Ces dernières années malheureusement, peu de groupes rock pertinents réussissent à atteindre le top 100 du Billboard de nos chers voisins. Sans surprise, on y trouve d’une année à l’autre les mêmes pantins déguisés en riches célébrités qui ne font qu’étaler leur fausse vie sur une musique pop mainstream destinée à ramollir nos cerveaux dans quelque centre commercial. Malgré tout, certains groupes réussissent à nous redonner espoir en essayant à travers leur carrière de changer le système de l’industrie de la musique pop de l’intérieur. Les trois sœurs Haim s’inscrivent dans cette lignée avec leur nouvel album Women In Music Pt. III.
Les trois chanteuses et multi-instrumentistes affirment plus que jamais leurs valeurs et leur son pop-rock à travers les seize morceaux de ce troisième opus produit par Rostam (Vampire Weekend). Elles y mélangent leurs influences de pop contemporaine, de country-rock des années 70, de folk et de R&B des années 90 et composent des morceaux de soft rock accessibles, souvent comparés à ceux de Fleetwood Mac, parfois un peu mièvres mais qui laissent transparaître une sincérité et une authenticité juvénile enjouée et pleinement assumée. Les arrangements sont plus originaux et plus funky que sur les précédents albums. Les trois musiciennes éparpillent par exemple quelques notes au piano, au saxophone ou divers enregistrements de leur quotidien à Los Angeles, les morceaux paraissent alors plus personnels et plus vivants.
États-Unis obligent, la voiture est le moteur des réflexions des trois jeunes femmes. Que ce soit au volant de leur voiture, sur la banquette arrière ou dans un stationnement, elles nous parlent de leur ville natale, des hauts et des bas de leurs relations de couple, des comportements misogynes encore présents dans le milieu de la musique, mais surtout de quelle façon elles ont surmonté les difficultés auxquelles chacune d’elles a dû faire face pendant l’enregistrement : Danielle souffrait d’une dépression en revenant de tournée, Alana traversait un deuil tandis qu’Este gérait ses ennuis de santé liés à son diabète de type 1. En restant soudées dans leurs épreuves, les trois sœurs ont réussi à créer un son plus cohésif, plus naturel, parfois même plus audacieux, et à écrire des textes plus introspectifs, qui parleront sans doute très bien à la génération Z.