MUTEK 2023 | Couverture croisée, de Moon Apple à Tim Hecker
par Rédaction PAN M 360
MUTEK Montréal 2023 et PAN M 360, voilà une combinaison qui tombe sous le sens ! Voilà pourquoi notre équipe s’y consacre cette semaine. Les férus de musiques électroniques de pointe et de création numérique se retrouvent cette semaine à Montréal, alors suivez la vibrante couverture de notre équipe , et ce jusqu’à dimanche!
Expérience 1
Ce mardi 22 mai, Mutek Montréal 2023 a pris son envol sur l’esplanade Tranquille du Quartier des spectacles. Dehors et gratuit ? Il ne faut pas y voir une programmation extérieure constituée des restes de la programmation en salle, il s’agit plutôt d’un mélange d’artistes confirmés internationalement mais dont le buzz actuel par chez nous ne justifie pas encore une entrée payante. Alain Brunet
Leon Louder
// Vivien Gaumand
Avec Leon Lounder, l’auditoire n’était pas certain de devoir écouter avec le corps ou avec la tête seulement. D’une part, la pulsation était noyée dans un sound design construit autour de sons d’insectes, une commande de l’Insectarium de Montréal. Ici, l’harmonie et la mélodie n’étaient pas des paramètres. D’autre part, le rythme était surtout créé par des phrasés sonores d’une certaine longueur et qui se répétaient en boucle. Plus tard, des basses fréquences sont venues changer la texture et se coupler à des sons courts, mais répétés si rapidement qu’ils créaient l’effet de sons continus. Vers la fin de la prestation, un passage plus harmonique avec ce qui donnait l’illusion d’être des voix synthétisées est venu dérouter cette musique entomologique. Laurent Bellemare
Moon Apple
// Vivien Gaumand
Cela dit, on trouve aussi dans cette série Expérience 1 des artistes en émergence, qui doivent peaufiner leurs propositions et affichent un potentiel intéressant. C’est le cas de Moon Apple, productrice montréalaise d’adoption dont la grand-maman est devenue moine bouddhiste, ce qui en inspire son pseudo. Équipée de synthétiseurs modulaires, d’une pédale de loop et d’instruments de percussion, la musicienne offre un son organique filtré par différents effets dont l’objet pourrait ritualiste en certains moments. Également, elle chante et peut tapocher en direct sur une surface numérisée. Un peu maladroitement, avons-nous noté lorsque le pattern rythmique fut associé à d’autres séquences préenregistrées,
Elle présentait une sorte de cérémonie dont l’objet est de représenter les Quatre Piliers de la Destinée. Des invitées, Dédé Chen, auteure, performeuse, et Ahreun Lee, artiste multimédia et musicienne, sont venues prêter main forte à une Moon Apple s’adressant symboliquement à des créatures mythiques – c’est du moins ce qu’on peut lire sur son profil biographique. Cette intégration d’une synth-pop mélodique à cette expérience multi-couches est intéressante mais nécessitera encore quelques soins avant de frapper dans le mille. Alain Brunet
La musique proposée par Moon Apple venait faire contraste avec la performance d’ouverture. L’artiste a immédiatement plongé le public dans un univers harmonique, aux sonorités douces et aux voix éthérées. Malgré cette délicatesse, de puissantes attaques dans le registre grave venaient rapidement saturer le registre des fréquences, créant un bain de son retentissant mais apaisant. La musicienne originaire de Séoul (Corée) incorporait une part d’interprétation instrumentale, notamment avec les rythmes qu’elle jouait sur un pad numérique avant de faire répéter en boucle. Malheureusement, ces séquences n’étaient pas synchrones, ce qui a même amené l’artiste à abandonner cette technique vers la fin de la performance. En revanche, les voix hautement traitées des deux artistes invitées ajoutaient à cette sonorité pop qui doit sans doute être délectable en album. Laurent Bellemare
Indus
// Vivien Gaumand
Ce duo Colombien, autoproclamé « electro-folk » est le numéro qui a fait lever le parterre. Dès les premiers coups de tambora combinés aux puissants rythmes électroniques, le public s’est mis à danser. La musique, très accrocheuse, était parsemée d’échantillons de voix entonnant des chants choraux, bien qu’au final le rythme et la performance corporelle l’emportent allègrement sur les contenus mélodiques ou harmoniques de cette musique. Décidément, le mariage de la percussion traditionnelle avec la musique électronique est une recette gagnante, car la performance d’Indus aura sans doute été la plus énergique d’Expérience 1. Laurent Bellemare
Exclusivité au programme, le duo colombien Indus a fait boum sur l’esplanade Tranquille. Indus est constitué du producteur Oscar Alford et du percussionniste Andres Mercado, dont l’album homonyme n’est pas passé inaperçu en 2020. L’intérêt que soulève Indus se fonde sur l’usage des chants et rythmes afro-colombiens et afrodescendants (champeta, currulao, mapalé, etc.) au cœur d’une approche électronique plutôt pop, en phase avec plusieurs musiques du genre destinées au plancher de danse. On aura parfois noté un manque de justesse dans les voix (problème de moniteurs ?) mais l’ensemble de la facture nous a fait oublier ces petits écarts. L’approche d’Indus est solide et fédératrice, les rythmes chauds des percussions et les chants traditionnels se marient fort bien aux claviers synthétiques et autres outils numériques constituant la lutherie de ce tandem fort bien accueilli. Alain Brunet
Événement d’ouvertureàNew City Gas:Grand River et Tim Hecker
// Bruno-Aiello-Destombes
Au New City Gas dans Griffintown, l’immense club New City Gas accueillait le programme d’ouverture en salle. Parfaitement rénovée (depuis 2012), cette usine de la révolution industrielle (1847) témoigne d’une sonorisation étonnamment efficace pour la formule concert.
La première artiste au programme ne s’était jamais produite à MUTEK mais jouit d’un buzz authentique dans les réseaux mutékiens. Buzz parfaitement justifié ! D’origines italienne et néerlandaise, la Berlinoise Aimée Portiori alias Grand River offre de merveilleuses surimpressions aux fans de musique ambient pétrie de minimalisme. Elle choisit d’insérer quelques accords consonants et fragments mélodiques ou choraux à titre de balises lui permettant ses brillantes explorations. Dans la veine des Christian Fennesz et Tim Hecker, les propositions électroacoustiques de Grand River sont entrelardées de multiples filtres synthétiques de très bon goût. Elles sont couchées sur des rythmes généralement lents, parfois plus rapides et plus costauds mais qui n’ont rien à voir avec la binarité essentielle au plancher de danse. Alain Brunet
La performance de Grand River en était une de celles qui opèrent par densification progressive du matériau musical. Avec très peu de développement, les différents moments du spectacles étaient construits sur de courtes boucles mélodiques ainsi qu’une accumulation de couches sonores. Rythmiquement, on passait de l’abstraction totale à la pulsation. Des moments de contrastes entre de lents accords de clavier et du bruitisme d’arrière-plan, ou encore d’échantillonnage vocal venaient parfois étendre le registre sonore de l’artiste, qui a plongé son auditoire plus d’une fois dans une forme de transe urbaine. Laurent Bellemare
Tim Hecker
// Bruno-Aiello-Destombes
On ne vous refera pas le parcours de Tim Hecker, un des plus respectés compositeurs électroniques à provenir du Canada. No Highs, son album le plus récent, est le prolongement attendu de ses approches les plus remarquables. As des surimpressions de fréquences saturées, Tim Hecker ne s’est pas contenté de construire ces œuvres très riches malgré leur apparente linéarité. Son dernier album est une longue courbe sinusoïdale, si peu prononcée qu’elle peut s’aplanir avant de reprendre ses rondeurs. Au fil du temps, le compositeur a ajouté une dimension instrumentale à ses propositions, la clarinette basse est tangible sur son nouvel album pour ne citer que cet exemple.
En salle, ce qu’offre Hecker n’est aucunement une reproduction exacte de sa discographie récente. Les effets de distorsion peuvent y être plus violents, les pulsations plus lourdes (et vlan dans le plexus!), les citations parfois différentes, tirées notamment des enregistrements Anoyo et Konoyo, d’inspiration japonaise en bonne partie. Mais ces subtilités se fondent discrètement dans les coulées parfois brûlantes de ce concert donné en toute cohérence. Tim Hecker pur jus, nul doute là-dessus. Alain Brunet
Dès les premières notes de la performance de Tim Hecker, on pouvait reconnaître le monde sonore de son album de 2018 Konoyo. Les trames d’instruments appartenant au Gagaku japonais débutaient une longue session de drone ambiant, naviguant toujours entre l’harmonie et la dissonance. Les glissandi de hichirki qui ouvrent si distinctement la pièce « This Life » sont ensuite venus colorer l’abrasion, en servant de transition vers un nouveau passage. Considérant que c’était plutôt la musique de No Highs (2023) qui était à l’honneur, ces clins d’œil à un album antérieur créaient un effet subversif. Il en va de même pour les interventions de shô par Fumiya Otonashi, malheureusement inaudible pendant la première partie du concert.
Plus généralement, le public a eu droit à une expérience immersive forcée, avec des basses fréquences si intenses qu’on pouvait les sentir à travers le corps. Heureusement, la musique de Tim Hecker fascine et on se prête allègrement au jeu enivrant que l’artiste nous propose, derrière ses machines analogues et numériques. Laurent Bellemare
MUTEK 2023 | Satosphère 1 : Metaract et Iwakura
par Théo Reinhardt
Le premier événement Satosphère de MUTEK 2023 est un programme double, avec les projets audiovisuels Metaract et Iwakura. Le premier est, selon le site web du festival, « une exploration de la dualité entre l’analogique et le numérique », et le second, « un voyage surnaturel pour redécouvrir la transcendance de la nature ». Voici nos impressions.
Crédits photo : Ash KG
Metaract
Metaract est la première des deux présentations, créée par les artistes japonais Manami Sakamoto et Yuri Urano. C’est un film immersif concentré sur la nature qui, dans le cadre de la SAT, s’interroge certainement sur les relations entre le monde naturel et technologique.
D’une particule de poussière dans le néant, à une goutte d’eau dans une rivière qui gèle, à un morceau de terre dans une forêt, on semble nous faire passer à travers tous les états de la matière, comme si nous les vivions à la première personne. Les choses bougent lentement, même si on a l’impression de traverser des distances temporelles à l’échelle de l’univers en quelque 20 minutes. Qui plus est, le ton explorateur mais tout de même pudique de cette représentation assez abstraite de la nature n’est pas sans rappeler la lentille curieuse et avide envers la nature dans les films de Terrence Malick, je pense surtout à The Tree of Life et à son récent documentaire Voyage of Time.
La musique reste assez sobre, des nappes ambient qui nous placent dans un espace sans début ni fin, avec quelques sons de cloche et carillons lointains ici et là. L’image qui revient le plus souvent est celle de milliers de petits points flottants dans le néant, qui peuvent autant être infiniment petits ou grands. Il n’y a pas vraiment d’échelle de référence ici, mais même le petit paraît immense lorsque assis, la tête levée, sous le dôme de la satosphère.
À la fin du film, alors que des coups de basse fréquence imitent un coeur bien vivant, les milliers de points colorés se dotent d’une intelligence et forment des arbres, avant d’éclore, de retomber dans un chaos galactique, et finalement, de revenir en tant qu’arbres, leur forme finale. Du moins, pour le moment.
Iwakura
Cette deuxième présentation, par les artistes Kazuka Naya, Ali Mahmut Demirel et Maurice Jones, est plus abstraite, plus bizarre, plus préoccupante et surtout, plus psychédélique.
Né de ce qui paraît être une obsession pour la géologie, le voyage d’Iwakura commence en arpentant lentement, et de très près, des parois de grottes variées, qui se fondent l’une dans l’autre. La musique ici est sombre, ténébreuse, calcifiée. On se croirait plongé dans une recherche minutieuse, sinon un peu fantasmatique, d’un fossile, d’un secret quelconque taillé dans le roc. Mais nous ne nous arrêterons pas là. Le voyage doit nous emmener bien plus loin, dans les limbes de la forme, et nous ne sommes pas certains d’en revenir.
Au fil des images, les entités rocheuses, maintenant solitaires dans le néant, se succèdent, et leur mouvement devient de plus en plus surnaturel: elles se retournent en elles-mêmes, s’ouvrent vers nous en un tunnel qui s’écrase et s’allonge à l’infini, se creusent et se déploient en même temps par excroissances géométriques, symétriques, alors qu’on oublie la musique et que toute notre attention est piégée par ce trou noir géologique.
Finalement, on revient à notre point de départ, avec des parois de rochers, auxquelles se fondent des chutes d’eau et des arbres, alors que la musique monte en intensité, en orchestration, et en sentimentalité. Tout un voyage. A-t-on atteint la transcendance? Le sublime? L’horreur? Un peu des trois, peut-être…
FORUM MUTEK JOUR 1 | Nouveaux horizons : création et curation numérique
par Elsa Fortant
Lors de sa création, le Forum MUTEK se tenait 6 mois avant le festival. En 2018, les deux évènements se sont greffés l’un à l’autre, offrant une perspective unique sur la créativité numérique. Programmée par Sarah Mackenzie et animée par Claudine Hubert, la 9e édition s’intitule « Courants d’avenir » et se tiendra toute la semaine aux 7 doigts de la main.MUTEK nous propose de plonger dans des thèmes diversifiés et dans l’air du temps : la relation entre culture, technologie et la crise climatique ; l’accessibilité, l’inclusion au sein des technologies immersives ; le pouvoir de la tech ; l’art, la gouvernance et l’intelligence artificielle et le futur des festivals. Voici un compte rendu de la première journée.
Crédits photo : Maryse Boyce
Conférence d’ouverture – Les festivals comme rituels radicaux
Frankie Decaiza Hutchinson – fondatrice de Dweller et cofondatrice de Discwoman
En tant que programmatrice du Bossa Nova Civic Club à Brooklyn, Frankie Hutchinson était aux premières loges pour observer l’impact de l’industrie des musiques électroniques sur l’expression des artistes et des personnes noires, c’est-à-dire un manque d’espace et de visibilité. Ça l’a particulièrement frappée lorsqu’un artiste l’a approchée pour organiser un événement spécial à l’occasion du Black History Month. Pourquoi se limiter à un événement, une semaine, un mois ? C’est donc naturellement qu’elle a fini par prendre les devants et créer un espace d’expression pour les talents électroniques issus des communautés noires, sous la forme du Dweller, un festival DIY, lancé en 2018.
Rapidement devenu « un rituel » offrant l’espace nécessaire à une forme de catharsis individuelle et collective, Dweller a grandi au point de s’internationaliser avec un événement au fameux Berghain (Berlin) et de programmer des têtes d’affiche comme Jeff Mills. Avec cette expansion, des questions se posent : comment grandir sans sacrifier l’intimité des événements ? Comment développer son public sans perdre son point de vue curatorial ? Et bien sûr, comment assurer sa pérennisation et son financement ? Chez Dweller, le financement repose en grande partie sur le merchandising et la communauté peut se retrouver et connecter autrement sur un blog, Dweller Electronics, qui comporte une dimension politique. Autant de réflexions intéressantes pour penser le développement d’événements indépendants, imaginer le futur des festivals et leur ancrage communautaire.
Panel – Future Festivals : Forger de nouveaux horizons
Maurice Jones, modérateur; Jasmin Grimm, NEW NOW Festival ; David Lavoie, FTA; Naomi Johnson, imagineNATIVE Film | Media Arts Festival
Introduite par Maurice Jones de Future Festivals Lab, la discussion avait pour objectif de questionner le pouvoir des festivals. Les échanges ont débuté par un tour de table sur les enjeux rencontrés par les festivals lors de la pandémie et l’après-pandémie.
David Lavoie du Festival TransAmériques a pour sa part été l’un des 16 initiateurs de la lettre ouverte « Attention, festivals fragilisés » publiée en février 2023 dans Le Devoir. Les signataires ont fait front pour souligner leur fragilité et les enjeux qu’ils partagent, principalement la santé mentale des employé-es, le maintien des événements et leurs modalités. La couverture de cette lettre leur a permis de faire entendre leur voix et d’engager des discussions avec le gouvernement.
Pour Naomi Johnson, la priorité était de payer les artistes, ce qui a fait évoluer la mission du festival en l’amenant à devenir producteur de contenu. Par ailleurs, les expérimentations avec la vidéo sur demande leur ont permis de développer leur public. Naomi Johnson déplore par ailleurs la perte de connaissances institutionnelles lorsqu’il y a un départ dans l’équipe, ce qui rend la tâche de se rendre à « là où on était avant » d’autant plus difficile.
