opéra contemporain

Festival du Monde Arabe 2024 | Sainte Marine, opéra immersif : curieux ou heureux?

par Frédéric Cardin

Samedi 9 novembre avait lieu la création de l’opéra Sainte Marine de Katia Makdissi-Warren (de l’ensemble OktoEcho), avec le concours de la compagnie Chants Libres dirigée par Marie-Annick Béliveau (également interprète du rôle principal).

Écoutez l’entrevue que j’ai réalisée avec Marie-Annick Béliveau au sujet du personnage de Sainte Marine, et de l’opéra lui-même: 

L’opéra est qualifié d’immersif, ce qui est juste compte tenu que le public et les artistes sont dispersés dans un même espace commun sphérique : le dôme de la SAT (Société des Arts Technologiques). Mieux encore, les artistes se déplacent à travers les spectateurs, et ceux-ci ont le loisir (ou sont parfois obligés) de changer de place, de s’asseoir ou de rester debout, selon leur bon plaisir ou leur intérêt pour un musicien plutôt qu’un autre. Le dôme lui-même sert d’écran pour diverses projections au cours du spectacle. Quelques-unes sont jolies (dessins de fleurs, plantes, arbres), d’autres touchantes (bougies accompagnant un passage musical introspectif vers la fin de l’oeuvre), mais trop souvent se limitent à des jaillissements de traits colorés ou de formes esquissées qui semblent sévèrement sous utiliser le potentiel moderne de l’art visuel numérique.

La musique évoque les chants traditionnels maronites du Liban (pensez soeur Marie Keyrouz), car Sainte Marine a vécu dans ce qui est aujourd’hui le Liban vers le 5e siècle. La partition vocale évolue avec des lignes simples, avec forts échos de gammes modales, transportées par les voix amplifiées de Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano à qui on demande des écarts parfois importants en plus d’enchaîner le chant et la narration, et un trio de voix basses masculines, les ‘’frères’’ de Sainte Marine dans le monastère où elle a vécu déguisée en moine masculin toute sa vie ou presque. Ce qu’on entend ressemble surtout à du chant rituel, ou incantatoire, et pratiquement dénué de toute harmonisation. L’effet est certes suggestif de la transe, mais surtout chenu en émotion. J’ai pensé quelques fois que j’aurais aimé un drame plus caractère.

La partition instrumentale est celle qui s’écarquille le plus entre les styles et les effets. J’ai particulièrement aimé le jeu des flûtes proposé par la compositrice : traversière classique et alto jouées par Marie-Hélène Breault et surtout le nay traditionnel superbement déployé par Aymen Trabulsi. Elles sont le point d’ancrage dans ce monde du Levant lointain, aussi bien culturellement que temporellement. Puis, les percussions (trés bon Bertil Schulrabe) et le piano (Pamela Reimer) travestissent l’authenticité culturelle initialement dessinée avec des interventions parfois contemporaines, ailleurs jazz ou légèrement pop. Toutes les personnalités stylistiques jusqu’ici décrites se superposent occasionnellement, mais plus souvent qu’autrement se côtoient dans un regroupement pour lequel j’hésite entre les qualificatifs de curieux ou heureux. Un peu comme si je goûtais un plat que j’aime, mais pour lequel je me demande ce qu’il y manque pour le rendre vraiment savoureux.

La qualité des interprètes est indéniable, même si j’ai senti la voix de Marie-Annick un brin fragile, voire hésitante, dans quelques passages. Peut-être était-ce voulu, pour mieux incarner le personnage? Encore une fois, j’hésite.

Sainte Marine est une proposition très intéressante, qui mérite un peaufinage esthétique et un resserrement de l’écriture dramatique (tant musicale que scénique), et puis un je-ne-sais-quoi qui reste à identifier pour lui permettre d’atteindre son potentiel.

