classique moderne / classique occidental

Vendredi soir à l’OM : un violon spectaculaire, une petite sirène et des sables émouvants et enchanteurs

par Frédéric Cardin

Une autre soirée symphonique qui remplit le cœur mélomane d’espoir et de fierté. La Maison symphonique était passablement comble ce vendredi soir. Une foule bigarrée, bien diversifiée et avec beaucoup de jeunes. L’Orchestre Métropolitain attire, et qui plus est avec un programme fait d’œuvres largement méconnues du grand public. Il y a quelque chose de très positif qui se passe à Montréal pour l’avenir de la musique classique. Bref, première impression de cette soirée : réussie.

Maintenant, le programme et le rendu. Disons-le d’emblée : ce fut très agréable. La cheffe JoAnn Falletta, pionnière de la direction d’orchestre au féminin aux États-Unis, s’adresse au public dans un français très correct, particulièrement respectueux. Elle plante le décor pour ce qui vient avec sobriété. 

La soirée débute avec Winter Idyll de Gustav Holst. Un court poème symphonique d’allure pastorale, mais aux déploiement ample et parfois cinématographique. On y évoque un tableau d’Angleterre hivernale, enveloppé sous la neige. ‘’Un peu comme au Québec’’ a-t-on dit en intro. J’en doute. Holst n’aurait pas écrit de musique aussi relativement sereine s’il avait connu les froids canadiens. N’empêche, c’est fort joli et mené avec précision par Falletta, quoiqu’avec un peu trop de réserve, je trouve.

La première des deux ‘’vedettes’’ de la soirée est arrivée pour le deuxième plat : le flamboyant violoniste Nemanja Radulovic. Cheveux longs jusqu’au au milieu du dos, pantalons aux larges chevilles évoquant presque une robe, il représente ce qu’à une autre époque les puristes auraient aimé détester. Nous ne sommes heureusement plus là. Ce qui compte c’est la musique. Celle-ci, le Concerto pour violon d’Aram Khachaturian, demandait manifestement ce genre d’interprète. Les mouvements 1 et 3 sont furieusement exprimés, nous ramenant souvent à l’énergie de sa célèbre Danse du sabre. Puis, un mouvement central plein de tendresse mais aussi de tristesse, avec des triple pianissimos exquis du soliste, complète le concert. Je m’attendais, cela dit, à un son plus brillant, plus propulsif du violoniste. Au contraire, il paraissait comme voilé, particulièrement au début de la partition, résultant ainsi en quelques déséquilibres entre lui et l’orchestre, qui enterrait son discours à quelques occasions. Ça s’est replacé en cours de route, et les feux d’artifices techniques du musicien (quelle maîtrise diabolique de son instrument!) ont soulevé la foule, disons-le, en délire. J’aimerais noter le jeu exceptionnel de quelques premières chaises de l’Orchestre : le corniste Louis-Philippe Marsolais qui a accompli à la perfection un solo d’une monstrueuse difficulté dans le 1er mouvement, puis, dans le même mouvement, le clarinettiste Simon Aldrich, dans un échange intimiste avec Radulovic, très à l’écoute (le violoniste s’est carrément retourné pour ce passage, faisant dos au public pour mieux dialoguer avec Aldrich). Un très beau moment. 

Après une ovation prolongée, Radulovic a finalement donné un rappel : Što Te Nema de Aleksandar Sedlar, un chant bosniaque de deuil dans lequel le violoniste serbe a démontré qu’il ne peut être réduit à un virtuose de cirque médiatique. Dans cette pièce suintant la mélancolie, il réussit à atteindre un degré presque inimaginable de douceur dynamique. Quoi, quatre ou cinq pianissimos? Une aiguille heurtant le tapis l’aurait surpassé. Impressionnant. Cette pièce peut être entendue sur l’album Roots de Radulovic. 

L’autre star soliste de la soirée n’est pas musicienne mais artiste visuelle. L’Ukrainienne Kseniya Simonova est dessinatrice sur sable et parcours le monde depuis plusieurs années. Elle a participé et parfois remporté toutes sortes de concours populaires tels les Got Talent de plusieurs pays (Ukraine, Britain, America, etc.). Ce qu’elle fait est très beau, et ressemble en plus fluide et animé à la technique des théâtres d’ombre. 

