Chanson francophone / classique occidental / musique traditionnelle arménienne

Virée classique de l’OSM | Harmonie arménienne pour le Quatuor Rhapsodie

par Alexandre Villemaire

Il y avait du monde à l’Espace culturel George-Émile Lapalme pour la prestation du Quatuor Rhapsodie, composé d’Amélie Lamontagne et Ana Drobac (violons), Nayiri Piloyan (alto) et Sophie Coderre (violoncelle). Sous le thème Mélodies arméniennes sous le soleil méditerranéen, l’ensemble a emmené l’audience dans un voyage au bout de la terre, de l’Arménie en passant entre autres par l’Italie et la France, avec de la musique imprégnée du folklore arménien sous toutes ses formes et influences. On navigue ainsi aisément entre des chants traditionnels folkloriques arméniens, notamment collectés par Vardapet Komitas, figure importante de la préservation du patrimoine musical arménien, le classique et la musique populaire. 

Musicalement, l’ensemble est très solide, jouant avec une assurance et un son ample, égal et homogène. L’interprétation est pétillante et lumineuse dans les pièces, plus active et sensible dans celles nécessitant plus de retenue et d’intériorité. Nommons à cet effet l’énergique et emblématique Czárdás de Vittorio Monti qui a mis en valeur la virtuosité d’Amélie Lamontagne, ainsi que le très beau et touchant rendu du chant traditionnel Pari Arakil d’Aleksey Hekimyanainsi que de l’Underground Tango de Goran Bergovich. Les œuvres interprétées étaient toutes arrangées par Nayiri Piloyan, dont nous saluons l’intelligence de l’écriture où chaque ligne instrumentale est mise en valeur et donne aux œuvres une dimension nouvelle tout en préservant leur nature. Les extraits de Gayaneh et de la Valse d’Aram Khatchatourian illustrent ce propos.

Le quatuor a conclu son concert en interprétant un pot-pourri de chansons de Charles Aznavour, un autre symbole fort de la diaspora arménienne, qui aurait célébré son 100e anniversaire de naissance cette année.

crédit photo: Gabriel Fournier

MUTEK 2024 – Utopie ou oubli

par Elsa Fortant

Le 19 août 2024, le Sommet Future Festivals a lancé la 10e édition du Forum MUTEK « Utopie ou oubli » à la Société des arts technologiques (SAT). L’objectif de cette journée était de réunir les créateurs de festivals, les artistes et les publics pour explorer des idées et des projets innovants pour l’avenir des festivals. PAN M 360 a assisté à la conférence d’ouverture et voici ce qu’il faut savoir à ce sujet.

La conférence d’ouverture du Sommet Future Festivals, intitulée « Du festival comme laboratoire vers la culture d’utopies temporaires », a commencé par Drew Hemment qui a posé deux questions simples mais complexes : « Pourquoi faisons-nous des festivals ? Pourquoi ont-ils de l’importance ? »

Drew Hemment est un universitaire, artiste et commissaire d’exposition britannique connu pour son travail de pionnier à l’intersection de la technologie, de la culture et de la société. Les travaux de Drew Hemment couvrent des domaines tels que la science des données, l’IA et le design. Il est actuellement associé à l’université d’Édimbourg, où il contribue à des projets tels que les festivals du futur à l’Edinburgh Futures Institute et travaille avec l’Alan Turing Institute. 

Au cours de sa présentation, Drew Hemment a exploré l’évolution des festivals en tant que plateformes d’innovation et de changement social. Il a commencé par retracer son parcours, de DJ à la fin des années 80 à la fondation de FutureEverything en 1995, en soulignant comment ses propres pratiques sont intégrées dans les projets de recherche qu’il dirige actuellement, notamment The New Real, un centre pour l’IA, la recherche créative et la recherche sur l’avenir, géré comme un festival. 

S’appuyant sur son expérience avec le FutureEverything, Hemment a discuté de l’éthique qui sous-tend les festivals, soulignant le besoin de méthodologies de prototypage et de création d’outils à la croisée de la création de festivals, de la théorie critique et des méthodes de conception. La boîte à outils The Festival As Lab, le FutureEverything Manual ou le Future Festival Field Guide sont de parfaits exemples de ce qui peut être partagé.

L’universitaire britannique a ensuite mis en lumière six trajectoires clés (et non des prédictions !) pour les festivals à venir : 

  1. Paratonnerres pour les signaux faibles
  2. Faciliter les découvertes fortuites
  3. Créateurs de nouveaux sens et de nouvelles formes
  4. Favoriser les connexions et les communautés au-delà de la bulle de filtre 
  5. Infrastructures culturelles additives et régénératives
  6. Catalyseurs de l’intelligence planétaire

Vous pouvez trouver les détails de ces trajectoires, chacune accompagnée d’une recommandation, dans un article (très accessible) écrit par Hemment à https://www.holo.mg/dossiers/future-festivals-field-guide/#68760

L’engagement de Drew Hemment à partager ses connaissances sur les festivals interdisciplinaires et socialement engagés montre qu’il croit en leur rôle essentiel pour façonner l’avenir. Toutefois, pour assurer leur pérennité, il faudra relever les défis infrastructurels grâce à un effort collectif, à l’attention et à la détermination.