Distribution:  

Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano; Marie-Hélène Breault, flûtes; Aymen Trabulsi, nay; Pamela Reimer piano; Bertil Schulrabe percussions; Michel Duval, David Cronkite et Clayton Kennedy, basses

Katia Makdissi-Warren, conception et composition

Marie-Annick Beliveau, conception, livret et direction artistique

Charlie Poirier-Bouthillette, conception vidéo

Normal Studio, réalisation immersive

Flavie Lemée, éclairages

Marianne Lonergan, scénographie et costumes

Angélique Wilkie, dramaturgie

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MUTEK: Nocturne 6

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne prend place toute la semaine à la SAT, avec une expérience amplifiée du jeudi au dimanche, puisque les spectacles sont présentés sur deux étages, à la fois dans l’espace de la SAT et sous le dôme de la Satosphère. Le programme présente des œuvres novatrices qui réinventent la musique électronique dans un environnement visuel immersif à la fine pointe de la technologie.

Pole DE – Tempus | Kode9 UK | Ayesha US | Liliane Chlela LB/QC – Anatomy of a Jerk | Cy-Ens CA/QC – Synapse | Andrea IT | Mike Shannon CA/DE | Salar Ansari IR/US

The Nocturne series takes root all week at the SAT, with an amplified experience from Thursday to Sunday, as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative works that reinvent electronic music within a state-of-the-art immersive visual environment.

Pole DE – Tempus | Kode9 UK | Ayesha US | Liliane Chlela LB/QC – Anatomy of a Jerk | Cy-Ens CA/QC – Synapse | Andrea IT | Mike Shannon CA/DE | Salar Ansari IR/US

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MUTEK: Nocturne 5

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne prend place toute la semaine à la SAT, avec une expérience amplifiée du jeudi au dimanche, puisque les spectacles sont présentés sur deux étages, à la fois dans l’espace de la SAT et sous le dôme de la Satosphère. Au programme, des œuvres novatrices qui réinventent la musique électronique dans un environnement visuel immersif à la fine pointe de la technologie.

Orchestroll CA/QC – Hyperwide Ellipsis (Do Not Fear the Melody Master Suite) | aya UK | Aïsha Devi + }§{ CH+FR/UK – Les Immortelles | Meuko ! Meuko ! & NONEYE TW – Invisible General | CLOUD BODIES CA/QC | Bana Haffar LB+SY/QC | Mateo Murphy & Lydia Yakonowsky CA/QC – ARIMA | DAPASHU ? CA/QC – Dancefloor Chronicles

The Nocturne series takes root all week at the SAT, with an amplified experience from Thursday to Sunday, as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative works that reinvent electronic music within a state-of-the-art immersive visual environment.

Orchestroll CA/QC – Hyperwide Ellipsis (Do Not Fear the Melody Master Suite) | aya UK | Aïsha Devi + }§{ CH+FR/UK – Les Immortelles | Meuko! Meuko! & NONEYE TW – Invisible General | CLOUD BODIES CA/QC | Bana Haffar LB+SY/QC | Mateo Murphy & Lydia Yakonowsky CA/QC – ARIMA | DAPASHU? CA/QC – Dancefloor Chronicles

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MUTEK: Nocturne 4

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne prend place toute la semaine à la SAT, avec une expérience amplifiée du jeudi au dimanche, puisque les spectacles sont présentés sur deux étages, à la fois dans l’espace de la SAT et sous le dôme de la Satosphère. Le programme présente des œuvres novatrices qui réinventent la musique électronique dans un environnement visuel immersif à la fine pointe de la technologie.

G L O W Z I C O M B O CA/QC – To The Mirrors of Y(our) Desires : The Introduction | Fred Everything CA/QC – Love, Care, Kindness & Hope | Cobblestone Jazz CA | Korea Town Acid KR/CA | Tati au Miel CA/QC – Reverie | N3ZHA CH/CA – REBIRTH

The Nocturne series takes root all week at the SAT, with an amplified experience from Thursday to Sunday, as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative works that reinvent electronic music within a state-of-the-art immersive visual environment.

