POP Montréal Jour 4 | Beatrice Deer, du Grand Nord à l’Outremont
par Alain Brunet
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Si sa communauté la voit de près, on la voit au loin. Beatrice Deer pagaie parmi les vedettes pop du Grand Nord, le kayak accostait à Montréal ce samedi. Depuis au moins une douzaine d’années, cette artiste inuit exprime et peaufine son artisanat devenu art.
Entourée de très bons musiciens férus de toutes les genres constitutifs de l’americana, elle intègre aussi les chants traditionnels et jeux de gorge du Nunavik, elle honore aussi son héritage kanienkehaka (mohawk) du côté de son père ou Québécoise blanche du côté de sa grand-mère.
Même si parfois ricaneuse et dotée d’un humour caustique, Beatrice Deer exhale de la douceur, de l’empathie, de la sagesse. Elle prend tout son temps pour communiquer avec son public, en anglais, en inuktitut et en français. Ses présentations sont pour la plupart teintées d’un engagement pour la cause autochtone et la dénonciation de l’oppression coloniale.
Ainsi elle se trouve au Théâtre Outremont un soir de Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Le parterre est garni aux deux-tiers, le reste est vide, donc pas vraiment de buzz majeur dans cette parcelle de territoire non cédé. Un concert donné au Rialto aurait-il attiré davantage ? Allez savoir.
La musique au programme (notamment la matière de l’album Shifting, paru il y a près de 2 ans) rassemble des formes folk, rock, quelques composantes exploratoires surgissent ça et là dans son répertoire récent.
Beatrice Deer, en fait, n’a rien d’une artiste émergente, elle fait bel et bien partie de cette renaissance historique de la culture autochtone amorcée au tournant des années 2010, époque de son entrée en jeu.
POP Montréal Jour 4 | stockdale, coup de cœur au Diving Bell
par
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
La formation allemande stockdale fait bonne impression en sol canadien
En provenance de Berlin en Allemagne, stockdale a donné le coup d’envoi de la soirée au Diving Bell, samedi soir. Formée par les trois auteurs-compositeurs-interprètes Nomé, Pilgrim et Johdi, la formation allemande incarne à merveille la nouvelle génération d’artistes, explorant une multitude de genres différents en combinant hip-hop à la dreampop, le R&B, le jazz et bien plus. Chacun de leurs morceaux nous plonge dans un univers différent et les influences sont diverses pour les trois membres; Johdi fait drôlement penser au défunt Mac Miller, Nomé alterne entre chant et rap avec une voix à la Frank Ocean et Pilgrim se situe quelque part entre Phoebe Bridgers & Clairo.
Autant sur scène qu’en musique, les trois protagonistes se complètent à merveille. Accompagné par un le DJ et producteur du groupe, stockdale déploie une superbe chimie. Rires, sourires en coin et regards mesquins sont au rendez-vous et les rendent davantage attachants. Les textes ainsi que les moments de rap sont bons et les interventions de Pilgrim ajoutent une couche sensibilité à leur art. En plus de leur matériel, ils ont offert une excellente reprise du titre River de Leon Bridges. Nul doute, stockdale est ma découverte de la soirée au Diving Bell!
Mozes Jones, encore plus jazz que prévu
En fin de soirée, c’était au tour du Montréalais Mosez Jones de s’amener devant la petite foule du Diving Bell. Entouré d’un claviériste, de deux guitaristes et d’un batteur, le rappeur a offert une rendition jazz de ses meilleurs titres. Débordant d’assurance, il livre sa poésie avec un flow découpé et transmet directement ses émotions au public. Entre rap old-school et boom bap, Jones alterne habilement entre chant et rap puis amène un côté R&B à son oeuvre.
Rapidement, les gens amassés près de la scène se sont mis à sauter et s’ambiancer sur ses différents sons. Comme promis dans notre interview avec lui plus tôt cette semaine (que vous pouvez d’ailleurs lire ici!), il a présenté plusieurs morceaux inédits. Le chant y occupe une place plus importante, ce qui n’est pas de refus et fait différent du reste de son matériel. L’essence de sa musique demeure tout de même similaire, soit des textes soignés accompagnés d’excellentes productions. Pas déplaisant du tout en live!
1000joules, une véritable boule d’énergie sur scène
Originaire de Toronto et maintenant installée à Montréal, la chanteuse 1000joules fait son entrée vêtue d’un drap vert puis se dirige vers le micro. Mystérieuse, elle prend la foule de court et débute avec un rap percutant. C’est intéressant et ça donne le ton. À la fin de son premier titre, la jeune artiste retire son costume et se dévoile au public.
Bien qu’elle ait lancé les hostilités avec du rap, c’est plutôt au chant que 1000joules s’illustre. En formule band, sa proposition a une structure jazz et une essence soul. Ses thèmes sont divers, allant de la spiritualité à l’amour queer. « Vous vous dites sûrement « Non mais quelle bitch homosexuelle! », et c’est exactement ce que je suis », lance-t-elle avant de débuter un morceau parlant de ses amours masculins du passé avant de s’assumer pleinement. 1000joules est charismatique, expressive et sa musique est sensuelle. C’est différent et ça plait!