Du côté du NEW NOW Festival, le changement a été assez radical puisque l’événement annuel est devenu biennal, seule façon pour Jasmin Grimm et son équipe de rester en santé. Comme les autres festivals, ils ont dû faire face à l’inflation, la pénurie de travailleur-euses mais c’est surtout l’enjeu climatique qui les inquiète. NEW NOW se tient sur l’ancienne plus grosse mine de charbon d’Europe, Zollverein, à Essen (Allemagne). Ce site historique est classé patrimoine de l’unesco depuis 2001. Par son utilisation passée et présente, ce lieu fait inévitablement réfléchir aux conséquences climatiques des activités industrielles d’hier, et événementielles d’aujourd’hui. Pour cette raison, le festival s’est emparé de la thématique des changements climatiques et a offert des ateliers sur l’autosuffisance à des organisateurs de festivals.
Il est intéressant de noter que le degré de maturité des festivals les amène à expérimenter des enjeux qui leur sont propres. En effet, après presque 40 ans d’existence (création en 1985), le FTA se demande comment rester pertinent face à l’évolution rapide de leur public. Les plus jeunes générations portent des valeurs différentes de celles qui les ont précédées et auxquelles le FTA doit s’adapter. Le processus est déjà amorcé grâce à la nouvelle codirection artistique, plus jeune et plus en phase avec le contexte actuel.
Un festival plus jeune comme NEW NOW fait plutôt face à des enjeux bureaucratiques en lien avec le site patrimonial. Cependant, comme pour ses homologues, réussir à faire le pont entre les besoins des artistes et des communautés est un défi.
Quid de la mort des festivals ? Car comme le souligne David Lavoie, les institutions doivent parfois mourir et il faut être capable d’adresser la question pour entrevoir le futur des festivals. C’est d’ailleurs pour cette raison que le New Now Festival s’est donné 10 ans de durée de vie.
On vous laisse méditer là-dessus.
Un 20 août à la Virée classique : Boucle d’or et les trois ours, Fauré, Monteverdi, Trio Débonnaire et plus encore!
par Rédaction PAN M 360
L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Nos contributeurs.trices rapportent quotidiennement ce qu’ils.elles ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 20 août.
Trois choeurs se rencontrent pour chanter le Requiem de Fauré
Crédit photo : Antoine Saito
Sous la baguette de Rafael Payare, l’OSM a dévoilé une interprétation nuancée du Requiem de Fauré qui résonnait à la fois d’une clarté et d’une profondeur lumineuses. Présentant cette œuvre phare en collaboration avec trois chœurs amateurs et un organiste de concert, la performance de cet après-midi s’est alignée plus étroitement sur l’intention originale de Fauré, permettant d’entendre le contrepoint plus clairement qu’avec un accompagnement orchestral complet.
Le programme débute avec Prière pour Orgue de François Morel, une courte pièce pour orgue seul qui donne allègrement un ton respectueux mais tout aussi grave dans les salles de la Maison Symphonique. C’est dans le silence qui a suivi que le chœur, composé de trois sections, chacune avec son chef de chœur, est monté sur scène avec une interprétation du Cantique de Jean Racine de Fauré. Souvent interprétée en parallèle de son Requiem, cette mise en texte est un des premiers signes de la vision musicale et religieuse singulière de Fauré.
Les textes de Fauré marquaient une rupture avec la sévérité et le drame des musiques de messe traditionnelles, et cela ne peut être représenté plus fidèlement qu’avec le mouvement « In Paradisum ». Le chef d’orchestre, le chœur et l’organiste ont fusionné pour créer une sublime ascension dans les royaumes du paradis. La musique flottait, en apesanteur et sereine, alors qu’un sentiment de clôture tranquille nous enveloppait dans l’auditorium.
Varun Swarup
Jeremy Denk, ou comment lier JS Bach, Ravel et Ligeti
Jeremy Denk est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs pianistes de concert américains sur la planète classique, on a pu confirmer cette affirmation à la Virée classique. Qui plus est, il fait aussi partie de ces virtuoses intéressés à mettre les époques en relation intime, c’est ce qu’on a pu savourer sur la scène reconfigurée de la salle Wilfrid-Pelletier, dimanche matin.
Au programme, JS Bach, Ravel et Ligeti, compositeurs respectivement issus des périodes baroque, moderne et contemporaine. Ainsi nous avons eu droit d’abord à la Partita n°1 en si bémol majeur BWV 825, qui fait partie de ces « suites allemandes » reconnues notamment pour le génie contrapuntique de leur concepteur dont le style avait atteint sa pleine identité à l’époque de leur conception, soit plus ou moins deux décennies avant la mort du compositeur – la Partita n°1 le fut en 1731.
Quant au style de Jeremy Denk, on peut dire grosso modo qu’il n’est ni trop délicat ni trop brusque. Ce centrisme peut aussi porter le défaut de sa qualité, au point parfois de ressentir une certaine froideur académique dans le jeu de la Partita de Bach jouée en premier. Or, les perceptions changent lorsque le pianiste joue Gaspard de la nuit de Maurice Ravel, œuvre composée en 1908 et inspirée de poèmes d’Aloysius Bertrand. Répartie en trois « poèmes pour piano », l’œuvre devient de plus en plus dense et grimpe en intensité, particulièrement au dernier (Scarbo), on peut alors contempler les pleines capacités de l’interprète. Nous sommes alors prêts à absorber les études pour piano IV (Fanfares) et V (Automne à Varsovie) du compositeur hongrois György Ligeti.
Il n’y a pas si longtemps, un tel programme n’était pas envisageable, « l’acceptabilité sociale » négative aurait repoussé toutes les directions artistiques des sociétés de concert à mettre de l’avant une telle combinaison, ce qui n’est visiblement plus le cas. Bien au contraire, ce programme proposé par Jeremy Denk correspond désormais à ce qu’il faut faire afin de nourrir les mélomanes comme il se doit en 2023.
Alain Brunet
Apprendre la musique dans le plaisir à la Virée classique
Crédit photo : Antoine Saito
La programmation pour la famille et les enfants est indissociable de la Virée classique. Chaque année, plusieurs concerts et activités pour les plus jeunes donnent l’occasion à l’OSM de faire rayonner la musique à travers le jeu, les histoires et les contes. Cette année, on a pu voir en salle Les créatures fantastiques avec Rafael Payare, ainsi qu’une série d’activités à objectif de médiation musicale, telles que la Forêt enchantée, qui était une énigme musicale jumelée à l’exploration des décors, ou un nombre d’ateliers participatifs où le public composait avec les ensembles, tout en découvrant divers instruments.
Dimanche matin, dans le superbe espace du Piano Nobile du foyer de la salle Wilfrid-Pelletier, on faisait découvrir aux enfants les enchantantes sonorités des bois de l’orchestre. Par le médium du conte classique de Boucle d’or et les trois ours, les musiciens (Vincent Boilard au hautbois, Alain Desgagné à la clarinette et Mathieu Harel au basson) ainsi que la comédienne invitée (Gabrielle Marion-Rivard) ont appris aux enfants comment la musique pouvait évoquer des objets, des personnages ou des scènes précises, tout en abordant les familles d’instruments de l’orchestre.
Les morceaux de Jacques Ibert, Joseph Canteloube, Alexandre Tansman, Jean Françaix, Ange Flégier, de Mozart et de Jacques Hétu se sont prêtés au jeu, illustrant tantôt la forêt idyllique, tantôt la rêverie. La sonorité du trio de bois était magique et il est sûr que les familles présentes ont apprécié leur petite évasion chez les trois ours.
Alexis Ruel
Rencontres autour du chant de gorge inuit
Le projet Les grands espaces, en collaboration avec la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), a été présenté sur la rue Sainte-Catherine dans une formule participative. La compositrice et cheffe d’orchestre du groupe Oktoecho, Katia Makdissi-Warren, est à l’origine de ce projet, destiné principalement aux jeunes. Idéalement, la pièce aurait été dirigée par un enfant dans le public, mais seulement une jeune fille se porte volontaire pour le faire, accompagnée de sa mère. Les enfants semblaient gênés et un peu intimidés. Quoi qu’il en soit, le résultat était très réussi, malgré cela. Le concept est de créer une trame sonore en chœur, en chantant de courts motifs mélodiques simples et en ajoutant des percussions corporelles, pour imiter des sons de la nature (la pluie, le vent, le hibou, les oies). Pendant ce temps, deux femmes interprètent le katajjaq, et produisent les motifs vocaux correspondants dans cette tradition musicale. Il s’agit donc d’ouvrir un espace de rencontre, où deux traditions musicales se rencontrent dans le plus grand des respects.
Le chant de gorge inuit est une compétition entre deux femmes, mais également un jeu. Les personnes qui assistent à cet atelier ont droit à une démonstration et à des explications sur les manières de produire les sons. Le public est curieux et pose beaucoup de questions, auxquelles répondent les deux chanteuses présentes sur scène avec beaucoup de générosité. Les grands espaces est un projet qui permet d’aller à la rencontre d’une tradition musicale qui a longtemps été interdite de pratique, mais qui connaît une résurgence dans les dernières années.
Elena Mandolini
Un vent de fraîcheur au Complexe Desjardins
Les vents de l’île de Montréal est une harmonie composée de jeunes provenant de plusieurs écoles secondaires montréalaises, dirigée par Éric Levasseur. Les pièces présentées allaient des trames de musique de film au répertoire plus classique pour harmonie. Les œuvres présentées étaient originales, audacieuses même (on a droit à une pièce un peu dissonante, interprétée avec beaucoup d’assurance par les jeunes). L’assurance avec laquelle les œuvres ont été interprétées est à saluer. Le son produit par ces jeunes musiciennes et musiciens était puissant, précis et assuré. On note une largesse dans le son de l’ensemble et une direction remarquable pour un ensemble de ce niveau. Le public a accueilli les œuvres avec enthousiasme, et a eu droit à des moments musicaux solennels, triomphants et percutants!
Elena Mandolini
Le divertissant et charismatique Trio Débonnaire nous fait voyager à travers les époques
Un des grands succès de la programmation gratuite de la Virée classique, le Trio Débonnaire s’est produit à chaque reprise devant une salle pleine. Un succès qui témoigne de la complicité entre ses membres. L’ensemble est composé de Laurence Latreille-Gagné au cor, de Simon Jolicoeur au trombone et de leur porte-parole Frédéric Demers aux trompettes. Et oui, aux trompettes parce qu’un des grands attraits de ce concert est le tour d’horizon qu’ils font des trompettes et des sourdines grâce à l’arsenal étalé sur la scène. Avec des extraits de Bach, de Beethoven, d’Edith Piaf et des Beatles (eh oui!), le public est emmené dans un survol des possibilités que la trompette offre. Frédéric Demers a la médiation à cœur et s’efforce de communiquer son amour envers son instrument aux spectateurs.
Deux mots bien simples peuvent être utilisés pour décrire le concert. Intéressant, et surtout divertissant. On ne voit pas le temps passer et l’animation est à la fois charismatique, instructive et amusante. La Place des Arts résonne avec les timbres chauds et nobles du cor et du trombone qui supportent la trompette à la mélodie. L’explication et l’utilisation des sourdines est une excellente idée. On regrette tout de même que la démonstration ne se soit pas étendue aux autres instruments, dont l’usage de la sourdine est tout aussi important.
On se sent transportés à travers les époques, on passe un bon moment et on apprend, le tout en un clin d’œil!
Alexis Ruel
Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi : beauté et recueillement
Crédit photo : Antoine Saito
Une trentaine de musiciens se partageaient la scène de la salle Wilfrid-Pelletier pour interpréter les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, mais l’espace ne semblait pas chargé pour autant. L’effectif musical était à son strict minimum et cela était bienvenu. Cela a permis à l’ensemble, dirigé par Eric Milnes, d’offrir une interprétation intime, délicate et lumineuse de l’œuvre de Monteverdi.
Ce compositeur est surtout connu pour sa maîtrise de l’art polyphonique. Dans les Vêpres de la Vierge, on a droit à des lignes musicales majestueuses, aux basses enveloppantes et aux harmonies complexes. Les interprètes jouent avec beaucoup de sensibilité et savent appuyer les délicieuses dissonances présentes dans la partition. La musique passe aisément du mode majeur au mode mineur, et l’on se sent transporté par la musique. Les mouvements s’enchaînent, passant d’un ton triomphal à un ton douloureux en une fraction de seconde. On a l’occasion, dans cette interprétation, de voir et d’entendre des instruments anciens, par exemple la saqueboute, la dulcianne et le luth.
Petit bémol à cette interprétation : l’acoustique. En effet, le son se perd et s’étouffe dans cette disposition de la salle. Cette musique, conçue pour être interprétée dans une église, aurait été encore plus belle si le son avait pu résonner dans la salle et tout autour du public. Cependant, l’ensemble sait utiliser l’espace et spatialiser le son. À la moitié de l’œuvre, le chœur commence à se redisposer pour diversifier l’acoustique. Des musiciens et des chanteurs se déplacent en coulisse, pour jouer dans l’espace et offrir de nouvelles conditions d’écoute au public. Le son de l’ensemble est, malgré les lacunes acoustiques du lieu, rond et puissant. On assiste à une interprétation émouvante et lumineuse de cette œuvre de Monteverdi.
Elena Mandolini
Les danses de la campagne de Bohème avec l’Orchestre symphonique des jeunes de la Montérégie
L’Orchestre des jeunes de la Montérégie a offert samedi et dimanche la 8e symphonie de Dvořák au public et aux passants du Complexe Desjardins. Une œuvre qui rappelle à la fois des passages de Mozart, des aspects de Beethoven et les airs folkloriques de la Bohème natale du compositeur, elle a fait danser les petits et grands et a marqué en beauté la fin de la Virée classique dimanche après-midi.
Mieux adapté aux orchestres à vents ou aux harmonies, le Complexe a été peu favorable aux subtilités et nuances de la symphonie, notamment durant le second mouvement, avec une acoustique un peu trop volumineuse et un bruit ambiant un peu trop présent. On admire en revanche l’énergie avec laquelle l’orchestre a su surmonter ces embûches lors du premier mouvement et durant les derniers. Les rythmes dansants des troisième et quatrième mouvements étaient quant à eux parfaits pour la situation.
L’orchestre nous fait vivre une épopée à travers la campagne, du lever du soleil jusqu’aux célébrations qui s’étendent dans la nuit. On y entend les oiseux et les cigales qui chantent, on s’imagine les forêts et les paysages pastoraux qui ont bercé Dvořák durant sa vie. On semble partager avec lui le plaisir d’entendre les airs populaires et les joies de son enfance.
L’Orchestre des jeunes de la Montérégie enchante avec sa précision et sa fougue. Une belle vitrine de la relève musicale, il offre une vision encourageante et plaine d’espoir envers l’avenir de la musique symphonique en Montérégie et au Québec.
Alexis Ruel
Sortie 210 : Direction Big Band pour destination plaisir
La dernière prestation sur l’Esplanade tranquille de la dixième édition de la Virée classique s’est conclue aux sons cuivrés du Big Band Sortie 210. Fondé en 1992, cet ensemble réunit « des musiciens professionnels, des enseignants de musique, des étudiants en musique de niveaux collégial et universitaire ainsi que des amateurs sérieux » originaires de Victoriaville et de ses alentours dans la région de Bois-Francs. Habitués des événements musicaux et de plusieurs festivals internationaux, la vingtaine de musiciens réunis sur scène, dirigés par Guillaume Allard, ont livré une performance tout à fait sympathique où chacun a pu briller. Le programme présenté a été éclectique. Point d’enfilade de grands standards du répertoire jazz, mais plutôt un mélange de genre et de style constitué principalement de succès du répertoire de la musique classique et populaire arrangé pour une formation de big band. Ainsi, en ouverture, nous avons eu droit à une Toccate et Fudge (arrangement autour de la Toccate en ré mineur de Bach) ; un Blues pour Elise et à une version jazzy de la Danse hongroise no 5 de Brahms. Intercalé entre ces arrangements des pièces aux expressions différentes. Nommons entre autres ; Central Park West de John Coltrane, seule pièce issue des standards jazz, avec ses couleurs et timbres feutrés et Bar Talk, une pièce d’une énergie folle qui contrairement à ce que son nom indique, ne cadre pas avec le fait de « contempler un verre d’alcool de façon mélancolique ». Au niveau des solistes, la performance de Dominique Rancourt au violon et d’Yvon Tardif au saxophone dans la composition originale Hot and Blues nous à particulièrement de par leur échange et leur complicité. À en juger par le nombre de personnes qui tapaient du pied et se déhanchaient, le passage de Sortie 210 a été tout à fait réussi.