Hier soir, elle avait le défi d’animer la partition de La petite sirène (Die Seejungfrau) de Zemlinsky. Bien sûr, le sujet lui-même se portait déjà très bien vers ce genre d’animation : un conte de fée classique, un accompagnement visuel évocateur, tout était en place pour un mariage pertinent. J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point réussi et enchanteur. Non seulement la musique ondoyante et post-romantique, teintée d’impressionnisme, de Zemlinsky a ce qu’il faut pour transporter l’esprit et le cœur, mais la technique artistique de la dessinatrice virtuose y est parfaitement adaptée. Au gré de la musique qui se métamorphose constamment, Kseniya Simonova transforme elle aussi son canevas avec une fluidité magique. La barbe de Neptune, dieu des mers, peut tour à tour devenir, avec remarquable facilité et célérité, un vaisseau emporté par les flots ou un ciel étoilé. Sous nos yeux, et d’un geste manuel fin et discret, la queue de la sirène devient une paire de jambes élégantes. Ainsi de suite, afin que le public comprennent parfaitement ce qui est raconté par la musique (bien que tout le monde présent devait déjà connaître par coeur cette histoire). 

La beauté du décor est amplifiée par la couleur légèrement dorée du rétroéclairage tabulaire, sur lequel virevoltent les grains de sable manipulés par l’artiste, offrant un aspect ancien, voire intemporel, au panorama fantastique déployé sous nos yeux. Tout cela projeté sur écran géant dans une maison symphonique subjuguée. 

Kseniya Simonova JoAnna Falletta Orchestre Métropolitain cr.: François Goupil

Je l’ai dit, l’Orchestre Métropolitain s’est surpassé. Mais je souligne également la direction claire et solide de JoAnn Falletta. Sans être époustouflante, la cheffe impose un ordre et une confiance assurée, en laissant assez de place pour l’expressivité des musiciens. Une maestra sans esbroufe, dévouée à la musique et laissant le ‘’show’’ à ceux et celles qui sont payés pour ça.

J’ai très bien senti que le public passablement profane est sorti de cette aventure avec un sentiment de satisfaction et d’émerveillement partagé. Bravo à l’OM, c’est exactement pour ça qu’existe la musique. 

classique

OM: Pacte avec le sable

par Rédaction PAN M 360

Sous la direction de la cheffe américaine JoAnn Falletta, La petite sirène de Zemlinsky prend vie en musique mais aussi dans le sable grâce aux dessins réalisés en direct de l’Ukrainienne Kseniya Simonova, pionnière et icône mondiale du sand art.

Le violoniste Nemanja Radulović, véritable phénomène en Europe, présente une œuvre qui a grandement contribué à sa renommée, le célèbre concerto de Khatchaturian. Mélodies vives, sonorités orientales et exubérance assumée seront au rendez-vous!

Under the direction of American conductor JoAnn Falletta, Zemlinsky’s The Little Mermaid comes to life in music, but also in sand, thanks to live drawings by Ukrainian Kseniya Simonova, a pioneer and global icon of sand art.

Violinist Nemanja Radulović, a veritable phenomenon in Europe, presents a work that has greatly contributed to his fame, Khatchaturian’s famous concerto. Vivid melodies, oriental sounds and exuberance are the order of the day!

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre Métropolitain et est adapté par PAN M 360.

classique

OM : De l’abîme aux étoiles à la Maison symphonique de Montréal

par Rédaction PAN M 360

Deux artistes majeures de la scène lyrique internationale rejoignent Yannick Nézet-Séguin dans une sublime quête de lumière. La soprano Janai Brugger porte la lueur constante et profonde qui caractérise le Gloria de Poulenc, œuvre phare du compositeur français, alors que la mezzo-soprano Karen Cargill explore dans le psaume « Du fond de l’abîme » les plus grandes souffrances de l’humanité afin d’en faire jaillir l’étincelle de l’espoir. Entre ces deux œuvres chorales, une proximité transparaît : l’inspiration que Poulenc a puisé dans l’écriture musicale de Lili Boulanger.

La première symphoniste américaine Amy Beach puise dans ses racines irlandaises pour composer sa Symphonie gaélique. Elle illustre avec brio la résilience de ce peuple décimé et exilé qui, malgré les épreuves, maintient la flamme de sa culture grâce à son folklore.

Two major artists on the international opera scene join Yannick Nézet-Séguin in a sublime quest for light. Soprano Janai Brugger carries the steady, deep glow that characterizes Poulenc’s Gloria, the French composer’s landmark work, while mezzo-soprano Karen Cargill explores humanity’s greatest sufferings in the psalm « Du fond de l’abîme » (From the depths of the abyss) in order to bring out the spark of hope. Between these two choral works, there is a closeness: the inspiration Poulenc drew from the musical writing of Lili Boulanger.