Claire Ridgely, sensible et honnête en acoustique
Avant d’atterrir à Montréal, l’auteure-compositrice-interprète Claire Ridgely a grandi entre Lausanne et la petite ville de McLean en Virginie. Assise sur un petit tabouret aux côtés de son guitariste, Ridgely a certes fait différent des autres actes de la soirée. 100% en acoustique, la chanteuse a livré des ballades romanesques aux airs folk et pop. Dans cette formule, elle brille davantage que dans ses enregistrements. Sa voix douce et enveloppante est venue bercer la foule du Diving Bell.
Claire Ridgely chante principalement en anglais, mais a offert quelques lignes en français, dont un extrait de son prochain EP. Le résultat est sympa et elle devrait définitivement explorer ce créneau davantage.
Comparé aux autres artistes, son temps sur scène m’a paru quelque peu redondant. Donnons-lui le crédit, Ridgely détonnait grandement du reste du lot et a tout de même réussi à captiver le public.
POP Montréal Jour 4 | Hand Habits, frais et résonant
par Varun Swarup
crédit photo: Tess Roby
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Alors que Hand Habits montait sur scène, l’historique Théâtre Rialto s’est effacé des mémoires et la salle s’est transformée en une sorte de salon d’ami. La soirée a été une affaire intime et folk. Tandis que la voix chaleureuse de Meg Duffy remplissait l’espace caverneux, nous avons été entraînés dans l’univers sonore soft-rock de son groupe.
Avec maintenant la matière de quatre albums derrière la cravate, nous pouvions avoir droit à une setlist soigneusement organisée qui présentait un mélange de classiques très appréciés des fans. Cependant, le point fort de la soirée fut sans aucun doute braqué sur les morceaux de leur dernier EP, Sugar the Bruise. Ces chansons, fraîches et résonantes, voient Meg Duffy puisier plus profondément en leur-même, et entendre Private Life en live était véritablement une expérience d’émotion et de vulnérabilité partagée. Peu d’artistes en sont capables, mais Duffy l’est certainement.
POP Montréal Jour 4 | Un samedi soir à l’Esco: N Nao, Activity, Water From Your Eyes
par Théo Reinhardt
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Activity
Activity est un quartette offrant un rock lent et atmosphérique avec crescendos occasionnels. L’inspiration post-rock est bien présente, mais on entend aussi parfois dans les rythmes des renvois au trip-hop, façon Mezzanine, disons. Il y a usage extensif de feedback, de frottement de cordes et de réverbération pour installer les paysages sonores. La voix du chanteur est nasillarde et apathique.
Sombre et stoïque, la musique de ce groupe se démarque de par sa retenue. On sent qu’on ne nous offre que la surface, que ça bouillonne en dessous sans qu’on puisse le voir. Or, la grosse caisse résonne au max, elle est tectonique. Activity évoque donc autant une bouche de volcan qu’un lac calme et menaçant en pleine nuit. C’est lugubre. Même si on aimerait moins se sentir constamment dans l’attente, la musique est envoûtante.
N NAO
Si le côté expérimental de N NAO est un peu surévalué, cette musique prend entièrement son sens en performance live. La proposition est beaucoup plus frappante, surtout dans l’espace exigu de l’Escogriffe. Ça oscille vers le bruitisme, vers l’art de performance. Le cours d’eau de N NAO, symbole de prédilection pour l’album, devient une chute, un tsunami. Avec un percussionniste et un guitariste-magicien sonore, Naomie de Lorimier a complètement tiré la foule dans ses courants profonds. À l’aide de looping, de bricolage, de sons enregistrés et d’usage de divers objets, la musique tend vers un impressionnisme sensuel à souhait. Le tout est évocateur, romantique, chaotique et parfois violent. Ces sentiments forts ont charmé, et ne sont pas près de nous quitter.
Water From Your Eyes
Prenez le rock de garage, offrez-lui autant d’excitants que de dépresseurs, faites-lui cracher de l’encre noire, lancez-lui quelques couteaux et shurikens dessus, et vous avez une image qui ressemble un peu à Water From Your Eyes. Il s’agit d’un mélange pop, punk, rock, aux rythmes casse-gueule programmés et à la présence vocale nonchalante, sorte de patchwork acidulé et corrosif de la vie moderne. Le ton de guitare est abîmé, la basse est croustillante… chaque élément musical semble être sorti de sa place d’origine, tenu aux autres par du fil barbelé. Water From Your Eyes, comme leur nom l’indique, se dérobent de sentimentalité, ont un point de vue quasi extraterrestre. On ne dira pas alors qu’on dansait, mais qu’on oscillait violemment la tête d’un côté à l’autre.
