Pendant 30 minutes ininterrompues, le Théâtre de Verdure du Parc La Fontaine est un organisme vivant. Son cœur bat au rythme de la peau sur la peau, des mains qui frappent la peau, des pieds qui frappent la terre. C la vie, interprété par une troupe de danse fascinante issue du légendaire Faso Danse Théâtre en Belgique, est moins un spectacle qu’une force de la nature : un barrage ininterrompu de rythmes, de mouvements et de volonté humaine. Les danseurs émergent dans un tourbillon de mouvement, semblant naître du son même du batteur qui les propulse. Il n’y a pas d’entrées formelles, pas de moments de repos ou d’immobilité. Au lieu de cela, la performance se déroule comme une seule et même respiration, en expansion, en contraction, tremblante d’effort. L’endurance déployée est stupéfiante. Chaque interprète s’engage avec une férocité qui frise la transe, leurs corps étant enfermés dans une chorégraphie qui exige une dextérité implacable.
Les mouvements tournent en boucle, se fracturent, puis évoluent : les épaules tournent en rafales, les hanches se balancent en arcs de cercle précis, les genoux pompent comme des pistons. Et d’une manière ou d’une autre, rien ne faiblit. Des moments de chant émergent comme des éclairs dans l’obscurité – des cris bruts et résonnants qui tranchent l’assaut polyrythmique. Ces brèves éruptions vocales, tantôt solistes, tantôt chorales, laissent entrevoir un récit plus profond, intentionnellement fragmenté. On y entend des murmures de rituel, de défi, de désir, de joie. Une femme en robe dorée, Niako Sacko, fissurée par l’émotion, s’élève au-dessus du rythme avec une voix planante et parfois maligne, tandis qu’une autre danseuse s’effondre à genoux. Elle semble contrôler les danseurs, qui se déshabillent lentement, ruisselants de sueur.
Développé par Serge Aimé Coulibaly, chorégraphe burkinabé et figure emblématique des arts de la scène africains, C la vie « s’inspire des traditions Wara et Senufo, des carnavals occidentaux » et d’une insatiable soif de vivre. Le spectacle, qui ne comporte que quelques secondes de répit entre les danses, a été un peu trop éprouvant pour certains spectateurs. Peut-être avaient-ils besoin d’une histoire facile à digérer, mais C la vie exige que le public ressente la douleur dans les mollets des danseurs, la brûlure dans leurs poumons, la poigne de fer de la discipline sous chaque spirale fluide. C’est épuisant d’en être témoin, et c’est précisément le but recherché. Une façon intéressante de clôturer le FTA.