Amy Beach, the first American symphonist, draws on her Irish roots to compose her Gaelic Symphony. She brilliantly illustrates the resilience of this decimated and exiled people who, despite the hardships, keep the flame of their culture alive through their folklore.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre Métropolitain et est adapté par PAN M 360.

classique

Le secret de Polichignon

par Rédaction PAN M 360

Kent Nagano et Fred Pellerin retrouvent l’OSM pour vous offrir un nouveau conte de Noël : Le secret de Polichignon. Il met en scène Méo Bellemare, « écheveleur » à Saint-Élie-de-Caxton, qui entretient barbes, moustaches et cheveux. Par son accès privilégié et régulier à la capillarité des villageois, il est au fait de tous leurs secrets. Quel usage va-t-il en faire, lui qui se veut le sauveur du monde ? Participez à cette soirée festive pour découvrir la fin de cette palpitante histoire.

Kent Nagano and Fred Pellerin unite with the OSM to deliver a brand-new Christmas tale: Le secret de Polichignon. It features Méo Bellemare, the town “hair-crafter” of Saint-Élie-de-Caxton, who grooms beards, mustaches and scalp hair. Méo’s privileged access to the townspeople’s capillary needs also keeps him abreast of all their secrets. How will he use this occult knowledge, as someone who wants to save humanity? Join us for this festive evening to found out how the story unfolds.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre Symphonique et est adapté par PAN M 360

classique

Rafael Payare dirige la Symphonie No 7 de Mahler

par Rédaction PAN M 360

Admirée pour l’intensité de son jeu, la violoniste Simone Lamsma se joindra à l’OSM afin d’interpréter le Concerto pour violon no 1 de Szymanowski. S’inspirant du poème polonais « La nuit de mai », la pièce baigne dans une atmosphère contemplative. Un climat nocturne s’instaure également dans la Septième Symphonie de Mahler jusqu’à sa résolution dans un lumineux finale. Cette œuvre d’une étonnante modernité témoigne de l’imagination innovante du compositeur.

Admired for the intensity of her playing, violinist Simone Lamsma joins the OSM to perform Szymanowski’s Violin Concerto No. 1. Inspired by the Polish poem « May Night », the piece is bathed in a contemplative atmosphere. Mahler’s Seventh Symphony also establishes a nocturnal climate, until its resolution in a luminous finale. This astonishingly modern work bears witness to the composer’s innovative imagination.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre Symphonique et est adapté par PAN M 360

musique contemporaine

Alisa Weilerstein : Bach, sublimé, chamboulé et actualisé

par Frédéric Cardin

Hier soir, à la Maison symphonique de Montréal, a eu lieu une rencontre tout à fait réjouissante (pour certains) et déconcertante (pour d’autres) : un concert-concept intitulé Fragments et mené intensément pendant deux heures, en solo, par la violoncelliste Alisa Weilerstein (la conjointe de Rafael Payare). Comment, d’abord, résumer succinctement le dit concept? Il y a six Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach, vous le savez probablement déjà. À chacune de ses Suites, Weilerstein a ajouté plusieurs compositions (pour violoncelle solo également) commandées spécialement à un large aréopage de compositrices et compositeurs contemporains. Chacune des suites devient un cycle intitulé Fragments (de 1 à 6, donc). À l’intérieur de ces Fragments, tout est mélangé entre les mouvements des suites (même pas joués dans l’ordre habituel, le célèbre Prélude de la première suite arrivant à la fin du Fragment I!)) et les nouvelles compositions. Seule considération : des enchaînements opérés en fonction d’un arc dramatique et expressif scénographié et appuyé par une mise en scène assez sobre, mais subtilement expressive. Celle-ci est réalisée grâce à deux éléments fondamentaux : des blocs/panneaux illuminés de l’intérieur placés diversement (chaque Fragment a son ‘’placement’’ particulier), et un éclairage général dynamique et changeant au fil du déroulement du Fragment interprété. Ainsi, chaque Fragment, d’une durée d’une heure, devient un théâtre musical à la dramaturgie unique. Vous aurez compris que Weilerstein n’a pas joué les six Fragments de son projet total hier. Le concert se serait terminé au milieu de la nuit! Nous avons donc eu droit aux deux premiers de la série. 

À noter que ce concert fait partie de la programmation du Festival Bach 2023. Toute la programmation est en ligne ici.

Mais bon, vous êtes ici pour savoir si c’était bon, non? Bien entendu, cela dépend des sensibilités de chacun, mais pour ma part, je suis très heureux du résultat, et j’ai très envie de connaître les quatre autres cycles de la série.