POP Montréal Jour 4 | Vérité et réconciliation jazz à la Sala Rossa
par Laurent Bellemare
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Mali Obomsawin Sextet
La contrebassiste abénakie Mali Obomsawin avait fait sensation en juillet dernier, lors du passage de son sextet au Festival International de Jazz de Montréal. Dans un contexte cette fois plus intime, notamment dû à l’absence de son guitariste, l’ensemble a débuté son programme avec une excellente reprise d’Alice Coltrane. Cette interprétation donnait bien le ton à cette prestation à la croisée de différents genres musicaux.
Parsemée de quelques autres reprises, la performance du groupe était surtout ancrée dans le répertoire de Sweet Tooth, le premier album d’Obomsawin. Il s’agit d’une combinaison fort intéressante entre du jazz, du folk et de l’improvisation libre qui ne manque pas de contraste. La pièce très cinglante Wawasint8da est un arrangement d’un hymne catholique chanté en abénaki dont la mélodie répétée est progressivement déconstruire en improvisation sans forme. On oscille donc entre des moments très accrocheurs et des formes plus libres et ouvertes. Encore une fois, Mali Obomsawin et son orchestre ont fait la démonstration d’un répertoire dynamique et très bien ficelé, le tout exécuté par des musicien.ne.s hors pair. L’avenir est prometteur pour cette jeune musicienne qui, par ailleurs, vient d’une lignée familiale de musiciens.
Pompey
Pompey est monté sur la scène d’une Sala Rossa pleine à craquer, d’abord uniquement muni d’une guitare. La prestation semblait alors être celle d’un auteur/compositeur/interprète s’accompagnant à la guitare comme il en existe par millier. Dans l’essence, c’est bel et bien ce que cette performance aura été, quoiqu’une belle progression a permis de garder les choses intéressantes d’un morceau à l’autre. D’abord seul, Pompey a accueilli une chanteuse de soutien pour sa deuxième pièce. Cette dernière s’est ensuite attelée à la basse électrique, jointe par une seconde bassiste ainsi qu’un batteur. La formation a donc permis en quelque sorte d’augmenter les chansons de Pompey, dont les accords arpégés accompagnaient une voix de tête douce et toujours seuil de l’audible. Le groupe permettait donc l’ajout de dynamiques intéressantes, rendant les morceaux légèrement progressifs et leur donnant également des accents post-rock.
En somme, ce premier concert de Pompey était une affaire bien personnelle, quoique plutôt convenue. Si le tout était bien exécuté, c’est surtout grâce à ses interactions à la fois maladroites et drôles que l’artiste a pu conquérir son public hier soir. Quoi qu’il en soit, Pompey est un musicien d’ici dont on entendra sans doute parler davantage dans les années à venir.
Sarah Rossy
Plus tard, c’est un pop complexe et texturé qui résonnait dans la salle avec Sarah Rossy et son collectif. Passant aisément de voix de coffre à voix de tête, l’artiste s’accompagnait de lignes pianistiques élaborées sur son synthétiseur. Les années d’études jazz étaient ici très audibles, notamment de par les modulations souvent imprévisibles qu’empruntaient les lignes mélodiques. La qualité de la performance des autres musicien.ne.s mérite également d’être soulignée. La batteuse avait un jeu d’une technicité remarquable et ornait savoureusement les rythmes allant des pièces. Aux cordes, le bassiste accentuait efficacement les syncopes alors que le guitariste s’adonnait à des fioritures ad lib. Porté par le charisme de Rossy, le groupe interprétait les titres avec une bonne dose de spontanéité et d’improvisation.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’artiste montréalaise s’invente un monde sonore très personnel, extraverti et coloré. Les accroches pop sont bien là, mais imbibées d’arrangements savants et éthérés.
POP Montréal Jour 3 | Annahstasia, de la trempe des plus grandes ?
par Alain Brunet
crédit photo: Sarah ODriscoll
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Détrompez-vous, le folk afro-américain n’est pas un nouveau truc, tout est question de diffusion et de perception. Il s’en crée depuis longtemps, et nous en avions vendredi un exemple plus que probant, dans le Hall du Rialto.
Certes, il est beaucoup trop tôt pour affirmer que la Californienne Annahstasia est de la trempe musicale d’une Nina Simone ou que sa plume pourrait atteindre un jour le niveau d’un Langston Hughes . Ne partons pas en peur mais… Il est clair comme de l’eau de roche que cette artiste exhale une profondeur, une singularité et un talent hors du commun. On ne peut que se prosterner devant l’élégance absolue de son être, de sa voix (un tantinet écorchée en fin de programme), de son folk, de son instrumentation – guitares acoustique et électrique, violoncelle, basse, percussion.
