La New-Yorkaise préférée des des années 90 revient en 2025 avec un dixième album démontrant qu’elle n’a rien perdu de son sens mélodique et de sa plume aiguisée. Le nouvel opus studio, Flying With Angel , se veut une collection de chansons dont chacune « tells a struggle : to survive, to be heard, to dominate, to win, to escape, to help others or simply to live », dit Suzanne. Certaines on été conçues en solo alors que d’autres ont été co-créées avec le producteur et ami de longue date Gerry Leonard (Rufus Wainwright), pour un retour à la hauteur de l’attente qu’aura durée la dernière décennie.
Suzanne Vega a toujours pris son temps entre ses albums, pour bien décanter les tumultes, et ici sa voix en pleine maîtrise et ses regards poétiques s’engagent plutôt que d’observer, dans un angle très humaniste et remplie d’empathie.
Sur Speaker’s Corner, qui démarre l’album de manière upbeat et texturée, ainsi que sur Witch, plus rock avec ses arpèges de guitare, elle critique la désinformation tout en défendant le droit à la liberté de l’expression, surtout lorsque le propos est différent et marginal. Elle flirte même avec la politique via « We’re living in a permanent state of emergency/Suddenly speech is a show of absurdity ».
Elle rend aussi hommage: Chambermaid , où elle ré-imagine I Want You de Bob Dylan selon la perspective de la femme de chambre, partageant avec le personnage original l’aperçu d’une (autre) vie différente, et sur Lucinda ou elle emprunte à Mme Williams des influences jazz afin de nous révéler un angle plus alt-country avec des refrains entraînants dont les couplets déclmés sont parfois un peu agressants -connaissant bien le détail de l’artiste, c’est probablement recherché.
Elle explore, comme sur Love Thief, chanson d’inspiration mid-70’s remplie de soul réunissant tous les incontournables : guitare funky, synths dansants, choristes bluesy et voix sulfureuse versant dans le falsetto, sur Alley où on se retrouve en terrain radio avec des influences soft-pop rock et sur Rats, une excursion spoken-word aux teintes punk de la new-wave New-Yorkaise sur laquelle les rats revêtent une signification plus profonde lorsque Suzanne chante « Survival of the fittest/Is never very pretty » dans les refrains.
Elle transcende, sur la poignante Last Train From Mariupol , explorant les tonalités mineures de circonstance pour cette chanson teintée d’Europe de l’Est et inspirée du tristement célèbre vol des réfugiés Ukrainiens, où la voix délicate de sa fille et la guitare de style bandura nous livrent une des plus belles chansons de l’album.
Enfin, elle revient à la simplicité via son talent mélodique pur, avec des arrangements épurés sur la folk-douce Galway et son refrain invitant à la rejoindre qui nous laisse sur une touche d’espoir pour clore l’écoute.
Dans Flying with Angels, la chanson-thème, elle nous dit joliment « I hope they stay with me » au travers des arrangements enveloppants. C’est certainement le cas de son public, qui la voit se déployer avec le temps comme un bon vin. Peut-être y-a-t-il un peu plus de noirceur que de lumière dans cet album actuel, mais elle rend les moments d’espoir d’autant plus brillants. Un album-chiaroscuro où l’amour et la guerre résonnent à travers son meilleur travail, bordé de compassion, sur fond de mélodies mémorables et de paroles pesées avec circonspection.