Pour une première couverture d’un événement de MUTEK, j’avoue que j’en sors presque surprise d’avoir apprécié la soirée. Je vous explique : je n’écoute pas de musique électronique habituellement, et j’ai encore moins l’occasion de couvrir ce genre de musique. Après les premières minutes durant lesquelles je trouvais que la musique était un peu trop forte et que mes tympans ne tiendraient pas le coup tout le spectacle, j’ai progressivement changé d’avis au fur et à mesure que la soirée avançait.
Piezo, de son vrai nom Lucca Mucci, est DJ, producteur et artiste sonore, originaire de Milan mais formé à Bristol en Angleterre. Il a créé son propre label, Ansia, à travers lequel il soutient également les œuvres d’artistes partageant le même esprit. Son premier album, Perdu, est sorti chez Hundebiss Records. Hier soir, Piezo a réussi à ambiancer la foule même si cette dernière ne le montrait pas au début, encore un peu gênée. Il passait son temps à tourner des boutons sur une, puis deux, puis trois consoles. La dernière avait des allures de clavier, avec un laptop au milieu de tout ça, sous fond de jets de lumières. J’ai également été chanceuse d’être là un jour sans pluie, après avoir lu les comptes rendus de mes collègues les journées de pluie précédentes.
Je qualifierais le style de Piezo d’un mélange de techno, d’électro, de garage, de house par moments, avec des sons synthétiques qui viennent saupoudrer le tout. On a l’impression d’avoir un son ou un rythme principal, auquel Piezo rajoute une couche à la fois, et des reflets, comme si on venait l’habiller au fur et à mesure. Et à certains moments, nous atteignions un paroxysme, durant lequel le DJ se lâche complètement, avant de redescendre tranquillement, et retirer les couches une après l’autre. Ce paroxysme en question est souvent dramatique, et c’est toute la beauté de l’exercice. Malgré l’absence de mots, on a tout de même l’impression qu’on nous raconte une histoire musicalement. Et c’est à ce moment-là que j’ai arrêté de prendre mes notes et de me mettre à danser, ressentant les vibrations que Piezo tentait de nous transmettre.
Avec un public majoritairement vêtu de noir, toutes les générations y étaient représentées. Du jeune universitaire un peu bourré, qui est en pleine semaine d’initiation, à la sexagénaire BCBG au sac coloré, en passant par la fille aux cheveux bleus ou le jeune homme avec une chemise avec le Christ dessus, tout le monde semblait en avoir pour son compte.
L’artiste en moi tentait de comprendre quel bouton était responsable de quel son, mais de là où j’étais, ce n’était pas évident de voir. L’autre élément intéressant de ce style de musique, c’est qu’on ne sait pas toujours quand une chanson termine, et lorsque l’autre commence. C’est peut-être cela qui est plaisant, puisque ça vient changer tous les codes de la « musique » en ayant carte blanche pour faire ce que le DJ souhaite.
Tout cela nous donnait l’impression d’être dans un univers futuriste, avec un mélange de la signature de l’artiste, à savoir des rythmes percussifs rapides et des rebondissements mélodiques inattendus. Finalement, c’était vraiment pas mal pour une initiation dans ce nouveau monde pour moi. J’ai presque hâte à dimanche lorsque je couvrirai le spécial Piknik Electronik de Mutek. Je vous en reparlerai.
Crédit Photo: Vivien Gaumand