Le contenu et la forme se conjuguent parfaitement, l’engagement personnel est exprimé avec la distance poétique nécessaire aux meilleurs écrits chansonniers. Bref, on ne trouve pas de travers apparents chez cette femme brillante et magnifique, bénie des dieux. Convenons qu’elle use de matériaux un tantinet datés (folk, jazz, musique de chambre) mais… quel usage! Faire du neuf avec du vieux et revivifier des formes classiques, cela est réservé à très peu d’artistes. Notre relation avec Annahstasia n’en est qu’à ses débuts, on vous l’assure.
M.I. Blue
En première partie de programme, M.I. Blue a fait valoir son talent. Encline à la soul / R&B, au folk et au jazz, elle se présente sur scène avec une instrumentation sobre, guitare/basse et batterie, elle mène à bien son répertoire original, incluant une évocation Nat King Cole ou même une parenthèse bossa nova. Son classicisme et son raffinement séduisent d’emblée, sa voix d’alto révèle une artiste en pleine émergence de son identité musicale. Cela dit, rien n’est totalement gagné pour M.I. Blue, d’autres pierres devront être ajoutées à son édifice pour que l’on puisse conclure à une identité vraiment affirmée. Pour l’instant, on doit reconnaître son talent et observer la suite de son développement.
Fraud Perry et Backxwash
En fin de soirée au Piccolo Rialto, on a pu apprécier la présence spectaculaire de la rappeuse et chanteuse montréalaise Fraud Perry. Elle se la joue très sensuelle et elle assume pleinement son personnage hypersexualisé, néanmoins assoiffée de liberté, d’autonomie et d’affirmation de soi. Ses textes évoquent souvent des conversations virtuelles, dialogues musclés avec divers interlocuteurs, souvent des hommes et des femmes qui ne l’abordent pas à la hauteur souhaitée et dont elle a tôt fait de ramener à son niveau, c’est-à-dire face à face. Le beatmaking est solide et multigenres, puise dans le grime, le hip-hop, le trap, la soul/R&B. La dégaine générale peut être vulgaire et directe, mais ne laisse pas indifférent. Sans conteste, Fraud Perry a quelque chose de spécial.
En fin de programme nocturne, l’artiste trans d’origine africaine Backxwash a été convoquée pour remplacer au pied levé la rappeuse Junglepussy. La Montréalaise nous a rappelé pourquoi elle avait remporté le Prix Polaris en 2020. Bombe d’expressivité! Le beatmaking hardcore et métal propulse ce rap paroxystique, extrêmement violent et ô combien addictif. Backxwash a ainsi renoué avec Montréal, laissant présager un prochain chapitre de sa trajectoire pour le moins atypique.
POP Montréal Jour 3 | Élan multigénérationnel au Rialto
par Jacob Langlois-Pelletier
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Candi Staton: la forme à 83 ans !
À chaque édition, POP Montréal nous réserve de superbes surprises en puisant dans le grand bassin des vétérans oubliés mais toujours actifs, cette fois au théâtre Rialto: la venue de Candi Staton, célèbre chanteuse de soul et gospel derrière le succès Young Hearts Run Free. Après 60 ans de carrière et une trentaine d’albums, l’Américaine crée toujours et se prépare à la sortie de Earth Roots en octobre prochain. Il s’agissait vendredi soir de sa première visite à Montréal depuis 1977.
Vers 21h, une foule importante de nostalgiques et de curieux attendaient avec impatience son arrivée. Dès son entrée en scène, Candi Staton était débordante d’énergie et d’assurance. « Ça fait tellement du bien d’être de retour à Montréal », a-t-elle lancé. Maintenant âgée de 83 ans (oui, oui vous avez bien lu), la chanteuse danse avec aisance et sa voix magnifique est toujours au rendez-vous. Chose certaine, Candi Staton ne fait pas du tout son âge!
Sur scène, Staton est accompagné de deux claviéristes, deux choristes, deux guitaristes et un batteur. Parmi ceux-ci, la légende de la soul peut compter sur deux de ses fils, Marcus Williams à la batterie ainsi que Clarence Carter Jr à la guitare. Pendant la majorité de son spectacle, elle a interprété à sa manière différents succès intemporels tels que Suspicious Minds d’Elvis Presley et Stand by Me de Ben E. King. Tout au long les gens répondaient présents et étaient en véritable communion avec l’artiste.
À mi-parcours, Staton a montré de légers signes de fatigue, elle s’est assise alors et nous a raconté différentes anecdotes. Ces différents moments plus calmes entre les chansons ont rendu le tout encore plus intime et l’on ne s’en plaint pas. Après plus de 75 minutes de spectacle, l’Américaine a conclu avec ses titres les plus populaires, Young Hearts Run Free et You Got the Love, entrecoupé d’un jam de plusieurs minutes où chacun des artistes sur scène avait leur moment pour briller. L’ambiance était à la fête et l’on se sentait en pleine messe gospel!
Du haut de ses 83 ans, Candi Staton a offert une prestation chaleureuse au Rialto, comme quoi il n’y a pas d’âge pour être une diva!