Alexandre Villemaire
Un 19 août à la Virée classique : Carmina Burana, Wynton Marsalis, Schubert, Brahms, gamelan balinais, contes fantastiques, Nicolas Altstaedt, Godwin Friesen et plus encore!
par Rédaction PAN M 360
L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Nos contributeurs.trices rapportent quotidiennement ce qu’ils.elles ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 20 août.
Payare dirige Carmina Burana : une soirée tout en puissance
Crédit photo : Antoine Saito
La Maison symphonique était pleine à craquer hier soir pour entendre l’OSM et son chœur interpréter la très célèbre œuvre de Carl Orff, Carmina Burana. Les Petits chanteurs du Mont-Royal et trois solistes, la soprano Sarah Dufresne, le baryton Elliot Madore et le contre-ténor Nicholas Burns se joignaient également à l’orchestre pour interpréter cette œuvre. L’octobasse était également mise à contribution dans le premier et dernier mouvement.
Lorsque la roue de la Fortune commence à tourner, elle ne s’arrête pas. On peut dire la même chose de l’interprétation de l’OSM : une fois le célèbre « O Fortuna » entonné (à un tempo presque trop rapide), les mouvements suivants s’enchaînent sans laisser le temps de souffler. L’orchestre, et surtout Payare, a de l’énergie à revendre. Le chef a littéralement dansé sur le podium. Les percussions et les cuivres sont puissants, le reste de l’orchestre est solide. Le chœur, pour sa part, énonce les textes d’une manière remarquablement claire. Les chanteuses et chanteurs sont précis, et offrent une performance d’une qualité exceptionnelle. Les solistes ont brillé sur scène grâce à leurs grandes qualités vocales, mais également par leur présence scénique et leur jeu d’acteur. En effet, les solistes jouent les poèmes qu’ils chantent, donnant lieu parfois à des moments assez comiques (pensons à la complainte du cygne, interprétée par le contre-ténor).
La soirée se déroule sous le signe de la puissance, de la force et de l’émotion. On écoute et découvre Carmina Burana comme pour la première fois tant l’interprétation est audacieuse et solide. Le temps a semblé se suspendre le temps d’un concert, et on assiste à un grand moment de musique. Le public, qui a réservé ses applaudissements pour la toute fin du concert, a acclamé l’orchestre à la fin de la soirée. La représentation de cet après-midi est déjà complète, ce qui démontre l’engouement pour ce concert!
Elena Mandolini
Le Concerto pour trompette de Wynton Marsalis
Crédit photo : Antoine Saito
Même si reconnu comme un pilier du jazz coontemporain depuis près d’un demi-siècle, Wynton Marsalis a toujours été associé au monde classique. Le supravirtuose en maîtrise le répertoire et les codes depuis l’enfance, ses études supérieures à Juilliard l’ont propulsé parmi les grands interprètes classiques avant qu’il ne devienne un leader inconstesté du jazz acoustique dès le début des années 80. Plusieurs avaient alors dénigré son désir de lier le jazz au monde de la « grande musique », lui prêtant plutôt une approche conservatrice. Quatre décennies plus tard, le temps a donné raison au directeur du fameux programme Jazz At Lincoln Center dont il est toujours le directeur artistique : Wynton Marsalis ne s’est vraiment pas contenté de ressusciter le hardbop et le jazz modal des années 50-60, son parcours implique une nette appropriation des formes modernes et contemporaines de la musique classique occidentale. C’est ce que nous avons pu apprécier samedi dans cette première canadienne de son Concerto pour trompette joué par le trompettiste solo de l’OSM, Paul Merkelo.
Déclinée en 6 mouvements, l’œuvre s’amorce par une marche construite sur des charpentes harmoniques modernes et impliquant des techniques avancées de l’instrument solo, le tout fondé sur un groove peu commun aux orchestres symphoniques, intercalé de séquences rythmiques non binaires. Force est d’observer que le maestro Rafael Payare et ses musiciens ont parfaitement saisi ces enjeux orchestraux qui consistent à explorer ces univers croisés et adopter plus de souplesse dans leur exécution. Ballad, second mouvement de l’œuvre, se veut une riche évocation des grands orchestres de jazz au cœur du siècle précédent,de George Gershwin à Duke Ellington jusqu’aux grands musicals de Broadway. Consacré au legs de la trompette latine, le 3e mouvement est le plus exigeant du Concerto, tant pour les consignes destinées au soliste qu’à l’orchestre. On poursuit avec Blues, un mouvement lent qui explore la sensiblité afro-américaine dans un contexte symphonique, suivi de French pastoral avec ses allégeances impressionnistes, le tout conclu par Harlequin qui intègre toutes les couleurs mises de l’avant dans les cinq mouvements précédents.
Paul Merkelo s’en tire fort bien, les techniques avancées prévues pour le soliste sont à la hauteur des exigences du compositeur et le soutien de l’OSM s’avère équilibré à souhait sauf de petits détails insignifiants dans l’interprétation. Bref, une première canadienne réussie ! Souhaitons maintenant que le temps fasse son œuvre et que le public classique s’approprie ce nouveau pan de la musique sérieuse, comme l’a fait ce plus ou moins millier de mélomanes incluant des jazzophiles visiblement peu familiers avec les formes classiques. Rappelons que cette première canadienne était précédée d’une œuvre magnifique de feu le compositeur montréalais José Evangelista, inspiré par les 50 ans de notre métro en 2016.
Alain Brunet
Fiddler’s Tale: Wynton Marsalis, prise 2
Un peu plus tard sur la scène reconfigurée de la salle Wilfrid-Pelletier, une deuxième œuvre de Wynton Marsalis était présentée samedi. Fiddler’s Tale est une adaptation afro-américaine de L’Histoire du soldat de Stravinsky, dont la trame narrative est une rencontre entre un violoniste et le diable. Dans le contexte d’une Amérique moderne, l’adaptation de Wynton Marsalis est entièrement écrite mais plonge ses interprètes dans un univers sonore contemporain encore plus proche du jazz que le compositeur ne l’a prévu dans son Concerto pour trompette. Les éléments de jazz primitif, jazz swing, jazz moderne ou contemporain sont entrelardés de procédés orchestraux typiques de la musique de chambre contemporaine. Pour mener à bien cette évocation stravinskienne, Marsalis avait prévu la même instrumentation que celle de L’Histoire du soldat : violon (Marianne Dugal), contrebasse, (Eric Chappell), clarinette (Alain Desgagnés), basson (Mathieu Harel), trompette (Stéphane Beaulac), trombone (James Box), percussions (Joshn Wink). Dirigée par la cheffe Dina Gilbert, cette œuvre est assortie d’une narration en temps réel entre les 9 tableaux, narration assurée de belle façon en anglais par Nantali Indongo. Intéressant, mais parfois un peu longuet. Les musiciens classiques sont désormais mieux adaptés au jazz mais une telle œuvre exige d’en mieux maîtriser les codes de l’expressivité, ce qui n’était pas toujours le cas. Ou encore pouvait-on se questionner sur l’intégration du jazz et du blues dans cette partition. Mais bon, de manière générale, la direction de Dina Gilbert a conféré à cette interprétation l’unité et la cohésion nécessaires aux concerts réussis malgré nos réserves.
Alain Brunet
Des folies apaisantes
Il régnait un calme et une sérénité particulière dans l’enceinte du Piano Nobile pour entendre la performance de Sylvain Bergeron à l’archiluth et Margaret Little à la viole de gambe. La thématique en filigrane était la folie et plus précisément la folia, ce fameux thème musical de la danse éponyme apparu au XVe siècle en Europe. À l’image du Dies Irae, la folia a été récupérée et utilisée par des compositeurs de toutes les époques allant d’Antonio Vivaldi à Sergueï Rachmaninov. Les deux comparses ont ainsi constitué un programme où chacune des pièces met en valeur l’interaction commune de leurs instruments, tout comme sa valeur individuelle. Particulièrement intéressante était la pièce pour viole seule A Soldiers Resolution du compositeur anglais Tobias Hume (1569-1645), lui-même soldat et ayant été au service du Roi de Suède où chacun des mouvements traduit de façon idiomatique un élément relatif la vie de soldat (marche, tambour de bataille, retraite) ou encore les Faronells divisions upon a ground de Michel Farinel (1649-1726) aux multiples caractères. Les folies d’Espagne de Marin Marais (1656-1728) sont venues conclure ce voyage musical si typique de la musique de la Renaissance qui fait s’arrêter le temps pour nous transporter dans une autre époque et dans un autre ressenti, quasi mystique.
Pédagogues, les deux instrumentistes ont pris le temps à plusieurs reprises d’exposer quelques faits sur leurs instruments respectifs, comme leur fonctionnement et leur différence avec les instruments modernes invitant même le public à venir les voir une fois la représentation terminée ce qui a permis de conclure cette avant-midi de folie de la plus conviviale des façons.
Alexandre Villemaire
Schubert et Brahms : ombre et lumière
Crédit photo : Antoine Saito
La prémisse du court concert de musique de chambre présenté sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier était très sombre. En effet, le programme nous parlait de résignation devant la mort, résignation parfois empreinte d’anxiété. Cependant, les sélections musicales se sont révélées pleines de lumière et de moments d’espoir. Point de larmes de tristesse en ce samedi avant-midi (mais des larmes d’émotion, peut-être…).
Le concert s’est ouvert avec Jeremy Denk au piano, qui interprétait le paisible Impromptu no. 3 en sol bémol majeur de Franz Schubert. Le caractère introspectif, méditatif et mélancolique de cette pièce se prêtait parfaitement à l’ambiance intime du concert. À travers des arpèges légers et calmes se découpe une mélodie grave, tourmentée. Le pianiste a su dépeindre avec brio et clarté toutes ces émotions.
Le Quatuor no. 3 avec piano en do mineur, op. 60 de Johannes Brahms a ensuite complètement changé le ton du concert. L’ambiance de recueillement s’est rapidement transformée en moment de frénésie musicale. L’énergie et la précision des interprètes (Jeremy Denk au piano, Alexander Read au violon, Victor Fournelle-Blain à l’alto et Nicolas Alstaedt au violoncelle) sont à saluer. Ce Quatuor recèle de nombreux défis techniques, avec les instruments qui s’échangent la mélodie, de grands contrastes de nuances et des passages rythmiques. Leur performance est à couper le souffle. On y entend tout le drame, toute la puissance et toute la fougue des compositions de Brahms.
Le public est manifestement captif de la musique : la qualité d’écoute est exceptionnelle et de longs moments de silence contemplatif séparent la fin des œuvres du début des applaudissements.
Elena Mandolini
Dutilleux, Bach et Kodály selon Nicolas Altstaedt
Sans conteste un maître de son instrument, non seulement pour son niveau technique exceptionnel mais aussi pour son expressivité, le violoncelliste allemand (aux origines aussi françaises) Nicolas Altstaedt conviait les mélomanes au Piano Nobile pour l’exécution de trois œuvres nécessitant un réaccordage de son instrument afin d’en étendre les spectres timbral et harmonique. À l’instar de plusieurs artistes classiques de la musique d’aujourd’hui, il a fait le rapprochement entre la période baroque et la musique contemporaine, enrobant une version presque rigoriste de la Suite pour violoncelle # 5 en do mineur BWV 1011 de JS Bach, d’une œuvre d’Henri Dutilleux commandée en 1976 par Rostropovitch, Trois strophes sur le nom de Sacher (grand chef suisse dédié à la musique contemporaine) et la superbe Sonate pour violoncelle seul, op. 8 du compositeur hongrois Zoltán Kodály.
Les techniques avancées qu’exigent cette immense sonate, désormais inscrite parmi les grands chefs-d’œuvre pour violoncelle seul, sont ici mises de l’avant par le soliste qui fait état d’un jeu hors du commun. Voilà un concert captivant du début à la fin, assorti de quelques piaillements d’oiseaux – vu l’insonorisation imparfaite de la baie vitrée de la PdA. Tout à fait tolérable dans les circonstances!
Alain Brunet
La Virée fait escale à Bali!
Crédit photo : Antoine Saito
La Virée classique a été animée durant la journée de samedi par les sons intrigants et harmoniquement si riches du gamelan indonésien. L’ensemble Giri Kedaton a offert un concert fascinant sur les planches de la salle Wilfrid-Pelletier, mais il y a également eu une série d’activités tout au long de la journée qui ont permis au public d’en apprendre plus sur cette forme d’art musical moins connue.
Tout d’abord, les visiteurs de la Virée ont eu la chance de faire partie du gamelan lors d’un atelier extérieur. Des participants de tous âges ont été invités à essayer les instruments à percussion richement décorés, un don du gouvernement indonésien en 1986, et à créer des arrangements de bases sous la direction des membres de l’ensemble. Ensuite, une causerie sur les origines du gamelan et les différents styles existants a établi une vision plus précise de ce que représente cette musique. D’origine noble, elle est néanmoins conçue pour être facile d’accès, tout en permettant une virtuosité à travers différents effectifs et différentes instrumentations.
Cette virtuosité s’est manifestée durant le concert. Le travail de recherche derrière Giri Kedaton est colossal et est le résultat de plusieurs décennies d’expérience avec des maitres balinais. On sent toute l’aise dont les musiciens font preuve devant leurs instruments respectifs. Et pas seulement un seul! Entre chaque pièce, les musiciens se réorganisaient, s’installant derrière de nouveaux instruments ou simplement dans une section différente. Même si on perçoit une certaine organisation assez proche de la tradition classique, avec la présence d’un chef, d’un soliste et de sections, on ne peut pas vraiment voir de hiérarchisation des rôles dans l’orchestre. Les musiciens ne forment qu’un tout pour offrir un véritable spectacle au public.
Le showmanship de l’ensemble était au rendez-vous. Les musiciens, vêtus d’habits traditionnels, avaient du plaisir et ça se sentait. La danse a également eu sa place durant le concert, avec deux prestations issues de la tradition et réalisées par des membres de l’ensemble. La danseuse a tout simplement volé le spectacle, avec une chorégraphie mystifiante, à base de poses et d’expressions à la fois intenses et élégantes. La danse de masque était tout aussi intrigante, avec son histoire sans mots, mais on regrette que la disposition de la scène n’ait pas été adaptée aux besoins de la mise en scène. Une grande partie du public sur les côtés n’ont pas pu observer l’entièreté de la chorégraphie. Cela n’a tout de même rien enlevé à la qualité de la musique jouée. On alterne entre des musiques plus traditionnelles et des œuvres plus contemporaines, et le concert tout entier est marbré de rythmes à la fois complexes et accessibles. On note la présence de la pièce O Bali de José Evangelista, le fondateur de l’Atelier de gamelan à l’Université de Montréal et une figure incontournable pour la musique balinaise à Montréal, qui est décédé plus tôt cette année. Un bel hommage.
Alexis Ruel
La relation épistolaire de George Sand et Frédéric Chopin accompagner par sa musique
Sous le titre Un hiver à Majorque : correspondances entre George Sand et Frédéric Chopin, la bibliothécaire à la BAnQ Esther Laforce et le pianiste Jean-Christophe Melançon, prix Étoiles Stingray – Choix du public et Prix du jeune public au Concours OSM 2022, proposaient une lecture, à la fois textuelle et musicale avec comme question : « Qu’écrivait une auteure et un compositeur sur l’un et l’autre? » Même si cette question a trouvé réponse, le propos musical malgré une bonne construction nous a laissé un peu sur notre faim.
En ouverture de séance, Esther Laforce à rappeler que les échanges épistolaires présentés ne sont pas la correspondance intime entre les deux amants, celle-ci ayant été détruite, mais plutôt des lettres envoyées à leurs amis et dans lesquelles ils parlaient de l’un et de l’autre. C’est donc à travers des lettres adressées entre autres à Eugène Delacroix et à l’homme politique polonais Albert Grzymala que nous voyons se construire la relation de George Sand – Aurore Dupin, baronne Dudevant de son vrai nom – et Chopin. Les pièces choisies servent alors d’illustration musicale au texte des lettres dont l’oratrice nous faisait lecture. Quels morceaux par contre ? Nous n’en savons rien. Aucun programme, aucun soutien visuel pour nous aider à nous repérer dans ce sens. Les connaisseurs auront sans doute reconnu en autre le Prélude no 15 en ré bémol majeur dit « Gouttes d’Eau », mais les autres extraits, interprétés avec grande justesse par Melançon, il faut le savoir. On se serait pourtant attendu à savoir qu’elles sont les noms des pièces interprétées par le pianiste.