Crédit photo: Maryse Boyce

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ambient / classique occidental / électronique / Experimental

Virée classique de l’OSM | Fin de soirée transcendante

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

La soirée du 17 août à la Virée classique de l’OSM s’est conclue par une performance live ou la musique classique rencontrait la musique électronique.  Sur la grande scène extérieure de l’Esplanade Tranquille, un trio de cordistes de l’OSM, constitué de la violoniste Abby Walsh, de l’altiste Scott Chancey et du violoncelliste Julien Siino, s’était greffé au claviériste Nicolas Boucher et à la VJ Line Katcho, pour interpréter la pièce Les Empires de Guillaume Coutu Dumont. Puisant son inspiration dans la nostalgie de l’enfance, notamment les souvenirs de dessins animés et les bandes sonores de films, la performance a attiré une honorable foule, peut-être plus qu’anticipé, car des bénévoles de la Virée ont dû s’affairer à installer des rangers supplémentaires de chaises. Si les référents nous ont échappé, le matériau musical dans son ensemble et l’interaction avec les musiciens, dont les motifs circulaires et les lignes mélodiques étaient un des moteurs qui alimentait les échantillonnages sonores contrôlés par Dumont Coutu. L’adéquation vidéo-musique était agréable sans être agressive, pour une musique qui se veut complexe dans son traitement, mais volontairement accessible : une musique par laquelle on se laisse emporter et transporter facilement.

Ce concert, présenté en partenariat avec le festival MUTEK, qui commencera le 20 août, était une présentation et une introduction toute en douceur à la musique électronique et à ses potentielles collaborations avec d’autres genres musicaux, dont la musique orchestrale.

crédit photo: Antoine Saito

classique occidental / musique de chambre / période romantique

Virée classique de l’OSM | Virtuosité, élégance et écoute de Fauré à Chausson

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Après avoir interprété avec l’OSM le Concerto no 5 de Saint-Saëns, le pianiste Cédric Tiberghien remontait sur scène quelques heures pour un deuxième concert. Comme l’a présenté Marianne Dugal, deuxième violon solo associé de l’OSM, l’interprète mériterait une médaille pour son endurance tant les deux œuvres sont complexes et virtuoses, notamment le Concert op. 21 d’Ernest Chausson qui est de facture pianistique titanesque. Œuvre centrale de ce concert programmé dans l’intimé de la Cinquième salle, cette œuvre se distingue par son effectif peu commun : un piano, un violon et un quatuor à cordes. À mi-chemin entre la pièce de musique de chambre et le concerto, la forme ne paraît pas disproportionnée ou disparate à l’oreille, tant l’écriture de Chausson est fine, donnant la part belle à chacun des intervenants. Ce qui frappe et captive également, c’est le langage musical qui est déployé par le compositeur. Empruntant tant à l’esthétique française qu’au langage wagnérien, l’œuvre est d’une étonnante organicité dans des mouvements où apparaissent des thèmes folkloriques et un chromatisme dramatique. Dans le plus pur esprit d’une œuvre de Wagner, on est sur le bout de notre siège pour voir – et entendre – où l’harmonie va s’en aller. Tiberghien se démarque encore par son jeu clair et précis, son doigté raffiné et énergique et l’écoute attentive de ses partenaires de jeu, Dugal, (violon solo), Alexander Read et Richard Zheng (violons), Victor Fournelle-Blain (alto) et Anna Burden (violoncelle) qui ont tous offert une performance solide.

L’œuvre était précédée de la Sonate pour violoncelle et piano de Debussy et de l’Élégie de Fauré, interprétée par Anna Burden avec beaucoup d’élégance et d’intensité. Seul petit bémol, la balance provenant de l’amplification des micros n’était pas égale en fonction de la zone investie par les cordistes sur scène, de sorte que dans les passages solos, le son de Marianne Dugal et Anna Burden, semblait par moment étouffé.

classique occidental

Virée classique de l’OSM | Une Harmonie éclatante

par Alexandre Villemaire

Après leurs collègues de l’OSJM, c’était au tour des membres de l’Harmonie des jeunes de la Virée de venir remplir l’espace au Complexe Desjardins. Habitué de l’événement, ce grand ensemble à vent, composé d’élèves provenant de plusieurs écoles secondaires de Montréal, a rempli l’atrium du centre commercial avec un son homogène, équilibré, clair et mordant pour offrir une performance des plus éclatante. Solide et dirigé de manière énergique par Éric Levasseur, l’ensemble a enchaîné des morceaux aux couleurs orientales et méditerranéennes qui cadraient parfaitement avec la thématique de cette Virée. Il était impossible de ne pas taper du pied ou d’esquisser un petit pas de danse à l’écoute de la Polka italienne de Rachmaninov ou encore de la fameuse España d’Emmanuel Chabrier. Pour en témoigner, un père et ses deux jeunes filles qui prenaient plaisir à se déhancher sur les différents rythmes et mélodies!