Janette King, le R&B à l’état pur
Avant Candi Staton, les gens présents au Rialto ont eu le droit à deux autres prestations, dont celle de la chanteuse, multi-instrumentiste et DJ, Janette King. Installée à Montréal depuis quelques années, la Britanno-Colombienne s’est démarquée en 2021 avec son excellent album What We Lost.
Sous les projecteurs, Janette King brille d’une aisance remarquable et d’une voix sublime. Un batteur et un claviériste l’accompagnent avec une trame sonore aux allures jazz et soul. La chanteuse slalome entre sensualité et aplomb; la foule est hypnotisée par ses différentes propositions. Ses rythmes sont accrocheurs et donnent envie de se lever et de danser, ce que plusieurs spectateurs ont fait tout au long de son spectacle. Nul doute, Janette King est promise à un bel avenir!
THEHONESTGUY, une proposition douce et sensible
Pour débuter la soirée au Rialto, la foule a fait la rencontre du chanteur THEHONESTGUY. Originaire du Nigera et installé à Toronto, Mubarak Adeyemi de son vrai nom propose un son R&B et pop, teinté d’inspirations funk et soul. En 2023, il a été nommé au JUNO Awards dans la catégorie du « Meilleur projet R&B/soul traditionnel de l’année » avec son EP intitulé HOW TO MAKE LOVE.
Vêtu d’une tenue mauve, THEHONESTGUY a une voix sensible et interagit beaucoup avec la foule. Accompagné d’un guitariste, il a proposé de nombreux morceaux inédits. Plus le concert avançait, plus les gens étaient engagés et réceptifs aux différents morceaux de l’artiste, signe que sa musique était appréciée.
Certes, THEHONESTGUY ne réinvente pas la formule R&B, mais il offre des mélodies sincères et honnêtes qui sauront certainement plaire à plusieurs.
Pop Montréal Jour 3 | Shabazz Palaces et Bahamadia, nec plus hip- hop
par Laurent Bellemare
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Vendredi à l’Entrepôt 77
Thelonious
Tout droit venu de Toronto, Thelonious est courageusement monté sur la scène d’un Entrepôt 77 pratiquement vide. Aidé pour quelques morceaux par un MC invité, il a déballé un flux rapide et puissant de textes sur des pistes instrumentales plutôt tranquilles. Peu avare de jurons, l’agressivité des paroles semblait plutôt véhiculer l’expression d’un récit personnel et d’une sensibilisation engagée. Le point fort de cette performance aura été la capacité de Thelonious à interagir avec son public, en dépit de l’arrivée au compte-gouttes des festivaliers. Il s’est effectivement montré très communicatif avec la foule, s’exprimant entre les pièces ou même entre les couplets de chansons aux accroches prometteuses. Somme toute, l’artiste et ses acolytes ont bien préparé le terrain pour la soirée tout en hip-hop qui allait suivre.
Blxck Cxsper
Au coucher du soleil, Blxck Cxsper a pris la scène en mode solo, lumières et pistes préenregistrées à l’appui. Déjà, le ton était plus sombre et pesant pour les premiers morceaux. L’identité non-binaire de l’artiste était d’emblée un élément important de la performance, aspect mis de l’avant notamment dans les explications conceptuelles fournies entre les pièces. Blxck Cxsper a effectivement toute une mythologie construite autour de sa musique, où un monde de superhéros bonifié de références queer traverse les textes bilingues. Ce monde s’exprime même à travers des médias extra musicaux comme une bande dessinée ou un jeu vidéo.
Musicalement, les pistes instrumentales se sont parfois aventurées plus près d’un jazz chaleureux, avec sections de cuivres à l’avant-plan. Blxck Cxsper avait par ailleurs une bonne maîtrise de son registre vocal, passant aisément d’un chant mélodieux aigu à un rap plus grave. Néanmoins, on a observé quelques frottements du côté de la justesse tonale, notamment entre la performance vocale de l’artiste et les couches de voix déjà présentes dans les pistes. Ce détail n’a que peu amoindri l’intérêt de la prestation, qui était autrement variée et engageante malgré une foule encore éparse.
Shabazz Palaces
Lorsque les cinq membres de Shabazz Palaces sont montés sur scène, c’est tout un univers sonore parallèle qui s’est installé. La foule avait soudainement pris de l’expansion, prête à baigner dans un continuum sonore très dynamique. Les multi-instrumentistes soutenant le rap d’Ishmael Butler passaient aisément de leur instrument acoustique aux synthétiseurs. Manifestement virtuoses, ces musiciens bougeaient à l’occasion en parfait synchronisme, une énergie qui entraînait le public dans un rebondissement collectif. On entendait donc saxophone, basse électrique, guitare électrique, tous ayant eu droit à leur solo durant la performance.