Nous pouvons absolument saluer le travail de recherche, l’excellente mise en contexte et le récit dressé par Esther Laforce, mais nous aurions aimé en avoir plus à nous mettre sous la dent. Au final, nous en avons appris sur l’un et l’autre, mais nous en aurions pris plus de ce fameux séjour à Majorque et de cet emménagement dans la chartreuse de Valldemossa qui arrive en fin d’activité et qui est si intrinsèquement lié au développement et à l’écriture des préludes. Le filon est bon, mais gagnerait à être élargi.
Alexandre Villemaire
Un OVNI à la Virée classique : humour et énergie au Complexe Desjardins
La scène du Complexe Desjardins est une idée fantastique. Quoi de mieux que de d’écouter un concert pendant le repas ou encore pendant le magasinage. L’installation durant la Virée classique a été une belle occasion d’entendre des orchestres talentueux en fond. Il a été cependant impossible d’ignorer l’énergie du concert donné sur l’heure du lunch de samedi.
L’OVNI (Orchestre à vent non identifié) a rempli l’espace du Complexe avec ses sons amples et son répertoire éclectique. La mise en musique de contes et d’histoires qui ne cachent pas leur humour absurde a été un succès, notamment grâce à la variété des styles choisis et une section de cuivres solide qui a su donner de la puissance à l’orchestre. Pleines de contraste, les œuvres étaient délicieusement frivoles à certains moments, puis imposants et pesants à d’autres. Difficile de ne pas remarquer le fameux Dies Irae dans la partition.
Alexis Ruel
Voyage à travers l’Europe et les styles à la harpe
Matt Dupont a fait découvrir au public le répertoire fascinant et varié pour la harpe. L’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme n’était peut-être pas le meilleur endroit pour présenter un récital pour harpe seule, même amplifiée. En effet, l’Espace culturel se trouve à être un carrefour très passant et bruyant, faisant en sorte que les passages plus doux et plus graves étaient presque inaudibles. Malgré tout, Matt Dupont attire l’écoute par sa présence sur scène : après quelques notes à peine, un silence attentif s’est installé parmi les spectatrices et les spectateurs.
Au programme, quelques œuvres des 19e et 20e siècles, alliant grandes cascades de notes, passages virtuoses et mélodies humoristiques. L’interprétation de Dupont est fluide, gracieuse, assurée et puissante. On est captivé et même hypnotisé par la beauté de la musique. Entre chaque pièce, le musicien a présenté rapidement l’œuvre et son compositeur (ou sa compositrice!), élément bienvenu à cette courte prestation. Malgré les inconvénients du lieu de concert, on apprécie tout de même les œuvres et les interprétations.
Elena Mandolini
La « petite » grande musique d’Obiora et Payare
Crédit photo : Antoine Saito
Premier ensemble de musique de musique canadien constitué en grande partie de musiciens et musiciennes professionnels issus de la diversité, l’Ensemble Obiora créé en 2021 par Allison Migeon est monté sur la scène de Maison symphonique pour conclure sa deuxième année de participation à la Virée classique. Il y a indubitablement un changement qui s’est opéré dans la dernière année quant à la vision et la portée de la Virée classique. Qu’un jeune ensemble comme Obiora soit partie prenante de la programmation et que le chef de l’Orchestre symphonique de Montréal vient les diriger pour les aider à grandir, témoigne de l’intérêt de Payare pour donner de la visibilité à d’autres ensemble.
Pour l’occasion, le chef avait choisi des pièces courtes, mais non moins dépourvues d’effets.Il pourrait être facile de tomber dans la facilité avec une pièce universellement reconnaissable comme la Petite musique de nuit de Mozart. Pas avec Rafael Payare. Tel un maître orfèvre, il va chercher des nuances et dynamiques précises, invitant les musiciens à aller jusqu’au bout des lignes musicales pour donner une complexité à cette œuvre des plus connues. Pièce phare du concert la Symphonie concertante pour deux violons no 2 en sol majeur du compositeur Joseph Boulogne, chevalier de Saint-Georges, né fils d’esclave en 1745, à vue s’associer le violon solo de l’OSM, Andrew Wan, à la violon solo d’Obiora, Tanya Charles Iveniuk dans une performance des plus dynamique et électrisante. Dans une forme inspirée du concerto grosso de l’époque baroque, les deux solistes se sont livrés à un vibrant dialogue instrumental soutenu par les membres de l’orchestre, particulièrement dans la cadence du deuxième mouvement toute la fraîcheur et la vitalité de la musique du chevalier est exprimée. Le langage musical romantique traité à la sauce classique de la Suite Holberg est venu conclure le concert. Nous avons d’ailleurs eu droit dans cette suite, après au moins une demi-heure de musique joyeuse et sautillante, au moment le plus introspectif du concert avec un Air au caractère pieux d’une douceur larmoyante. La soirée s’est terminée sur un ton festif et sous des applaudissements nourris où tant dans le public que sur scène, nous pouvions déceler un sentiment de fierté.
Alexandre Villemaire
Causerie-éclair avec Nantali Indongo
Nantali Indongo est l’animatrice de l’émission The Bridge à la radio de la CBC. On la connaît également sur la scène musicale montréalaise pour avoir fait partie durant 17 ans du groupe hip-hop Nomadic Massive. Mais dans le cadre de la Virée classique, c’est plutôt ses talents de conteuse qui seront mis à contribution. En effet, c’est elle qui sera la narratrice pour le Fiddler’s Tale de Wynton Marsalis, un conte où une talentueuse violoniste pactise avec le diable.
Le temps manquait à Nantali Indongo, cette dernière n’ayant qu’une vingtaine de minutes à consacrer à l’intervieweur avant de devoir se rendre au test de son en préparation de l’œuvre de Marsalis. Une entrevue courte, mais malgré tout très enrichissante sur les mélanges des genres musicaux s’est tenue à l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme. Wynton Marsalis est connu principalement pour son œuvre jazz, mais il compose tout aussi bien pour des contextes plus classiques. Dans Fiddler’s Tale, l’idiome jazz est subtilement intégré à la partition de tradition classique d’une manière si fine qu’elle va de soi. La conversation s’est cependant rapidement éloignée du lien entre jazz et classique pour plutôt discuter de hip-hop et de rap. C’est en fait une très brève et condensée histoire de ces styles qui a été présentée, comme quoi la Virée classique est la scène des rencontres musicales en tout genre.
Elena Mandolini
Les classiques du cinéma selon l’orchestre FILMharmonique
L’orchestre FILMharmonique, dirigé par Francis Choinière, est un orchestre montréalais essentiellement à cordes qui se spécialise dans l’interprétation de musique de film. On les connaît pour leurs ciné-concerts à la Maison symphonique ou à la salle Wilfrid-Pelletier, où la musique est interprétée durant la projection d’un film.
Dans le cadre de la Virée classique, l’orchestre FILMharmonique a présenté ses trames sonores favorites. Les pièces au programme sont assez attendues : La panthère rose, Cinema paradiso, La liste de Schindler et Seigneur des anneaux se succèdent. Mais l’orchestre réserve également quelques belles surprises au public, notamment un pot-pourri des thèmes du film Ratatouille, ou encore de La passion d’Augustine (dont la trame sonore de ce dernier film a été composée par François Dompierre).
Les musiciens de l’orchestre offrent un beau spectacle. Leur énergie et celle du chef est contagieuse. Bien des œuvres se terminent par une forêt d’archets suspendus dans les airs. Les solistes de la soirée (un hautboïste, une flûtiste et une violoniste) sont excellents et interprètent les œuvres avec une grande sensibilité. On redécouvre avec plaisir des morceaux très connus du répertoire de musique de film, dans la bonne humeur et le plaisir.
Elena Mandolini
Godwin Friesen en récital, délicatesse, suavité et précision
Crédit photo : Antoine Saito
Pour la majorité présente à ce récital, c’était la découverte de Godwin Friesen, lauréat du Concours OSM 2022. Ce qui frappe d’emblée chez ce jeune homme, c’est l’alliage de délicatesse et de fermeté dans son jeu pianistique. On l’observe d’abord dans la Sonate pour piano en la bémol majeur, Hob. XVI:46 de Joseph Haydn, veloutée et impeccable de précision. Du compositeur de la période classique, on passe à un Prélude et fugue en la majeur composé par l’interprète et inspiré de Bach. On devine alors la grande intelligence du musicien, capable d’actualiser l’esthétique du génie allemand de la période baroque avant de nous servir le plat de résistance, soit une Sonate très moderne de la compositrice canadienne Jean Coulthard (1908-2000). Le jeune virtuose conclura avec la très exigeante Rhapsodie hongroise no. 6 de Franz Liszt, un passage obligé de la musique de piano pour tout interprète ayant de grandes aspirations. Encore là, la suavité de Godwin Friesen repose à la fois sur la sobriété de son jeu et sa précision et son éclat aux moments opportuns.
Alain Brunet
Un 18 août à la Virée classique : programmation, causeries, expositions, Schumann, Stravinsky, Mendelssohn et plus encore!
par Rédaction PAN M 360
L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Nos contributeurs.trices rapportent quotidiennement ce qu’ils.elles ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 20 août.
Virée classique 2023 : une programmation remplie de surprises et de découvertes!
La Virée classique en est cette année à sa 10e édition. La programmation propose d’ouvrir un espace où l’on raconte des histoires et où l’on fait des rencontres inattendues et inusitées. Les responsables de la programmation, Marianne Perron et Ronald Vermeulen, ont offert un tour d’horizon des événements offerts en salle et gratuitement. Ils nous ont promis une virée (en fait, un marathon) diversifiée et excellente du début à la fin, mais signalent tout de même quelques événements incontournables : les prestations du quintette Obiora, Carmina Burana dirigé par Rafael Payare, les Vêpres de la Vierge de Monteverdi et la création canadienne du concerto pour trompette de Wynton Marsalis.
Cette édition de la Virée classique, une célébration urbaine et accessible de la musique classique, propose également des incursions dans la musique dite classique provenant du monde entier. Citons en particulier la série autour du gamelan, ou les prestations du groupe Oktoecho. Une place de choix est également réservée à la pratique musicale en amateur. En effet plusieurs ensembles de jeunes et de musiciens non professionnels prendront la scène tout au long de la fin de semaine.
Ces trois jours s’annoncent pleins de (re)découvertes et de merveilleux moments de musique!
Elena Mandolini
Des installations qui amènent l’orchestre à vous!
La Virée classique n’est pas seulement des concerts en salle ou sur la scène. C’est l’entièreté de la Place des Arts qui prend vie, animée par l’amour de la musique classique d’ici et d’ailleurs! Ce vivarium culturel est entretenu par un fil de concerts presque inarrêtable du vendredi soir au dimanche après-midi, mais aussi par des activités qui parsèment l’espace.
Le Salon urbain, en face de la Maison symphonique, et le lieu de résidence d’une exposition fort intéressante qui fait un retour pour l’édition 2023 de la Virée. « Les instruments sortent de l’orchestre » est l’occasion d’en apprendre plus sur l’instrumentation d’un orchestre symphonique. Les kiosques sont animés par des experts, appartenant à des ateliers spécialisés, qui sont en mesure d’éduquer les visiteurs sur les particularités des familles d’instruments. On note un bel éventail de vents et une bonne démonstration du processus de fabrication des violons, un plus d’un amusant assortiment de percussions. Les orgues Casavant Frères, soulignent quant à eux le prochain 10e anniversaire de l’orgue Pierre-Béique de la Maison Symphonique.
Une autre installation à noter est sa section consacrée aux expériences de réalité virtuelle, à l’Espace Sainte-Catherine juste à gauche de l’entrée de la Place des Arts. Deux expériences sont disponibles : Partitura, où vous incarnez un chef d’orchestre, et Innere Musik qui vous transporte au cœur de l’orgue de la Maison symphonique. Tout le monde semble y trouver son plaisir, autant les enfants que les adultes.
Alexis Ruel
Virée classique 2023 : Derrière la caméra avec la musique de film
Pour les passionné.e.s ou simples curieux-curieuses de l’aspect musical du 7e art avait lieu hier une sympathique conférence sur les secrets (bien ou moins bien gardés) de la musique de film. Animée par Marie-Claude Codsi, elle-même compositrice et doctorante sur le sujet, les quelque 45 minutes de la conférence en ont appris un peu plus sur le royaume musical des Korngold, Herrmann (malheureusement absent des exemples de l’animatrice), Williams, Zimmer et consorts. L’espace OSM, situé juste à côté de l’entrée de la Maison symphonique, était rempli par un public attentif. L’animatrice a fait un tour d’horizon assez succinct de l’histoire du médium. Ça aurait mérité d’être plus complet, tellement l’évolution de ce genre musical est riche en détails, mais Mme Codsi a su utiliser le peu de temps qui lui était imparti en fournissant d’intéressantes anecdotes et même le partage d’un recueil dont j’ignorais l’existence : un gros livre datant d’un siècle (en vérité, une copie, mais tout de même…) dans lequel des dizaines de partitions étaient répertoriées selon ambiances, émotions ou situations scéniques (poursuite, chute, avion, nuit, etc.). Ce recueil était utilisé par les musiciens qui agrémentaient les séances de projection des premiers films muets! Fascinant! Le public a eu la rare occasion de voir également un exemple de scène de film iconique (ici, la finale de Star Wars Épisode IV) SANS sa musique. Ayoye. Pour plusieurs, ce fut une révélation de l’importance de cette dimension de l’art cinématographique. Quelques notions de Mickey-Mousing, de Temp Tracks, de Punch and Streamer ont complété un cours 101 de la musique de film qui a su montrer aux spectateurs que cette musique, après plus d’un siècle d’existence, a beaucoup de substance et mérite qu’on la respecte.
Frédéric Cardin
Vols d’oiseaux mélancoliques et lyrisme romantique avec Noémie Raymond-Friset et Zhenni-Li Cohen
Des oiseaux ont fait leur nid à l’Espace culturel Georges-Émile Lapalme de la Place-des-Arts. C’est en effet sur cette thématique centrée autour du chant des oiseaux que la violoncelliste Noémie Raymond-Friset accompagnée par la pianiste Zhenn-Li Cohen on introduit la première partie de ce concert de tout au plus une heure préfigurant la Sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov. En ouverture, les deux musiciennes ont interprété Le Cygne de Saint-Saëns dans une énergie langoureuse énergique et aérienne. Avec des lignes mélodiques et une harmonie similaire, quoique plus dramatique elles ont enchaîné avec Le Cygne noir de Villa-Lobos avant de conclure la première partie de ce concert par Le chant des oiseaux de Pablo Casals, un arrangement d’une chanson folklorique catalane : un berceuse empreinte de nostalgie.Pièce de résistance de la performance, la Sonate de Rachmaninov, contemporaine de son célèbre concerto pour piano, a été composée, comme l’a présenté Noémie Raymond-Friset, suite à une dépression suivant l’accueil désastreux qu’avait reçu sa première symphonie. La tristesse, la colère, la joie, toutes ces émotions brutes ont été mises dans la partition par le compositeur et ont été traduite avec justesse par le duo de musiciennes par un touché rigoureux et souple au piano et les lignes expressives et énergiques au violoncelle. Il nous faut saluer la concentration de Noémie Raymond-Fiset dans un cadre de prestation moins formel que celui des salles de concert où l’aspect ouvert de la scène offre son de légère distraction avec les bruits environnants. Par moment le cadre rendait ardue l’appréciation du caractère de la pièce et nous avons senti que les interprètes ont dû s’ajuster à quelques reprises au niveau du volume. Ces détails mineurs mis de côté, la belle performance de Noémie Raymond-Friset et Zhenn-Li Cohen aura attiré le regard et les oreilles d’une centaine de passants.
Alexandre Villemaire
Incursion musicale dans le monde des mots
Crédit photo : Laurence Labat
Musique et littérature vont main dans la main, et parfois plus souvent qu’on le pense. C’est ce que nous fait remarquer dans son club d’écoute Katerine Verebely, animatrice et chroniqueuse culturelle à la radio de Radio-Canada. Puisque deux autres séances de ce club d’écoute auront lieu au courant de la fin de semaine, nous ne vendrons pas la mèche à nos lecteurs qui désirent y participer prochainement. Nous dirons simplement ceci : on fait de belles découvertes musicales à ce club d’écoute! On y découvre, par l’évidente passion de Katerine Verebely pour le sujet, des perles rares et des secrets bien gardés du répertoire classique, d’hier à aujourd’hui. La littérature est également à l’honneur. On (ré)apprend, mine de rien, des poèmes, des histoires, et des formes littéraires.