G L O W Z I C O M B O CA/QC – To The Mirrors of Y(our) Desires: The Introduction | Fred Everything CA/QC – Love, Care, Kindness & Hope | Cobblestone Jazz CA | Korea Town Acid KR/CA | Tati au Miel CA/QC – Reverie | N3ZHA CH/CA – REBIRTH

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MUTEK: Nocturne 3

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne prend place toute la semaine à la SAT, avec une expérience amplifiée du jeudi au dimanche, puisque les spectacles sont présentés sur deux étages, à la fois dans l’espace de la SAT et sous le dôme de la Satosphère. Le programme présente des œuvres novatrices qui réinventent la musique électronique dans un environnement visuel immersif à la fine pointe de la technologie.

Technologies of Consciousness CA/QC – Numinous Machines | Ela Minus CO | Octo Octa US | Ciel CA | Nick Schofield CA/QC | Bénédicte CA/QC | Mesocosm CA/QC – Terra Flecta | Sinjin Hawke & Zora Jones CA/QC+AT/QC – Fractal Fantasy Surround

The Nocturne series takes root all week at the SAT, with an amplified experience from Thursday to Sunday, as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative works that reinvent electronic music within a state-of-the-art immersive visual environment.

Technologies of Consciousness CA/QC – Numinous Machines | Ela Minus CO | Octo Octa US | Ciel CA | Nick Schofield CA/QC | Bénédicte CA/QC | Mesocosm CA/QC – Terra Flecta | Sinjin Hawke & Zora Jones CA/QC+AT/QC – Fractal Fantasy Surround

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MUTEK: Nocturne 2

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne prend place toute la semaine à la SAT, avec une expérience amplifiée du jeudi au dimanche, puisque les spectacles sont présentés sur deux étages, à la fois dans l’espace de la SAT et sous le dôme de la Satosphère. Au programme, des œuvres novatrices qui réinventent la musique électronique dans un environnement visuel immersif à la fine pointe de la technologie.

Seulement CA/QC – Bricolage Architecture | No Plexus AU/NL+NL | Jacques FR – Vidéochose

The Nocturne series takes root all week at the SAT, with an amplified experience from Thursday to Sunday, as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative works that reinvent electronic music within a state-of-the-art immersive visual environment.

Seulement CA/QC – Bricolage Architecture | No Plexus AU/NL+NL | Jacques FR – Vidéochose

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MUTEK: Nocturne 1

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne s’installe toute la semaine à la SAT, avec une expérience amplifiée, puisque les performances sont présentées sur deux étages, à la fois dans l’espace de la SAT et sous le dôme de la Satosphère. Le programme présente des œuvres novatrices qui réinventent la musique électronique dans un environnement visuel immersif à la fine pointe de la technologie.

Lamin Fofana US | Daito Manabe JP | Nosaj Thing & Jacques Greene US+CA/QC
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Entre art génératif, photogrammétrie, visualisation de données et design sonore immersif, cette sélection propose quatre œuvres audiovisuelles immersives, chacune avec sa propre esthétique, explorant nos systèmes de représentation de la vie et du monde qui nous entoure.

Lydia Yakonowsky CA/QC | Allison Moore CA/QC | Nora Gibson US/QC | Jules Roze & Pablo Geeraert FR/QC+BE/QC

The Nocturne series takes root all week at the SAT, with an amplified experience, as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative works that reinvent electronic music within a state-of-the-art immersive visual environment.

Lamin Fofana US | Daito Manabe JP | Nosaj Thing & Jacques Greene US+CA/QC
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Between generative art, photogrammetry, data visualization, and immersive sound design, this selection offers four immersive audiovisual works, each with its own unique aesthetic, exploring our systems of representation of life and the world around us.

Lydia Yakonowsky CA/QC | Allison Moore CA/QC | Nora Gibson US/QC | Jules Roze & Pablo Geeraert FR/QC+BE/QC

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disco funk / house

Dômesicle à la SAT: Poirier et Fred Everything

par Rédaction PAN M 360

Une soirée house, disco, funk avec les vétérans de la scène montréalaise Poirier et Fred Everything. Tous deux sont reconnus sur la scène internationale et ont marqué le nightlife de notre ville. Ils ont une connaissance encyclopédique de la musique et la partage à travers leurs sets chauds et groovy. À ne pas manquer!

Embarquez pour un voyage élaboré à partir de paysages sonores riches et des visuels 360° hallucinants qui promettent plus qu’un simple party – pensez univers parallèle niché au cœur de la métropole.