Butler avait également une parfaite maîtrise de ses outils, créant parfois des boucles avec sa voix et transformant toutes ses interactions avec la foule en élans de slams qui faisaient office de transition entre les pièces. Il utilisait également la tambourine de manière éparse et bruitiste, contribuant à l’effet planant de la musique. Manifestement, le groupe s’est permis une bonne dose d’improvisation, donnant lieu à une prestation distincte de ce qu’on peut entendre sur album. Fidèle à lui-même, Shabazz Palaces n’a pas servi de réchauffé à son auditoire, lequel lui en a visiblement été reconnaissant de par la vigueur de ses applaudissements. Un moment fort du festival.
Bahamadia
Dans un Entrepôt 77 bien réchauffé, Bahamadia prenait la scène pour clore la soirée, avec son hip-hop exécuté dans les règles de l’art. Les beats insufflés de soul et de funk rappelaient immédiatement les années 1990, décennie musicale à laquelle elle a d’ailleurs grandement contribué. Bahamadia avait un flux rythmique puissant, précis et généralement rapide, témoignant d’une maîtrise totale du micro et des rimes y étant projetées. Ce débit continu était également parsemé d’interventions du beatmaker et d’interjections vocales variées, stimulant un dialogue avec le public. Le hip-hop dans l’âme, la pionnière a donné une performance magistrale. Le contraste entre l’aspect décontracté des trames instrumentales et l’intensité de son rap était à point.Les lignes de basses étaient particulièrement présentes dans l’équilibre sonore, ce qui appuyait de surcroît un mouvement très contagieux et facilement induit à la foule. Difficile de ne pas hocher de la tête du début à la fin dans de telles circonstances.
POP Montréal, Jour 2 | Post-rock orchestral à l’Entrepôt 77
par Alain Brunet
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Bell Orchestre
Après la sortie de l’excellent opus House Music, Bell Orchestre avait créé en Allemagne un concept symphonique autour de ce corpus. Par la suite, soit à l’automne 2021, l’ensemble montréalais en avait interprété la matière avec l’OSM. Superbe, se souvient-on. Et puis chacun a vaqué à ses autres occupations professionnelles, ont connaît l’épisode douloureux du dernier cycle Arcade Fire, Richard Reed Parry s’est de nouveau concentré sur d’autres projets moins grand public donc celui-ci. En cours de création, Bell Orchestre a offert jeudi une prestation sans complément symphonique à l’Entrepôt 77 devant une foule rompue au post-rock instrumental… et à la vibe de Pop Montréal qui a toujours été un plateau important pour cette esthétique.
On a ici affaire à une cohorte d’interprètes et improvisateurs d’expérience, qui ont atteint un niveau d’excellence à l’échelle internationale. Le niveau de chacun n’a cessé de se bonifier, notamment la violoniste Sarah Neufeld qui y occupe une place importante dans le cycle actuel. Les compositions/ improvisations y sont plus matures, on y découvre plus de singularité dans les recoins, sans que les bases post-rock et post minimalistes de cette expression n’y soient transgressées. Ainsi, nous avons eu droit à une solide performance du Bell Orchestre, qui ne semble pas être en voie de prendre une pause prolongée vu les projets qui viennent – enregistrement d’un nouvel album au cours des mois à venir.
Sauf les drones
Le post-rock instrumental existe depuis les années 90, Sauf les drones (quel beau nom de band!) s’inscrit dans cette lignée de musiciens que la culture rock ne suffit pas à rassasier – on pense évidemment à Godspeed YBE, à Sigur Ros et autres… Bell Orchestre. Pour mieux se nourrir, ces jeunes musiciens intègrent des éléments de post-minimalisme et autres musiques contemporaines de tradition classique. Plus post que rock, Sauf les drones est remarquable pour la plénitude et le calme dominants de cette expression. Dans le cas qui nous occupe, le souci d’un son collectif l’emporte clairement sur les performances individuelles d’interprètes néanmoins éduqués et de niveau professionnel. Avec claviers, violon, trombone, batterie, basse, électroniques, ce sextuor montréalais existe depuis 2017 et parvient aujourd’hui à présenter une exécution cohérente et attractive, misant sur cette idée que le calme apparent puisse sous-tendre une une intensité beaucoup plus grande qu’il n’y paraît.
Anjimile
En milieu de programme, Anjimile Chithambo suggérait une approche de même cousinage que les deux autres, mais avec une petite touche d’ascendance africaine – sa famille est originaire du Malawi. Immigrant de seconde génération aux USA où il a grandi et cheminé (Dallas, Boston, Caroline du Nord), Anjimile propose un corpus de chansons savamment orchestrées et qui ne nous mènent pas où l’on croirait d’entrée de jeu. « Pour composer, peut-on lire dans son profil biographique, Anjimile s’inspire de tout ce qu’il a appris, de la pop africaine adorée par ses parents à la chorale de jeunes qu’il a fréquentée, en passant par les influences de la musique des années 80 et même de ses contemporains et camarades du label 4AD, Big Thief. « Ainsi, l’auteur, compositeur et interprète (guitariste et chanteur) déjoue les clichés en minimisant le groove et misant sur une culture occidentale dont le socle est l’indie folk des années 2000,renommé pour la richesse de ses arrangements et son souci de limpidité mélodique. Prolifique depuis 2015, il a déjà lancé 5 albums, dont le récent The King paru chez 4AD.
