Dans le plexus d’Ada Lea

Entrevue réalisée par Jade Baril
Genres et styles : art-pop / folk / soft-rock

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L’autrice-compositrice-interprète Ada Lea, de son vrai nom Alexandra Levy, nous aspire dans son plexus, où sévit un puissant tourbillon émotionnel. Voilà ce dont il est question dans son deuxième album, one hand on the steering wheel the other sewing a garden.

La Montréalaise a travaillé d’arrache-pied pendant deux ans sur cet enregistrement lancé ce 24 septembre. En plus d’avoir passé près d’un mois à Los Angeles au côté du réalisateur Marshall Vore, elle s’est consacrée elle-même à l’enregistrement des voix de tout son album.

La douceur de sa voix et l’introspection sincère de ses texte font de cet album un excellent cru de pop indie.

PAN M 360 a pu en discuter avec la principale intéressée, qui lance son album dans le contexte de Pop Montréal.

PAN M 360 : Quelles sont les différences dans l’inspiration entre ton premier album et ton deuxième?

Alexandra : Pour le premier album, mes influences étaient beaucoup plus mélangées. Ce sont des artistes provenant du monde de la musique, de la poésie et de l’écrit tandis que pour le deuxième album je voulais raconter mes propres histoires. C’est dans cette optique que j’ai essayé de mon mieux de développer mon écriture, soit en suivant des cours d’écriture pour explorer un peu plus en profondeur le fond de ma pensée. Je souhaitais être capable de mieux exposer une idée. J’étais curieuse d’employer différentes techniques d’écriture avec le premier album, mais je ne m’y connaissais pas assez. The party est la première chanson où j’ai pu ressentir cette magie en racontant une histoire. Je voulais créer plus de matériel qui offrirait à l’auditeur des images puissantes du récit que je conte.

PAN M 360 : Tu dis t’inspirer d’auteurs. Pourrais-tu me dire le ou lesquels plus précisément?

Alexandra : L’année où j’ai écrit la plupart des chansons, je n’ai pas vraiment lu. J’ai lu mon premier livre d’Anne Carson, Autobiography of Red, vers la fin de l’écriture de l’album et c’est à ce moment que j’en suis devenue obsédée.

PAN M 360 : Est-ce que ça te prend beaucoup de temps pour créer un album?

Alexandra : J’ai écrit 3 ou 4 chansons avant de rester quelque temps dans une résidence artistique à Banff où j’ai pu écrire et m’amuser avec des textes déjà avancés, mais ils n’étaient pas achevés. Je voulais créer des extraits avec ceux-ci. J’ai écrit la première chanson, soit my love 4 u is real, en janvier 2018. Donc, de janvier 2018 à janvier 2020, c’est la période où j’ai tout composé, mais j’ai surtout écrit la plupart de mes chansons à Banff. J’avais une grande quantité de fragments de textes ou des idées qui manquaient de réflexion. En enregistrant des extraits, j’ai pu concrétiser certaines de mes idées avant de rencontrer Marshall.

PAN M 360 : Tu es arrivée à Los Angeles avec ton lot d’extraits afin d’enregistrer ton album. Est-ce que les démos ressemblent aux versions finales de chacune de tes chansons?

Alexandra : Il y a certaines chansons, comme Can’t stop me from dying, qui ne se ressemblent pas. Ce serait vraiment plaisant de montrer les extraits originaux, malgré le fait qu’elles sont un peu gênantes, mais c’est aussi intéressant de voir l’évolution d’une chanson. Sinon, partner et hurt ont beaucoup changé. Hurt a été retravaillé sur l’instrumental, contrairement à partner qui a changé de forme. Le refrain n’était que le dernier couplet de la chanson, mais Marshall aimait bien le texte et il était persuadé qu’il fallait que cet extrait revienne plus d’une fois. Avec mon petit morceau de chanson, il a tenté de produire une version de ce que pourrait devenir la chanson et j’ai vraiment aimé. Après avoir regardé le documentaire de Taylor Swift la soirée précédente, j’étais vraiment impressionnée par le fait qu’elle forme ses idées avec beaucoup de mots rapidement. Avant l’enregistrement avec Marshall le lendemain, j’ai écrit la nouvelle partie de partner qui est aujourd’hui le pont. Ensuite, je suis arrivée chez Marshall et je l’ai convaincu de mettre le pont.

PAN M 360 : Donc ton album s’est construit en grande majorité avec Marshall?

Alexandra : En fait, quand je suis revenue à Montréal, je voulais réenregistrer ma voix sur la majorité des chansons. Au début, je pensais que c’était une bonne idée de le faire toute seule puisque je n’aimais pas la pression d’une équipe et l’atmosphère dans laquelle j’ai travaillé ma voix. J’avais décidé, avant même de me rendre à Los Angeles, que ma priorité était d’enregistrer la batterie, les claviers et les guitares. Je ne me souciais pas de la basse. Il m’était facile d’avoir accès à une basse à Montréal. Il y a certaines chansons dont on a gardé les enregistrements originaux. J’ai donc pris l’année pour enregistrer de meilleures versions de ma voix.

PAN M 360 : Si on comprend bien, toutes les voix ou presque ont été enregistrées à Montréal?