Profitez de la nuit comme jamais auparavant, car nous prolongeons les horaires jusqu’à 4 heures du matin. Pourquoi s’arrêter quand la vibe est aussi bonne. See ya sous le dôme!

An evening of house, disco and funk with Montreal veterans Poirier and Fred Everything. Both are internationally renowned and have made their mark on our city’s nightlife. They have an encyclopedic knowledge of music and share it through their hot, groovy sets. Not to be missed!

Embark on an elaborate journey of rich soundscapes and mind-blowing 360° visuals that promise more than just a party – think parallel universe nestled in the heart of the metropolis.

Enjoy the night like never before, as we extend the hours to 4am. Why stop when the vibe’s this good. See ya under the dome!


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Période de candidature – Résidence PHI Nord

par Rédaction PAN M 360

PHI Nord est une résidence qui offre aux musicien·ne·s établi·e·s au Canada l’opportunité d’approfondir et de peaufiner leurs projets musicaux.

Le programme propose une retraite créative de deux semaines dans un loft situé aux abords d’une rivière dans les Laurentides avec un accès exclusif à un studio d’enregistrement et un soutien technique en ingénierie du son. Cette résidence permet aux artistes d’échapper au quotidien et de s’engager pleinement dans l’exploration et l’expérimentation de leur art.

PHI Nord remercie SiriusXM Franco pour son soutien.

Les artistes sélectionné·e·s recevront:

  • Soutien au développement du projet et hébergement: Séjour de deux semaines dans une maison propice à la création avec accès exclusif à un studio d’enregistrement;
  • Allocation: Une allocation de 1 600 $;
  • Soutien en studio d’enregistrement: Soutien en ingénierie du son jusqu’à 8 heures par jour pendant la résidence;
  • Production d’un profil vidéo: Création d’un vidéo d’une prestation en direct destiné à être diffusé dans les réseaux de PHI (réseaux sociaux, site web, etc.);
  • Accès au réseau: Accès au vaste réseau de collaborateur·rice·s de PHI.

Critères d’admissibilité:

  • Être un·e musicien·ne vivant au Canada;
  • Avoir un projet musical défini et vouloir le réaliser dans le cadre de la résidence;
  • Maintenir une pratique musicale professionnelle au Québec ou au Canada ou démontrer un potentiel de développement de carrière en musique;
  • Avoir fait paraître de la musique qui est disponible sur des plateformes d’écoute.
  • Les groupes sont admissibles (jusqu’à 4 membres). Les conditions offertes demeurent les mêmes que pour les artistes solos.

PHI Nord is a residency program that offers Canadian-based musicians the opportunity to deepen and refine their musical projects.

The program offers a two-week creative retreat in a riverfront loft in the Laurentians, with exclusive access to a recording studio and technical support in sound engineering. This residency allows artists to escape the daily grind and engage fully in the exploration and experimentation of their art.

PHI Nord thanks SiriusXM Franco for its support.

Selected artists will receive:

  • Project development support and accommodations: A two-week stay in a creative home with exclusive access to a recording studio;
  • Stipend: A stipend of $1,600;
  • Recording studio support: Sound engineering support for up to 8 hours per day during residency;
  • Video profile production: Creation of a video of a live performance for broadcast on PHI’s networks (social networks, website, etc.);
  • Network access: Access to PHI’s extensive network of collaborators.

Eligibility criteria:

  • Be a musician living in Canada;
  • Have a defined musical project and wish to carry it out within the framework of the residency;
  • Maintain a professional musical practice in Quebec or Canada, or demonstrate a potential for career development in music;
  • Have released music that is available on listening platforms.
  • Groups are eligible (up to 4 members). Conditions remain the same as for solo artists.

Date limite pour le dépôt des candidatures/Deadline for applications:
le 4 avril 2024, à 23h59/April 4, 2024, 11:59 pm

CLIQUER ICI/CLICK HERE

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MUTEK 2023 | Nocturne 4 : SUFYVN, Deadbeats present Ark Welders Guild, Honeydrip, µ-Ziq & ID :Mora, dBridge

par Laurent Bellemare

L’équipe de PAN M 360 vous offre une couverture exhaustive de MUTEK Montréal 2023. Voilà une sélection des meilleurs sets présentés samedi soir à la SAT, dans le cadre de la série Nocturne.