POP Montréal Jour 2 | Loraine James dans la nuit
par Alain Brunet
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Jeudi soir au Piccolo Rialto
Loraine James
Loraine James vient tout juste de lancer Gentle Confrontation, un album de 16 titres sous étiquette Hyperdub. C’est, grosso modo, ce dont il était question dans la nuit de jeudi à vendredi, au Piccolo Rialto. Venue du Royaume-Uni, la productrice et DJ avait brillé l’an dernier dans le contexte de MUTEK et elle migrait cette fois à Pop Montréal pour y présenter un set tout à fait concluant. La matière de Gentle Confrontation n’a pas été dupliquée sur scène, la musicienne a plutôt opté pour une relecture de cette matière pour le moins inspirée. Des éléments plus conceptuels de l’album sont mis de côté au profit d’une facture énergique, vu le contexte d’un set présenté à 1h du matin, dans un contexte nightclub.
Le fondement de cette matière réside dans le contraste entre les mitrailles rythmiques dans la lignée de la culture électronique afro-britannique (jungle, dub, drum’n’bass, dubstep, grime) et de contreparties « orchestrales » où planent de riches harmonies et douces mélodies, parfois vocales, à la fois tributaires de la soul, de la musique classique moderne et de l’ambient électronique. La clef de cet art brillant se trouve dans cette dialectique entre ces pulsations musclées et ces musique aériennes qui les survolent. On peut ressentir certaines exagérations dans cette tension, c’est-à-dire trop de percussion confrontée à la volupté mélodico-harmonique.
Kate NV
Le set précédent au programme était de la productrice russe Kate NV alias Katya Shilonosova, programme certes électronique mais plus pop et même parcouru d’harmonies jazz-world, impliquant diverses manipulations sur scène. Son profil biographique indique que cette trentenaire étudie l’architecture, crée des personnages “curieux et colorés » et improvise en live avec différents bidules comme des cloches et des synthétiseurs jouets. L’univers de Kate NV est clairement lié à l’enfance, à des univers fantasmagoriques où les sons sont au cœur de l’émerveillement. Cela étant dit, on ne se trouve pas exclusivement dans le monde de l’enfance, des beats plus costauds et des harmonies plus complexes entrent en jeu, ce qui mène à conclure que Kate NV a des notions de composition instrumentale en plus d’être productrice électro d’un corpus originale, quoique touffu sinon échevelé par moments.
LaFHomme
En premier lieu LaFHomme, artiste de Montréal visiblement non genré, aura présenté un set dynamique au référents afro-britanniques et aussi soul/R&B. Les rythmes jungle/ drum’n’bass alternent avec des harmonies et mélodies typiquement soul. Bref, la qualité est au programme de ce set ympa mais on doit conclure davantage à un travail de synthèse qu’à une singularité affirmée – musicalement du moins.
Le Vivier | La grange : immersion hors du temps
par Elena Mandolini
La grange est un projet à plusieurs facettes. Entre performance théâtrale, concert et installation, le public a été happé et tenu captif durant toute l’heure qu’a duré l’événement. Dès l’entrée en salle, au Bain Mathieu, on est accueilli par une ambiance tamisée. Tout le bassin de l’ancienne piscine a été aménagé pour recevoir le concert. Chaque élément de décor a été réfléchi pour aider à évoquer la fameuse grange qui donne son titre à l’œuvre de Félix-Antoine Coutu. Roues de vélo, étagères en bois et morceaux de tissus côtoient matériel d’amplification, écrans cathodiques et instruments de musique. Rien ne semblait déplacé dans ce décor, qui évoque parfaitement un espace rempli d’objets d’un autre temps, avec lequel le protagoniste doit composer (dans tous les sens du terme). Le public, pour sa part, est disposé tout autour du bassin, en hauteur. Cela donne l’impression d’observer de haut ce microcosme qu’est la grange. La mise en scène a été conçue en collaboration avec le Collectif Tôle, qui se spécialise surtout en théâtre.
En entrevue avec PAN M 360 plus tôt cette semaine, le compositeur Félix-Antoine Coutu nous a parlé de ses instruments inventés. Nous avons pu les voir à l’œuvre ce soir, dans tous leurs détails. Les moteurs faisaient vibrer des cordes à différentes vitesses, produisant ainsi des accords différents et des effets de drone. Il faut vraiment voir ces dispositifs pour apprécier pleinement l’ingéniosité de Coutu. Instruments électroniques et acoustiques se mariaient parfaitement pour créer une trame sonore épurée, malgré la présence de 8 instrumentistes. La grange est avant tout une œuvre évoquant des ambiances. L’on sent que quelque chose est en train de se préparer et que le temps passe, inexorablement. Non seulement Coutu performe musicalement, avec ses instruments électroniques, il offre également une prestation théâtrale. Son jeu est subtil, nuancé et silencieux (la trame narrative est uniquement évoquée par la musique, ainsi que par un programme numérique disponible en scannant un code QR en entrant en salle). Toute la psychologie du personnage est transmise par des gestes simples et des regards évocateurs.