Après le caractère festif de ses pièces, les jeunes musiciens ont aussi démontré l’étendue de leur jeu et de leur palette de couleurs avec la pièce Duat du compositeur Alex Poelman. La pièce évoque le parcours qu’une âme humaine – dans la mythologie égyptienne – devait emprunter dans le monde souterrain de Douât pour espérer accéder à la vie éternelle. À la fin de son périple, celle-ci était pesée sur une balance et pour d’élever ne devait pas excéder le poids d’une plume. La musique évoque parfaitement ce récit avec des grondements au caractère sombre et dramatique dans les graves enrobés de mélismes arabisants. L’œuvre se conclut par une finale lumineuse tenue par les flûtes dans l’aigu. Assurément, le public réparti sur les différents étages du complexe a été conquis.

classique occidental

Virée classique 2024 | Philharmonia Fantastique : une réelle animation

par Alexis Desrosiers-Michaud

Ce film d’animation de Gary Rydstrom sur une musique de Mason Bates (Anthology of a Zoology, dont on conseille fortement l’écoute) raconte l’histoire de Sprite, petit bonhomme de quatre couleurs qui découvre les instruments de l’orchestre par famille. Le film est conçu pour être projeté en arrière d’un orchestre qui joue en live, mais il est possible de le regarder sans, comme nous l’avons visionné. 

Après une introduction entièrement animée où la musique est parfaitement synchronisée à l’écran, Sprite commence son voyage de section en section. À partir de là, le film alterne entre images d’instrumentistes réels et animations, alors que le petit lutin est toujours en dessins animés. Chaque famille a une couleur et un style musical distincts. Il est très intéressant de voir Sprite se promener à l’intérieur des instruments, nous permettant ainsi de voir comment ils fonctionnent. Il est ainsi fascinant de constater, par exemple, lors d’une poursuite entre Sprite et un chat, comment l’air est dévié chez les cuivres lorsque les musiciens appuient sur des pistons ou des clés. On rit également lorsqu’il tombe dans les œillères du violoncelle et qu’il subit les effets des énormes vibrations de l’instrument. 

La musique de Mason Bates relève du pur génie. D’un feu roulant, dense et rythmiquement complexe, elle est en soi le moteur même du film, passant du jazz à l’orientale ou à la fanfare sans trop que l’on s’en aperçoive. La fin est digne d’une musique de film hollywoodien. Bref, il s’agit d’un divertissement bien construit, éducatif et ludique, tant pour les jeunes que pour les adultes.

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Virée classique 2024 – Des Rugissants qui ne rugissent pas assez fort

par Alexis Desrosiers-Michaud

Dès le début du concert, un constat nous frappe: cet ensemble a été programmé au mauvais endroit. Il n’aurait pas dû être programmé en extérieur à l’Esplanade Tranquille. Les 12 voix et la guitare ont peine à se faire entendre dans les nuances douces, malgré l’amplification. Qu’à cela ne tienne, il y a foule, ce qui est très encourageant pour le seul concert choral gratuit du festival.

Le chœur dirigé de main de maître par Xavier Brossard-Ménard est très dynamique, même si les pupitres d’hommes chantent en majorité plus fort que celui des femmes. Les paroles sont très audibles et les chanteurs font preuve d’une justesse implacable; on assiste à une démonstration magistrale dans El Grito du finnois Einojuhani Rautavaara, pièce truffée des glissandos avec des secondes mineures comme point d’arrivée.

Un autre élément marquant des œuvres auxquelles nous assistons est la diversité des sujets des chants espagnols. Au lieu des habituelles chansons à boire ou d’aventure, il y a dans le même recueil de Manuel Oltra, une histoire de la Mort qui entre dans un bar, un gars qui invite une fille à monter à cheval, une fillette qui a peur des mauvais esprits, une autre qui trouve toutes les excuses du monde pour ne pas se lever et un chant de Noël.

Comme avant-dernier numéro, nous avons droit à une pièce pour guitare seule, interprétée par Marc-Étienne Leclerc. Ce Variations sur un thème de Sor par Miguel Llobet est un peu comme le 24e caprice de Paganini, c’est-à-dire que le soliste peut y déployer une très grande virtuosité, mais tombe rapidement dans la redondance.

crédit photo: Gabriel Fournier

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