Crédits photos : Vivien Gaumand

SUFYVN

Dès son entrée sur scène, SUFYVN a installé une ambiance de club dans la salle, avec une musique électronique puissante et accrocheuse. Ce style s’est toutefois nuancé dès le second morceau, plongeant plutôt l’auditoire dans un langage IDM équilibrant bien les sonorités familières avec un traitement varié du rythme et du timbre. Il est dit que l’artiste s’inspire de sonorités et de rythmes soudanais, ce qui n’est pas immédiatement accessible comme référence pour la majorité des auditeurs. Quoi qu’il en soit, SUFYVN produisait sans équivoque une musique pour faire danser. La performance parcourait une variété de tempi, alourdissant ou précipitant l’énergie du parterre aux moments opportuns. Les projections de Kaminska faisaient défiler des formes ondulées dans des teintes multicolores. Si ces formes étaient apparemment puisées dans les graphiques économiques, leur résultat produisait une esthétique psychédélique bien connue dans le milieu de la musique électronique. Une performance variée, quoiqu’un peu générique, qui fonctionnait bien comme avant-goût, à une heure où le public entrait toujours au compte-goutte.

Deadbeats present Ark Welders Guild

Ark Welders Guild, c’est le nom d’une collaboration entre le producteur canadien Scott Monteith (Deadbeats) et la chanteuse italienne Leitizia Trussi. Avec ce duo, c’est une ambiance plus sombre qui se développait. Les pièces lourdes et planantes avaient notamment des échos de trip-hop par leur tempi plus lents. La voix noyée dans la réverbération y était également pour beaucoup, tout à fait dans le style. Le registre grave était très chargé, faisant onduler des basses qui supplantaient souvent les autres éléments du mix. Le reste du spectre harmonique était flottant, suffisamment libre pour y ajouter toute sorte d’interventions sonores. Des moments plus agressifs contrastaient l’occasion avec cette direction musicale. Par ailleurs, un mélange de sépia et de noir prédominait sur le plan visuel. Des images granuleuses de paysages désertiques ont graduellement laissé place à des formes sphériques évoquant une cartographie céleste imaginaire, puis à des alvéoles de matière spongieuse. Ces éléments s’arrimaient plutôt bien avec la nostalgie générale se dégageant de la musique.

Honeydrip

Artiste très attendue de la soirée, la Montréalaise Honeydrip s’est emparée de la scène avec son Bass/Dub énergique. Dans cette musique, la mélodie et l’harmonie ne font plus partie des paramètres. Plutôt, on a affaire à des boucles rythmiques aux subdivisions de « hi-hat » bien marquées et aux basses fréquences grondantes. L’élément le plus distinctif de cette performance était la participation du chanteur reggae King Shadrock. Cette collaboration ajoutait un élément performatif supplémentaire, en plus de créer une esthétique originale. La performance présentait le matériel d’un album au titre très approprié de Psychotropical. Dépourvu de ses accords de guitares et de son accentuation des contretemps, le reggae était ici recontextualisé dans une musique électronique inharmonique et aux downbeats bien lourds. Le tout était accompagné d’un visuel constitué d’archives vidéos filtrées de diverses façons, voulu comme une représentation de l’expérience vécue sous les drogues psychotropes. Signée par Emma Forgues, cette conception visuelle complémentait bien la présence scénique et les costumes des artistes.

