Vendredi soir, la Sala Rossa était remplie à craquer pour ce triple programme de voix hispanophones. Elles et ils ont beaucoup chanté, applaudi, crié. Un public majoritairement latino, mais pas que, car la créativité musicale de cette partie du monde attire aussi des curieux.ses séduit.e.s par le genre.
Je vous propose une récapitulation à l’envers : le clou de cette soirée était la mexicaine Silvana Estrada, qui a clôturé la soirée. Comment dire? Sa voix très particulière nous transperce, nous ensorcelle, nous captive, nous berce. Qu’on comprenne les paroles ou pas, son registre vocal et ses trémolos, qui s’inspirent à la fois de la musique occidentale et indigène, nous plongent dans les tréfonds de l’âme mexicaine. Et nous sommes médusés par ce voyage.
Seule sur scène, avec une guitare, un ukulélé et un piano électrique, Silvana Estrada se dit heureuse de venir à Montréal en cette saison. Car son dernier spectacle chez en plein hiver l’avait traumatisée. Elle fera également partie du spectacle hommage à Lhasa de Sela, au Rialto les 29 et 30 septembre.
La moitié de la salle connaissait les paroles de ses chansons. C’était la communion totale entre Silvana et son public. Une mexicaine debout à côté de moi se trouvait dans une extase totale.
C’était un moment de grâce, effectivement. Sa prestation en solo magnifie sa voix, qui, dans les enregistrements studio, reste magnifique mais se fait un peu plus discrète en raison des orchestrations plus savantes.
En deuxième partie, la Montréalaise d’origine colombienne Lapelúda nous a présenté le voyage intérieur d’une femme violentée sur le chemin de la guérison.
C’est une proposition musicale alt-folk et introspective, menée par la voix chaude de Lapelúda, avec un quatuor très soudé, incluant deux percussionnistes. Nous cheminons avec l’artiste sur le chemin de sa guérison. La musique se fait de moins en moins triste et plus apaisée au fur et à mesure que le concert progresse. Elle nous parle d’une chanson d’amour écrite en état de choc traumatique.
Lapelúda parle tantôt en espagnol, tantôt en anglais, tantôt en français québécois sans accent espagnol. D’ailleurs, sur son album Caidas (2022) on retrouve des chansons en français. En passant, c’est un album magnifique.
Le parcours de Lapelúda (La chevelue) est décidément à suivre.
Cette soirée latine a été amorcée par la mexicoise Gabriella Olivo, qui a grandi à Québec, fille d’une couple mexicano-québécois, d’où le néologisme suggéré. À l’instar de Maritza et de Noé Lira, cette jeune femme s’inscrit dans ce courant de réappropriation des origines culturelles, bien qu’ayant essentiellement grandi et vécu au Québec.
Gabriella compose à la fois en français et en espagnol, saupoudrant le tout d’anglais. Sa musique est largement indie-folk et, à mon sens, gagnerait à être présentée avec un groupe de musiciens. Hier, il n’y avait qu’une accompagnatrice, avec des échantillonnages d’instruments.
Gabriella Olivo sortira bientôt un nouvel EP. C’est une artiste émergente
à suivre, qui possède, indubitablement, un talent et une créativité authentiques.
Bref, j’ai passé une superbe soirée en compagnie de ces dames. Il est extrêmement intéressant de voir s’agrandir la nébuleuse de nouvelles musiques latines, autant ici que dans les Amériques. Et le public qui suit.
Muy bien…No?