Comme le dit si bien l’animatrice, les liens entre musique et littérature sont comme un fil que l’on peut tirer à l’infini, sans jamais l’épuiser. Allez découvrir cette richesse à la Virée classique!
Elena Mandolini
Les Petits chanteurs du Mont-Royal nous emmènent en voyage!
Un cortège d’environ quarante jeunes, allant de huit à dix-sept ans, ont offerts aux spectateurs de l’Esplanade Tranquille vendredi soir une expérience tout à fait remarquable. C’est dans une unité et une cohésion hors du commun que les Petits chanteurs du Mont-Royal, un programme éducatif pour les jeunes offrant une formation musicale avancée à des jeunes de tous les horizons, ont exploré le répertoire de chorale sud-américain, faisant écho à leur tournée là-bas plus tôt cette année.
On remarque tout de suite leur expérience liturgique, notamment à travers la précision des lignes mélodiques et par la polyphonie complexe présente dans de nombreuses œuvres. Les plus jeunes se partageaient les lignes de soprano et d’alto, tandis que les plus âgés remplissaient les lignes de ténor. À travers le répertoire majoritairement religieux, on retrouve certains airs populaires repris à merveille, avec certaines surprises amusantes telles que l’imitation d’instruments, accompagnée de la gestuelle mimée!
Le volume relativement bas des voix a eu pour effet de créer une atmosphère de contemplation pour un public assez varié, allant des jeunes familles aux oreilles plus chevronnées. Il est sûr que le public dans son ensemble a apprécié ces voix si angéliques qui ont plus d’une fois impressionné, voire frissonné!
Alexis Ruel
5ilience : Un quintette à vent contre le vent
Premier quintette à anche au Québec, l’ensemble 5ilience a inauguré sa participation à la Virée classique en présentant un répertoire moderne et contemporain… dans le vent ! Si on n’avait en effet pu craindre que la pluie vienne jouer les trouble-fête pour cette première journée de la programmation gratuite extérieure de la Virée, il n’en fut rien lors de notre passage sur Sainte-Catherine à 19h. C’est plutôt de vilaines bourrasques qui sont venues se mêler de la partie, occasionnant quelques gênes à l’amplification des instruments et à la logistique sur scène. Chapeau d’ailleurs à Léanne Teran-Paul (hautbois) et Mary Chalk (basson) qui ont été solides malgré le fait que leurs partitions ont été quelque peu importunées, malgré les attaches qui avaient été fixées à leurs lutrins ! Nonobstant cette bise intempestive, les musiciens de 5ilience ont présenté avec conviction et aplomb cinq œuvres offrant un panorama diversifié de la palette timbrale que l’ensemble peut offrir.Présenter de la musique de création, bien souvent contemporaine dans un une programmation gratuite relève d’une certaine audace et l’ensemble à su construire un programme à la fois accessible avec des pièces comme Danses galactiques (2022) de Simon Bourget avec son langage proche de la musique de film ou « Le pin rouge » extrait du cycle Splinter (2014) de Marc Mellits et son caractère groovy qui venait contrebalancer des pièces plus pointues telles « Goat Rodeo » tiré de la suite Refraction (2015) de David Biedenbender que la clarinettiste Mariane Pellerin a décrit comme « un mélange de funk, de dubstep et de pointillisme musical ». Ses interventions et celles de Thomas Gauthier-Lang, saxophoniste et directeur artistique du groupe, étaient d’ailleurs fort pertinentes et ludiques pour présenter les diverses pièces. Assurément, un ensemble à surveiller dans le paysage musical québécois.
Alexandre Villemaire
Contrastes et lumière à la Maison symphonique
Crédti photo : Antoine Saito
Le premier concert de la Virée 2023 donné à la Maison symphonique, Conte de fées et poésie mozartienne, présentait deux œuvres stylistiquement contrastées dont le raffinement orchestral a mis de l’avant toute la splendeur acoustique et sonore de la salle montréalaise. En entrée, Fairytale Poem, un poème symphonique de la Russe Sofia Goubaïdoulina, qui marie des textures frémissantes à des éclats scintillants et des contrastes dynamiques qui vont de murmures à peine perceptibles (la nuance 18 pianissimos existe-t-elle?) à des fortissimos épanchés qui demeurent, quant à eux, raisonnables, mais tout de même impressionnants. La Maison symphonique a été faite pour ce genre de musique : on entend tout, tout, tout. Et c’est envoûtant. La musique de Goubaïdoulina a ravi le public avec ses jeux prismatiques sur la lumière et surtout ses lignes florissantes de bois (une spécialité de la compositrice née en 1931).
Le plat principal était d’un tout autre ordre stylistique : le solaire Concerto pour piano no 25, K 503, en Do majeur de Mozart. Le pianiste Jeremy Denk est arrivé sur scène en sautillant, l’air sincèrement heureux d’être là. Tant mieux. Si les premières mesures ont paru manquer un brin de la clarté et révéler un ou deux passages digitaux pâteux, le soleil inhérent à cette oeuvre a repris sa domination à partir du motif de quatre notes échangé entre le soliste et l’orchestre, un motif, le détail vaut la peine d’être connu, qui selon certains anticipe celui de la 5e symphonie de Beethoven. À partir de là, on était en terrain dégagé. L’andante central, empreint de solennité, créait une scène d’astre solaire se révélant graduellement et offrant la perspective d’un avenir rempli de promesses. L’Allegretto final consacrait cette vision optimiste et nous a entraîné dans une moisson rayonnante où les fruits des promesses précédentes pouvaient être entièrement recueillis. Denk a joué avec allégresse et spontanéité, caractères auxquels un OSM attentif et un Rafael Payare complice ont ajouté leur participation techniquement appliquée.
Frédéric Cardin
Récits dramatiques et musique captivante
Une partie du charme de La Virée classique est que les programmes sont courts et agréables, mais ce soir, j’aurais aimé que le spectacle continue. Ce fut une soirée de musique de chambre vraiment enchanteresse au Piano Nobile grâce à la remarquable musicalité d’Olivier Thouin, Todd Cope et François Zeitouni, respectivement au violon, à la clarinette et au piano. Ensemble, ils ont navigué dans un répertoire captivant, tissant ensemble les riches récits de Milhaud, Stravinsky et Srul Irving Glick.
Avec son attitude chaleureuse, Olivier Thouin a expliqué les pièces choisies et nous a donné une idée de ce qu’il faut écouter dans chaque mouvement. Le répertoire était très accessible et le groupe a bien fait de faire ressortir les aspects ludiques et folkloriques des compositions de Milhaud et de Stravinsky, tout en mettant en valeur leurs prouesses virtuoses, parfois diaboliques. Le clou de la soirée était bien sûr L’Histoire du Soldat de Stravinky. Cette histoire intemporelle du marché faustien d’un soldat a pris vie de manière si vivante que les acteurs auraient peut-être été superflus. La seule frustration était que chaque mouvement se terminait si dramatiquement qu’il était difficile de contenir nos applaudissements. Le vibrant The Klezmer’s Wedding de Glick a vu Todd Cope occuper l’avant-plan. L’ambiance était dramatique et très festive, un peu comme un mariage, et c’était un hommage approprié à une icône canadienne de la musique classique.
Varun Swarup
Un concert pour les Mémoires : OktoEcho au Théâtre Maisonneuve
Crédit photo : Antoine Saito
Un ensemble aux multiples influences et sources d’inspiration, OktoEcho est passée maître dans l’art de surprendre, d’émouvoir, et d’enchanter les publics. Dès l’entrée en salle, on sentait la touche particulière de la musique qui allait être jouée. Le public était sur la scène, presque en cercle autour des musiciens, ce qui entretenait une atmosphère quasi intime, éliminant les barrières classiques du concert entre scène et public. L’ensemble, composé d’un kanun (un instrument à corde pincée turc), d’un kamânche (un instrument lancinant d’origine iranienne, proche du violon), d’un oud (origine de la guitare), de deux percussionnistes et d’une section de cordes (violons, altos, violoncelles et contrebasse), était dirigé par Katia-Makdissi-Warren, la directrice artistique et la fondatrice d’OktoEcho. À cet orchestre s’ajoutait deux chanteuses de gorge inuites.
Le concert était d’une précision époustouflante. Tout semblait parfait. Les sonorités, les timbres et les modes utilisés transportaient le public à travers les contrées du Moyen-Orient. Les rythmes contribuent également à cette impression. On alterne entre le « groove » entraînant et le mantra méditatif, souvent au sein de la même pièce. L’influence de la musique arabique et du Moyen-Orient domine dans cette configuration de l’ensemble. On ressent également l’influence jazz dans certaines pièces, tant dans l’harmonique que la structure. On assiste également à un mélange des origines. À plusieurs moments, les instruments semblent s’imiter les uns les autres. Ce mélange vient brouiller les cartes et on retrouve à la place une unité fascinante.
L’aspect le plus captivant du spectacle reste néanmoins la place que les chants de gorge inuit occupent dans l’orchestre et la partition. Leur incorporation dans la musique de l’ensemble est faite dans un respect apparent qui se manifeste dans l’authenticités des contextes. Pour donner un exemple, une œuvre est consacrée entièrement à l’aspect fondamentalement ludique des chants de gorges. Les deux chanteuses et les percussionnistes jouent ensemble, s’imitent, se répondent, s’échangent et se rencontrent pour un court instant, qui se termine en un fou rire si attachant. La troisième œuvre présentée, consacrée au chant, reste la plus prenante du concert, démontrant toute la virtuosité des chanteuses et de l’orchestre autour d’elles. Un concert marquant!
Alexis Ruel
La musique des Schumann à l’honneur
La scène de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts a été transformée en petite salle intime pour accommoder un court récital de musique de chambre. Des gradins avaient été installés sur la scène pour l’occasion. Charles Richard-Hamelin au piano, Bomsori au violon et Dominique Beauséjour-Ostiguy ont interprété Trois romances pour violon et piano et le Trio pour piano et cordes no. 3, de Clara et Robert Schumann, respectivement. Le public est transporté vers 1850, alors que Robert est de plus en plus malade et que Clara met fin à sa carrière de compositrice. Malgré cette prémisse tragique, il y a beaucoup de lumière, de tendresse et de vie dans les pièces au programme.
L’acoustique n’était malheureusement pas optimale, faisant en sorte que les sons étaient quelque peu étouffés. Les nuances n’étaient pas perdues pour autant : les passages les plus doux et les pizzicati les plus subtils atteignaient tout de même les oreilles du public. Les pièces interprétées sont déjà bien connues, mais l’interprétation qu’en ont fait les trois musiciens était si époustouflante et sensible qu’on les écoutait comme si c’était la première fois. Les Romances et le Trio sont des pièces complexes musicalement, et les interprètes ont su illustrer tous les changements de ton, toute l’énergie et toutes les couleurs que recèlent ces œuvres. Les musiciens ont un talent exceptionnel, et les écouter est particulièrement captivant.
Elena Mandolini
Un éclatant Payare accompagne un Alstaedt introspectif
Crédit photo : Antoine Saito
C’est une Maison symphonique pratiquement remplie qu’avait devait lui Rafael Payare pour diriger les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski avec le violoncelliste Nicolas Alstaedt et la Symphonie no 4 « Italienne » de Mendelssohn. Et ce, quelques heures à peine après avoir dirigé un concert avec le pianiste Francesco Piemontesi.
Pour les Variations sur un thème rococo, le soliste invité Nicolas Alstaedt a livré une performance d’une grande virtuosité et d’une grande vélocité, donnant à chacune des sept variations un caractère différent et nuancé. Là où nous avons été décontenancés – hormis les quelques sonneries de cellulaires qui se sont fait entendre -, c’est dans la profonde intériorité du jeu d’Alstaedt. Quand il joue, ce dernier entre dans un monde qui est le sien où il respire et exulte physiquement la musique : c’est une qualité en soi, à condition d’en garder le contrôle. Nous avons en effet eu l’impression à un moment donné que le soliste avait oublié qu’il y a avait un orchestre avec lui.
En contraste avec le lyrisme de Tchaïkovski s’en est suivi une symphonie de Mendelssohn tout à fait éclatante où Payare a su donner vie aux caractères et aux images de l’Italie que le compositeur a peinte dans sa musique. Le soleil de Toscane, la jovialité et la bonne humeur des Italiens et leur grande foi religieuse, les festivités de village, tous ces éléments étaient transposés sur scène par un Payare qui dansait presque sur le podium! Plus que la musique elle-même et la direction du chef vénézuélien, ce qui était beau à observer était le regard et le sourire des musiciens sur scène alors Payare prenait chacune des sections pour les entraîner dans l’histoire et dans son énergie : une énergie qui ne passe pas inaperçue et qui transparaît chez le public à en juger par le tonnerre d’applaudissements qui a suivi.
Alexandre Villemaire
Matthias Maute, flûtiste, directeur artistique, chef d’orchestre et fondateur de l’Ensemble Caprice, se produisait à l’Esplanade tranquille devant une foule attentive dans le cadre d’un concert à thème en formation réduite: flûtes et cordes anciennes, tambour sur cadre et derbouka. On sentait clairement l’influence orientale sur la musique européenne à l’époque de la Renaissance, alors que l’Europe devenait le centre de la création musicale, c’était l’occasion de se plonger dans ce métissage d’une époque lointaine, métissage parfaitement maîtrisé au plus grand plaisir des mélomanes présents et attentifs pour la plupart.
Concert d’ouverture de la Virée classique : précision et intensité au rendez-vous
par Rédaction PAN M 360
Le coup d’envoi de la dixième édition de la Virée classique, le festival de la musique classique présenté par l’Orchestre symphonique de Montréal, a été donné mercredi soir avec un concert donné sur l’Esplanade du Parc olympique. C’est avec une précision remarquable que Rafael Payare et l’orchestre ont transporté le public à travers différents airs d’opéras célèbres et encore plus. L’animation de la soirée a été assurée par Magalie Lépine-Blondeau, la porte-parole de la Virée classique. Tous ensemble, ils nous ont offert un concert remarquable, accessible et fort agréable.
Bomsori, violon. Crédit photo : Antoine Saito
Le public voyage jusqu’à la charmante Séville, avec des extraits du Barbier de Séville de Rossini, puis la même chose avec la célèbre Carmen de George Bizet. La Carmen Fantaisie, par Franz Waxman pour violon et orchestre, interprétée avec brio et virtuosité par la violoniste solo Bomsori, présente nombre de défis techniques qu’elle a su surmonter avec aisance. La pièce vient s’insérer entre les deux extraits d’opéra et fait écho aux airs chantés par la mezzo-soprano invitée, Isabel Leonard. Cette dernière charme la foule avec son timbre chaleureux et sa théâtralité. La clarté remarquable des paroles chantées, tant en italien qu’en français, est à féliciter, tandis que son jeu d’acteur communique efficacement la complexité émotive des personnages qu’elle incarne.
Isabel Leonard, mezzo-soprano. Crédit photo : Antoine Saito
Les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski changent décidément de ton. On sort de l’opéra pour entrer dans un style plus figuratif, voire descriptif, qui évoque le passage à travers les halls d’un musée ou d’un salon. Il en émane une noblesse et majesté qui s’impose dès le premier thème, très connu, qui structure l’œuvre. La performance de la section de cuivres est à saluer pour sa précision et sa clarté. L’orchestre réservait une dernière surprise au public, avec en rappel la célébrissime Chevauchée des Walkyries de Wagner. Son interprétation exemplaire en fait le clou du spectacle.
La technique et la réalisation derrière le concert étaient impressionnantes. On applaudit la justesse des timbres à travers l’amplification, ainsi que le travail fascinant des caméras dans l’orchestre, offrant une perspective différente des musiciens. Petit bémol, la sensibilité de certains micros sur scène faisait en sorte que l’on entendait distinctement les pages tourner, les chaises craquer, et les archets tomber. C’est cependant cette même subtilité dans la captation qui permet d’entendre les plus douces nuances de l’orchestre, même à plusieurs mètres de la scène. Les inconvénients sont vite oubliés après tout ça!
Malgré ce détail mineur, ce concert a su être à la fois si enivrant et divertissant. Les airs étaient familiers et les thèmes déjà connus, mais l’interprétation était si exceptionnelle et précise qu’il nous semblait redécouvrir ces classiques. C’est dans cet aspect que l’Orchestre a réellement brillé. Il a su communiquer tout l’amour que lui est son chef ont pour la musique.
La Virée classique s’annonce être particulièrement vibrante!
