Michael Formanek (basse), Chet Doxas (anches) et Vinnie Sperrazza (batterie) se sont produits au Diese Onze le soir du 4 octobre sous le nom de The Drome Trio dans le cadre de l’édition partielle de L’Off Jazz en cette 25e année d’activités. Les trois musiciens chevronnés ont présenté les compositions de Formanek, que l’on peut décrire comme un mélange de « free », de compositions et aussi de cellules mélodiques.
En outre, il y avait des sections intercalées de swing up-tempo, d’interaction polyrythmique et de vamps qui se répétaient avec des variations jusqu’à ce qu’elles évoluent vers un tout nouveau matériel. J’ai même appris plus tard dans la soirée que nombre de ses compositions pour le Drome Trio étaient basées sur des mélodies palindromiques (musique qui joue la même chose à l’envers qu’à l’endroit). Inutile de dire que ceux qui souhaitent commencer leur week-end avec du blues à douze mesures et des standards de la chanson auraient été bien avisés d’aller voir ailleurs.
Formanek a commencé par un solo de basse dans lequel il a parcouru différents modes mineurs et gammes octatoniques, les jouant de manière dense dans différents registres de l’instrument. Contrairement au stéréotype bien connu du jazz, il s’agissait d’un solo de basse au cours duquel personne ne parlait.
Doxas et Sperrazza se sont ensuite joints au trio avec des trilles rapides au saxophone et des rafales linéaires à la batterie, tandis que Formanek ponctuait le tout d’accords puissants. Le reste de la soirée se déroulera de manière similaire, mais jamais identique, le trio atteignant des textures très intenses. Et sur le plan individuel, tous les solos ont été joués avec beaucoup de conviction.
Je ne connais pas suffisamment les compositions de Formanek pour en faire une analyse formelle détaillée mais, apparemment, les sections « libres » cédaient la place à des moments de matériel explicitement écrit, les trois musiciens battant des rythmes à l’unisson à divers moments. Il est clair que ces moments étaient décrits dans les partitions, car à différents moments, les yeux du trio étaient fixés sur leurs tableaux et je pouvais sentir une détermination à jouer aussi précisément que les compositions l’exigeaient.
Mais il va sans dire qu’il m’a été impossible de déterminer la précision de leur jeu, la frontière entre « libre » et contraint étant si floue. En fait, il ne me semblait pas insensé de dire que le trio brouillait également les lignes entre le jazz et quelque chose de plus proche de la musique de chambre moderne. J’apprendrai plus tard que cela s’explique par le fait que nombre de ces compositions ont commencé par des partitions graphiques, réinterprétées ensuite en notation standard.
Bien que je doive admettre que ce style de jazz ne fasse pas partie de mes préférés, je peux l’apprécier lorsqu’il est bien fait. Pour le profane qui trouve ces styles abrasifs, je l’explique de la manière suivante : Il faut beaucoup d’habileté pour jouer volontairement de la sorte et tout autant de temps pour entendre ce qui se passe réellement. Je compterais certainement le public de Diese Onze, de taille respectable, parmi ceux qui sont capables d’apprécier ce qui se passe, car ils sont restés captivés par le Drome Trio de Michael Formanek jusqu’à la toute fin du set.