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Jeanne Laforest fait dans la pop sophistiquée, chœur et cordes y font briller ses chansons. Son album paru l’an passé, Puisque les heures nous manquent, est une œuvre frappante qui mêle l’intimité du texte au ton grave des arrangements riches. Avec un bagage musical et un parcours académique qui traversent l’océan – de McGill en Jazz à la Finlande –, l’artiste a beaucoup à offrir et fusionne ses différents horizons en une vision harmonieuse.
L’autrice-compositrice-interprète de Québec se présentera au Verre bouteille le 6 novembre prochain dans le cadre de Coup de cœur Francophone, vitrine automnale qui met de l’avant les nouvelles formes de la création francophone à travers le Canada.
PAN M 360 en a profité pour parler avec Jeanne Laforest. Au menu, entre autres: carrière solo, folklore nordique et les cordes sur le dernier Radiohead.
PAN M 360: Cela fait longtemps que vous progressez dans le domaine musical?
Jeanne Laforest: Oui. J’ai commencé à jouer du piano quand j’étais enfant. Je baignais beaucoup dans la musique classique. C’est mon père, qui était musicien, qui m’enseignait. J’ai aussi fait beaucoup de chorale. Rendue au secondaire, j’ai commencé à vouloir faire de la musique populaire, et j’étais très attirée par l’improvisation. C’est pour ça que j’ai voulu aller faire un petit détour en jazz. Donc j’ai été au cégep en jazz pop et ensuite à l’université en jazz, avec un échange étudiant en Europe. À l’université j’ai pu toucher à bien d’autres choses, comme la musique contemporaine ou des trucs plus improvisés, et ça a donné un grand mélange avec lequel j’ai pu m’asseoir quand la pandémie est arrivée.
J’ai pu approfondir des chansons que j’avais écrites depuis que j’étais ado. Parce que j’ai toujours eu un rêve, ou un besoin, d’écrire des chansons et d’avoir un projet à moi, et la pandémie a permis ça. Et ça a donné l’album que j’ai sorti il y a maintenant un an.
PAN M 360: Vous avez fait des études de folklore nordique à la Sibelius Academy of Music, en Finlande, parmi d’autres choses. Qu’apporte ce bagage ici au Québec?
Jeanne Laforest: Mon rapport à la chorale a toujours été omniprésent. En Finlande, la musique traditionnelle, c’est de la musique vocale, chantée exclusivement par des femmes. J’ai pris des cours là-bas parce que j’étais intéressée par cette tradition. Il y a cette sonorité que j’ai vraiment eu envie d’approfondir. Aussi, j’ai découvert qu’il y a plusieurs ressemblances entre la chanson folklorique de là-bas et celle d’ici. En général, aussi, la vie en Europe m’a beaucoup marquée. Alors ce sont tous ces intérêts qui se sont transmis sur l’album.
PAN M 360: Après avoir étudié longtemps en musique, vous faites maintenant des concerts, vous jouez à des festivals, vous gagnez des prix. Est-ce une progression logique des choses pour vous? Voyez-vous cela comme quelque chose qui « commence »?
Jeanne Laforest: Je dirais que ça commence pour mon projet à moi. Mais je travaille en musique à temps plein depuis plusieurs années, donc c’est aussi une chose qui s’ajoute à la diversité des autres choses que je fais. Mais c’est vrai qu’un projet solo, c’est différent. Il y a quelque chose de plus intime dans le fait de présenter ses textes et de devoir les assumer. Ce début a été plein d’apprentissages. Comparé à il y a un an, je suis plus détendue, et surtout contente de pouvoir rassembler mon band. Toutes les opportunités que je vais avoir de le faire, je vais les chérir, et je me sens reconnaissante d’avoir une petite place dans cet amalgame très fourni de chanson québécoise.
PAN M 360: Avez-vous toujours eu une envie de faire un projet solo?
Jeanne Laforest: Au départ, j’aurais voulu avoir un band, écrire à plusieurs. Mais c’est dur de trouver les bonnes personnes avec qui faire cela. Durant la pandémie, le besoin de faire quelque chose et de sortir quelque chose a pris le dessus. Mais ça a été une décision lente, parce que pendant un bout je voulais avoir un nom d’artiste, je n’étais pas certaine de mettre mon nom de l’avant. Mais finalement, c’est ce qui est arrivé, et je ne regrette pas, ça va bien.
PAN M 360: En écoutant votre musique, on remarque l’importance des arrangements de cordes. Avez-vous une référence particulière, une pièce préférée pour les cordes qui vous a inspiré?
Jeanne Laforest: Un album qui m’a vraiment marqué pour le traitement des cordes, c’est A Moon Shaped Pool de Radiohead. Quand j’ai découvert cet album, je l’ai écouté en boucle pendant des mois. C’est à partir de cet album que j’ai voulu apprendre à écrire pour des cordes.
PAN M 360: Moi aussi, cet album me fascine. Les morceaux Glass Eyes et Burn The Witch particulièrement, pour les cordes.
Jeanne Laforest: Oui! et c’est une approche un peu flyée. Ce ne sont pas que des sons jolis et harmonieux, et ça fait du bien parce que ça montre le côté agressif et violent que peut avoir l’instrument.
PAN M 360: Parce que ça peut en dire long sur l’artiste et qu’il est plaisant d’y penser: quel serait votre plus grand rêve de carrière musicale?
Jeanne Laforest: Mon dieu… Je ne détesterais vraiment pas faire des shows partout dans le monde. Pour mon projet ou pour le projet de quelqu’un d’autre, si je pouvais aller jouer au Japon, en Allemagne, dans des pays lointains, je ne détesterais vraiment pas. C’est mon rêve inatteignable! (rires) Et ce serait intéressant, à travers ça, de se mesurer aux réceptions différentes qu’ont les gens à la musique live à travers le monde.
PAN M 360: Finalement, à quoi peut-on s’attendre de votre concert à CCF? Nous réservez-vous des surprises?
Jeanne Laforest: J’ai tendance à toujours vouloir faire plein de trucs et me compliquer la vie. Je me demandais si je devais garder ça sobre, un show qui fait le premier album… mais je pense tweaker quelques trucs, inviter quelqu’un, ajouter une petite touche flyée, oui. Ça restera une surprise!
PAN M 360: Certainement! Merci Jeanne!
Jeanne Laforest se produira le 6 novembre à 21h au Verre bouteille dans le cadre de Coup de Coeur Francophone. Pour vous procurer des billets, c’est ICI!