Une épée en forme de Palestine. Voici ce qui attire l’attention d’emblée, en plus du salon d’inspiration arabe qui décore la scène du National. Avec des coussins à motifs rouges, quelques livres, du café, on a vraiment l’impression de s’incruster dans une soirée entre amis, mettant l’art à l’honneur sous toutes ses formes.
C’est d’abord Omar Offendum qui ouvre le bal, pendant que Narcy est assis dans le salon avec ses convives, incluant deux membres du groupe iconique montréalais de Hip Hop, Nomadic Massive, Tali et Meryem Saci.
Éclairé par un spot lumineux, une canne à la main (sa signature), vêtu d’une tenue traditionnelle et de son chapeau Fez noir, Offendum manie la langue arabe et anglaise, jonglant entre ces deux univers, les mélangeant parfois. Narcy lui sert du café de temps en temps, échangeant des anecdotes, se taquinant sur les rivalités syriennes et iraquiennes. Excellent conteur, il alterne entre poésie, nous raconte des histoires, rappe, le tout avec une aisance incroyable. Riches d’une amitié datant de vingt ans, Narcy intervient sur certaines chansons d’Offendum, parfois en anglais, parfois en arabe, et vice-versa. « C’est rare d’avoir un ami artiste qui te challenge encore, même après 20 ans », dit-il en s’adressant à Narcy. En effet, on pouvait ressentir cette complicité sur scène.
Omar a fait participer la salle sur son morceau I love you, un hymne à l’amour, avec en images de fond de vieux films romantiques. Les transitions sont parfois brutes, juxtaposant des chants classiques arabes avec des beats modernes. La Palestine était à l’honneur durant les deux parties du spectacle mais également le Liban, qui défraie les manchettes ces dernières semaines. On en apprend également sur des figures importantes de l’histoire Moyen-Orientale tels que Nizar Qabbani, un poète syrien ou encore Mahmoud Darwish, un poète et auteur palestinien qui nous a quitté en 2008. Il termine avec son plus grand succès, God is Love, que mes voisins semblaient particulièrement apprécier mais mon coup de cœur restera le morceau Close My Eyes en hommage à son père. « Cette chanson, je la dédie à toutes les personnes qui ont perdu un être cher », nous partage-t-il alors que le vidéoclip défilait en arrière.
Après un court entracte, Narcy s’installe à la place d’Omar et prend le relai en entamant avec l’un de ses plus grands succès, P.H.A.T.W.A, sur fond d’images d’Al-Jazeera en arrière-plan, et des archives personnelles. Entièrement vêtu de cuir noir et d’une chemise blanche, il passe en revue d’autres morceaux phares de sa carrière de 20 ans, entre autres Hamdulillah, qui figure dans l’album The Narcicyst paru en 2009, une collaboration avec Shadia Mansour. Des collaboratrices, il en avait invité quelques-unes sur scène, celles qu’il appelle des « sœurs » telles que Meryem Saci, avec qui il a enregistré le morceau 7araga, la poète Palestienne Farah qui a déclamé un poème en hommage à sa terre natale ainsi que Tali qui a opté pour un texte poignant pour l’occasion.
En guise de clôture, il nous a offert Free, une chanson hommage aux enfants de l’album World War Free Now, en collaboration avec Ian Kamau ainsi que le morceau Time, écrit en hommage à son grand-père. Et quoi de mieux que de terminer avec le morceau le plus récent, Sword, dont les fonds amassés iront aux enfants palestiniens. En plus d’avoir le sens de l’amitié fort, la famille tient une place importante pour Narcy. Il a invité la sienne sur scène à la fin du concert pour saluer le public, l’invitant à venir faire un tour dans sa librairie/bibliothèque Maktaba, au Vieux-Port de Montréal.