L’œuvre se découpe en plusieurs tableaux, distingués par des changements subtils d’éclairage et d’instrumentation. Le protagoniste, Jude, gardien de la grange et inventeur, incarné par Félix-Antoine Coutu lui-même, déambule dans le décor, portant son attention sur différents éléments. Son objectif : réussir à faire décoller le drone sur lequel il travaille. Chaque tableau a une ambiance distincte, passant de la contemplation à l’anticipation, de l’anxiété à l’espoir. La présence scénique des 7 autres musiciens est également à saluer. Un petit orchestre de chambre, composé de percussions, piano, flûte, saxophone, clarinette basse, violon et violoncelle vient graduellement s’ajouter aux instruments électroniques pour construire et intensifier la structure musicale, qui mène par le fait même au paroxysme de l’œuvre. Il s’agit là d’excellents interprètes (membres du Duo Airs et de l’ensemble Paramirabo), maîtrisant chacun et chacune multiples techniques contemporaines. On a droit à de beaux moments musicaux, tantôt tendus, tantôt très mélodiques. La trame sonore s’apparente parfois à la musique de type ambient, parfois même à la musique de film.
La grange est véritablement un événement hors du commun. Durant une heure, on se sent détaché du monde, hors du temps. Une performance à voir absolument!
Deux représentations auront lieu le 30 septembre au Bain Mathieu, à 15h et à 19h30. INFOS ET BILLETS ICI.
POP Montréal Jour 1 | surtout Charlotte et Bolis
par Alain Brunet
POP Montréal est sans conteste un des événements majeurs de l’automne pour les vrais fans de musique. Du mercredi 27 septembre au dimanche 1er octobre, des dizaines et des dizaines de découvertes et acclamations d’artistes nichés dans la pop se produisent à Montréal. Suivez l’équipe de PAN M 360 jusqu’à dimanche !
Un mercredi soir au Rialto
Charlotte et Boris
crédit photos: Sarah ODriscoll
Le clou de la première soirée Pop MTL, c’était de 23h à minuit dans la salle principale du Rialto. Le tandem que forment la chanteuse Charlotte Adigery et le compositeur, producteur et multi-instrumentiste Bolis Pupul, c’est du béton!
Deux artistes de Gand, Belgique, occupent pleinement la scène. Charlotte Adigéry est dotée d’un charisme tout simplement irrésistible. Elle s’amuse follement, elle nous amuse follement tout en offrant une performance des stars les plus rutilantes du showbiz. Voix puissante d’alto, maîtrise parfaite, aisance, sensualité, humour, énergie totale.
Son partenaire la jouxte avec ses claviers, bidules et guitare électrique. De son gear, il tire une variété de références électroniques, pop ou rock. Ses accroches sont redoutables, ses riffs sont futés, ses choix de sons d’un goût indiscutable. Il y mêle électro-pop, IDM, house, techno, big beat, krautrock, sons industriels, de manière à propulser très haut sa partenaire devant une foule jubilatoire.
Impossible de refuser cette communion nocturne, crescendo de plaisir culminant lorsque les protagonistes s’amènent sur le parquet et s’entourent de leurs fans nouvellement conquis, puisque c’est une toute première fois à MTL. Ce ne sera pas la dernière, car nous avons fait la rencontre d’artistes top niveau dont le rayonnement devrait se décupler dans un avenir proche. Des bombes, je vous assure.
Martyn Bootyspoon
Précédemment, la salle fut chauffée par le fort bon DJ et producteur montréalais Martyn Bootyspoon, que l’on sait actif depuis (au moins) 2017. Son affaire, c’est plus que de la musique de danse conforme aux tendances maîtresses de l’électro, house et (surtout), ghetto tech, footwork, techno. Bootyspoon ne déteste pas les aspérités sonores, entrelardant ses beats d’une rugosité industrielle et une acidité texturale qui lui confèrent une personnalité bien affirmée. On aura aussi reconnu une reprise de Work It, signée Marie Davidson.
Xela Edna & Eius Echo
En première partie de programme, Xela Edna , Eius Echo et leurs collègues montréalais nous ont mis au parfum d’une synth pop encline à l’exploration. La chanteuse s’efforce de donner un spectacle sensuel, elle sait bouger et se mettre en valeur pendant que la musique se déploie derrière elle. Les références sont multiples, pop, krautrock, prog rock, ambient… les fondements sont clairement électroniques, des instruments (violoncelle et guitare) en complètent le portrait. La maturité est à venir mais les fondements de l’approche séduisent d’entrée de jeu.
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