Par Elena Mandolini et Alexis Ruel
Osheaga, jour 3: Kendrick Lamar, Fred Again.., Milk & Bone, Julia Jacklin, Beabadoobee, Preston Pablo, Central Cee, Japanese Breakfast, FOALS, Tom Odell, Saint Levant
par Rédaction PAN M 360
Il y avait peut-être plus de 92 spectacles différents à Osheaga cette année, mais nos rédacteurs ont sauté d’un spectacle à l’autre pour donner un compte rendu concis et créatif de notre expérience. Sans plus tarder, voici ce que nous avons vu et entendu lors de la dernière journée d’Osheaga…
En prime, nous vous suggérons 3 perceptions du spectacle de Kendrick Lamar par nos 3 rédacteurs issus de 3 générations distinctes.
Kendrick Lamar: grande autorité et… quelques réserves
Est-ce possible d’obtenir mieux qu’un des artisans les plus populaires de la scène hip-hop au cours de la dernière décennie pour clôturer l’édition 2023 d’Osheaga? Je crois fermement que non.
Juste après Fred Again.., le moment tant attendu est arrivé et Kendrick Lamar a fait son entrée sur la scène principale sur les premières notes de N95, un des excellents titres de son plus récent album, Mr. Morale & The Big Steppers. Après son premier morceau, le rappeur californien se tenait debout en silence tel un roi sous les imposants « Olé!, Olé!, Olé! » de la foule. Derrière lui se dévoile une toile d’art sur rideau qui sera remplacée à trois reprises lors de sa prestation. Pendant son concert, il était seulement accompagné de danseurs qui s’ajoutent au fil du concert. Sur scène, Kendrick Lamar n’est pas le plus énergique, mais ses habiletés et sa prestance font de lui un artiste captivant.
Pendant son passage d’environ une heure et quart, le MC de Compton a livré une sélection de plusieurs pièces de son dernier projet ainsi que ses plus grands succès de sa discographie, remontant même en 2011 pour A.D.H.D et en 2012 pour certains titres de good kid, m.A.A.d city. L’un des plus beaux moments de la soirée a été lorsque l’artiste de 36 ans a demandé aux festivaliers d’ouvrir leur lampe de poche pour LOVE. Pour presque tous les morceaux, la foule répondait présente et accompagnait le rappeur. À mes côtés, on retrouve des personnes de tout âge, preuve que K.Dot fait l’unanimité à travers les différentes générations.
« Vous auriez pu choisir d’être à n’importe quel endroit ce soir, mais vous avez décidé d’être ici, merci », a soutenu le vétéran du rap à la fin de son concert. Les gens présents au festival ont eu droit à un moment d’anthologie et une offre quasi parfaite de Mr. Duckworth pour conclure le festival.
– Jacob Langlois-Pelletier
Photo by Tim Snow
Comme beaucoup dans la foule, c’était la première fois que je voyais le dieu du rap californien, Kendrick Lamar, alors c’est sûr que juste après que Fred Again… ait terminé son set à côté, l’attente était réelle. Le piano instrumental et la guitare funk ont occupé la scène jusqu’à ce que Kendrick sorte de l’obscurité, plongeant dans N95 puis ELEMENT. Il portait des lunettes de soleil, un pantalon de survêtement rose et un sweat à capuche noir, derrière une toile de fond peinte qui se déplaçait entre les morceaux. Nous avons également eu droit à quelques anciens titres comme A.D.H.D et à l’un des préférés du public, King Kunta, tiré de l’excellent To Pimp A Butterfly.
Le flow de Kendrick est inégalable, mais la foule près de moi a tenté de rapper chaque ligne pendant une chanson comme Swimming Pool (Drank). Un autre moment marquant est celui où il freestyle pendant quelques minutes avant de tromper la foule et de se lancer dans Money Trees, suivi de Bitch, Don’t Kill My Vibe. Kendrick a un charisme général sur scène, mais il a semblé un peu moins énergique que ce à quoi je m’attendais. Cependant, ses choristes, qui avaient une présence menaçante, ont ajouté à l’histoire narrative du spectacle. Kendrick a également décidé de terminer son set 15 minutes plus tôt, avec Savior, mais je veux dire, c’est Kendrick goddamn Lamar, alors il peut faire ce qu’il veut.
– Stephan Boissonneault
Photo : Tim Snow
Dans sa réflexion critique et autocritique, dans sa forme poétique, dans la teneur de son message brillant et subtil, aux antipodes du manichéisme, Kendrick Lamar a voulu élever sur scène sa proposition récente, incarnée par le récent album Mr Morale & the Big Stepper.
Littérairement plus dense et magnifié par son flow exemplaire, Kendrick Lamar a poussé plus loin cet état de création en choisissant un minimalisme scénique pour ainsi présenter un spectacle de clôture trop bref, conclu près d’un quart d’heure avant le couvre-feu.
Cette fin de programme à Osheaga s’avère certes valable artistiquement mais peu appropriée pour un événement de masse où les propositions trop conceptuelles atteignent rapidement les limites d’un spectacle de masse.
Certains y verront un coup de génie, brillante contre-proposition pour l’ultime tête d’affiche d’un festival de cette taille. Dimanche soir au Parc Jean-Drapeau devant une foule immense. Le rappeur visionnaire de Compton, le plus marquant de la dernière décennie, n’a donc pas fait l’unanimité cette fois, même s’il a possiblement ravi la majorité.
Voyons voir :
Chacune des pièces au programme était entrecoupée de pauses étonnamment longues, comme si on présentait les tableaux d’un opéra total, mis en scène à l’ère romantique, avant la modernité. D’immenses fresques peintes sur tissu occupaient le fond de la scène, évoquant les thèmes soulevés dans cette performance – retours sur la trajectoire de l’artiste, réflexions sur son milieu d’origine, sur sa famille, son quartier violent, sur l’état de son identité, sur l’avenir de cette identité, sur ses inquiétudes existentielles malgré la gloire acquise.
Une troupe de danseurs mâles avec barbes et verres fumés à l’instar de leur employeur, vêtus de bleus de travail et de tabliers d’ateliers stylisés (Louis Vuitton, sors de ce corps), chorégraphiaient les états poétiques du maître Kendrick, lui-même affublé de chaussures Nike, d’un ample pantalon 3/4 de couleur rose, d’un blouson de tissu noir, d’une casquette des Dodgers de LA et d’un foulard lui ceinturant le crâne sauf le visage.
Les écrans géants latéraux témoignaient exclusivement de l’activité sur scène, soit le rappeur lui-même et le mouvement de ses danseurs circulant autour d’objets scéniques.
L’interprétation de classiques tirés de ses albums précédents au dernier ont certes fait plaisir à tout le monde, les nouveaux titres n’ont certes pas déçu, et les reprises furent pertinentes (Nosetalgia de Pusha T, Sidewalks de The Weeknd, Never Catch Me de Flying Lotus). En tout, 21 titres inspirés pour la plupart et…
Musicalement, on a préféré de nouveau activer des séquences préenregistrées et moduler le tout en temps réel. Un choix défendable, il faut dire, à la manière des plus éminents producteurs électroniques de ce monde. Mais… une performance instrumentale en temps réel peut aussi faire partie de l’expérience en 2023, le choix de son retrait doit alors être compensé par une immersion de taille. Ce qui ne fut peut-être pas le cas à Osheaga.
Ce choix artistique peut certes séduire totalement dans un amphithéâtre propice à ce type d’immersion, on imagine des perceptions fort différentes de la version complète de ceBig Steppers Tour mais… dehors, devant une mer de fans? C’est autre chose. Sans effets spéciaux en 3D, sans éclairages nouveau genre, sans projections multimédias, une telle frugalité esthétique dans un tel contexte festivalier, aussi brillante soit-elle, peut décevoir les attentes de plusieurs.
Ce qui fut le cas, force est d’observer. Au bout de 60 minutes, on a vu pas mal de monde se déplacer vers d’autres scènes en action sur le site d’Osheaga. Majoritaires, les fans sont restés sur place, plusieurs d’entre eux ont quitté songeurs même si tous ont célébré chaudement les grands crus hip hop d’un Kendrick Lamar en verve, en pleine possession de ses moyens, impérial malgré nos réserves.
– Alain Brunet
Le prodige électro Fred Again… un véritable aimant
Photo : Tim Snow
Au cours des dernières années, le nom de Fred Again.. a été sur toutes les lèvres des adeptes de musique électro. Avant son concert à Osheaga dimanche soir, je me considérais indifférent face à son art, peinant parfois à comprendre l’engouement monstre l’entourant. Ainsi, je me suis dirigé près de la scène d’une oreille curieuse, et force est d’admettre que j’en suis reparti franchement épaté par le génie du producteur, DJ et auteur-compositeur-interprète londonien.
Tout au long, Frederick John Philip Gibson alterne entre son clavier et son MPC. La base de sa musique est de courts échantillons sonores provenant de chansons ou de dialogues d’artistes ou de personnes totalement inconnues avec lesquels il crée des loops. D’ailleurs, les vidéos des extraits utilisés sont diffusées sur les écrans géants pendant le concert. Ensuite, le Britannique y ajoute sa propre voix ainsi que de nombreuses couches et textures à l’aide de ses différents instruments. Ainsi, la majorité des titres qu’ils jouent en concert sont générés en temps réel et le public assiste à leur création. Les avenues de Fred Again..sont multiples et sa musique explore la house, le garage, la pop et même le R&B.
Sur scène, l’artiste de 30 ans donne tout et se retrouve complètement en sueur. Du début à la fin, la foule s’est montrée extrêmement bruyante et captivée par les faits et gestes de la vedette. Les festivaliers ont été régalés par les meilleures compositions de l’artiste comme Delilah (pull me out of this) et Angie (I’ve Been Lost). À Osheaga dimanche, Fred Again.. a transformé le Parc Jean-Drapeau en véritable piste de danse et a réussi à créer un moment inoubliable.
– Jacob Langlois-Pelletier
Central Cee, star britannique en développement
Photo : Tim Snow
Vers 18h20, c’était au tour de la jeune vedette britannique Central Cee de prendre d’assaut la Scène de la Montagne. Au cours de la dernière année, le rappeur a connu une ascension sans précédent et est maintenant une des étoiles de la montée en popularité de la UK drill à l’international. À en juger par l’imposante masse de festivaliers agglutinés pour sa prestation, son arrivée était très attendue.
Avant sa montée, un DJ s’est occupé de réchauffer le tout avec de nombreux succès hip-hop. Une quinzaine de minutes plus tard et après la présentation d’une vidéo de présentation, le Londonien afait son entrée sous les cris et les applaudissements de la foule. Vêtu d’un habit bourgogne et chaîne en diamant au cou, l’artiste de 25 ans a débuté avec Loading. Sur scène, Central Cee déploie une assurance déstabilisante, découpe habilement chacun de ses mots et enchaîne de longs couplets avec un rythme effréné. Nul besoin de piste vocale pour le soutenir, le Britannique enfile les différents morceaux et ça semble si facile. Dans le dernier droit, la jeune vedette a offert ses meilleurs morceaux tels Sprinter et Doja, sans oublier sa version de LET HER GO de Passenger.
Les gens présents connaissaient les titres de l’artiste par cœur et s’époumonaient sur ses différents titres. Nul doute, il s’agissait probablement de l’une des meilleures foules du festival.
– Jacob Langlois-Pelletier
Le culte de Beabadoobee
Photo by Tim Snow
Beabadoobee, une jeune superstar de la pop indie alternative, a finalement eu la chance de jouer sur la scène principale d’Osheaga, puisqu’elle a annulé sa date à la dernière minute pour Osheaga 2022. Cette année, les fans avaient envie d’ancien et de nouveau, et nous avons été accueillis principalement par des chansons de son album 2022, Beatopia. La musique de Bebadoobee est plutôt poppy, mais il y a quelques touches de grunge et de shoegaze dans sa musique, et sa voix est aussi apaisante que le miel lors d’une chaude journée d’été.
La chaleur était un peu insupportable, car de nombreux fans et moi-même essayions de nous abriter, et Beabadoobee elle-même a mentionné le soleil étouffant une ou deux fois. Tous les couples présents dans la foule se sont serrés l’un contre l’autre pendant la chanson The perfect pair et ont chanté à l’unisson avec Beabadoobee, de son vrai nom Beatrice Kristi Ilejay Laus. Deux fans ont demandé Bea en mariage sur leur téléphone, alors que la caméra tournait entre eux, mais Beabadoobee a balayé l’idée en riant : « C’est tout à fait cool, mais non »
– Stephan Boissonneault
FOALS, pas si typique après tout…
D’Oxford, Angleterre, là même où l’on élève les têtes de radio, FOALS est un groupe de culture rock et électro, typique de sa génération. Yannis Philippakis, son frontman, est un chanteur de qualité, ce quartette offre des accroches mélodiques inspirées, des arrangements imaginatifs et des passages multi-référentiels témoignant d’un goût certain. Les récentes expériences en studio de FOALS intègrent les basses synthétiques et autres éléments stylistiques de type dub et house, sans pour autant dénaturer la proposition originelle, plus proche de la pop/rock indie. Rien de mémorable sur la scène de la Vallée, néanmoins un groupe de belle tenue. – Alain Brunet
Japanese Breakfast: cette femme qui vous aime
Photo : Frédérique Ménard-Aubin
Je dois admettre que Soft Sounds From Another Planet, paru en 2017, est le dernier album de Japanese Breakfast que j’ai écouté en entier, mais après avoir assisté à la moitié de son set à Osheaga, je sais maintenant qu’il faut que j’écoute le dernier, Jubilee. La chanteuse Michelle Zauner s’est présentée dans une jupe et un haut rose vif à l’effigie de Barbie avant de frapper le gong de la scène pour signaler le début du spectacle d’indie pop psychédélique. Ce n’est pas la seule fois qu’elle a frappé le gong, en fait, elle l’a fait plusieurs fois entre les chansons pour plus d’ambiance.
La présence de Zauner sur scène a quelque chose d’hypnotique. Elle entre presque en transe, hypnotisant le public, mais s’interrompt de temps à autre pour faire preuve d’un peu de légèreté. C’est au début de son set qu’elle a fait preuve de la plus grande énergie en interprétant deux anciens succès, The Woman That Loves You et In Heaven, tirés de son premier album, Psychopomp, qui l’a fait connaître sur la scène indie.
– Stephan Boissonneault
Preston Pablo, un vent d’air frais sur la scène pop/R&B canadienne
Photo: Benoit Rousseau
Vous êtes-vous déjà demandé qui était la voix derrière le succès Flowers Need Rain? Si oui, vous n’êtes assurément pas seul, car le titre de Preston Pablo a atteint en 2022 le premier rang des chansons les plus cherchées au Canada sur la plateforme Shazam. En pleine ascension sur la scène pop et R&B, le canadien avait la tâche de donner le coup d’envoi de la dernière journée de concert sur la Scène Verte.
Supporté vocalement par ses propres pistes, l’auteur-compositeur-interprète était débordant d’énergie et a livré du soleil aux festivaliers présents. Les pistes romantiques et chaleureuses de Preston Pablo ont été très bien accueillies par la foule. L’artiste de 21 a offert ses meilleurs morceaux tels que For Keeps ainsi qu’une reprise de Sorry de Justin Bieber. « Montréal, je t’aime! », a-t-il lancé à plusieurs reprises, sourire aux lèvres.
Après un peu plus d’une trentaine de minutes sur scène, Preston Pablo a voulu conclure sa prestation en beauté avec sa chanson la plus populaire à ce jour, Flowers Need Rain. En raison d’un problème avec le système de son, le jeune homme demanda dans un premier temps au public de chanter avec lui avant de proposer une version acoustique du morceau. Lorsque l’ennui technique a été réglé, il a pu refaire son titre adéquatement. Ainsi, les gens présents ont eu droit à trois versions différentes de son plus grand succès, et personne n’a semblé s’en plaindre!
– Jacob Langlois-Pelletier
Tom Odell: pure réincarnation du pur romantisme
Le chanteur hypersensible au piano, le mélodiste doué de formation classique, l’interprète vulnérable et passionné… voilà un profil connu depuis un demi-siècle au moins: Nina Simone, Barbara, Elton John, Billie Joel, Carole King, Tori Amos, Fiona Apple, Patrick Watson… Il y en a tant et en voilà un autre sur la scène de la Rivière, relativement peu connu en Amérique du Nord quoique… en fin PM dimanche, il s’en trouvait plusieurs centaines à connaître par coeur les chansons de l’Anglais Tom Odell, pure réincarnation du romantisme extrême mais comportant des signes actualisés de la pop culture. Cet auteur, compositeur et interprète contre-ténor de 32 ans frappe pour son magnétisme et son expressivité. Il a tôt fait rapidement oublier son usage de tous les clichés compositionnels de la chanson avec piano et groupe pop, clichés qu’il enrobe d’un lustre créatif qui le distingue très clairement. Moins banal qu’il n’y paraît!
