Preludes est le premier opus de Julia MacLaine, assistante violoncelle solo à l’Orchestre du Centre national des Arts (CNA). Il s’ajoute à cette mode d’albums qui cherchent à créer des ponts entre des œuvres séparées par les époques et par le style, mais liés par une thématique et une stylistique. Le quatuor américain Attacca en a fait un bon exemple, sur son récent Of All Joys (2021), avec son assemblage de pièces minimalistes et de la renaissance réunies dans une esthétique sonore sereine et quasi spirituelle.
Julia MacLaine suit cette même logique de vouloir rejoindre deux univers. L’album a comme toile de fond les six préludes issus des Suites pour violoncelle seul de J.S Bach, dans lesquelles sont intercalées des œuvres contemporaines commandées à six compositeurs canadiens et se voulant être une réponse aux préludes de Bach. Chaque pièce se distingue par sa propre couleur et son esthétique. Si l’on reconnaît le contour mélodique du Prélude de la Suite no 1 dans le Praeludium d’Airat Ichmouratov, Nicole Lizée s’inspire elle des lignes vocales des préludes pour peindre un tableau sonore où cohabitent violoncelle boisé, voix fantomatiques et sons électroniques. Les pages épurées signées par Gabriel Dharmoo et Carmen Braden font place à la résonance des cordes et aux silences, tandis que celle de la compositrice autochtone Cris Derksen, qui reprend la structure du Cinquième prélude en do mineur, construit un univers mélodique et rythmique à la fois dramatique et lumineux. L’album se conclut sur Post Bach, pièce aux forts accents folkloriques du compositeur et violoneux Roy Johnstone. Exploitées adroitement par le jeu de Julia MacLaine, l’intelligence et la justesse des compositions et de l’interprétation font que l’enchaînement des pièces coule naturellement, sans qu’on soit choqué de passer d’un prélude du XVIIIe siècle à une œuvre du XXIe siècle.