Je ne vous inonderai pas avec une description de chaque pièce enchaînée avec chaque autre, et tel mouvement de Bach, etc. Ce serait comme décrire une liste d’épicerie. Je tenterai plutôt de caractériser chacun des deux Fragments entendus, car là est l’intérêt de la chose : il s’agit d’une proposition artistique qui remet Bach en contexte à l’intérieur de cycles musicaux contemporains possédant une personnalité unique. Du moins, c’est ce que j’ai compris de l’exercice.

Fragments I est organique, fluide et ‘’pacifiste’’. La relation entre les pièces contemporaines et celles extraites de la Suite sol majeur, BWV 1007 (la no 1) est en général bienveillante, quoique certains éclats contrastant se manifestent ici et là. Joan Tower, Reinaldo Moya, Chen Yi, Gil Schwarzmann et Allison Loggins-Hull ont créé un dialogue fait de post-minimalisme, de modernisme lyrique et même de sonorités latines et chinoises (trés diluées. Pas de ‘’crossover’’ pop ici), avec le grand Jean-Sébastien. La scénographie et l’éclairage sont faits de caractérisations symboliques assez évidentes : les cubes/panneaux sont agencés de manière équilibrée, en demi-cercle parfait et ceinturant la soliste comme l’intérieur d’un temple. Une scène sur la scène. De plus, ils deviennent blancs pour chaque mouvement de Bach (symbole de pureté?). Pour les autres, nous avons des teintes de rouges, de bleus et d’orangés assez chaleureux. Les transitions entre les pièces se font de manière assez naturelle. Nous sommes ici dans un parcours émotionnel posé qui offre aux spectateurs une entrée en matière à la fois étonnante et amicale. La modernité des pièces nouvelles n’est pas astringente, quoique tout de même exigeante en terme d’écoute attentive. 

Fragments II est différent. D’entrée de jeu, Weilerstein est elle-même dans un autre personnage : habillée plus ‘’modernement’’ et surtout coiffée façon ‘’glam-rock’’. La musique est lancée sur les chapeaux de roue : une attaque frontale rythmique et dynamique avec une pièce de la Québécoise Ana Sokolovic qui crache sa virulence au public. Le message est lancé : on est ailleurs. En fait, c’est l’ensemble du Fragment II qui est placé sous le signe d’une personnalité beaucoup plus agressive que le premier (mais pas que, car un superbe épisode final où Weilerstein chante une douce berceuse tout en s’accompagnant offre un moment de grande tendresse poétique). Fragment II est un cycle de contrastes frappants, dans lequel Bach et nos contemporains se heurtent et se jaugent. Mais, il y a bel et bien dialogue. Un dialogue argumentatif où l’on n’est pas toujours d’accord, mais qui reflètent tout de même une réalité bien actuelle : tout n’est pas rose et harmonie dans un monde de bonnes intentions. Du choc naîtront aussi de nouvelles idées et de nouvelles perspectives. La mise en scène, encore une fois, caractérise cette personnalité de façon claire : les cubes/panneaux sont, cette fois, éparpillés sur scène, certains couchés. On a l’impression que le temple évoqué dans le premier Fragment est maintenant en ruines. Bach continue d’être en blanc, mais l’éclairage de scène est beaucoup plus cru qu’en première partie. Des projecteurs bord en bord assaillent souvent la soliste. Les pièces de ce cycle ne s’enchaînent pas, elles se suivent et se cognent. Ce sont donc les univers d’Ana Sokolovic, Caroline Shaw, Gity Razaz, Daniel Kidane et Alan Fletcher qui ont ici le mauvais rôle : celui de faire paraître Bach comme salvateur dans un monde en perdition. 

Cela dit, les œuvres nouvelles de ces compositeurs et compositrices ne sont pas, en toute honnêteté, si terribles. On a entendu bien pire. Certes, elles sont souvent rythmiquement motoriques, ou dynamiquement explosives, mais les discours offerts sont compréhensibles. Toutes les pièces ‘’racontent’’ quelque chose, dramatiquement parlant, bien que cela puisse être n’importe quoi, et très différent selon la personne qui écoute. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a aucun exemple, nulle part, d’atonalisme dodécaphonique ou sériel cérébral. Rien qui puisse se réclamer, non plus, de l’avant-garde expérimentale. Rien non plus, à l’inverse, de franchement néo-classique/romantique, ou strictement minimaliste. C’est peut-être d’ailleurs là où Weilerstein aurait pu creuser davantage, afin de donner un portrait plus réaliste de la musique d’aujourd’hui. J’admets que le travail de cohésion aurait été décuplé. Mais personne ne dit que la véritable création est simple. 