– Alain Brunet
Julia Jacklin n’ignore pas la tendresse
Photo by Frédérique Ménard-Aubin
Juste après un set électrique du duo de rap fraternel Armani White, la Green Stage a accueilli la présence de l’Australienne Julia Jacklin, un show que je m’attendais à voir plein, mais qui a été gracieusement surpris par l’espace vide sur les planchers herbeux. Peut-être est-ce dû au fait qu’une grande partie du public d’Armani White recherchait quelque chose de plus dansant (ce que les programmateurs auraient pu anticiper) et n’était pas préparée au rock indé mélancolique de Jacklin. Néanmoins, ceux d’entre nous qui sont restés et qui sont arrivés lentement ont eu droit à un plaisir magnifique, mais triste.
La plupart des chansons de Julia parlent d’amour perdu ou d’angoisse existentielle, ce qui est très différent de ce que l’on peut attendre d’un festival où la plupart des gens ont le moral dans les chaussettes. Il était difficile de ne pas se sentir brisé lorsque sa voix puissante chantonnait pendant la chanson Pool Party ou même Lydia Wears a Cross. J’étais malheureusement seule et j’avais l’impression d’avoir besoin d’un câlin d’une amie lointaine. Il est bon, mais rare, de ressentir quelque chose de réel lors d’un spectacle et le set de Julia Jacklin, bien que court, était entièrement consacré aux sentiments réels qui nous rendent humains.
– Stephan Boissonneault
Milk & Bone maîtrisent leur artisanat à Osheaga
Photo : Benoit Rousseau
Après que le rappeur canadien TOBi ait quitté la scène voisine pendant que la foule scandait son nom, la barre était haute pour Milk & Bone. Disons tout simplement que le duo électro-pop a relevé le défi avec brio!
Les deux autrices-compositrices-interprètes font leur arrivée sur scène pour leur troisième présence en carrière à Osheaga (déjà!). Laurence Lafond-Beaulne est complètement vêtue de blanc alors que Camille Poliquin, elle, est en noir. À plusieurs moments durant le concert, elles se retrouvent face à face et se regardent tout en interprètant leurs morceaux. Pendant que l’une chantait, l’autre ajoutait différents sons et textures à l’aide d’une boîte à rythmes. La chimie entre les deux femmes est réelle et splendide sur scène.
Dimanche, la foule a pu danser sur de nombreux extraits issus de Chrysalism, le dernier opus du duo paru l’an dernier. Milk & Bone a aussi fait plaisir à ses fans avec leurs plus grands succès. C’est d’ailleurs lors de Daydream que la foule s’est faite la plus bruyante. Le duo a offert une excellente prestation et les festivaliers ont semblé obtenir tout ce qu’ils attendaient de lui. – Jacob Langlois Pelletier
Saint Levant: le pouvoir attractif du Levant… et aussi de l’Occident
Photo: Frédérique Ménard-Aubin
Marwan Abdelhamid alias Saint Levant est le fils d’une Franco-Algérienne et d’un Serbo-Palestinien. Natif de Jérusalem, il vit aux US, ayant complété bachelor en relations internationales de l’université de Californie à Santa Barbara. Le chanteur et rappeur parle couramment l’arabe, l’anglais et le français, son pouvoir attractif apparaît évident dès les premières mesures. Sa proposition inclut le violon oriental (avec quarts de ton) la derbouka et le saxophone, ses chants d’inspiration arabe intègrent aussi des saveurs occidentales, soit soul-pop, hip-hop et EDM. À la fois engagé, divertissant et sensuel, Saint Levant s’est rapidement imposé sur les médias sociaux, au point d’obtenir une affiche importante dans les festivals internationaux, scène Verte d’Osheaga dans le cas qui nous occupe. Quelques milliers de fans récemment conquis, très majoritairement issus de la communauté arabo-maghrébine, étaient là pour l’acclamer et aussi applaudir l’invitée Zeina qui a grandi à Montréal et dont la carrière décolle également.
– Alain Brunet
Osheaga, jour 2 : Billie Eilish, Lil Yachty, The National, Adekunle Gold, L Teez, Pelch, Baby Keem, Cults…
par Rédaction PAN M 360
Il y a plus de 92 spectacles différents à Osheaga cette année, mais nos rédacteurs ont sauté d’un spectacle à l’autre pour donner un compte-rendu concis et créatif de notre expérience. Sans plus tarder, voici ce que nous avons vu et entendu le deuxième jour d’Osheaga.
Billie Eilish, impériale, remarquable, mémorable
crédit photo: Tim Snow
Billie Eilish était en tête d’affiche de la journée de samedi, et pour cause ! Il semblait pour son public en liesse que chaque instant de sa performance grandement attendue avait été conçu pour rester à jamais gravé dans la mémoire des festivaliers, qui peuvent se considérer bénis d’avoir pu assister à une performance de ce niveau, pour le moins mémorable pour ne pas dire admissible à la légende.
Pour ainsi dire, les moments d’anthologie s’enchaînaient les uns après les autres ! La chanteuse faisait tout en son pouvoir pour offrir des interprétations aussi puissantes les unes que les autres, puissance fournie par son énergie complétement démente sur scène ou par ses émotions profondément ressenties et des mots d’une réelle profondeur. Un des moments particulièrement marquants fût lorsqu’elle s’est assise sur le bord de la scène pour interpréter What was I made for?, et qu’elle a versé quelques larmes devant nous. L’intensité a remonté d’un cran après alors qu’elle n’a non pas demandé, mais ordonné à la foule de chanter Oxytocin avec elle.
La plus grosse surprise du spectacle fût sans doute lorsqu’elle a sondé le public à propos de leur connaissance de la chanson Billie Eilish d’Armani White, et que celui-ci est apparu sur scène avant même que la foule puisse répondre, interprétant le titre. Ébahissement total !
Le titre Happier than Ever a clôturé le spectacle, lors duquel Billie a mis à profit toute l’énergie qui lui restait. Feux d’artifice, jets de flammes, tout était en place pour que personne n’oublie le passage de Billie Eilish à Osheaga en août 2023. – Arielle Caron
La sensibilité et l’authenticité de Pelch
Crédit photo : Benoit Rousseau
En début d’après-midi samedi, une bonne foule de curieux s’était agglutinée devant la Scène verte pour la prestation de l’auteur-compositeur-interprète Guillaume Pelchat alias Pelch. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Québécois de 23 ans propose des ballades pop interprétées en anglais et possède une voix rugueuse rappelant par moment Lewis Capaldi ou même Dermot Kennedy. En avril 2022, Pelch a rendu public Looking around, un premier EP de six chansons où l’on relève une de ses forces : faire voyager ses auditeurs à travers différentes émotions.
À Osheaga, le jeune homme a interprété ses chansons les plus populaires telles que How Many Kids? et celle qui l’a fait connaître sur les réseaux sociaux, la poignante Yellow Shirt. Au grand plaisir de la foule, l’artiste en a aussi profité pour jouer de nombreux morceaux inédits qui se retrouveront sur son prochain projet, dont Hometown, une pièce à travers laquelle il exprime son amour pour sa petite ville natale, Sainte-Julie. L’un des moments forts du spectacle est assurément lorsque Pelch a fait monter sur scène son petit frère Gabriel afin qu’ils chantent Last Night, son plus récent titre lui étant dédié. La foule a ainsi pu découvrir que Pelch n’est pas le seul de sa famille à être doté d’une superbe voix ! – Jacob Langlois-Pelletier
Matt Maltese, un nom qui sonne (finalement) une cloche
crédit photo: Tim Snow
Matt Maltese, originaire de l’Angleterre, est un nom qui ne sonne pas nécessairement de cloche de prime abord. Cependant, ceux qui sont familiers de l’application TikTok connaissent sans doute très bien sa chanson As the world caves in, qui a obtenu beaucoup de popularité sur l’application. Ce n’est qu’à la fin du spectacle que nous avons pu entendre ce titre, laissant la chance aux festivaliers de découvrir l’artiste au-delà de celui-ci. L’ambiance mélancolique de son œuvre, combinée à une puissance vocale à donner des frissons nous donnait l’impression d’être dans la scène finale d’un film coming-of-age. – Arielle Caron
L.Teez, rap-jazz montréalais de grande qualité
Crédit photo : Osheaga
Vers 16h, c’était au tour de l’artiste montréalais L.Teez de monter sur la petite scène des sessions Sirius XM. Pour la petite histoire, Lee Terki est né en France d’une mère montréalaise afro-chinoise d’origine jamaïcaine et d’un père parisien de souche kabyle algérienne. Tout petit, il emménage avec sa famille au Québec. En octobre 2022, soit deux décennies plus tard, L.Teez a dévoilé Studio Blue, un excellent premier album mélangeant rap, jazz et soul.
Accompagné de la chanteuse Lea Keeley, d’un bassiste, d’un batteur et de deux claviéristes, L.Teez a offert une interprétation quasi parfaite de son dernier projet. Sur une trame jazz franchement bien exécutée, l’artiste fait preuve d’un flow efficace, d’autant plus qu’il slalome en toute aisance entre chant et rap. Plus la prestation décolle, plus les gens se dirigent prêt de la scène, signe que sa musique est franchement intéressante et attractive. À mi-chemin de son set, L.Teez a pris le temps d’exprimer son plaisir de pouvoir se retrouver sur une scène du festival. « Ça fait plusieurs années que je viens au festival, j’y ai vu mes meilleurs spectacles. Je suis entièrement reconnaissant de me retrouver de l’autre côté pour vous offrir ce spectacle », a-t-il dit.
L.Teez est un trésor bien caché de la scène montréalaise et vaut la peine d’être découvert! – Jacob Langlois-Pelletier
Peach Pit nous tient en haleine jusqu’à la fin
crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Vu la nature de la musique du groupe indie-rock Peach Pit, on peut dire qu’on ne s’attendait pas à ce que le groupe commence son concert avec une séquence instrumentale complétement rock’n’roll et que le chanteur se lance dans la foule – malgré les pancartes qui interdisent le crowdsurfing. Doté d’une présence scénique marquante, le groupe a maintenu une énergie incroyable tout au long de la performance. Si on s’attend à un petit spectacle tranquille en écoutant leur musique, Peach Pit s’assure de nous garder en haleine du début à la fin. – Arielle Caron
Adekunle Gold à la conquête de l’Amérique du Nord
Crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin
En début de soirée, une foule assez importante attend avec impatience l’arrivée sur scène de la vedette nigériane Adekunle Gold. À ma droite, une festivalière porte avec fierté un chandail du pays natal de l’artiste, alors qu’à ma gauche une autre arbore les couleurs du Brésil. On le savait déjà, mais voici une énième preuve que la musique afrobeats de celui qu’on surnomme AG Baby rallie les différentes communautés. Malheureusement pour les fans présents, il fallut attendre jusqu’à 17h05 afin de le voir apparaître sur scène en raison de problèmes techniques, son arrivée étant prévue une vingtaine de minutes plus tôt.
À son entrée sur scène, les applaudissements et les cris majoritairement féminins se sont déchaînés.
L’homme de 36 a offert plusieurs titres issus de Tequila Ever After, son nouvel album qu’il a offert à son public il y a un peu plus d’une semaine. « C’est l’album de l’année, allez l’écouter! », a-t-il affirmé. Signé chez Def Jam Recordings, l’artiste a la dégaine d’une véritable rock star sur scène, déployant une aisance remarquable. Il possède une voix douce & décontractée et sa musique est teintée d’influences pop, R&B, highlife, afrobeats. La conquête de l’Amérique du Nord est lancée pour Adekunle Gold et il sera de retour à Montréal en octobre prochain. – Jacob Langlois-Pelletier
Sur scène, les multiples facettes de Lil Yachty
Crédit photo : Tim Snow
En début d’année, le rappeur Lil Yachty en a surpris plusieurs avec son album Let’s Start Here. un récit alternatif psychédélique auquel on ne se serait jamais attendu de sa part. Dès la parution de ce projet, ses fans ont immédiatement adhéré à son nouveau style. Samedi soir, on pouvait s’attendre à une prestation différente de ce que l’artiste originaire d’Atlanta a su nous habituer, et c’est exactement ce qu’il nous a servi.
Avec un band complet et deux chanteuses à l’appui, la première moitié de son 60 minutes était dédiée à son dernier opus. Devant des visuels envoûtants et avec sa voix teintée d’autotune, l’artiste de 25 ans a transporté les montréalais dans un tourbillon d’émotions. La foule a répondu présente, entonnant plusieurs des couplets. Mais c’est plutôt dans le dernier droit de sa prestation que les gens présents se sont fait entendre, alors que le rappeur a interprété ses titres les plus populaires tels que One Night, Get Dripped ainsi que sa collaboration ISpy avec KYLE. Peu avant la fin, Lil Yachty a même chanté Poland, son titre qui avait enflammé les réseaux sociaux en octobre 2022. Somme toute, les festivaliers ont eu droit à une prestation aussi diversifiée que passionnée d’un pilier de la « génération SoundCloud ». – Jacob Langlois-Pelletier
Baby Keem, tranchant et sans merci
Crédit photo : Tim Snow
Avant l’arrivée de Billie Eilish sur la scène principale, le rappeur californien Baby Keem s’amenait sur le plateau voisin. En 2018, il a fait paraître son premier album The Sound of Bad Habit, suivi de DIE FOR MY BITCH en 2019 et de l’excellent The Melodic Blue. Au fil du temps, l’artiste de 22 ans a su prouver qu’il était bien plus que le simple cousin de la méga-vedette Kendrick Lamar, celui qui sera la tête d’affiche de la troisième et dernière journée du festival.
À son entrée, l’artiste a débuté en force avec son titre hooligan. « C’est la première fois que je suis à Montréal », a-t-il indiqué. Seul sur scène, Baby Keem était simplement accompagné de séquences instrumentales et d’effets visuels efficaces. Le rappeur a offert une prestation honnête et sans éclats qui a assurément su plaire à ses fans. Dans plusieurs de ses morceaux, il effectue de nombreuses inflexions vocales et s’amuse à modifier son intonation, et on a noté qu’il était aussi capable de faire tout ça sur scène. Les gens près de la scène se régalaient visiblement, ces fans finis connaissaient par cœur tous les titres de l’artiste, alors que ceux plus éloignés qui attendaient l’arrivée de la vedette de la pop semblaient plus hésitants. Cependant, ses succès ORANGE SODA et lost souls ont su faire bouger la grande majorité des festivaliers présents.
Avant de quitter, Baby Keem a mentionné que ce concert était le dernier de l’ère The Melodic Blue et que la sortie d’un nouveau projet était imminente. Nul doute, nous serons à l’écoute! – Jacob Langlois-Pelletier
The National, intérêt… national !
crédit photo: Tim Snow
Malheureusement, j’ai manqué une partie du spectacle de The National – le principal inconvénient du festival étant la distance entre certaines scènes. Dès mon arrivée, j’ai tout de suite voulu me joindre à la foule qui était en train de vivre un moment exceptionnel. Les yeux étaient rivés sur le chanteur, qui offrait une performance théâtrale, nous donnant presque l’impression qu’il se produisait dans une comédie musicale et non à Osheaga. Si la musique de The National provoque des émotions profondes lorsqu’on l’écoute dans des écouteurs, l’effet est grandement amplifié lorsque les chansons sont jouées devant nos yeux, et que nous sommes entourés de milliers de gens tous autant affectés par l’effet que le groupe nous procure. Il s’agit d’un sentiment difficile à décrire, que l’on vit que de rares fois dans une vie et que The National a réussi à créer. – Arielle Caron
Cults… en route vers le magistral sur des chemins rocailleux
crédit photo: Tim Snow
Cults est également un groupe dont les chansons ont explosé sur TikTok. Certaines étaient donc connues, mais leur passage, tout comme celui de Matt Maltese, était l’occasion pour les festivaliers d’Osheaga de découvrir ce groupe. Le groupe offre une musique captivante, dans laquelle les sons nombreux s’empilent les uns par-dessus les autres, créant une ambiance frisant le magistral. Malheureusement, il semblait par moments que le son n’était pas adapté à cela, ce qui rendait leur cet aspect habituellement appréciable quelque peu désagréable. Les festivaliers ont tout de même semblé aimer la performance, tout comme le groupe qui a souligné qu’il s’agissait du meilleur festival auquel ils avaient joué. – Arielle Caron
Osheaga, jour 1: Altın Gün, BBNO$, Rina Sawayama, The Flaming Lips, Soccer Mommy, JPEGMAFIA , Joey Bada$$
par Rédaction PAN M 360
Il y a plus de 92 spectacles différents à Osheaga cette année, mais nos rédacteurs ont sauté d’un spectacle à l’autre pour donner un compte-rendu concis et créatif de notre expérience. Sans plus tarder, voici ce que nous avons vu et entendu le premier jour d’Osheaga…
Altın Gün
Photo : Benoit Rousseau
L’un des premiers concerts de la journée a été donné par le groupe psychédélique turc Altın Gün, qui a joué une grande partie de son nouvel album, intitulé Aşk et qui s’est avéré être beaucoup plus synthétique que ce à quoi le public s’attendait. Néanmoins, il y avait suffisamment de wah-wah, de déphsage et de tambours tablas pour vous faire tourner la tête, et les voix de Merve Daşdemi et Erdinç Ecevit Yıldız étaient drôles et agréables.
