Aucun média montréalais ne compte autant de ressources humaines pour une couverture experte du Festival international de jazz de Montréal. Nous sommes plusieurs à parcourir le site extérieur et les salles de concerts : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous offrent leurs recensions d’albums, compte-rendus de concerts et quelques interviews. Bonne lecture et bonne écoute!
À la barre de son Blues Band depuis 50 ans, Stephen Barry n’a jamais eu la voix d’un grand soliste de blues mais… son chant laid back arrive toujours à bon port, non sans rappeler le ton d’un JJ Cale. Stephen Barry n’a jamais été un bassiste hors-pair, il arrive néanmoins à garder le tempo et produire ses motifs sans trébucher. Capable de nous faire oublier ses propres limites, Stephen Barry a toujours été un artiste excitant.
Et c’est encore le cas après un demi-siècle de blues, en témoigne son album commémoratif sous la bannière Only A Dream. N’allez pas chercher de contradiction, il faut plutôt voir ici un contraste : la pensée et l’imagination créative l’emportent régulièrement dans de telles formes, le vécu et la subtilité peuvent l’emporter sur la technique, c’est assurément le cas de ce leader et disons-le bien fort, un penseur du blues qui sait se vêtir pour les grandes occasions (calotte, veston et baskets cuivrés!) et qui sait fort bien s’entourer pour servir son inspiration : Andrew Cowan, guitare, chant, et combinaison rouge vif, Jody Golick, saxophones ténor et soprano et fringues de croisière, Martin Boodman, harmonica diatonique et chant, Gordie Adamson, batterie et chant. Tous des pros d’expérience, fidèles à Stephen Barry depuis des lustres, et que dire des interventions chorales de Sylvie Choquette et Suzanne Lamontagne, invitées à étoffer ce passage au FIJM 2024.
Artiste intello fasciné par le blues et autres souches musicales nord-américaines, Stephen Barry a toujours abordé la note bleue avec respect, circonspection, de surcroît avec un humour autodérisoire. Sa musique repousse l’orthodoxie et le purisme, son blues est émaillé de brillantes appropriations stylisitques, comme par exemple la reprise de Freedom Jazz Dance, superbe standard d’Eddie Harris assorti d’un thème d’enfer pour le saxo, servi cette fois sur un rythme boogaloo! Ou bien la country Si j’avais un char de Stephen Cassonade Faulkner, seule chanson interprétée en français par notre bien-aimé Montréalais. Ou encore encore la funky soul Inner City Blues (Make Me Wanna Holler) de Marvin Gaye.
Très sympathique fut la rencontre du Stephen Barry Band et son auditoire ayant rempli le Gesù à capacité, ce jeudi 27 juin 2024, soit un demi-siècle depuis le début de cette croisière.
crédit photo : Victor Diaz Lamich pour le FIJM