Thomas Adès est l’un des compositeurs britanniques les plus en vue aujourd’hui, particulièrement reconnu pour sa musique orchestrale et ses opéras (rappelons-nous The Tempest, mis en scène par Robert Lepage et présenté lors du Festival d’opéra de Québec en 2012). Son catalogue inclut également des œuvres plus intimistes, sous forme de musique de chambre et, surtout, de musique pour piano. Lui-même interprète aguerri, Adès connaît très bien son instrument. Son écriture pianistique est savante, virtuose, structurée et idiomatique : on y décèle des influences musicales et techniques de Chopin, Liszt ou Ravel. Son langage est toutefois résolument moderne, même s’il puise certaines de ses inspirations dans le passé.
Le jeune pianiste d’origine taïwanaise Han Chen regroupe ici l’intégrale (jusqu’ici) des œuvres pour piano du compositeur. Soulignons le postimpressionniste Traced Overhead Op.17 et son ambiance rappelant Gaspard de la nuit, le mystique Still Sorrowing Op.7 et son emploi du piano préparé, le méditatif Darkness Visible et son hommage à John Dowland et Concert Paraphrase on « Powder Her Face », fantaisie basée sur l’opéra du même nom et son caractère polystylistique. Dans ce regroupement hétéroclite, Chen fait preuve de sa polyvalence esthétique, de sa sensibilité musicale et de son indéniable virtuosité.