µ-Ziq & ID :Mora

Vétéran de la scène britannique µ-Ziq s’est imposé à une SAT bondée de monde avec une musique complètement déjantée. Davantage breakcore qu’IDM, la musique se développait à toute allure, laissant place à peu de répétition. Structures déconstruites et entrées fréquentes de rythmes typiquement drum’n’bass, la performance débutait avec un matériel somme toute assez harmonique, créant même un sentiment de légèreté chez l’auditoire. La partie centrale était, quant à elle, tout à fait atonale et chaotique. Sans jamais décroître en énergie, Muziq a fait évoluer sa trame en la tapissant de progressions majeures à l’effet planant vers la fin. On avait ainsi droit à un mélange intéressant de breakcore sur le plan rythmique et de trance sur le plan mélodique. Visuellement, le spectacle était tout aussi prenant. Les animations 3D de l’artiste tchèque ID:Mora étaient totalement loufoques, passant d’une pluie d’autobus scolaires à des pantins faisant de l’escrime. Les couleurs étaient vives, les personnages étaient enfantins et le traitement graphique rappelait des ébauches d’écrans de veille Windows 1995. Ces éléments visuels enjolivaient nettement l’expérience.

dBridge

Au petit matin, c’était finalement au tour de dBridge de s’emparer de la scène. Cependant, c’est toute la SAT qui vibrait au rythme des basses extrêmes de cet autre vétéran britannique. On pouvait sentir une catharsis générale dans la foule, qui prenait collectivement ces attaques fréquentielles de plein fouet. La musique de dBridge était physique, et mettait surtout en valeur le registre grave. Des percées de courts motifs mélodiques au clavier venaient parfois décorer la trame, à l’instar d’échantillons de voix variés qui intervenaient à d’autres moments. L’artiste livrait une performance entièrement analogue, synthétiseurs modulaires et pédales en guise de matériel. Il y avait dans sa musique une urgence menaçante. Les projections de Line Katcho, très minimalistes, complémentaient bien cette énergie. Un moment Mutek vécu par le corps tout entier.

MUTEK 2023 | Nocturne 3 : upsammy & Jonathan Castro, Nick León, Halina Rice, Quan & DBY

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 vous offre une couverture exhaustive de MUTEK Montréal 2023. Voilà une sélection des meilleurs sets présentés vendredi soir à la SAT, dans le cadre de la série Nocturne.

Crédits photos : Nina Gibelin-Souchon

upsammy & Jonathan Castro

Posées sur des surfaces végétales, des formes cabalistiques sont projetées sur les écrans. Au milieu de tout ça, une femme, un homme. DJ, productrice et artiste multidisciplinaire, la Néerlandaise  upsammy (Thessa Torsing) aime illustrer les extrêmes: le confort, l’inconfort, la beauté harmonieuse, la désolation. Elle use de différentes couleurs pour peindre ses fresques sonores: voix traitées, rythmes et tempos variés, les sons de l’eau, les sons de la manipulation tactile, fragments mélodico-harmoniques, quelques poussées de beats fiévreux contrastants avec des séquences froides et arythmiques. On dit de cette approche illustrée dans l’espace par l’artiste péruvien Jonathan Castro Alejos, designer graphique de profession et artiste visuel de l’univers numérique, qu’elle serait de la techno expérimentale et de l’IDM. Peut-être… De notre côté, cette approche n’a pas de genre apparent a priori sauf l’usage de rythmes tirés de la techno minimale et de l’ambient cérébrale. On a plutôt ici un langage composite aux fondements électroacoustiques qui peuvent néanmoins accrocher le nuitard  avec quelques électrochocs qui peuvent le rendre agité.

Nick León

Le Floridien Nick León est féru des avancées latines en matière de musique électronique, particulièrement portoricaines et colombiennes. Un galbe psychédélique enveloppe les rythmes et en transforment l’identité originelle. Le psychédélisme et l’électronique, il faut le rappeler, font bon ménage depuis un demi-siècle,  nous en avons ici une version latine. Reggaeton, afrobeats, cumbia, krautrock et ambient se lient en direct. Juste assez groove pour un vendredi, juste assez nourrissant pour un set digne de MUTEK. D’une partenaire présente à ses côtés, des  projections top niveau appuient le tout, motifs de joaillerie en mouvement, scintillements, kaléidoscopes stylisés et plus encore. À l’écoute de ce set tout à fait concluant, on constate avec intérêt que le reggaeton a déjà généré des formes les plus raffinées. À l’évidence, Nick León et sa partenaire de scène font de belles choses.