La Maison symphonique, pas pleine mais bien garnie, a réagi favorablement en majorité. Une partie du public n’est pas revenue après le premier Fragment, et quelques personnes sont parties pendant le deuxième. Il y avait quand même un nombre appréciable de jeunes, et je n’ai pas cru constater que ceux-ci étaient parmi les déserteurs! Je dis ça, et je ne dis rien…

Un collègue a émis l’opinion qu’il n’y avait peut-être pas d’intérêt à l’exercice s’il fallait ‘’détourner’’ Bach (à sa décharge, je pense qu’il faisait référence à l’approche très ample et romantique du jeu de Weilerstein dans les extraits des Suites, mais son opinion générale du concept n’était pas vraiment plus enthousiaste…). Je me demande comment on peut encore en être là dans ce genre de réflexion. Je ne retrouve plus la référence (qui a dit cela à l’époque?), mais les arrangements de Liszt de symphonies de Beethoven pour piano seul généraient le même genre de réactions de certains ‘’spécialistes’’ au 19e siècle. Et probablement toutes les ‘’revisites’’ de grands classiques à travers l’histoire de la création. 

La démarche de la violoncelliste Alisa Weilerstein est résolument contemporaine. Pas dans le sens d’un avant-gardisme harmonique et désormais académique qui remonte en fait à carrément un siècle. Plutôt, et essentiellement, dans le sens d’une posture d’écoute et de conception de la musique réellement contemporaine, digne du 21e siècle et de l’ère des playlists Spotify ou celles de nos téléphones. Les traditionnels conservateurs continuent d’écouter la musique dans une perspective absolutiste où le premier mouvement vient avant le 2e, et où une Allemande de la Suite en ré mineur, BWV 1008 (la no 2) ne suit pas logiquement une pièce qui lui est stylistiquement extraterrestre et qui est intitulée With One Foot Heavy and the Other Light, Johanna and Anna Lilted Across Long Years (Microfictions vol.2, I). Pourtant, au 21e siècle, la nouvelle ‘’écoute’’ est ainsi déconstruite, chez les plus jeunes, surtout. Weilerstein (elle n’est pas la seule) nous propose un autre narratif du concert. Un scénario où ce dernier n’est plus le simple miroir d’un répertoire bien rodé et structuré, ou encore le perroquet d’une conception discursive basée sur une liste d’œuvres ‘’à jouer’’, dans le bon ordre et avec les bons compléments. Dans cette proposition, et à l’instar de la radio qui s’est dans le passé affranchie de la structure du concert, le concert façon Weilerstein s’affranchit aujourd’hui de la disposition traditionnelle dans laquelle il est enfermé depuis le 19e siècle. Les jours du programme live Ouverture-Concerto-Symphonie (pour la version d’orchestre) sont bien comptés. Le récital, moins contraint, se voit quand même remis en question par ces Fragments.

Est-ce une bonne chose? Une mauvaise chose? C’est une réalité. Il est futile de s’y opposer pour des raisons idéologiques ancrées dans une certaine conception rigide du bon goût, ou de la ‘’pertinence’’. On a eu des querelles entre les ‘’Modernes’’ et les ‘’Anciens’’, entre la gang à Brahms et celle à Wagner, entre les partisans de Boulez et ceux de Glass. Bêtises, toutes ces certitudes. Aucun de ces camps n’a fait disparaître l’autre, ou l’a rendu obsolète. 

Il n’est pas non plus pertinent de savoir si ce que Alisa Weilerstein propose avec ces Fragments deviendra une forme ‘’à la mode’’ ou pas. Ou annonce une déconstruction totale des formes d’écoute du concert classique. Mais ce qui est certain, c’est que l’artiste explore un besoin très actuel, et très pertinent celui-là, de revoir la façon dont les concerts classiques sont donnés et écoutés. Ce questionnement est très contemporain et nécessaire, qu’on le veuille ou pas. Il est réjouissant, aussi, car il montre que la musique classique continue de susciter des questionnements, et qu’une jeune génération est prête à expérimenter avec elle, pas seulement en l’écrivant, mais aussi en la présentant à sa façon et selon ses propres codes. Ça, ça me dit qu’elle est bien vivante, et j’en suis très heureux.

Weilerstein (qui a joué spectaculairement avec une étonnante diversité de textures et de sonorités) n’a peut-être pas trouvé la formule magique (de toute façon, je suis sûr qu’il n’y en a pas!), mais elle a offert une idée, et nous a donné un ‘’spectacle’’ dont j’ai envie de connaître la ‘’suite’’ (lol).

classique

Orchestre Métropolitain présente Passe-Partout symphonique

par Rédaction PAN M 360

Les amis favoris des tout-petits et de leurs familles s’invitent à l’Orchestre!