Alexandra : J’ai loué un chalet dans les bois, à 3 heures de Montréal. J’ai habité dans ce lieu pendant un an, ce qui m’a permis de finir mon album. En fait, j’avais loué le chalet pour un mois afin de terminer l’album et après deux semaines j’ai demandé au propriétaire s’il était possible que je reste plus longtemps. Malheureusement, il y avait déjà quelqu’un qui voulait venir, mais si je restais pour l’année il m’offrait l’endroit. D’abord, je ne voulais vraiment pas rester pour l’année, mais j’ai cédé et c’était la meilleure décision parce que j’ai vraiment aimé ce temps passé au chalet. Or, je ne pense pas que c’était une très bonne idée de m’enregistrer seule parce que c’est très exigeant.

PAN M 360 : Tu as voulu reproduire, en quelque sorte, ton expérience à Banff, c’est-à-dire t’isoler dans un endroit afin de travailler sur ton album.

Alexandra : Oui oui exactement!

PAN M 360 : On retrouve sur tes deux albums un arrière-goût du rock et du groove des années 70. As-tu beaucoup été influencée par cette décennie?

Alexandra : L’album que j’ai beaucoup écouté est Tapestry de Carole King, mais je n’écoute pas spécifiquement de la musique des années 70. Sinon, il y a l’album Blue de Joni Mitchell qui a sorti la même année (1971) et le premier album de Léonard Cohen en 1967 qui sont parmi ceux que j’ai grandement écoutés. Aussi, je m’inspire d’artistes qui font de la musique complètement différente de la mienne.

PAN M 360 : La trame sonore and my newness spoke to your newness and it was a thing of endless est un mélange de sons lo-fi et hi-fi où la guitare est mise de l’avant. Pourquoi as-tu décidé de mettre une musique sans paroles ?

Alexandra : Quand j’ai terminé l’album, j’avais le sentiment qu’il manquait un élément pour que le tout soit harmonieux. Mes oreilles voulaient une pause en écoutant les chansons l’une après l’autre et je l’ai mise au plein centre pour cette raison.

PAN M 360 : Était-ce prévu depuis le début?

Alexandra : En commençant le travail d’écriture, je voulais une chanson instrumentale ou un collage. Initialement, j’avais choisi une autre pièce instrumentale, mais plus je me rapprochais de la fin de la création de l’album, plus je réalisais que la chanson ne me convenait pas, que ce n’était pas la bonne. J’ai finalement compris que c’était elle qui allait le mieux avec ce que je recherchais. Au départ, ce n’était même pas une option de l’ajouter sur l’album, même si c’est elle que j’aimais le plus, car je souhaitais l’avoir pour mon prochain album. J’avais déjà commencé à écrire des paroles qui accompagneraient la trame sonore. Après mûre réflexion, puisqu’il n’y a pas de règles à suivre dans le monde de la musique, j’ai décidé de l’inclure. Personne ne me dira que je n’avais pas le droit de faire une version instrumentale et une version accompagnée de voix sur des albums différents. Je craignais de le faire au tout début, mais cette peur s’est évaporée et j’ai osé prendre le risque.

PAN M 360 : Ton album physique comprendra une carte géographique des lieux à Montréal qui t’ont inspiré ces chansons. Comment cette idée t’est-elle venue?

Alexandra : J’ai rapidement compris que chaque chanson pouvait se positionner sur une carte. Quand je parlais de mes chansons à mes amis, je faisais référence à des endroits spécifiques et c’est à ce moment que l’idée est née. Ça pourrait être intéressant d’avoir une carte tout en écoutant mes chansons et de mieux faire comprendre à l’auditeur ce que je ressens à cet endroit. Ainsi, ceux qui écoutent ma musique auront mon point de vue, mais auront aussi leur point de vue puisque pour eux, ce même sentiment est lié à un autre endroit. Même si nos sentiments sont individuels, ils nous rassemblent parce que chacun comprend ce que l’autre ressent.

PAN M 360 : Tu as aussi voulu représenter le concept des saisons dans ton album. Quelle est la répartition de chacune des saisons?

Alexandra : Je n’ai pas mis les chansons dans un ordre logique qui suit le fil des saisons et c’est ce que je trouve intéressant puisqu’on peut vivre une gamme d’émotions disparates. Les chansons plus profondes et froides comme Damn, Partner et Hurt font partie de l’hiver par exemple.

PAN M 360 : À quoi peut-on s’attendre de ton spectacle à Pop Montréal?

Alexandra : Je serai sur scène avec d’excellents musiciens, ça va être la première fois que je monte sur scène depuis le début de la pandémie. Nous sommes vraiment excités de présenter ce que nous avons préparé. Le spectacle va surtout être consacré à mes nouvelles chansons et les chansons les plus populaires de l’album précédent, notamment the party, qui est ma chanson préférée de l’album, et woman here.

PAN M 360 : Que souhaites-tu faire dans l’avenir?

Alexandra : J’aimerais faire un album électro-pop dans un avenir proche. De plus, j’aimerais que mon projet avec mon amie fonctionne; nous avons ensemble un projet d’album, un film pourrait en découler. Les chansons permettront d’élaborer les scènes du film, elles feront aussi le pont entre les textes joués par un personnage et ce qu’il ressent vraiment tout au fond de lui. Elles permettront de mieux comprendre des sentiments qui ne s’expliquent pas de prime abord.

Ada Lea se produit à la Sala Rossa, 20h30, vendredi 24 septembre, dans le contexte de Pop Montréal

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