Halina Rice

Suite d’harmonies et de fragments mélodiques au clavier,  musiques préenregistrées et modulées en direct. Techno cérébrale, électroacoustique, IDM. La Londonienne Halina Rice n’a pas le look de l’emploi, aucune extravagance vestimentaire sur scène, on la verrait fort bien animer un séminaire de doctorat. Les apparences sont trompeuses car Halina Rice crée une excellente musique technoïde,assortie d’une variété probante  d’arrangements consonants, d’une superbe sélection de sons industriels, de techno, de big beat, de chant choral au féminin, de hululements synthétiques non sans rappeler celui des  femmes arabes. Cette succession de climats contrastés, embrumés de glace sèche et de visuels conçus  par la principale intéressée, illustrent l’envergure conceptuelle,  l’intelligence et la sensibilité supérieures de cette femme qui, prédisons-le, marquera sa profession.

Quan & DBY

Au cœur de la nuit, un tandem montréalais de l’étiquette Chez.Kito.Kat fait dans la techno minimale, archi binaire pour les besoins évident du plancher de danse à l’heure qu’il est – de 2h à 3h. Les surimpressions sont relativement discrètes, absolument rien d’ostentatoire à ce programme déployé à la SAT: chuchotements variés, lignes rauques, ébullitions de microbasses et autres borborygmes de synthèse produisent un contrepoint sans l’emporter sur le beat. Plutôt que d’étaler toute la science qu’on leur connaît, breakbeat, deep house, acid, ambient, dub, bass music, dub, le tout produit par une impressionnante lutherie, notamment les synthétiseurs modulaires conçus pour les besoins de l’exercice, Quan et Dog Bless You (d’où l’acronyme D.B.Y., Samuel Ricciuti de son vrai nom) nous feront passer une  heure concluante de petites modulations et de gros beat destiné aux danseurs qui n’ont pas migré au MTELUS où sévit Sync en même temps qu’eux.

électronique

MUTEK : Nocturne 4

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne se déroule exclusivement à la SAT cette année avec une expérience augmentée le jeudi et le dimanche puisque les performances seront présentées sur deux étages, à la fois à l’espace SAT et sous le dôme de la Satosphère. Au programme, des créations novatrices qui réinventent les musiques électroniques, que ce soit avec des technologies avant-gardistes ou avec des instruments atypiques, le tout accompagné d’images fascinantes.

The Nocturne series takes place exclusively at the SAT this year, with an enhanced experience on Thursday and Sunday as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative creations that reinvent electronic music, whether with avant-garde technologies or atypical instruments, all accompanied by fascinating images.

Les artistes présents: SUFYVN SD/CA— Pseudan Rhythm & Kaminska | Deadbeat presents Ark Welders Guild CA/DE | Honeydrip CA/QC— Psychotropical | µ-Ziq & ID:Mora UK+CZ | dBridge UK— Black Electric & Line Katcho

SUFYVN 

SUFYVN est un producteur de musique électronique basé à Toronto et originaire de Khartoum reconnu pour son emploi d’instruments soudanais et son approche unique à la percussion. Inspiré par la scène hip-hop qu’il découvre pour la première fois à l’adolescence grâce au programme MTV, SUFYVN s’intéresse d’abord au beat making comme outil pour écrire des chansons de rap. Au fil des découvertes musicales et d’artistes comme Flying Lotus, il incorpore des éléments de musique électronique dans sa pratique. Depuis, ses compositions se sont inspirées d’une grande variété de genres musicaux, entremêlant de la musique et des rythmes soudanais traditionnels aux synthétiseurs et au beat making. À la rencontre de l’ancien et du moderne, ses EP tels que Ascension (2017) et Pseudarhythm Vol. 3 (2021) illustrent brillamment les techniques de percussion propres aux villages nubiens situés dans le nord du Soudan. Ses productions ont été présentées à de multiples festivals internationaux, parmi lesquels Sled Island à Calgary (Canada), Arab Film à Rotterdam (Pays-Bas), et Clandestino à Göteborg (Suède).

