expérimental / contemporain

M/NM | La Grande accélération, ambitieuse et maximaliste

par Vitta Morales

Le M/NM s’est achevé par une pièce ambitieuse et maximaliste du compositeur et guitariste Tim Brady à l’Oratoire Saint-Joseph. En effet, l’interprétation de La grande accélération : Symphonie no. 12 a exigé que cent guitares électriques, un ensemble de percussions et deux orchestres soient séparés en sections et disposés soigneusement le long du périmètre de l’espace.

Théoriquement, un auditeur situé n’importe où au milieu (entouré par l’ensemble massif) aurait dû être en mesure de ressentir l’effet complet de la pièce avec peu de variation perceptuelle grâce aux microphones et aux haut-parleurs placés stratégiquement pour compenser les retards temporels. Il convient également de mentionner que l’œuvre a nécessité plusieurs chefs d’orchestre pour diriger différentes parties de l’ensemble afin de s’assurer que tout le monde restait dans le temps. Les musiciens portaient eux aussi des écouteurs intra-auriculaires avec click track à cet effet.

Comment toute cette préparation s’est-elle traduite dans la pratique et comment s’est déroulée l’expérience d’une pièce aussi immersive ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était très captivant. Tout d’abord, conformément au thème du festival de cette année (le mariage entre la musique et les images), des images et des lumières ont été projetées au plafond et sur les murs, qui correspondaient vaguement à l’intensité de la musique au fur et à mesure que la pièce immersive se déroulait.

Les lecteurs d’un certain âge comprendront ce que je veux dire quand je dis que cela ressemblait aux visuels de Windows Media Player. C’est plutôt trippant et cool, mais il me semble que c’est plus une réflexion après coup par rapport à la musique elle-même.

En ce qui concerne la musique, elle contenait de douces nappes de cordes, des trémolos provenant de cent guitares électriques propres, de lourds solos de percussion, des accords de tutti croustillants, divers courants de fréquences qui s’entrecroisaient d’une section à l’autre et quelques solos de guitare électrique impliquant des glissandos de médiators.

Bien que des efforts aient été faits pour que l’expérience d’écoute soit aussi uniforme que possible, en réalité l’expérience changeait selon que l’on était assis ou non, selon l’endroit où l’on était assis et selon que l’on choisissait de se promener dans la salle. Mais ce n’était pas nécessairement une mauvaise chose. En fait, j’ai trouvé que l’exploration des variations temporelles et perceptuelles était plus amusante que de rester assis sur un banc pendant une heure. À plusieurs reprises, je me suis rapproché de la section des percussions, des guitares, des cors, etc. lorsque quelque chose attirait mon attention sur eux.

J’admets que la description du morceau m’a fait penser à la scène du film Walk Hard de Jake Kasdan dans laquelle le personnage Dewey Cox exige « une armée de cinquante mille didgeridoos » pour achever son chef-d’œuvre. Contrairement à Dewey Cox, Tim Brady est loin d’être un chanteur de country déjanté ; il m’a semblé être un compositeur et un guitariste très volontaire qui a créé une expérience d’écoute fascinante. Parfois rauque, parfois en transe, peut-être un peu trop long à mon goût, mais un morceau extrêmement intéressant qui mérite amplement de constituer un climax du 12e M/NM.

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