Odezenne a embrasé la SAT jeudi soir, et ça se comprend : voilà ce que la France indie rock/folk/ électro/krautrock/dance-punk a de meilleur à offrir, voilà un quartette bordelais réclamé par une masse critique assez considérable pour remplir une salle d’importance dans cette île.
Ainsi, Montréalais de souche et Montréalais d’adoption (de souche franco-européenne) avaient de quoi communier! Belle et musclée fut l’offrande de ces mecs qui font les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux.
Leur écriture révèle une patte, une richesse, une vision du monde à la fois lucide et dérisoire. Il y a le privé qui touche aux tripes, il y a ce récit du quotidien qui nous peut aussi nous dilater la rate. Adaptée à leurs chansons, cette dégaine littéraire semble télégraphiques d’entrée de jeu. Les mots sont souvent balas comme des one liners. Ni vraiment rappés, ni vraiment dits, ni vraiment chantés et… tout à la fois.
Et on se laisse prendre au jeu.
À ces très bons textes balancé stoïquement, doucement (à la manière d’un lendemain de cuite), dérisoirement, passionnément ou même violemment par les multi-instrumentistes Alix Caillet, Mattia Lucchini ,Jacques Cormary et Stephane Luchini, se juxtaposent des sons triés sur le volet. Basses synthétiques qui portent des coulées de synthés modulaires, percussions artificielles et humaines bien garnies de testosérone, guitares sèches ou acidulées, mecs qui s’éclatent en chantant ou en scandant.
Depuis 2008, Odezenne a enregistré sept albums studio dont le récent DOULA (des couloirs des portières) sous label Universeul.
L’expérience sur scène ne fait pas de doute. S’agitant dans le clair-obscur de cette scène de nuit, ce band s’avère une machine puissante et cohésive, qui s’affirme d’abord pour la cohérence de ses formes et de son propos.
Voilà un autre trou de notre culture qui vient de se remplir, et qui restera comblé.
Photo: Frédérique Ménard-Aubin