Ce concert de l’Orchestre jazz des diplômés-es de l’Université de Montréal aura marqué la scène musicale locale, avec le concert de l’éminent contrebassiste Ron Carter comme premier l’invité inaugural.
L’atmosphère du Théâtre Maisonneuve était chaleureuse, avec un public essentiellement composé d’amis, de membres de la famille du big band et de passionnés de musique attirés par le concept : les meilleurs diplômés donneraient la réplique à Ron Carter.
Cependant… Bien que la liste des morceaux ait été principalement composée d’œuvres originales de M. Carter, rigoureusement arrangées par Rich deRosa et solidement exécutées par l’orchestre, il s’agissait d’une facture plutôt conservatrice, à tout le moins académique. Très peu de décalage, en fait, avec ce qu’on aurait pu entendre d’un très bon big band de jazz moderne dans les années 50, jusqu’au tournant des années 60.
Parmi les moments forts, citons la lyrique Little Waltz et Ah, Rio, une composition inspirée de la bossa nova qui a un tantinet changé la donne. Bien que la performance ait été techniquement impressionnante, elle a semblé un peu datée, surtout si l’on considère le rôle influent de Ron Carter dans l’histoire du jazz – surtout en tant qu’interprète, très peu en tant que compositeur. Carter a été un sideman de premier plan, acteur de nombreux mouvements qui ont repoussé les limites du jazz et même du hip-hop, et il aurait donc été intéressant d’assister à une sélection de compositions plus contemporaines et novatrices.
Un autre inconvénient de la soirée était l’équilibre du son. La basse semblait dominer le mixage, éclipsant parfois les autres instruments. S’il était incontestablement agréable d’entendre le jeu magistral de M. Carter à la basse, la position anormalement élevée de l’instrument dans le mixage empêchait d’apprécier pleinement les nuances de l’ensemble.
Il est néanmoins essentiel de reconnaître le talent exceptionnel qui s’est manifesté hier soir. Quoi qu’on en pense, ce concert a été une excellente vitrine pour nos propres maîtres de la musique ici à Montréal, mettant en lumière leurs indéniables compétences et leur dévouement à leur art. On pense notamment à David Carbonneau, trompette, Rachel Therrien, trompette, François D’Amours, saxo, Jérôme Beaulieu, piano, pour ne nommer que ceux-là.
En fait, il serait inutile et injuste de distinguer un musicien en particulier, puisque tous ont eu l’occasion de briller tout au long de la soirée, ceci incluant M. Ron Di Lauro, illustre prof de l’U de M fraîchement retraité après 25 ans de loyaux services à la barre de ce big band universitaire et plus encore. Avant de tirer sa révérence, il aura pu sortir sa trompette pour une heureuse Little Waltz.