Chanson francophone / électronique / krautrock

Zaho de Sagazan achève sa conquête de l’Amérique franco

par Claude André

Dans une ambiance oscillant de Barbara à Kraftwerk, la nouvelle égérie des cœurs sensibles est venue sceller un pacte d’amour/passion, samedi soir au MTelus de Montréal.

Si, d’emblée, l’auteur de ces lignes se disait en consultant la liste des 13 chansons à venir que la bande à Zaho de Sagazan ne se démarquerait pas par sa générosité, il en fut tout autrement.

Il est vrai que la jeune artiste 24 ans qui a connu un retentissement fulgurant depuis la parution La Symphonie des éclairs en mars 2023 n’a qu’un album à son actif. Mais, se disait-on, elle a commencé ses activités en publiant des relectures sur Insta et n’a-t-elle pas, depuis, offert une reprise transcendante de Viennes de Barbara sur l’album hommage à William Sheller ou, plus récemment, de Modern Love de Bowie résonnant au Festival de Cannes 2024 – précipitez-vous sur YouTube !

Qu’à cela ne tienne, la native de Saint-Nazaire nous aura fait vivre de grandes émotions en première partie de son concert avant de nous transporter dans un club krautrock électro berlinois, histoire de nous faire danser comme si notre vie en dépendait. 

Dès son arrivée sur scène, elle s’installe au piano électrique et attaque, vêtue de son veston violet, qui ajoute à l’effet dramatique, La fontaine de sang

Le charisme est manifeste. La voix est grave et modulée. Lorsqu’elle se lève et se met à danser de façon urbaine et assumée, on sait qu’on a affaire à une grande artiste qui utilise tout ce qu’elle possède avec grâce et subtilité. Qu’il s’agisse de ses regards, d’un index pointé ou, par exemple, de son léger coup de pied dans le vide, on tombe dare-dare sous le charme.

Après Aspiration où dans un éclairage rouge elle fait mine de fumer sa dernière cigarette en dansant, les ballades s’enfilent avec ses deux complices qui s’occupent du bidouillage électro pop et de la section rythmique pour le plus grand bonheur de la foule. Laquelle s’est avérée moins jeune que ce à quoi on pouvait s’attendre. 

Viendra le futur classique La Symphonie des éclairs. Une chanson qui cristallise l’idée que ce qu’elle croyait être son plus grand défaut, sa sensibilité exacerbée, est en fait sa plus grande qualité.  N’est-ce pas parce qu’elle a su la canaliser à bon escient que cela lui permet d’être avec nous à Montréal ce soir, avance-t-elle en substance sans flagornerie, je vous l’assure. 

Après que la foule composée de plus de 2000 personnes ait repris en cœur le désormais célèbre refrain, la Révélation scène 2024 (Victoires)  a chanté Ne te regarde pas. Excellent prélude à ce qui s’en venait. « Finito les ballades, nous allons maintenant danser ». La transe s’est pointée et même votre plus très jeune serviteur a sautillé et bougé comme à la belle époque des raves d’il y a 30 ans. 

Comme si cela ne suffisait pas, la récipiendaire de 4 prix aux Victoires de la musique 2024 nous a balancé le vieux tubes de Nena de 1983, 99 Luftballons dans sa version originale allemande de surcroît. 

Puis, histoire de signer le pacte amoureux symbolique, Zaho a entamé la très belle et Ah que la vie est belle de Brigitte Fontaine et son refrain accrocheur avant de descendre dans la salle pour mieux se fondre parmi les gens. 

En fermeture de rideau, l’émotion était palpable et il faisait bon regarder les deux complices de la chanteuse se serrer dans leurs bras comme s’ils n’avaient jamais ressentis une telle charge d’amour. 

Bref, en ce qui  concerne l’auteur de ces lignes, ce fût le spectacle coup de cœur de cette édition 2024 des Francos.

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