que ça fonctionne très bien. D’un autre côté, il y a des VJs qui ont des banques énormes de visuels, qui sont aussi très malléables en général ; ils ont un style qui va coller à peu près avec tout. Il s’agit de bien sélectionner ses clips, bien monter son set dans son logiciel,  peu importe la façon. Après, c’est un c’est une question de feeling de la musique sur place, et de métier. Parfois, on se rend compte que l’artiste joue très différemment des sets sur SoundCloud ou MixCloud qu’on a pu écouter pour se préparer. Il y a des surprises. Le rôle premier du VJ, c’est d’avoir assez de contenu qui puisse s’adapter sur différents styles et différents rythmes de musique, ça c’est important. Puis il faut être capable d’improviser sur place. Dans certains cas, il y a des mandats plus précis, on va demander de créer du visuel collé à l’artiste, ça demande une collaboration entre les labels puis les artistes, mais malheureusement c’est très rare qu’on soit en contact direct avec les labels ou les artistes.

PAN M 360 : Quels sont les défis pour les VJs à Igloofest ? 

TIND : Ça peut paraître étrange malgré qu’Igloofest est un gros festival, on est tellement bien appuyés par l’équipe technique sur place, c’est incroyable. Honnêtement c’est très facile. Autant tu peux jouer un simple signal qui prend tout l’espace et qui devient vraiment immersif, autant tu peux  découper chaque tuile, jouer différentes couches de visuel ou encore une couleur plus à gauche, plus à droite… C’est extrêmement souple. 

PAN M 360 : Vous soulignez l’importance des équipes techniques pour vous permettre de réaliser votre travail. À quoi ressemble la dynamique avec les éclairagistes avec qui vous collaborez de très près ? 

TiND : Je vais être très transparent avec toi: dans bien des cas, c’est une histoire amour-haine ! (rires)  Parfois haine, c’est plus parce qu’il y a une mauvaise communication entre les deux artistes. Je souligne que les gens d’éclairage autant que n’importe qui dans l’équipe technique, même si on les appelle des techniciens, moi je les appelle des artistes. Ça c’est clair, il n’y a pas de doute là-dessus. Par exemple, l’éclairagiste de la scène B cette année est fabuleux. C’’est un jeune homme de 19/20 ans qui a déjà joué pour MUTEK. Il est très patient avec nous, calme, la communication est excellente. Malgré moi qui suis chaotique et coloré, on réussit à trouver un équilibre, puis à un moment donné à s’accorder plus de place. Dès qu’il y a une bonne communication, ça fonctionne très bien, même si c’est improvisé. Car ces gens-là sont extrêmement bons pour improviser. Dans un monde idéal avec plus de budget de préparation, il pourrait y avoir un travail de synchronisation, ce qui produit un show incroyable pour le public. 

TiND – Igloofest x SAT

TiND – MUTEK 

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