C’est avec « Africain à Paris » que Tiken Jah Fakoly a décidé d’ouvrir le bal après une brève intro musicale par ses sept musiciens et ses deux choristes. C’est devant une foule immense que le roi du reggae africain est apparu, vêtu d’une tunique colorée avec capuche.
Ses interactions avec le public se font tout au long du concert, soit lorsqu’il explique le contexte de chacun des morceaux ou encore quand il fait chanter la foule sur ses refrains.
« Quand l’Afrique sera unie, ça va faire mal ! » déclare-t-il avant le morceau iconique et sans transition, il enchaine avec « Alou Maye » durant lequel il se munit d’un djembé et participe à la section percussive du morceau. C’est à ce moment-là qu’un fan monte sur scène pour un selfie avec l’artiste, mais est très rapidement contrôlé par la sécurité.
« Ce morceau parle de l’histoire du peuple mandingue », annonce-t-il avant de rendre hommage à la jeunesse africaine qui rêve de quitter le continent. Les solos de balafons ont particulièrement plu au public, alors que certains morceaux débutaient uniquement avec un solo de guitare, comme pour la chanson classique « Plus rien ne m’étonne ». C’est clairement le moment fort de la soirée, avec un ajout de rythmes nyabingi avant que tous les autres instruments embarquent au fur et à mesure. Le public s’est transformé en chorale le temps de ce morceau rempli d’émotions.
J’ai découvert de nouvelles chansons telles que « Toubabou », « Kodjougou » ou encore « Djourou », qui fait allusion au cri de désespoir d’une personne qu’on refuse de payer après avoir accompli le travail demandé.
Tout comme lors de son concert en juillet 2022, l’endurance de cet artiste est impressionnante. Alors qu’il approche la soixantaine, il parvient tout de même à sauter, danser, lancer des coups de pied dans l’air durant 90 minutes de spectacle, sans toutefois prendre de pauses.
Un autre moment fort est lorsqu’il présente le morceau « Ouvrez les frontières » adressant l’injustice face à l’accueil des Occidentaux en Afrique qui se fait dans les meilleures conditions, alors que l’inverse est loin d’être vrai.
Il prend le temps de rendre hommage à son pays d’origine la Côte d’Ivoire dans « Le balayeur » mais également le Sénégal sur « Laissez le peuple vivre », alors que le drapeau sénégalais flottait au dessus de la foule.
Il fait même chanter le public dans sa langue natale sur « Ngomi », ce qui semblait lui faire plaisir. Il finit par rendre hommage aux « Martyrs » africains tels que Thomas Sankara, Patrice Lumumba ou encore Jomo Kenyatta, pour ne nommer que ceux-là.
Et hop! Le temps d’un changement de tenue, il revient vêtu d’un t-shirt sur lequel on peut lire « Africa » pour terminer la soirée en force et en percussion sur le morceau « Massadje ». Montréal n’est sûrement pas prête d’oublier ce concert mémorable, où les conditions météorologiques étaient réunies pour accueillir le grand Tiken.
Crédit photo: Benoit Rousseau