Passe-Partout, Passe-Carreau et Passe-Montagne montent sur scène pour faire découvrir la féérie des instruments et pour chanter des airs bien connus des Poussinots et Poussinettes.

Ne manquez pas ce concert familial dans l’univers musical de l’émission phare de Télé-Québec qui berce une nouvelle génération de tout-petits tout en permettant à leurs parents de retrouver leur cœur d’enfant.

Ce concert est d’une durée d’approximativement 60 minutes.

The favorite friends of toddlers and their families invite themselves to the Orchestra!

Passe-Partout, Passe-Carreau and Passe-Montagne take to the stage to showcase the enchantment of instruments and sing well-known Poussinots and Poussinettes tunes.

Don’t miss this family concert in the musical universe of Télé-Québec’s flagship program, which is lulling a new generation of toddlers to sleep, while allowing their parents to rediscover their childlike hearts.

The concert lasts approximately 60 minutes.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre Métropolitain et est adapté par PAN M 360.

classique

Festival Bach: Reinhard Goebel & Schaghajegh Nosrati

par Rédaction PAN M 360

Vous pourriez penser que cela ressemble beaucoup à Mozart … oui, en effet. Le style galant des deux plus jeunes fils de J.S. Bach va dans ce sens. Johan Christian était la super star du style galant, à l’aise dans les grands cours de Milan, Naples, Londres et Mannheim. Christoph Friedrich Bach, dans ses dernières années, bien qu’il soit toujours resté à Bückeburg, a copié le style de son frère et a manifestement bien étudié les symphonies de Haydn. Les compositions les plus abouties des deux frères font partie du programme de ce concert. Mozart a dit à son père dans une lettre de Paris en 1778 : « M. Bach (Johann Christian Bach) de Londres est ici depuis 14 jours, vous pouvez imaginer sa joie et la mienne lorsque nous nous sommes retrouvés. Je l’aime, comme vous le savez, de tout mon cœur. » Après avoir dirigé l’Orchestre du Festival en 2019, le chef allemand Reinhard Goebel revient pour son édition 2023, accompagné par la jeune pianiste Schaghajegh Nosrati dans un concert qui fera résonner la musique de la dynastie Bach.

You might think that sounds a lot like Mozart… yes, it does. The gallant style of J.S. Bach’s two youngest sons is a case in point. Johan Christian was the super star of the galant style, at home in the great courts of Milan, Naples, London and Mannheim. Christoph Friedrich Bach, in his later years, though still living in Bückeburg, copied his brother’s style, and was clearly a student of Haydn’s symphonies. The two brothers’ most accomplished compositions are included in this concert’s program. Mozart told his father in a letter from Paris in 1778: « Mr. Bach (Johann Christian Bach) from London has been here for 14 days, you can imagine his joy and mine when we met again. I love him, as you know, with all my heart. » After conducting the Festival Orchestra in 2019, German conductor Reinhard Goebel returns for its 2023 edition, accompanied by young pianist Schaghajegh Nosrati in a concert that will resonate with the music of the Bach dynasty.


POUR ACHETER VOTRE BILLET POUR LE 17 NOVEMBRE À 19H30 À LA MAISON SYMPHONIQUE, C’EST ICI!


POUR ACHETER VOTRE BILLET POUR LE 18 NOVEMBRE À 19H00 AU PALAIS MONTCALM, C’EST ICI!


POUR ACHETER VOTRE BILLET POUR LE 19 NOVEMBRE À 17H00 AU CARLETON DOMINION-CHALMERS CENTRE, C’EST ICI!

Ce contenu provient du Festival Bach et est adapté par PAN M 360.

classique

Festival Bach: Alisa Weilerstein à la Maison Symphonique

par Rédaction PAN M 360

Reconnue pour sa grande maîtrise artistique, son investissement émotionnel et la profondeur de ses interprétations, la violoncelliste Alisa Weilerstein est l’une des plus importantes musiciennes de notre époque. Ardente défenseuse de la musique de création, elle lance au début de 2023 Fragments, un projet artistique immersif qui réunit les trente-six mouvements des suites pour violoncelle de Bach avec vingt-sept œuvres originales. Alisa Weilerstein est mariée depuis 2013 au chef d’orchestre vénézuélien Rafael Payare.

