Erika Angell a une vie artistique distincte de celle qu’elle mène avec l’excellent groupe Thus Owls, dont elle forme le noyau créatif avec guitariste de mari, Simon Angell. On l’observe de plus en plus régulièrement, notamment au sein du trio Beatings Are in The Body qu’on a pu entendre en juin dernier aux Suoni Per Il Popolo, et plus récemment dimanche soir en solo et duo au Ministère, dans le contexte de l’Off Festival de jazz de Montréal.
La poésie, le chant et le son sont au centre de cette démarche subtile, unique. La voix magnifique de cette douée artiste montréalaise est le levier absolu de son expression, le choix des mots (anglais et suédois, sa langue maternelle) parfois déclamés sans mélodie est aussi brillant mais ne sert pas des chansons construites sur des charpentes normalisées depuis des lustres. Musicalement, Erika Angell use de son synthétiques continus, sortes de drones autour desquels elle procède à de brillantes surimpressions. La musicienne dispose d’un petit clavier, percussions légères et autres outils électroniques qu’elle utilise en temps réel. Les structures compositionnelles ne sont pas complexes en soi, il s’agit d’un continuum mélodico-harmonique sur lequel se posent différents ornements à différents degrés d’intensité. Et ça le fait!
Sorte de musique ambient exploratoire avec textes chantés ou dits, l’art d’Erika Angell peut aussi impliquer l’intervention de la batteure Mili Hong, résidante du Canada et originaire de Corée du Sud. Cette très douée percussionniste peut intervenir de manière aléatoire avec le vocabulaire actualisé du free jazz, mais peut aussi exprimer sa compétence sur des rythmes soutenus. Très à l’écoute d’Erika Angell, elle étoffe la proposition de son employeure qui, redisons-le au risque de radoter, gagne à être connue et reconnue à sa juste valeur.
crédit photo: Jean-Pierre Dubé