SUFYVN is a Toronto-based electronic music producer from Khartoum, renowned for his use of Sudanese instruments and his unique approach to percussion. Inspired by the hip-hop scene, which he first discovered as a teenager through the MTV program, SUFYVN first became interested in beat making as a tool for writing rap songs. As he discovered new music and artists such as Flying Lotus, he incorporated elements of electronic music into his practice. Since then, his compositions have been inspired by a wide variety of musical genres, blending traditional Sudanese music and rhythms with synthesizers and beat making. Where ancient meets modern, his EPs such as Ascension (2017) and Pseudarhythm Vol. 3 (2021) brilliantly illustrate the percussion techniques specific to Nubian villages in northern Sudan. His productions have been presented at numerous international festivals, including Sled Island in Calgary (Canada), Arab Film in Rotterdam (Netherlands), and Clandestino in Göteborg (Sweden).

Honeydrip

Si la DJ Honeydrip a atteint une réputation indéniable sur la scène underground montréalaise au cours des sept dernières années, elle bénéficie désormais d’une portée internationale grâce à ses premières réalisations à titre de productrice. Reconnue pour ses assemblages créatifs, sa vitalité et ses sélections lourdes de basses, elle juxtapose des sons aussi variés que le UK bass et la techno d’avant-garde, en passant par tous les genres intermédiaires. Son premier EP, Anti-Ego, témoigne de sa compréhension impeccable des rythmes hypercinétiques ainsi que de ses origines caribéennes et de son parcours en électroacoustique.

If DJ Honeydrip has achieved an undeniable reputation on the Montreal underground scene over the past seven years, she is now enjoying an international reach thanks to her first achievements as a producer. Known for her creative assemblages, vitality and bass-heavy selections, she juxtaposes sounds as varied as UK bass and avant-garde techno, and everything in between. Her debut EP, Anti-Ego, testifies to her impeccable understanding of hyperkinetic rhythms as well as her Caribbean origins and electroacoustic background.

dBridge

Véritable légende de la Drum and Bass, Darren White aka dBridge explore ce courant musical depuis le début des années 90. Dès lors, il n’a eu de cesse d’en repousser les frontières, multipliant les aliases et les collaborations éclectiques. De Future Forces aux côtés de Jason Maldini, à Bad Company avec Fresh et Vegas, en passant par Club Autonomic et plus récemment Heart Drive, White détient à son actif certains des morceaux qui orneront à jamais les chapitres de l’histoire de la DnB. Avec la fondation de son label Exit Records en 2003, il s’émancipe d’une Drum and Bass trop technologique à son goût et revient à des productions qu’il juge plus authentiques, usant de techniques old school et de matériel analogique. Son dernier album M|E est la continuité de la trajectoire ambient que White a opéré en 2020 avec son LP Inhibited, un ensemble de paysages sonores sans rythmiques dominantes, propice à l’observation de panoramas spatiaux. Loin du rythme syncopé de la Drum&Bass qu’il a distillé depuis ses débuts, dBridge prend le temps d‘observer et se livre sans concession dans son dernier opus, Black Electric, où des bandes sonores de science fiction se mêlent aux synthétiseurs, samples et pédales de guitares arrangés intuitivement.

A true Drum and Bass legend, Darren White aka dBridge has been exploring this musical trend since the early 90s. Since then, he has constantly pushed back the frontiers, multiplying aliases and eclectic collaborations. From Future Forces with Jason Maldini, to Bad Company with Fresh and Vegas, Club Autonomic and more recently Heart Drive, White has produced some of the tracks that will forever adorn the chapters of DnB history. With the founding of his label Exit Records in 2003, he emancipated himself from a Drum and Bass scene that was too technological for his taste, and returned to productions he considered more authentic, using old-school techniques and analog equipment. His latest album, M|E, is a continuation of the ambient trajectory White embarked on in 2020 with his LP Inhibited, a set of soundscapes without dominant rhythms, conducive to the observation of spatial panoramas. Far from the syncopated Drum&Bass rhythm he’s distilled since his debut, dBridge takes the time to observe and gives himself away without concession in his latest opus, Black Electric, where science fiction soundtracks mingle with intuitively arranged synthesizers, samples and guitar pedals.

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Ce contenu provient de MUTEK et est adapté par PAN M 360.

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