Vendredi 17 novembre dernier avait lieu au Centre des musiciens du monde à Montréal (CMM) un concert en partenariat avec le festival Mundial Montréal. C’est la deuxième année que cette relation se manifeste entre le CMM et l’événement showcase, et elle a déjà démontré toute sa pertinence. D’abord par la qualité exceptionnelle des artistes qui sont invités à s’exprimer à l’église Saint-Enfant Jésus du Mile-End (la salle attitrée à la plupart des concerts du CMM), puis la réjouissante différence du type de musique offert lors de ces concerts en comparaison de ceux du Mundial.
Au CMM, les artistes nous ont offert des rencontres interculturelles (c’est le principe de base du Centre) dont le résultat est souvent d’un nouveau intellectuel et musical plus savant et raffiné que pour Mundial. Alors que ce dernier favorise les groupes qui ont une énergie et une portée plus près de la pop (sans se conformer à ce style précisément), le CMM cherche à transcender les différences avec des propositions musicales qui s’appuient souvent sur des recherches poussées.
Par exemple, en première partie du concert de vendredi, le duo composé des chanteuses traditionnelles Maling Thunell (de Suède) et Jessica Paradis (du Québec) a présenté le résultat d’une résidence de création lors de laquelle les deux artistes ont comparé puis réuni des chants aux résonances similaires issus des deux terroirs folkloriques. Sur scène, les deux jeunes dames s’accompagnent soit d’une harpe, d’un harmonium, d’un accordéon tout en chantant et s’échangeant des parties de mélodies et de textes qui ont des racines similaires. De la Suède au Québec, le public très attentif a reçu de façon très agréable une sorte de cours d’ethnologie du folklore 101. Les voix des deux artistes sont superbes, de l’ordre du chant étudié de musique ancienne. Surtout, elles se superposent de façon complémentaire, celle de Thunell un beau soprano lumineux et celle de Paradis plus près d’un mezzo. Souvent, les versions des chansons (la suédoise et la québécoise) s’embrassaient dans un riche contrepoint parfaitement bien équilibré. La rencontre intitulée Paysages nordiques mérite entièrement d’être présentée partout au Québec, mais aussi en Suède bien entendu. Beau, touchant et enrichissant. On s’en souviendra.
Maling Thunell solo :
Jessica Paradis :
La deuxième partie du concert présentait le duo CelloGayageum. Cello pour violoncelle bien entendu (joué par un Autrichien d’origine coréenne Sol Daniel Kim) et gayageum pour l’instrument coréen du même nom, un cousin du koto japonais (joué par la Coréenne Dayoung Yoon). La rencontre ici proposée se fait entre l’art musical traditionnel coréen et l’art classique occidental, dans un ensemble de pièces originales (le répertoire existant pour ce genre d’instruments étant inexistant) qui offre des aventures sonores assez accessibles, et surtout ludiques. Le caractère ici exprimé est résolument moins savant et sophistiqué que celui de Paysages nordiques, mais la rencontre réussit néanmoins à créer de belles étincelles et à plaire abondamment au public présent.
Cellogayageum :
Mundial Montréal nous offre constamment de belles découvertes en musique world globalisée, dans une optique orientée vers le marché des festivals a rassemblements grands publics. Ce qu’apporte le Centre des musiciens du monde à cette dynamique, c’est une orientation de marché plus niché, mais ô combien important et essentiel dans notre enrichissement interculturel collectif.