Cellist Alisa Weilerstein is one of the most important musicians of our time, renowned for her artistic mastery, her emotional investment and the depth of her interpretations. An ardent advocate of creative music, in early 2023 she launched Fragments, an immersive artistic project that brings together the thirty-six movements of Bach’s cello suites with twenty-seven original works. Alisa Weilerstein has been married to Venezuelan conductor Rafael Payare since 2013.


POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient du Festival Bach et est adapté par PAN M 360.

Entre Bruce Liu et l’OM, « c’est l’amour! »

par Alain Brunet

crédit photo: François Goupil

Samedi soir, l’Orchestre Métropolitain jouissait une fois de plus du charisme remarquable et de la réputation béton de son chef, et lançait sa saison dans une Maison symphonique archi pleine. De surcroît, une foule archi enthousiaste devant son orchestre préféré et son chef bien-aimé.

Controlled Burn, fait  état d’une pratique autochtone ancestrale, visant à déclencher des feux préventifs afin de régénérer la forêt et aussi éviter une propagation des incendies ravageurs. La compositrice et violoncelliste crie Cris Derksen, formée à UBC en Colombie Britannique, a intégré les sonorités forestières et les crépitements du feu via les coups d’archets et autres procédés percussifs.

Harmoniquement, on est dans le typique néoclassicisme consonant des blockbusters cinématographiques et de séries télé nord-américaines, autour desquels la compositrice et soliste pour l’occasion, a greffé certains effets et manipulations électroacoustiques en temps réel – plutôt ténus. Chose sûre, les référents de cette esthétique étaient bien assez évidents pour que la vaste majorité du public présent à cette création y adhère au point d’ovationner sans réserve.

Comme nous l’a rappelé YNS en parlant de lui à la 3e personne, Richard Raymond avait joué ce concerto sous sa direction, en mars 2000. Il y a 22 ans, donc, le Concerto pour piano et orchestre no 2 en do mineur de Rachmaninov avait été joué et enregistré, et vu notamment  par le Montréalais Bruce Liu, soliste vedette de la soirée.

À l’évidence, cette œuvre post-romantique se veut un autre choix consensuel cohérent avec la direction artistique de l’OM, surtout pour le fameux thème du deuxième mouvement (adagio sostenuto) qui fut repris en 1975, disons-le une énième fois, par le créateur (et mashupper) du mégatube All By Myself, Eric Carmen, repris comme on le sait par Céline Dion – à tel point que certains pensent aujourd’hui qu’il s’agit d’un hit de Céline.

Bruce Liu avait joué l’œuvre récemment avec le Philadelphia Orchestra et prolongeait le plaisir à MTL pour une toute première fois avec l’OM sous la direction du même chef – comme on le sait. Entre Bruce Liu et l’OM, « c’est l’amour », a souligné son chef avant l’exécution du Concerto no 2 de Rachmaninov. La version de l’œuvre était relativement apaisée par rapport à d’autres versions connues dont l’originelle et sied fort bien au style de Bruce Liu, d’une extrême finesse et d’une grande circonspection si l’on prend en compte son jeune  âge (26 ans). 

Rappelons qu’on a ici affaire à un champion olympique du piano, grand gagnant du Concours Chopin en 2021, de surcroît le 1er musicien québécois à avoir ravi la première place après que son collègue Charles Richard-Hamelin eut ravi la seconde en 2016. Permettons-nous d’insister: cet honneur décerné à Bruce Liu est énorme sur la planète classique, d’où la nécessité de suivre de près la carrière de ce jeune musicien ayant joint l’élite mondiale.

Proposant un style ni trop éteint ni trop flamboyant, Bruce Liu affiche d’ores et déjà cette maturité des grands concertistes, et dont la personnalité affirmée nous réserve encore bien des surprises. Cohérent jusqu’au rappel, le soliste jouera un Prélude de JS Bach en mi mineur, BWV 855, jadis transposé en si mineur par Alexandre Illitch Ziloti qui avait dirigé la création du concerto no. 2 – à Moscou en 1901.

La seconde partie du programme était consacrée à l’enregistrement pour le label Atma Classique de la Symphonie no 2  en ré majeur op. 43 de Jean Sibelius, créée en 1902 à Helsinki. Cette captation en direct se faisait dans le contexte d’une intégrale discographique des symphonies du compositeur finlandais en cours de production. Le troisième choix au programme est aussi consensuel, cette symphonie de Sibelius étant la plus connue et forcément la plus jouée. Inutile de l’ajouter, nous sommes de nouveau sur ce territoire post-romantique que prise (entre autres) YNS. 