Le bağlama, ou guitare turque à cordes pincées, a résonné à travers les vents et a fait se balancer et bouger la foule en rythme. Bien que nous nous trouvions dans un grand parc de Montréal, Altın Gün nous a donné l’impression de pénétrer dans un bazar turc pendant une bonne partie de son spectacle. Je pense qu’Altın Gün aurait mieux fait de faire la première partie d’un groupe comme The Flaming Lips, mais leur concert était tout de même très agréable.
– Stephan Boissonneault
BBNO$
Photo: Frederique Menard Aubin
Dès l’instant où BBNO$ est monté sur scène à Osheaga, son charisme, son caractère unique, son culot et son talent n’auraient pu être plus évidents. (Initialement) vêtu d’un ensemble blanc transparent qui lui permettait d’offrir ses textes excentriques de la côte ouest en caleçon et avec une tuque, BBNO$ était à la fois un spectacle d’humour et un concert de rap jeune et léger. À un moment donné, il a sorti un livre de cuisine et a annoncé qu’il le donnerait à celui ou celle qui irait le plus loin dans la foule – non sans avoir lu une recette de salade de courgettes au parmesan – avant de plonger dans un tube, après un autre tube, après un autre tube.
Après un interlude audiovisuel montrant Justin Trudeau en train de dévoiler un titre inédit, BBNO$ est revenu triomphalement sur scène pour le livrer, maintenant vêtu d’un bonnet blanc à froufrous et d’une couche-culotte, le tout agrémenté d’une épingle à nourrice surdimensionnée. Malgré (ou peut-être à cause de) cet accoutrement, il s’est pavané sur scène avec l’assurance et l’aisance qui sont devenues sa marque de commerce. Un autre moment fort a été celui où il a fait remonter un jeune spectateur nommé Zachary, qui était en train d’épier quelque chose et avait déjà perdu sa voix. Malgré tout, il s’est engagé à interpréter non pas une, mais deux chansons aux côtés de BBNO$, s’épuisant complètement dans le processus. À la fin, BBNO$ a donné le livre de cuisine à son premier agent immobilier – je suppose que cela vaut la peine de connaître les gens.
– Lyle Hendriks
Soccer Mommy
Photo : Tim Snow
Soccer Mommy, groupe indie rock basé à Nashville, n’est rien d’autre que consistant. La voix déchirante et l’interprétation de Sophia Allison constituent la part la plus captivante de ce groupe. Et elle n’a pas déçu en concert. Qu’il s’agisse de l’hymne déchirant Shotgun, tiré du nouvel album Sometimes, Forever, de vieux classiques comme Your Dog, ou même de leur dernier album, une reprise de l’emblématique chanson estivale de Sheryl Crow Soak Up The Sun, Soccer Mommy exhale un pathos unique qui vous donne des frissons lorsque vous le regardez se dérouler devant vous.
Bien qu’Allison n’ait pas toujours grand-chose à dire entre les chansons, on ne se sent jamais perdu dans son esprit lorsque le morceau suivant commence. Même si des mélodies grinçantes s’entrechoquent parfois, chaque moment semble raffiné et répété à la perfection, ce qui est rare dans le style grinçant et DIY dans lequel Soccer Mommy est si fermement ancré. Avec une guitare rythmique qui chevauche parfaitement la ligne entre le grunge et le glamour, des lignes filmiques et shoegaze en accentuent la thématique de chaque piste. Vulnérable et authentique dans chacune de ses chanson, Soccer Mommy nous a donné tout ce que nous pouvions désirer et plus encore.
– Lyle Hendriks
Rina Sawayama
Photo : Tim Snow
Je n’avais aucune idée de qui était Rina Sawayama, mais je peux dire que je suis maintenant fan après avoir assisté à son concert sur la scène principale – Mountain. C’était de la pop alternative mélangée à du R&B contemporain, ressemblant parfois aux Destiny’s Child ou même à Lady Gaga. Rina est une chanteuse très puissante, mais le véritable point fort du spectacle a été la chorégraphie et la mise en place générale du spectacle. Rina a changé trois fois de costume (dont un corset rouge et un fouet pendant la chanson This Hell) et s’est montrée impitoyable avec le public en disant constamment qu’elle ne reviendrait pas pour un rappel parce que l’énergie du public n’était pas au rendez-vous. Elle l’a bien sûr fait et a ramené les danseurs après s’être encore moquée du public.
Ses danseuses de soutien (seulement deux) transpiraient abondamment à force d’être poussées, jetées, enchaînées à un mur et caressées par Rina. L’histoire de la danse ressemblait à une relation abusive entre trois personnes et était tout aussi captivante que la musique. Son guitariste est également un virtuose, qui n’a pris le devant de la scène qu’à quelques reprises avec un solo à faire fondre le visage. Assurément un spectacle digne de la grande scène.
– Stephan Boissonneault
The Flaming Lips
Photo : Tim Snow
Les Flaming Lips ont plus de 15 albums à leur actif, mais la nostalgie était au rendez-vous lorsqu’ils ont joué l’intégralité de leur album à succès de 2002, Yoshimi Battles the Pink Robots, lors de leur concert à Osheaga. Dès la chanson d’ouverture Fight Test, qui ressemble à une chanson de Cat Steven puisqu’il y figure, quatre robots roses géants et gonflables ont pris le centre de la scène pendant que le groupe jouait les chansons. Ce fut un set fantastique et bruyant, tandis que le chanteur Wayne Coyne, aux cheveux longs et épuisés, chantait dans sa bulle tel un pilote d’avion grillé sous LSD.
Reste à savoir s’il était ou non sous influence de drogues psychédéliques pendant ce concert, mais il s’est lancé dans de nombreuses tangentes pour raconter l’histoire de Yoshimi… Il pourrait, en fait, s’agir d’une nouvelle rockstar qui doit faire face à sa mortalité et qui n’a plus d’humour en live. C’était bien pendant les cinq premières chansons, mais il a eu tendance à se répéter un peu partout, car le public était avide du tube Do You Realize. Néanmoins, les Flaming Lips ont prouvé une fois de plus qu’ils sont l’un des grands groupes contemporains du psychédélisme.
– Stephan Boissonneault
JPEGMAFIA
Photo : Frédérique Menard Aubin
JPEGMAFIA est l’un des groupes les plus intrigants, les plus excitants et les plus étranges du hip-hop actuel, si ce n’est le plus intrigant de tous. Il n’y avait pas besoin de chercher bien loin pour sentir l’excitation de la foule avant le concert de Peggy. Qu’il s’agisse des gens derrière moi en train de vapopter du DMT à la chaîne ou de la foule de spectateurs encourageant JPEG entre les chansons de Bicep, qui jouait juste à côté, il était clair que ça allait être la folie. Et, très rapidement, ce fut le cas.
Lorsque l’homme est apparu, il était drapé d’ombre et d’un durag, dramatiquement rétroéclairé par son logo rétro inspiré de la PlayStation. Et puis… moshpits, moshpits, moshpits. Ouvrez la fosse ! Puis ouvrez-la ailleurs. Combinez les deux – attendez la chute, et chargez. Se débattre au cœur du chaos, c’est un peu comme être une feuille d’épinard dans une mixette, mais aucun d’entre nous n’a eu peur d’être macéré dans le processus. Au cours de l’heure qui a suivi, Peggy a couvert pratiquement toutes les époques de son catalogue, qu’il s’agisse de son premier titre (une reprise a cappella de Call Me Maybe de Carley Rae Jepsen), de l’incroyablement agressif 1539 N. Calvert de Veteran, ou encore des nouveaux morceaux de son dernier projet, Scaring the Hoes with Danny Brown. Malgré sa prestation violemment agressive, chassant inlassablement les démons à chaque chanson, Peggy s’est montré plutôt gentil et sincère entre les chansons, remerciant tout le monde d’être fan et se laissant aller à de petites blagues qui nous donnent un aperçu de l’une des figures les plus énigmatiques du genre.
– Stephan Boissonneault
Joey Bada$$
Photo: Frédérique Menard Aubin
Il était difficile de suivre l’intensité de JPEGMAFIA, dont le groupe avec lequel je me trouvais se remettait encore des moshpits vicieux, juste au moment où Joey Bada$$ prenait place sur la scène voisine. « Vous avez des fucking fans de Joey Bada$$ ici ce soir ou quoi ? Jo-Vaughn Virginie Scott a hurlé dans le micro avant d’entamer Temptation, extrait de l’album ALL-AMERIKKKAN BADA$$. Nous avons surtout regardé depuis les gradins à droite de la scène, épuisés, et je ne ressentais pas trop l’auto-tune, mais les morceaux de rap directs de Joey Bada$$ étaient électriques comme l’enfer. A en juger par la foule, Joey Bada$$ a joué tout ce qu’ils voulaient et plus encore.
– Stephan Boissonneault
Opening photo by Tim Snow
L’OM au pied du Mont-Royal : soirée de musique, de partage et de danse
par Elena Mandolini
Deux heures avant le début du concert, les meilleures places étaient déjà prises, devant la scène installée au pied du Mont-Royal. L’ambiance était festive et familiale : des petits groupes se rassemblaient autour d’un pique-nique en cette merveilleuse soirée de début août. Un groupe de percussionnistes composé de jeunes du secondaire et de leur professeur assuraient l’animation préconcert, se déplaçant dans la foule pour offrir des rythmes brésiliens enlevants.
L’humoriste et animatrice Katherine Levac était la présentatrice de la soirée. Elle s’est donné le rôle de la personne peu habituée au concert, annonçant qu’elle ne savait pas vraiment ce qui allait se passer. Elle apparaissait après chaque pièce interprétée par l’orchestre, ce qui brisait quelque peu le rythme du concert, mais ses interventions étaient drôles et rythmées, gardant le public attentif. Il faut dire que ce concert au pied du Mont-Royal vise à briser le moule traditionnel du concert classique. Yannick Nézet-Séguin a même invité la foule à sortir son téléphone cellulaire pour filmer et partager le 3e mouvement de la 7e symphonie de Dvorak (un clin d’œil manifeste à sa sortie au mois de mai dernier, alors qu’une sonnerie de téléphone a interrompu le concert de l’Orchestre symphonique de Philadelphie qu’il dirigeait).
Nézet-Séguin est entré en scène avec « Mambo » de Bernstein (tiré de West Side Story). Le répertoire choisi pour la soirée restait loin des clichés, tournant autour du thème de la danse et de la nature. Kalamalka de Jean Coulthard illustrait musicalement la beauté des lacs et grands espaces canadiens. Par ce choix, l’OM a continué sa tradition de mettre au programme de chaque concert une pièce composée par une femme. Ensuite, les deux derniers mouvements de la 7e symphonie de Dvorak étaient dansants, mais étaient également empreints d’une certaine nostalgie. La très belle Rhapsodie romantique d’André Mathieu a ensuite été interprétée avec Alain Lefèvre au piano. Lefèvre est un spécialiste de l’œuvre de Mathieu, et a interprété cette pièce avec force, puissance, et parfois théâtralité. Enfin, l’OM a invité la foule à danser sur les airs de la Danzon no. 2 de Marquez. Le public a finalement été gâté par l’arrivée surprise sur scène d’Ariane Moffatt, qui a interprété La vie en rose en rappel.
L’OM a offert un concert dans lequel autant les habitués de la musique classique que les nouveaux venus pouvaient trouver leur compte. La soirée s’est déroulée dans la bonne humeur, où chaque personne avait le sourire aux lèvres.
Un 23 juillet au FINA : Kandy Guira, Andy Rubal, Meiway…
par Rédaction PAN M 360
L’équipe de PAN M 360 est très présente au Festival international Nuits d’Afrique (FINA), nos contributeurs.trices rapportent quotidiennement ce qu’ils.elles ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 23 juillet.
S’ouvrir aux autres avec Kandy Guira
En entrant sur scène, Kandy Guira a été accueillie par une foule enthousiaste. Rapidement, l’énergie a atteint des sommets. La chanteuse était accompagnée d’un guitariste et d’un musicien à la platine. Il s’agissait d’un concert d’une esthétique épurée, voire sobre. En fait, Kandy Guira veut ouvrir, avec ses prestations, un espace dans lequel il n’y a pas de barrières, et où les différences n’existent pas. De sa voix magnifique, puissante et aux couleurs musicales variées, la chanteuse transmet son message d’ouverture aux autres, tout cela sur un fond musical envoutant. On se sent happé par la musique de Kandy Guira : des basses percutantes, des rythmes entraînants et des solos de guitare fascinants. Sans oublier bien sûr la voix de la chanteuse, qui semble flotter sur les mélodies instrumentales.
Au cœur de ce moment musical Kandy Guira partage un message social fort, se faisant une mission personnelle d’ouvrir des espaces d’éducation et de dialogue entre toutes les personnes. Elle nous incite à tendre la main vers les autres, peu importe leurs différences, et d’apprendre à les connaître.
Elena Mandolini
Andy Rubal chante son amour pour Montréal
Andy Rubal et son groupe avaient de l’énergie à revendre hier soir sur la scène TD – Radio-Canada. Dès son entrée en scène, Andy Rubal ouvre le bal avec une introduction au clavier. Ce qui ressemblait à un medley d’œuvres pour piano de Chopin s’est transformé petit à petit en une pièce au rythme syncopé. Puis, le groupe a commencé à jouer à son tour, et la foule était ravie. Doté d’une voix puissante et d’une présence scénique sans pareil, Andy Rubal a séduit et fait danser la foule toute la soirée. On entendait de part et d’autre des spectateurs chanter les paroles avec les musiciens. Le batteur également a chanté une des chansons de la setlist, tout en continuant à jouer. C’était là un beau moment de la soirée.
Andy Rubal a également une forte connexion avec Montréal. Il nous a chanté certaines de ses compositions qui avaient été écrites dans cette ville, en plus d’exprimer à plusieurs reprises à quel point il était heureux d’être aux Nuits d’Afrique. Il a terminé sa prestation avec la première chanson qu’il a composée en français, au grand bonheur de la foule.
Elena Mandolini
Meiway clôture la 37e édition du Festival international Nuits d’Afrique
La 37e édition du Festival International Nuits d’Afrique a atteint un point culminant tonitruant et cérémonieux avec l’Ivoirien Zoblazo et la légende de l’Afropop, Meiway, sur la scène de TD-Radio Canada. Le point culminant du festival a attiré des mélomanes de partout pour voir ce vétéran de la sensation pop à l’œuvre, certains avec certainement le souvenir de sa dernière performance ici il y a près de six ans, créant une atmosphère débordante d’attente.
Quelques instants seulement après l’arrivée de Meiway sur scène avec son groupe et sa troupe de danse – qui étaient aussi nombreux que le groupe qui l’accompagnait – les rythmes zoblazo ont enflammé les spectateurs d’une énergie euphorique, laquelle s’est propagée comme une traînée de poudre dans la foule. Performant hit après hit, Meiway avait une foule absolument énorme dans la paume de sa main, avec une légion dévouée de fans armés de mouchoirs harmonisant chacune de ses chansons.
Dans notre entretien avec Meiway, nous lui avons demandé ce qui le faisait continuer de performer, même après trente ans et il a répondu que c’était simplement l’amour de son métier. Cet amour était facile à ressentir et Meiway a interprété le set avec un émerveillement enfantin dans les yeux, complètement absorbé par son métier. À soixante ans, l’interprète ne montre aucun signe de ralentissement, chantant et dansant pendant près de deux heures. Vers la fin du spectacle, un grand nombre de danseurs, tous vêtus de blanc, ont rempli la scène en faisant le zoblazo, un hommage approprié à l’artiste et une finale appropriée à un festival consacré à ce que le meilleur de la musique a à offrir, l’amour, la joie, l’harmonie.
Varun Swarup
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