Je vous ai raconté samedi mon enthousiasme face au concert solo du trompettiste Ambrose Akinmusire au Gésu, qui a fait sonner son petit instrument de tant de façons étonnantes. J’étais donc très content de pouvoir assister au deuxième spectacle d’Ambrose en compagnie du vétéran contrebassiste britannique Dave Holland.
Vous vous dites : “Ce sera une sorte de rebelote, avec en plus un accompagnement solide de contrebasse”. Hors, ce ne fut absolument pas rebelote. Nous avons assisté à une authentique communion, un dialogue ouvert, fécond, comme le jazz peut nous l’offrir lorsqu’il est à son meilleur. Le trompettiste noir de 42 ans et le contrebassiste blanc de 77 ans nous ont fait léviter et flotter dans leur échange ou chaque note comptait, du moins j’ai eu cette impression. La trompette d’Ambrose Akinmusire était aussi intéressante que la veille, mais totalement différente, puisqu’elle échangeait avec la contrebasse, de façon complémentaire. Il y a eu autant, sinon davantage, de solos de contrebasse que de trompette. Parfois, Ambrose offrait des nappes de trompette répétitives pendant que David improvisait à plein gaz. Et après, on échangeait. Tout démarrait autour d’un thème de base, puis les deux instrumentistes s’écoutaient et décidaient d’une direction que seuls eux connaissaient. J’ai entendu Dave Holland pour la première fois en 1975 à l’Université Laval de Québec, accompagnant le saxophoniste free Anthony Braxton. Ce fut mon initiation au jazz libre. Puis, la radio communautaire CKRL-FM de Québec a adopté sa jolie balade The Conference of the Birds, comme musique pour un indicatif. Dave Holland a joué avec Miles Davis, Chick Corea, et à peu près tous les grands musiciens dans ses cinquante ans de carrière. Il est aussi un compositeur très doué. Sur son site web personnel, on trouve plus de deux-cents disques auxquels il a pris part. Cette rencontre entre lui et Ambrose Akinmusire était donc une rencontre entre deux grands instrumentistes et compositeurs. Une rencontre de très haut niveau. Était-ce la première rencontre entre les deux ? Je l’ignore. Mais c’était du jazz sérieux, mes ami-e-s !
Crédit photo: @frederiquema pour le FIJM