Xavier de Maistre, harpiste virtuose renommé, ajoute avec cet opus une nouvelle entrée dans son catalogue visant à mettre de l’avant le jeu interprétatif de son instrument, à qui l’on prête peu souvent le rôle de soliste. Les concertos pour harpe de Reinhold Glière (1875-1956) et Alexandre Mossolov (1900-1973) illustrent merveilleusement la virtuosité technique et les possibilités esthétiques de l’instrument. Compatriotes natifs de Kyiv, Glière et Mossolov représentent tous deux un certain traditionalisme musical proche du Groupe de cinq, tout en chevauchant les premières années du réalisme soviétique. Dans le répertoire, le Concerto pour harpe et orchestre en mi bémol majeur de Glière est considéré comme l’un des plus beaux. Ses lignes mélodiques sont un heureux mélange de l’esthétique de Tchaïkovski et de l’instrumentation de Glazounov, qui nous aiguillent vers un univers lyrique léger et sensible. Faisant écho à l’œuvre de celui qui a été son professeur, Mossolov en reprend l’esthétique dans son concerto, avec une palette sonore aux couleurs mélancolique et au timbre charnu. Cette plongée au cœur du romantisme russe est complétée par l’interprétation du Prélude et de la Romanesca, aux accents éminemment folkloriques, tirés du ballet Raymonda de Glazounov, ainsi que d’un arrangement pour harpe et orchestre de la Danse de la Fée Dragée réalisé par de Maistre.
Accompagnant le musicien, l’Orchestre symphonique de la radio Westdeutscher Rundfunk (WDR) de Cologne, dirigé pour l’occasion par Nathalie Stutzmann, répond avec élégance et intelligence aux gestes musicaux et aux intentions véhiculées par le musicien, pour peindre un tableau complexe aux sons enivrants.