Mis à part le guitariste, qui ne réclame pas une telle influence, tout le monde semble entendre du Mahavishnu Orchestra dans la musique de Thantifaxath. Avec un peu plus de distorsion et de blast beats, quand même! Tout y est angulaire, en particulier les arpèges et trémolos de guitares, construits sur des progressions chromatiques et des sauts d’intervalles très larges.
Après plusieurs années de silence et des changements de personnel toujours effectués dans l’anonymat, le trio torontois livre un nouvel opus encore une fois déconcertant au maximum. Hive Mind Narcosis est une écoute exigeante pour l’auditeur, qui n’a droit qu’à peu de répit. Même lorsque les tempi sont plus lents ou que l’instrumentation est moins dense, le contenu harmonique ne provoque jamais de sentiment de résolution. On est maintenu sur le qui-vive du début à la fin, traîné par de longs morceaux très progressifs. Les idées musicales modulent, se développent et atteignent parfois des proportions maximalistes, comme dans Surgical Utopian Love qui exploite son motif mélodique jusqu’à en épuiser les variations possibles.
Une écoute attentive révèle une expérimentation accentuée, notamment dans la voix qui est parfois augmentée d’effets variés, la rendant moins monotone que jadis. La batterie a toujours été assez utilitaire dans Thantifaxath, soulignant les métriques irrégulières sans ornements. Le nouveau batteur déploie toutefois davantage de finesse lorsqu’une certaine réduction en densité le lui permet. L’album joue parfois sur un territoire relativement atmosphérique, bien que la tension y soit toujours au rendez-vous. Cette direction est prometteuse pour l’avenir, alors qu’on imaginerait volontiers des sections plus ambiantes se développer. Pour l’heure, Thantifaxath conserve le langage dissonant qui lui est devenu signature depuis Sacred White Noise (2014).