Pour ceux et celles qui se souviennent des belles soirées du Ursa, le club de Martha Wainwright sur l’Avenue du Parc, maintenant changé de mains et appelé le P’tit Ours, cet album de Tommy Crane rappellera certaines d’entre elles. Lors d’une douzaine-ish de soirées tests en -2023-2024 où le percussionniste ultra polyvalent s’est laissé tenté par toutes sortes d’expérimentations atmosphériques, sa musique s’est déployée dans un aisance brumeuse et adoubée des apports délicats, subtils mais vibrants, d’un sacré paquet de musicien.ne.s parmi les meilleur.es. de la Ville. Ici Warren Spicer (guitare, Plants and Animals, Unessential Oils), là Claire Devlin (saxos), ailleurs Sarah Rossy (claviers, voix), Charlotte Greve (sax alto), Jon Arseneau (basse), Morgan Moore (basse).
Crane n’a pas choisi les meilleures takes. Il a littéralement pigé dans le tas, retravaillé le tout encore, et construit cet album autant live que studio. Le résultat est un voyage onirique en état de veille planante, de la dream pop instrumentale (sauf exception) qui vire plus dans l’abstraction apaisante que dans la playlist prévisible. Plutôt Lynch/This Mortal Coil que Air ou My Bloody Valentine. Bien entendu, ajoutez les capacités élevées d’improvisation de tous ces artistes hors normes, leurs affinités jazz, et on est rendu ailleurs, dans une galaxie lointaine mais rassurante.
Musique confort qui nous rappelle à quel point le Ursa a été marquant pour la scène indie de Montréal, malgré la brièveté de son existence.