Cette très belle œuvre fut d’abord inspirée par un séjour en Italie et le personnage de Don Juan (imaginé au 17e siècle) et a souvent été comparée à la Pathétique de Tchaïkovski. Le caractère épique du premier et quatrième mouvement avaient alors une résonance nationale dans une Finlande opprimée par la Russie. Transfert de sens…
Malgré les agacements causés par les applaudissements réprimés par le chef et quelques épisodes de sanatorium dans l’amphithéâtre, on peut conclure à une solide exécution et à une une fluidité enviable entre les sections de l’OM, particulièrement aux troisième mouvement ( Vivacissimo — Lento e suave — Tempo primo — attacca) et au quatrième mouvement ( allegro moderato – Moderato assai – Meno moderato e poco a poco ravvivando il tempo – Tempo I – Largamente e pesante – Poco largamente – Molto largamente). La cohésion des pupitres, la rondeur et l’amplitude du son témoignent d’une connaissance profonde de l’œuvre par le maestro québécois. Avec quelques retouches il va sans dire, cette interprétation de la Symphonie no 2 de Sibelius pourra s’inscrire sans problème dans le répertoire discographique de l’OM chez Atma Classique.

OSM | Le Sacre du printemps dans toute sa force et sa splendeur

par Rédaction PAN M 360

crédit photo:  Gabriel Fournier

Mardi soir à la Maison symphonique ouverture de la saison 2023-2024 de l’Orchestre symphonique de Montréal,  nous a réservé, peut-être à l’image de la saison dans son ensemble, quelques surprises fort intéressantes. Bien-sûr, le monument qu’est le Sacre du printemps d’Igor Stravinski était annoncé en grande pompe, mais cela n’a pas empêché le public de découvrir une autre forme de rituel en musique durant le concert.

La Messe glagolitique de Leos Janácek était une belle surprise, un choix étonnant comme première œuvre jouée de la saison, mais un choix qui mérite d’être félicité. Le mélange de la tradition liturgique et du romantisme tardif a façonné une œuvre qu’on ne peut qu’apprécier pour sa puissance et sa spiritualité. Une exécution remarquable, on souligne toutefois le volume magistral du chœur de l’OSM, de qualité incroyable comme toujours, qui étouffait un peu les solistes par moments.

Après un entracte bien mérité pour les musiciens, c’était au tour de la tête d’affiche de prendre la scène, ou plutôt les lutrins. Le Sacre du printemps est une œuvre difficile qui avait donné du fil à retorde aux musiciens pendant plus d’un mois,  lors de sa création en 1913. Malgré tout, l’OSM a su briller à maintes reprises au cours de l’œuvre. Les timbres étaient parfaits, les sonorités claires et soutenues, et il est justifié de féliciter la performance des bassons, des flûtes et de la section des cuivres qui ont été excellents tout au long de la pièce. La section rythmique était plus que solide. Elle a su porter l’œuvre pour qui le rythme est si important.

Le choix des tempi est à noter pendant la première moitié du Sacre. On souligne le pesante des « Rondes printanières » qui était un peu carré, mais surtout une aisance dans la vitesse des parties vives et rapides. À l’image de leur mantra depuis deux ans, l’OSM et Rafael Payare excellent dans l’intensité. De plus d’une manière, l’exécution de la seconde moitié de l’œuvre de Stravinski le démontre à merveille. La maîtrise de la tension grandissante menant au sacrifice et la puissance de l’orchestre ferait chaud au cœur du compositeur. Une finale parfaite pour un superbe concert d’ouverture et, on le sent, une superbe saison à venir!

classique

Exploratrices symphoniques à la Maison Symphonique de Montréal

par Rédaction PAN M 360

Au coeur de la Grande Dépression du siècle dernier, la compositrice afro-américaine Florence Price transcrit le drame des femmes et des hommes de son époque en explorant le pouvoir évocateur de l’orchestre. Véritable orfèvre du son, la Montréalaise Keiko Devaux travaille de l’instrument à la machine pour créer des combinaisons inédites. Angel Blue, l’une des sopranos les plus en demande dans le monde, prête sa voix époustouflante aux oeuvres de Barber.

In the midst of the Great Depression of the last century, the African-American composer Florence Price transcribed the drama of the women and men of her time by exploring the evocative power of the orchestra. Montreal-based Keiko Devaux is a true sound goldsmith, working from instrument to machine to create new combinations. Angel Blue, one of the world’s most sought-after sopranos, lends her breathtaking voice to Barber’s works.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre Métropolitain et est adapté par PAN M 360.

Inscrivez-vous à l'infolettre