Andre Benjamin, dit 3000, a déjà fait preuve de grande vision côté hip-hop. Avec Antwan « Big Boi » Patton, il a été prodigieux en intégrant des éléments de jazz et d’électronique à son rap, son G funk ou sa néo soul. La réunion du fameux groupe Outkast, fierté d’Atlanta comme l’est Janelle Monáe, fut grandiose à Osheaga en 2014. Marqués par ce concert et cette réputation béton d’Outkast, on a écouté New Blue Sun à la fin de 2023.
On fut au départ dubitatif sur ce choix de flûtes électroniques comme instrument soliste d’un art au croisement de l’électroacoustique et du new-age. On s’est finalement laissé charmer par ces environnements planants, propices à la relaxation, à la méditation ou même à la porte d’entrée d’un sommeil réparateur.
Majoritairement très positives, les critiques ont certainement motivé les fans d’André 3000 à se procurer un billet à la version concert de cet album. La superstar s’est présentée sur scène avec 4 musiciens inconnus, dont deux rencontrés dans une épicerie il n’y a pas très longtemps : claviers, percussions, guitare, électronique.
C’est une improvisation libre entre musiciens de notre temps. De vagues harmonies soul et jazz s’immiscent çà et là dans une marmite qui mijote à feu doux. Les textures émanant de la lutherie numérique sont connues. Les effets de pédale de la guitare sont connus. Le vocabulaire des percussions est connu. L’amalgame de tout ça est connu… par très peu de mélomanes sur place, qui ne se pointe qu’en infime minorité aux programmes exploratoires des festivals MUTEK et Akousma. Heureusement, des images inspirées et des lignes de laser ont ajouté à cette « expérience », pour employer un terme poli.
Ces improvisations collectives sont relativement intéressantes et malheureusement amoindries par le jeu de leur principal concepteur. André 3000 nous apprend qu’il s’est mis aux flûtes électroniques de la même manière qu’au rap dans les années 90 et 2000. Le problème, c’est que cet autodidacte n’a acquis qu’une compétence texturale de ces instruments mélodiques dont les sonorités rappellent le pipeau joué à l’école élémentaire, la cornemuse ou le gazou. Le problème, c’est qu’André 3000 n’a aucune maîtrise de l’articulation mélodique, ses petites phrases de débutant ont tôt fait de devenir un irritant sérieux dans l’improvisation collective, plutôt qu’un discours transcendant.
À la fin de cette impro trop longue et trop peu substantielle, on a fait monter le niveau d’intensité, les 5 musiciens furent plus violents, plus intenses, et André 3000 toujours aussi limité avec cet instrument qu’il devrait apprendre à jouer avec de se produire devant public. Concert paresseux et inutile en somme, inférieur à l’opus New Blue Sun… et qui frise la fumisterie.
crédit photos : @victordiazlamich pour le FIJM