Je fréquente assidûment les Concerts intimes du Centre des musiciens du monde (CMM), depuis le tout premier en janvier dernier. Ils sont tous excellents, présentant chaque fois des artistes de grande qualité, installés à Montréal pour sa vitalité culturelle et, ce faisant, enrichissant cette dernière de manière exceptionnelle, grâce aux sonorités traditionnelles et raffinées venues du Rwanda, de la Syrie, de la Mongolie, de l’Iran, du Pérou, etc. Si je connais assez bien tous les artistes jusqu’ici présentés (et à venir) dans la série, une exception était sur scène hier soir : l’ensemble vocal Sava, dont je ne supposais pas l’existence jusqu’à tout récemment. J’ai été tellement séduit que je devais vous en parler.
Sava est un quatuor vocal entièrement féminin consacré aux chants polyphoniques traditionnels des Balkans. Pour ce concert, Sava a traversé une partie du répertoire issu spécifiquement de la Croatie, avec des chants profanes et religieux. Cette performance, derrière l’autel de l’église Saint-Enfant Jésus (dans une jauge hyper intime, donc) m’a totalement bouleversé. La faute à l’effet de surprise, de un, mais aussi à l’exceptionnelle qualité vocale des quatre interprètes, Antonia Branković, Dina Cindrić, Sara Rousseau et Sarah Albu (cette dernière également l’une des plus excitantes voix récentes en musique contemporaine et avant-gardiste de la métropole). Dans l’acoustique parfaite de l’endroit, les séduisants frottements de tierces, de quartes et de quintes des quatre voix ont produit un effet vibratoire bienfaisant sur le public réuni, et sur votre humble chroniqueur, comme transporté dans le temps et l’espace, dans une Dalmatie ancienne et parfaitement authentique.
Je ne sais pas si les dames se produisent souvent en concert, mais elles ont intérêt à le faire! Et si jamais la chose vous intéresse, sachez que l’ensemble est issu des cours de musique de toutes sortes disponibles au CMM!